Ville de Laval (Mayenne).

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Laval est une ville de l’ouest de la France, chef-lieu du département de la Mayenne en région des Pays de la Loire, elle est située à environ 300 kilomètres à l’Ouest de Paris. La commune est la 121e ville la plus peuplée au niveau national avec 49 728 habitants.

Située historiquement dans le Maine, Laval est aussi placée près des frontières bretonne et angevine, non loin de la Normandie. La ville était donc au Moyen Âge une place forte importante, et c’était aussi une grande étape sur la route reliant Paris à Brest.

Laval s’est développée à partir du XIe siècle autour d’un promontoire rocheux, sur lequel se trouve son château, ainsi que le long des berges de la Mayenne. Elle est le berceau de la Maison de Laval, l’une des plus puissantes familles du Maine et de Bretagne. Les comtes de Laval ont développé l’industrie textile dans leur ville au XIVe siècle et en ont fait un foyer important pour la Renaissance française un siècle plus tard. Le tissage du lin est resté la principale activité de la ville jusqu’au XXe siècle, lorsque la production laitière est devenue plus rentable.

L’aire urbaine de Laval constitue un petit pôle économique pour l’ouest de la France. Laval est économiquement orientée vers Rennes, située à environ 75 kilomètres à l’ouest. Environ 122 000 personnes vivent dans son aire urbaine1, ce qui en fait d’elle la 77e de France. La communauté intercommunale Laval Agglomération est quant à elle composée de 20 communes, regroupant 433 km2 et 94 997 habitants.

Laval est notamment la ville natale du Douanier Rousseau et possède un musée consacré à l’Art naïf. La ville a aussi d’autres musées, ainsi qu’un riche patrimoine architectural. Laval a d’ailleurs obtenu en 1993 le label ville d’Art et d’Histoire.


Avant la construction du château au XIe siècle, Laval n’existe pas. Néanmoins, le site est déjà un lieu de passage puisque qu’il est situé sur une voie romaine reliant Le Mans à Corseu, capitale gallo-romaine des Coriosolites et aujourd’hui située dans les Côtes-d’Armor. Par ailleurs, des parties du territoire actuel de la commune montrent des traces d’occupation anciennes, comme la chapelle Notre-Dame de Pritz, située au bord de la Mayenne sur la limite nord de Laval et mentionnée dès 710. Une stèle gauloise y a par ailleurs été découverte. Le corps de Saint Tugdual, évêque de Tréguier, aurait été apporté à Laval lors d’une invasion normande de la Bretagne en 870 ou 878. C’est l’un des successeurs de saint Tugal, Gorennan qui est alors chargé d’amener les restes de son prédécesseur à Chartres. Mais Gorennan reçoit un tel accueil à Laval, qu’il décide de faire don de certaines reliques de saint Tugdual à Laval. La Trinité de Laval, devenue cathédrale en 1855, recueille les reliques du saint évêque.

Laval, carte maximum, 24/02/1962.

Guy II de Laval, deuxième seigneur de la ville, d’après un sceau de 1095.
La topographie de Laval rend la défense ou la fermeture de la voie romaine facile. En effet, les voyageurs doivent passer un gué pour traverser la Mayenne et l’une des berges est dominée naturellement par un éperon rocheux. Cet éperon est choisi au Xe siècle pour y construire une structure militaire. Une villa y est mentionnée à la fin du siècle dans une charte du comte du Maine. Vers 1020, la baronnie de Laval est offerte par Herbert Ier du Maine à Guy Ier de Laval. Celui-ci y établit son château, et une bourgade se développe progressivement, d’abord le long de la voie, puis sur la berge et autour de nouveaux axes.

Le château primitif s’étend jusqu’à la cathédrale actuelle et son enceinte est en terre. Une motte édifiée sur cette enceinte contrôlait l’accès du plateau rocheux sur lequel se trouvait le logis seigneurial. Une seconde motte se trouvait probablement dans les murs. La basilique Notre-Dame d’Avesnières est fondée au XIIe siècle par Guy III de Laval. Vers 1200, le château se replie sur l’extrémité du plateau où se trouve le donjon, et la ville se dote de ses propres fortifications. Sa muraille de plus de 1 100 m de long enfermait 9 hectares. Le prieuré qui deviendra l’abbaye Sainte-Catherine de Laval est créé en 1224.

Béatrix de Gavre, épouse de Guy IX de Laval et morte en 1315, est considérée comme étant à l’origine de la tradition textile de la ville. Née dans le comté de Flandre, elle aurait fait venir des tisserands flamands à Laval, puis elle aurait encouragé la culture et le tissage du lin, qui sont demeurés les principales activités économiques de la ville jusqu’au XIXe siècle.

Parmi les catastrophes qui ont marqué les esprits, figure l’incendie de 1383 : déclenché par la foudre, il touche l’église de la Trinité, dont la toiture de plomb coule comme des ruisseaux.

Laval, essais de couleur.

Pendant la guerre de Cent Ans, Laval est prise par les Anglais en 1428 puis par les Français l’année suivante. La guerre occasionne d’importants dégâts, et toute la ville est reconstruite après le retour de la paix. Les maisons à colombages encore visibles dans le centre-ville ne sont donc pas antérieures au XVe siècle. Vers 1450, Guy XIV de Laval fait remanier le logis du château et des travées à lucarnes sont ajoutées aux façades au début du XVIe siècle.

Guy XVII de Laval fait construire le « château neuf » vers 1542, qui est embelli en 1747. Guy XVII est membre de la cour de François Ier, et la Maison de Laval joue un rôle certain dans le développement de la Renaissance dans la région. Jean de Laval-Châteaubriant, lui aussi proche du roi, fait ainsi construire une nouvelle aile au château de Châteaubriant, et Guy XIX de Laval se rallie au Protestantisme.

Au XVIIe siècle, Laval connaît une longue période de prospérité et plusieurs institutions religieuses sont construites, comme le monastère des Ursulines, le monastère des Bénédictines et l’église des Capucins. Elles sont vendues puis détruites lors de la Révolution française. Au XVIIIe, des faubourgs apparaissent autour du centre médiéval, et de nombreux hôtels particuliers sont construits, notamment dans les environs de la place de Hercé.

Laval, épreuve de luxe.

Au milieu du XVIIIe siècle, Laval compte environ 18 000 habitants, répartis en 3 525 foyers. Elle était la deuxième plus grande ville de la province du Maine derrière Le Mans et possédait un certain nombre d’institutions, comme un bureau des cinq grosses fermes, un présidial, une juridiction des juges-consuls, une maréchaussée, une maîtrise particulière des eaux et forêts et un hôpital, fondé en 1678. Elle possédait aussi un pays d’élection qui s’étendait sur 65 paroisses du sud du Bas-Maine, et un grenier à sel. La ville se trouvait en effet près de la frontière de la Bretagne, où le sel n’était pas soumis à la gabelle. 26 foires se tenaient tous les ans dans le pays d’élection de Laval, et trois marchés avaient lieu à Laval chaque semaine. La ville comptait enfin trois paroisses.

Avant la Révolution, l’activité textile de Laval connaît son apogée. La ville avait alors le droit de fabriquer huit sortes de toiles, des non-battues, des pontivys, des royales, des demi-Hollande, des grandes laizes, des petites laizes, des toiles grises et des toiles fortes. Mayenne et Château-Gontier avaient aussi le droit de tisser le lin, mais en seulement trois ou quatre sortes de toiles.

Les royales et les demi-Hollande, vendues à Paris, étaient les toiles de meilleure qualité, ainsi que les plus chères. Une demi-Hollande pouvait coûter jusqu’à 700 livres tournois, alors qu’une toile forte, médiocre, ne valait que 50 livres. Les autres sortes de toile étaient également d’une faible qualité, mais représentaient l’essentiel de la production. Les toiles de Laval étaient vendues en France, mais aussi à l’étranger. Ainsi, les non-battues n’étaient produites que pour le marché espagnol, une partie des meilleures toiles allait au Portugal, tandis que les toiles grises rejoignaient les colonies françaises en Amérique. Les plus belles toiles étaient vendues aux marchés de Senlis, Troyes et Beauvais, et la pontivy servait presque exclusivement à l’armée.

Au XVIIIe siècle, le vieux centre est toujours fermé par ses remparts, et l’étroitesse de son parcellaire empêche toute grande opération. Les autorités envisagent alors de créer un axe parallèle à l’ancienne voie romaine afin d’éviter la ville close par le nord. Un nouvel axe serait important non seulement pour la ville, mais aussi pour l’ensemble de la région, car Laval se trouve sur la route entre Paris et Brest, et toutes les personnes et marchandises qui voyagent entre ces deux villes doivent traverser la Mayenne sur le Pont Vieux, puis transiter à travers les vieilles ruelles du centre. Un nouveau pont est donc projeté en 1758, mais la construction n’est décidée qu’en 1804.

Après la Révolution française, la municipalité entreprend les travaux d’urbanisme envisagés au XVIIIe siècle. Le nouveau pont est construit sur la Mayenne et le nouvel axe parallèle à la voie romaine est percé. Autour de cet axe, un centre-ville alternatif à la ville close est dessiné, avec divers édifices publics, comme la préfecture, achevée en 1822, le théâtre et l’hôtel de ville, respectivement terminés en 1830 et 1831. Les berges de la rivière sont déviées puis réaménagées de 1844 à 1863, et de nouvelles rues sont percées dans la vieille-ville, comme la rue des Déportés et la rue Daniel-Œhlert, et la place Saint-Tugal est élargie en 1880. En 1855, Laval reçoit un diocèse, et l’arrivée du chemin de fer la même année encourage l’industrialisation de la ville.

Afin de permettre le passage de la ligne de Paris-Montparnasse à Brest, le viaduc de Laval est construit sur la Mayenne de 1854 à 1856, et la gare de Laval est mise en service en 1855, facilitant les déplacements et favorisant le développement de la ville.

La croissance démographique est soutenue tout au long du XIXe siècle. La population de Laval passe ainsi de 15 000 habitants vers 1800 à 21 293 habitants en 1861. La ville absorbe d’anciennes paroisses indépendantes, et les deux communes d’Avesnières et Grenoux sont annexées à Laval en 1863, avec une partie du territoire de Changé. Grâce à cet agrandissement, Laval compte plus de 27 000 habitants en 1866. Au début de l’année 1871, les armées prussiennes sont aux portes de la ville mais se replient sans raison apparentes. Ce « miracle » est attribué à la Vierge Marie qui serait apparue à des enfants du village de Pontmain le 17 janvier.

Malgré la guerre et la défaite, la croissance se poursuit jusqu’en 1886, quand la population atteint 30 627 habitants, mais elle baisse ensuite jusqu’à la réindustrialisation d’après 1945.

Cette baisse de population reste modérée, et la ville ne perd qu’environ 2 000 habitants entre 1886 et 1936. Néanmoins, cette baisse traduit le déclin industriel de la ville et du département. Le lin est de moins en moins rentable, les agriculteurs mayennais arrêtent de cultiver la plante et les filatures lavalloises préfèrent travailler le coton, qui doit être importé. Par ailleurs, la mécanisation est lente et de nombreux tisserands travaillent encore chez eux. Quelques usines sont finalement ouvertes à la fin du XIXe siècle, mais la Mayenne s’est déjà tournée vers l’agro-alimentaire.

Au début du XXe siècle, Laval possède une cour d’assises, un tribunal de première instance et de commerce, un séminaire, un lycée de garçons et l’industrie du lin et du coton occupe 10 000 mains lavalloises. La ville vit aussi de ses fonderies, de la minoterie, du tannage, de la teinture, de la confection de chaussures et du sciage du marbre extrait dans les environs.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Laval est touchée par plusieurs bombardements alliés en 1944, notamment le 7 et le 15 juin ainsi que le 24 juillet. Ceux-ci détruisent le quartier de la gare, le viaduc ainsi que divers immeubles du centre-ville, notamment rue de la Paix. Le matin du 6 août, les troupes du général Patton arrivent à Laval et commencent leur offensive sur la ville. Les Allemands dynamitent les ponts sur la Mayenne, mais la ville est libérée vers 15 heures. Le général Bradley installe son quartier général au château du Bois Gamats. C’est à l’aérodrome de Laval, que ce dernier donne l’ordre au général Leclerc le 22 août au soir de foncer à Paris : c’est l’épisode déclencheur de la libération de Paris.

Après la guerre, Laval se réindustrialise et abandonne ses anciennes activités textiles pour la production laitière et de nouvelles industries comme le plastique ou l’automobile. La ville s’étend et se dote de nouveaux équipements comme un hôpital et un campus.

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Sources : Wikipédia, YouTube.