Ville d’Harran (Turquie).

Harran (Carrhae en latin, ou Carrhes en français) est une ville et un district de Turquie, au sud-est de la Turquie actuelle, au croisement des routes de Damas, de Karkemich et de Ninive. C’est également un site archéologique : on peut y voir les murailles de la cité antique, longues de cinq kilomètres, et d’importants vestiges médiévaux tels que le château et l’Ulu Camii, une grande mosquée du VIIIe siècle. De nos jours, subsistent seulement deux villages aux constructions typiques de pierre et d’argile crue surmontées de coupoles en forme de ruche, tandis qu’un habitat moderne se développe aux abords du site archéologique.

La ville, conjointement avec celle de Sanliurfa, a été proposée en 2000 pour une inscription au patrimoine mondial. Elle figure sur la « liste indicative » de l’UNESCO dans la catégorie patrimoine culturel.

Elle est notamment connue pour avoir été le lieu de la bataille de Carrhes.


L’établissement le plus ancien est daté d’environ 6200 av. J.-C. et est typique de la culture de Halaf. Vers 3000 av. J.-C., la ville s’entoure de remparts. Elle participe au réseau de cités-États de l’époque. Grâce aux tablettes d’Ebla, on sait que vers 2400 av. J.-C. la princesse d’Ebla Zugalum a épousé le roi de Harran, scellant une longue alliance entre ces deux cités. Vers 2270 av. J.-C., Harran est conquise par Sargon d’Akkad. Vers 2000 av. J.-C., un important temple consacré au dieu de la lune Sîn y est bâti. Ses ruines se trouvent actuellement sous le palais du Calife Marwan II.

Les Grecs l’appelaient Κάρραι, Karrhai, nom francisé en Carrhes. Sa situation géographique, dans la vallée du fleuve Balissos (aujourd’hui Balīkh) et au croisement de deux pistes caravanières, en a fait un point stratégique au cours de l’Histoire. L’une de ces pistes reliait la Syrie à la vallée du Tigre, l’autre conduisait vers l’Euphrate et le golfe Persique à partir de la vallée du Halys. Des inscriptions assyriennes mentionnent ce lieu vers 1100 av. J.-C. sous le nom de Harranu, qui signifierait route, itinéraire en akkadien. Ce carrefour commercial était connu des Romains : Pline l’Ancien au ier siècle apr. J.-C. mentionne le commerce de l’encens et des parfums sur le marché de Carrhes.

Harran a subi au cours des siècles la domination de plusieurs puissances : après les Amorrites et le royaume de Mitanni, la ville fut brûlée par les Hittites et passa ensuite sous domination assyrienne. Des stèles gravées en caractères cunéiformes font référence au roi babylonien Nabonide (556-539 av. J.-C.). Elle fut finalement englobée dans l’empire achéménide. Après les conquêtes d’Alexandre le Grand, elle fut gouvernée par les Macédoniens et par la dynastie des Séleucides. Ainsi se constitua une importante communauté de langue grecque qui prospéra : des ateliers royaux frappaient à Carrhes des tétradrachmes et même des octodrachmes en argent, monnaie du commerce5. Longtemps après l’arrivée des Parthes, vers la fin du iie siècle av. J.-C., une population grecque qui s’identifie encore comme telle, vint au secours des soldats romains d’Afranius en 65-64 av. J.-C.

En 53 av. J.-C., la ville et ses alentours furent le théâtre de l’un des plus grands désastres militaires de l’histoire romaine. La bataille de Carrhes opposa les forces du triumvir Crassus à l’armée parthe commandée par le général Suréna.

À partir de cette époque, elle appartint au royaume d’Adiabène, ou parfois au royaume d’Osroène, lorsqu’il exista deux royaumes distincts. Sauf lors de courtes périodes, ces deux royaumes étaient gouvernés par des membres de la dynastie Abgar d’Édesse, ou Monobaze d’Adiabène qui étaient toutes deux des Abgar. Au ier siècle, le roi d’Adiabène donna la seigneurie de Carrhes (Harran) au fils qu’il avait désigné pour lui succéder.

À l’époque de Septime Sévère, devenue une colonie romaine, Carrhes posséda des ateliers frappant des monnaies de bronze. Enfin, la ville fut conquise par les Perses en 238 apr. J.-C., mais reprise par les armées romaines conduites par l’empereur Gordien III au printemps 243.

En 529, l’empereur romain d’Orient Justinien Ier fit fermer l’école d’Athènes. Aussi sept philosophes néoplatoniciens, Damascius le Diadoque, Simplicios de Cilicie, Priscien de Lydie, Eulamios de Phrygie, Hermias de Phénicie, Diogène de Phénicie, et Isidore de Gaza durent quitter Athènes. Ils s’exilèrent volontairement en Perse, chez le roi Khosrô Ier, qui les installa à Harran ; après le traité de paix conclu entre Khosrô Ier et Justinien Ier en 532, ils rentrèrent en Grèce.

Les textes syriaques évoquent un évêque monophysite, Siméon des Olivies, occupé vers 700 à convertir manichéens, païens et juifs des environs. Ils évoquent également des Sabéens, ceux de la ville de Harran ayant joué un rôle important dans la traduction en arabe des ouvrages issus de l’Empire byzantin. Adorateurs des étoiles, ils semblent avoir formé une communauté de païens hellénisés, qui conservèrent l’enseignement astrologique des Babyloniens jusqu’au Xe siècle. Adeptes de l’hermétisme, et de ce fait menacés physiquement, ils tentèrent en vain de faire admettre leur religion au nombre des cultes monothéistes officiels.

Le plus célèbre des sabéens de Harran est Thābit ibn Qurra, un mathématicien, astronome et astrologue, qui traduisit en arabe de très nombreux textes scientifiques grecs. Le théologien chrétien Théodore Abu Qurrah fut, de 795 à 812, évêque orthodoxe de Harran. C’est également la ville natale de l’astronome, astrologue et mathématicien Al-Battani (env. 855-923) et du théologien musulman Ibn Taymiyya (1263).

Source : Wikipédia.

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