Ludger, missionnaire chrétien.

Saint Ludger ou Liudger (en latin : Ludgerus), né vers 744 près d’Utrecht et mort la 26 mars 809 à Billerbeck, est un missionnaire chrétien, fondateur des abbayes de Werden et de Helmstedt. Il fut abbé de Werden et le  premier évêque de Münster. Il est fêté le 26 mars.


Les plus anciennes données sur l’apostolat du missionnaire et réformateur frison nous viennent de son hagiographie (Liudgeri vita d’Altfrid, Vita Liudgeri secunda, Vita tertia, etc.), puis des archives de l’abbaye de Werden, plus tardives, et enfin des historiens de l’Église du Moyen Âge et de la Renaissance, qui cependant n’apportent aucun élément nouveau par rapport aux sources précédentes. De ces sources, on sait tout ce qui suit.

Ludger le Frison est né vers 744 près d’Utrecht. Ses parents, Thiadgrim et Liafburg, étaient des chrétiens, issus d’une famille de notables du pays. Destiné très jeune à la vocation religieuse, Ludger fréquente le séminaire cathédral d’Utrecht (la collégiale Saint-Martin) en 756 et en 767. Là, le missionnaire Grégoire d’Utrecht († 775) lui inculque les sept arts libéraux en préambule de la théologie. Pour compléter sa formation, Ludger voyage en 767 à York auprès du séminaire de l’érudit Alcuin (730–804). C’est là que l’archevêque Ethelbert d’York ordonne Ludger diacre dans l’année. Hormis un bref séjour à Utrecht (768-69), Ludger demeure en Angleterre jusqu’à l’été 772. Mais les conflits entre Angles et Frisons le forcent ensuite à retrouver la collégiale Saint-Martin d’Utrecht, qu’il ne quittera qu’avec la mort de Grégoire (775). En souvenir de sa formation à Utrecht, Ludger rédigera par la suite une biographie de son maître, la Vita Gregorii.

Son premier voyage missionnaire conduit Ludger à Deventer (775-76), où il fait ériger une église à l’emplacement du tombeau de son prédécesseur Lébuin (†  probablement en 775) : c’est ainsi que commence l’évangélisation de la Frise. À peine ordonné prêtre à Cologne (7 juillet 777), Ludger poursuit sa mission plus à l’est, mais il doit s’enfuir lors du soulèvement des Saxons menés par Widukind (784). Ludger entreprend alors un pèlerinage à Rome (784) et au Mont-Cassin (784–787). De retour en Frise, le roi des Francs Charlemagne (768–814) nomme Ludger chef de la mission d’évangélisation de la moyenne-Frise (787), et lui confie l’abbaye Saint-Pierre de Lothusa (Leuze).

C’est au cours de cette période (vers 791) que se situe le voyage de Ludger dans l’île sacrée de Heligoland. C’est peut-être une nouvelle rébellion des Saxons et des Frisons en 792 qui incite Charlemagne à nommer Ludger évêque missionnaire de Saxe. L’action de Ludger, qui institue dès 793 des chanoines à Münster, se perpétue par la création d’une mission permanente dans cette ville et la mise en place d’un réseau de paroisses très organisé. À Nottuln, Ludger fait édifier une église, et établit sans doute une première confrérie de moniales.

Eglise Saint Ludger, carte maximum, Belgique.

Le projet de Ludger d’organiser seul une communauté de moines (ou de moniales) a dû recevoir l’appui d’autres autorités : de Rome, il reçut des reliques du Saint-Sauveur, de la Vierge Marie et des apôtres. Pourtant ses premières tentatives (à Wierum, Wichmond et dans la vallée de l’Erft) échouèrent toutes, à l’exception de l’abbaye de Werden dans la vallée inférieure de la Ruhr. Ludger, qui depuis 796 pratiquait systématiquement la réquisition des terres, l’avait préparée de longue main. C’est vers l’an 800 que, sur des terres acquises à Werden en 799, il parvint enfin à fonder son propre monastère. Ce succès fut prolongé par l’attribution du prometteur diocèse de Münster : Ludger fut consacré premier évêque de l’endroit le 30 mars 805 par l’archevêque Hildebold de Cologne (787–818), son diocèse étant rattaché à la province ecclésiastique de Cologne.

Le nouvel évêque passa les dernières années de sa vie à parcourir son diocèse. Ludger mourut lors de l’un de ces voyages, le 26 mars 809 à Billerbeck. Il était parti de Coesfeld où, pour la dernière fois, il avait prêché devant les fidèles. Entre Coesfeld et Billerbeck, en un lieu appelé aujourd’hui Ludgerirast, il bénit une dernière fois le pays de Münster. À Billerbeck le dimanche de la Semaine sainte de l’an 809, il célébra une dernière messe et mourut la nuit suivante, entouré de ses frères, à l’emplacement, dit-on, de la tour de l’abbaye Saint-Ludger de Billerbeck. Son corps fut ramené dans sa cathédrale de Münster, afin qu’il y soit embaumé. Un mois plus tard, ses cendres étaient amenées à Werden où il fut inhumé dans la crypte de l’église Saint-Ludger, le 28 avril, près du maître autel, comme il l’avait souhaité. Selon la Vita d’Altfrid, Ludger avait dirigé lui-même la sculpture cet autel, exécuté dans le tronc d’un arbre. Au cours du second quart du IXe siècle, on creusa la crypte de l’abbatiale à l’emplacement de ce premier tombeau (locus arboris) .

À la différence des conversions forcées, employées avec succès par Charlemagne un crucifix à la main, l’épée dans l’autre, Ludger pratiquait une évangélisation pacifique. Tandis que la force suffisait souvent à convertir les princes païens des régions conquises, Ludger parcourait la Saxe occidentale, l’actuelle Westphalie occidentale, une région peuplée alors d’innombrables tribus toutes étrangères les unes aux autres. Par ses prêches et son irénisme, il parvint ainsi à agrandir sans coup férir le périmètre de la Chrétienté. Il évitait d’être présent aux pourparlers de paix, mais recevait pourtant chaque fois de nouvelles terres réquisitionnées aux vaincus. Il n’accompagna qu’une seule fois Charlemagne sur un champ de bataille : à Minden, à la fin de la campagne de Saxe, en 798.

Les prélats s’inquiétaient depuis un moment des chocs et dégradations occasionnés aux reliques de Werden lors des processions annuelles, et de plus on décelait des traces de corrosion à l’intérieur du cercueil en zinc. C’est ce qui décida au cours de l’été 2007, l’évêque d’Essen, Felix Genn, à faire ouvrir le sarcophage pour examiner l’état du squelette. À cette fin, on exhuma le sarcophage de l’église abbatiale de Werden le 30 octobre 2007 pour le déposer au couvent des Sœurs de la Miséricorde de Sainte Élisabeth à Essen-Schuir. Là, on ouvrit la châsse le lendemain, en présence de l’évêque Genn, des autorités médicales et des restaurateurs. L’examen du squelette et du contenu de la châsse se poursuivit jusqu’au 16 mai 2008, en le comparant aux descriptions données lors des ouvertures précédentes, afin de remplacer le sarcophage en zinc par un nouveau sarcophage d’acier, qui serait déposé à l’intérieur de la châsse en bronze, dans la crypte.

L’examen anthropologique des reliques a révélé que le squelette était en grande partie intact. C’est celui d’un homme gracile de 60 ans, voire 65 ans, mesurant 1,82 m, qui était vraisemblablement droitier. Les dents en particulier étaient dans un meilleur état que ce que l’âge de l’homme aurait laissé supposé, mais avec une usure plus marquée à droite qu’à gauche de la mâchoire, ce qui peut s’expliquer par la chute d’une dent en haut à gauche. Le squelette ne portait aucune trace de dégénérescence, ce qui renvoie au statut social élevé du personnage. L’âge au moment du décès et le statut social présumé coïncident avec ce que l’on sait de Ludger, de sorte qu’avec le culte ininterrompu du saint, l’authenticité des reliques est pratiquement assurée.

Source : Wikipédia.

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