Ville de Djemila (Algérie).

Djemila (de l’arabe : جميلة, « la belle » ; Ǧmila en berbère), anciennement Cuicul, est une cité antique située sur le territoire de la commune éponyme de Djemila, dans la wilaya de Sétif, en Algérie. Le site de Djemila abrite les vestiges de l’antique Cuicul, cité romaine, classée patrimoine mondial par l’Unesco.


La colonie de Cuicul fut fondée sur un sol accidenté au nord de l’Algérie à la fin du ier siècle (en 96) probablement par les vétérans de Nerva; son nom est celui d’un village ou d’un lieu berbère qui n’avait pas encore été latinisé. C’est avant Timgad l’une des dernières colonies de déduction en Afrique romaine.

Sous les Antonins (96 à 192) la ville s’embellit d’un forum, d’un capitole, de plusieurs temples, d’une curie, d’un marché et d’un théâtre. Avec la construction des grands thermes le règne de Commode marque l’extension de la ville vers le sud.

Sous les Sévères (192 à 235) de nouveaux quartiers s’organisent au sud du forum, autour d’une vaste place, de nouvelles rues sont tracées, et la ville devient peu à peu une cité où il fait bon vivre, où se développent de luxueuses demeures.

Vers le milieu du IIIe siècle, une crise économique faisant suite à de mauvaises récoltes paralysa le commerce et freina le développement de la ville.

L’Antiquité tardive voit Cuicul continuer une vie urbaine dynamique. Au IVe siècle, la conversion au christianisme de la population insuffla un regain d’activité et d’expansion urbanistique avec l’érection d’un quartier chrétien. Un baptistère et une basilique s’implantent à l’extrémité sud de la ville, une basilique civile est construite sur la place sévérienne. Les maisons luxueuses des notables ne cessent d’être développées atteignant des superficies considérables, s’équipant en thermes privés et se donnant des espaces de réceptions considérables (basiliques privées). La maison d’Europe ou celle de Castorius révèlent cet art de vivre des riches notables locaux et ont conservé un important décor de mosaïque.

Cuicul est occupée en 431 par les Vandales qui y persécutent les chrétiens jusqu’à leur départ après les accords conclus avec Genséric en 442.

Lorsque la ville fut reconquise par les Byzantins, elle retrouva un semblant de stabilité et d’activité, mais tomba dans l’oubli à la fin du VIe siècle.

C’est en 1909, après la construction d’une voie d’accès, que des fouilles méthodiques furent entreprises par le service des Monuments Historiques. Mme de Cresolles, archéologue, a dirigé le dégagement des ruines jusqu’en 1941. Mlle Y. Allais, qui a résumé l’histoire de la ville, lui succéda en 1942 jusqu’à sa retraite en 1956.

Au vu de l’état de conservation des ruines, la ville a été classée au patrimoine mondial de l’humanité en 1982.

Cuicul est érigée à 900 mètres d’altitude sur un site d’importance stratégique, à la croisée des routes nord-sud (N/S) d’Igilgili à Lambèse et est-ouest (E/O) de Cirta à Sitifis. Bâtie sur une dorsale montagneuse entourée de ravins, la ville était d’accès difficile donc facile à défendre et la surveillance, à partir des sommets alentour, en était aisée.

En raison de l’étroitesse de l’éperon sur lequel elle est construite, la cité, édifiée sur un plan incliné, a une configuration grossièrement triangulaire de 365 mètres de hauteur, sur une superficie d’environ 80 000 m2. Elle se compose de trois parties : la vieille cité ou quartiers nord; la nouvelle cité ou quartiers sud et le quartier dit “chrétien” au sud-est.

Ces dernières années ont vu la réalisation d’un musée, que l’on rejoint à partir des quartiers sud par une allée bordée d’arbres et de prairies, près de l’entrée du parc archéologique situé dans la partie la plus basse de la ville de Djemila.

Les édifices de Cuicul sont décrits dans l’ordre chronologique de leur édification, mais aussi de leur situation géographique en remontant le cardo, depuis la porte d’Igilgili au nord, jusqu’aux thermes, après avoir traversé la porte sud et la place Sévérienne.

Le cardo maximus, qui se confond avec la route de Lambèse, présente une situation excentrée épousant le rebord occidental de l’éperon. À hauteur du forum, il croise le decumanus maximus. Le pavage est remarquablement conservé, mais quelques dalles brisées permettent de voir les canalisations d’eaux usées. Les piliers et colonnes bordant le cardo portaient à l’époque une toiture qui abritait les passants.

Le forum était la place publique où les citoyens se réunissaient pour marchander et traiter des affaires de la cité. Situé à la croisée du cardo et du decumanus, le forum a une superficie de 2 000 m2. Il a conservé son dallage régulier. Il était autrefois entouré de portiques et de statues sur leur piédestal, dont il ne reste aujourd’hui que les colonnades qui le délimitent au sud. Au centre du forum se trouve un vaste autel monumental de la seconde moitié du IIIe siècle orné de bas-reliefs.

À Cuicul, le forum a été conçu comme un complexe architectural regroupant un ensemble de bâtiments publics administratifs et religieux : au nord, le Capitole et le marché ; au sud, le temple de Venus Genetrix ; à l’ouest, la basilique judiciaire et la prison ; à l’est, la Curie.

La Curie est située au nord-est du forum, à proximité du Capitole. Tout comme la basilique civile, c’est aujourd’hui un vaste quadrilatère nu, bordé de blocs de taille. Dans l’Antiquité, la Curie était revêtue de placage d’onyx et son sol était pavé de marbre rouge.

Le Capitole est consacré aux cultes de Jupiter, Junon et Minerve. Situé au nord-est du forum, c’est le centre religieux et politique de Cuicul. Il est de forme carrée et constitué de six pièces. L’autel des sacrifices subsiste en avant de l’escalier d’accès au sanctuaire : ses énormes colonnes de 14 mètres de haut se sont écroulées sur le forum.

Le macellum est l’un des monuments les plus évocateurs de la ville. Une plaque commémorative nous apprend que le marché fut offert à la ville par un riche citoyen du nom de Lucius Cosinius Primus.

C’est une halle rectangulaire de 28 × 23 mètres de côté, attenante au Capitole. On y accède par une porte qui donne sur une cour à ciel ouvert entourée d’un portique dont seules les colonnes en marbre ont survécu. Au centre, vestiges d’une fontaine hexagonale sculptée sur laquelle on peut lire deux inscriptions dédicatoires à Mercure, dieu du commerce. Sous le portique, on recense 17 boutiques dont l’accès est barré par un comptoir en pierre. Entre les colonnes, du côté sud, une tablette de pierre ornée de sculptures, qui comporte trois cavités rectangulaires de tailles différentes, servait à la mesure du grain et des liquides.

La basilique judiciaire occupe la partie ouest du forum sur une superficie de 532 m2. Elle fut érigée en 169 sous le règne de l’empereur Lucius Verus. Elle servait de palais de justice et de bourse de commerce.

Ce sanctuaire est dédié à Vénus, déesse de l’amour et la beauté. César introduisit Vénus Génitrice, déesse de la maternité et du foyer. Le temple a conservé ses colonnes de granite.

Des vestiges tels que des mosaïques, des colonnades, des piscines et fontaines témoignent de la richesse de certaines demeures qui possédaient salles de réception et latrines privées. La maison d’Europe, la maison de l’Âne vainqueur, la maison de Castorius en sont les exemples les plus remarquables.

La nouvelle cité s’est développée au-delà des remparts sud détruits, au voisinage du théâtre et des grands thermes qui datent d’une époque antérieure. Elle possède tous les attributs d’une ville romaine.

Au centre géographique de Cuicul, le nouveau forum (ou place des Sévères) sépare les anciens quartiers des nouveaux. C’est une vaste esplanade en pente de 3 200 m2, aménagée à la fin du iie siècle et au début du IIIe siècle, dominée à l’ouest par l’arc de Caracalla et à l’est par le temple Septimien.

La place des Sévères est le point de départ de cinq rues. Les deux rues situées au nord traversent la vieille ville, la troisième rue passe sous l’arc de Caracalla, rejoint la route de Sétif et la quatrième mène au théâtre. La cinquième rue prolonge le cardo, traverse la place et conduit vers les thermes et le quartier chrétien.

Sur cette place se trouvaient de nombreux édifices publics et religieux. De part et d’autre de l’arc s’élèvent le perron d’un temple, qui a pu servir de tribune aux harangues, et les restes d’un château d’eau ; un peu en arrière, une vaste salle avec abside, le marché aux étoffes et une salle de latrines publiques. Mitoyenne au temple Septimien, une basilique judiciaire a remplacé à la fin du ive siècle un temple de Frugifer Saturne.

Au nord subsiste un alignement de colonnade, seul vestige des portiques disposés des deux côtés de la place.

Le théâtre fut érigé en 161, sous le règne de Marc Aurèle et Lucius Verus, par Caius Julius Crescens et Caius Julius Didius Crescentianus, deux notables Cuiculitains. Bâti à l’extrémité orientale de la ville, il est adossé à la colline sur laquelle s’est développé par la suite le quartier chrétien. On y accède par un chemin qui contourne la colline à sa base et qui s’ouvre sur la place des Sévères par une arche à double baie.

Ses gradins sont disposés en demi-cercle autour de l’orchestre et devant la scène. Il pouvait accueillir 3 000 spectateurs qui accédaient aux gradins grâce à un réseau de galeries couvertes (vomitorium). La scène est large et basse. Le décor se compose d’un mur orné de colonnades, de niches et de statues.

Le musée de Djemila est situé à l’entrée du parc. Il abrite les pièces archéologiques découvertes sur le site. Il regroupe une collection unique, par le nombre et la variété, de mosaïques d’une rare fraîcheur de coloris, représentant des sujets mythologiques, comme celle du sanctuaire de Bacchus (28 m2), inspirée de la légende de Dionysos.

Le musée est composé d’un jardin, d’une cour et de trois salles couvertes. Le jardin conserve des chapiteaux, colonnes, stèles votives ou funéraires, et inscriptions diverses. Dans la cour sont exposées des mosaïques et des sculptures, dont les têtes de Septime Sévère et de Julia Domna.

Les salles présentent aux murs et au sol d’immenses mosaïques qui ornaient les demeures et les édifices de Cuicul : la toilette de Vénus, l’âne vainqueur, l’Enlèvement d’Europe par Jupiter métamorphosé en taureau, des scènes de culte de Dionysos, un bestaire, l’enlèvement d’Hylas par les nymphes, la scène de la grande chasse.

Source : Wikipédia.

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