Ville de Łódź (Pologne).
Łódź, parfois orthographiée sans signes diacritiques Lodz en français, est la quatrième plus grande ville de Pologne et le chef-lieu du powiat de Łódź-est et de la voïvodie de Łódź.
L’histoire de Łódź est celle, paradoxale, d’un petit village à l’écart des voies de communication devenu en moins d’un siècle un grand centre industriel et la deuxième ville de Pologne. Cette situation est liée à la position de la frontière de la Pologne à partir de 1815. Elle est responsable de divers handicaps qui expliquent le déclin prononcé de la ville.
Au Moyen Âge, Łódź est un petit village d’environ 400 habitants dans une clairière. La première référence écrite le mentionnant remonte à 1332. Il est situé près des sources de la Łódka, petit ruisseau dont les eaux, formant étang derrière un barrage, s’écoulent vers l’ouest en direction de la Warta, dans le bassin-versant de l’Oder. Son cours est par la suite enterré. Les deux bourgades les plus proches sont Zgierz, au nord, et Pabianice ; Piotrków Trybunalski, chef-lieu de la voïvodie, est à une quarantaine de kilomètres plus au sud. En 1815, le congrès de Vienne ressuscite la Pologne sous la forme d’un royaume, mais dans la dépendance du tsar Alexandre Ier, qui en est le monarque. Son frère, le grand-duc Constantin Pavlovitch, reçoit mission du ministre des finances Drucki-Lubecki d’industrialiser le pays. Łódź étant tenu en fief par la couronne royale, la maîtrise foncière n’y pose pas de problème. La forêt, à l’est, a d’ailleurs le statut « gouvernemental » (domanial). En 1823 est fondée au sud du ruisseau une cité au plan rectangulaire de 450 × 370 mètres avec une place centrale. L’ensemble subsiste toujours autour de la place Wolności (de la liberté). La population atteint les 4 700 habitants en 1831. Elle est composée à 82 % d’artisans d’origine allemande, dont une petite minorité juive. Elle s’active principalement dans la confection.
Survient l’insurrection d’octobre 1830, durement réprimée. La Pologne perd, avec son statut de royaume, le peu d’autonomie qui lui a été concédée par le traité de Vienne. Les bourgades de Zgierz et de Pabianice, qui ont été vouées au travail de la laine, perdent leur clientèle parce que l’armée polonaise dont elles étaient les grandes pourvoyeuses a été supprimée. En revanche, Łódź voit confirmée sa vocation cotonnière. Cette industrie se développe au-delà de toute prévision grâce à un afflux considérable de population en provenance principalement du royaume de Prusse, dont la frontière est à moins de 100 kilomètres à l’ouest. En 1865, parmi les 35 000 habitants recensés, on compte 44 % d’Allemands et 21 % de Juifs. La main-d’œuvre polonaise n’est encore qu’une forte minorité de 36 %. La réussite la plus symbolique est celle de Ludwig Gayer, propriétaire d’une petite manufacture en Saxe auquel les autorités accordent toutes facilités en récompense d’une attitude complice lors de l’insurrection.