Le Massacre de Katyń (1940).

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Le massacre de Katyń est l’assassinat de masse, par la police politique de l’Union soviétique (le NKVD), au printemps 1940 dans la forêt de Katyń, en Union soviétique, de plusieurs milliers de Polonais, essentiellement des officiers d’active et de réserve (dont des étudiants, des médecins, des ingénieurs, des enseignants, etc.), et de divers autres membres des élites polonaises considérées comme hostiles à l’idéologie communiste.

L’URSS a nié sa responsabilité dans le massacre dès qu’il a été révélé par les militaires allemands en 1943 ainsi que durant toute la guerre froide, et en a rendu l’Allemagne nazie responsable. Toutefois, en 1990, l’URSS a reconnu que ce massacre avait bien été ordonné par les responsables soviétiques.

Pour différentes raisons, dont l’exploitation au début de l’année 1943 par la propagande allemande du massacre de Katyń découvert en 1941 lors de l’avance allemande en Russie, l’histoire a retenu ce massacre particulier comme emblématique de l’ensemble des crimes commis par l’URSS à l’encontre de la nation polonaise.

Dans l’ensemble, ces exécutions massives de membres de l’élite polonaise, en divers lieux de l’ouest de l’URSS à la suite du partage de la Pologne entre l’Allemagne nazie et l’Union soviétique, ont concerné environ 22 000 personnes exécutées et 60 000 autres déportées (essentiellement les membres des familles).

Même si les Allemands menaient dans le même temps des opérations anti-polonaises identiques (opération Tannenberg, opération extraordinaire de pacification) et que la Gestapo et le NKVD coopéraient notamment entre septembre 1939 et juin 1941, il n’existe pas de preuves que les Allemands connaissaient le massacre de Katyń avant la découverte des charniers en 1941 à la suite de l’invasion de l’URSS.


Pendant les Grandes Purges, diverses opérations, telle la déportation, visent les minorités en URSS (allemande, coréenne, grecque).

Les Polonais sont visés par l’ordre 00485 du NKVD qui prévoit 111 000 exécutions et 29 000 déportations au Goulag. Le simple fait de porter un nom à consonance polonaise met en danger et, sachant que les persécutions connaissent alors un pic, on estime les totaux à 100 000 déportés et 200 000 tués pour l’ensemble des années 1930 en URSS.

La Pologne se fixe une ligne politique d’équilibre entre ses deux voisins aussi puissants qu’hostiles, qui n’ont pas accepté sa renaissance après la Première Guerre mondiale. Aussi, après son alliance défensive avec la France de 1921 signe-t-elle un pacte de non-agression avec l’Union  soviétique en juillet 1932, puis avec l’Allemagne en janvier 1934. La Pologne espère que ces accords diplomatiques lui permettront d’échapper à la guerre et/ou à l’occupation.

Le fragile équilibre est rompu lors des accords de Munich, conclus le 29 septembre 1938 entre l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l’Italie. La Pologne refuse d’accorder un droit de passage sur son territoire à l’Armée rouge pour défendre la Tchécoslovaquie et participe au démantèlement de la Tchécoslovaquie en occupant les territoires contestés de la Zaolzie (région de Český Těšín). Mais surtout, la France et le Royaume-Uni sont discrédités sur le plan international et l’Union soviétique peut voir dans ces accords le risque d’un front commun occidental contre elle.

Lorsque les troupes nazies deviennent menaçantes, la Pologne refuse de servir d’« avant-poste » à l’Armée rouge et cette situation internationale nouvelle conduit aux négociations donnant lieu le 23 août 1939 au Pacte germano-soviétique. L’une des clauses secrètes de ce pacte consiste justement en un partage de la Pologne entre l’Allemagne et l’URSS, partage qui suit le tracé proposé par les Occidentaux lors de la guerre de 1920 (ligne Curzon) à deux exceptions près (Białystok et Lwów).

La Pologne est finalement envahie par les armées allemandes le 1er septembre 1939, puis par l’Armée rouge le 17 septembre 1939, les Soviétiques prétextant notamment le besoin de protection des populations biélorusses et ukrainiennes, majoritaires ensemble dans une partie des territoires polonais concernés.

La répression soviétique en Pologne est très dure. 150 000 hommes sont incorporés de force dans l’Armée rouge et 100 000 dans des bataillons de construction spéciaux (strojbatami).

Une première déportation d’au moins 140 000 personnes a lieu le 10 février 1940, dont 70 % de Polonais, des Ukrainiens et Biélorusses, avec une mortalité élevée aggravée par les conditions météorologiques du moment et les envois vers le nord de l’URSS.

Environ 111 000 sont emprisonnées de 1939 à 1941, dont 40 000 seront déportées dans des camps de travail de la Vorkouta, 7 305 exécutées en marge de Katyń et environ 10 000 ont été assassinées lors de l’évacuation des prisons à la suite de l’invasion allemande de l’été 1941 (voir plus loin).

Le document officiel de Lavrenti Beria, daté du 5 mars 1940, demandant à Joseph Staline l’autorisation d’exécuter les officiers polonais. Le mot russe За signifie pour. Sont pour, dans l’ordre : Staline, Vorochilov, Molotov et Mikoyan ainsi que, en marge, Kalinine et Kaganovitch. Dès le 19 septembre 1939, le commissaire du peuple aux Affaires intérieures et à la sécurité de l’État de l’URSS, Lavrenti Beria, ordonne au NKVD de créer un « Directorat pour les prisonniers de guerre », afin de prendre en charge les prisonniers polonais. Le NKVD organise un réseau de centres de détention et de camps de transfert, puis transfère les prisonniers dans l’ouest de l’URSS.

Environ 250 000 soldats polonais, dont 10 000 officiers, sont faits prisonniers par les Soviétiques. La moitié d’entre eux — les simples soldats — est relâchée par l’Armée rouge, les autres étant confiés au NKVD, lequel relâche rapidement 42 400 soldats, pour la plupart de culture ukrainienne ou biélorusse, et en livre aux Allemands 43 000 autres, originaires de Pologne occidentale. Au 19 novembre 1939, le NKVD ne détient plus qu’environ 40 000 prisonniers de guerre dont à peu près 8 500 officiers et sous-officiers. Beaucoup sont employés comme travailleurs forcés. Aussi, d’après des estimations des années 2000 fondées sur l’examen des archives, entre septembre 1939 et juin 1941, plus de 440 000 Polonais de la zone occupée par l’Armée rouge sont déportés au Goulag ou assassinés par les Soviétiques dans le but d’éliminer « les classes sociales hostiles » au communisme. Selon Jean-Sylvestre Mongrenier, « Le chiffre total des déportés est d’environ 340 000 et le nombre des victimes de la répression anti-polonaise s’élèverait à au moins 500 000 personnes dont au moins 30 000 fusillées et 100 000 mortes dans les camps ».

Fin février 1940, 6 192 policiers et assimilés et 8 376 officiers restent toujours internés. Ces prisonniers sont soigneusement triés. Les officiers, parmi lesquels de nombreux étudiants (car le système de conscription polonais les incorpore systématiquement dans l’armée de réserve), sont rassemblés dans les deux camps de concentration de Kozielsk et de Starobielsk. Les cadres de la police, de la gendarmerie, des gardiens de prison, des gardes frontières et du scoutisme dans celui d’Ostachkov. Ces trois camps ont également reçu des membres de l’élite civile polonaise (médecins, avocats, professeurs…), de même que sept autres camps mineurs de l’URSS occidentale. La répartition des hommes est la suivante : 5 000 à Kozielsk, 6 570 à Ostachkov et 4 000 à Starobielsk. Le jour de Noël 1939, les religieux de toutes les confessions en sont retirés. On suppose qu’ils sont éliminés. Tous ces hommes subissent de longs interrogatoires et un espionnage interne permanent destinés à repérer ceux qui seraient enclins à collaborer avec les Soviétiques. L’échec est total.

Le 5 mars 194019, les membres du Politburo, Staline, Kliment Vorochilov, Anastase Mikoyan, Viatcheslav Molotov, Lazare Kaganovitch et Mikhaïl Kalinine — ces deux derniers étant absents lors de la réunion — donnent leur accord à la demande de Lavrenti Beria d’appliquer « le châtiment suprême, la peine de mort par fusillade » à 25 700 « prisonniers polonais, anciens officiers, fonctionnaires, agents de police, agents de renseignement, gendarmes […], membres de diverses organisations contre-révolutionnaires d’espions et de saboteurs… », sans comparution des détenus devant les tribunaux spéciaux du NKVD, ni acte d’accusation.

Les assassinats sont perpétrés par les services spéciaux du NKVD, qui comptent quelques milliers « d’exécuteurs de sentences » professionnels, spécialement entraînés pour tuer les condamnés et cacher leurs corps. Ces meurtres de masse nécessitent un personnel nombreux et formé, afin de fusiller en moins d’un mois des milliers de personnes, de cacher leurs corps, d’effectuer des transports dans une zone rurale, mais densément peuplée et de maintenir le secret sur l’ensemble du processus.

Les victimes sont tuées d’une balle tirée dans la partie postérieure du crâne. Si les munitions sont indubitablement de fabrication allemande, les corps de certaines victimes présentent des traces de coups de baïonnette à quatre arêtes, utilisées par l’Armée soviétique, et les cordes qui attachent les mains derrière le dos et sont reliées à une corde nouée autour du cou, sont également de production soviétique.

Les méthodes d’exécution ont depuis longtemps déjà été éprouvées sur les citoyens soviétiques. Les condamnés sont transportés en train jusqu’à la gare la plus proche, puis en camion jusqu’à l’endroit de l’exécution. Les transports quotidiens sont de moins de cent personnes. Chaque individu est ligoté séparément, puis placé sur le bord de la fosse, où on lui tire une balle dans la nuque. Les exécutions s’effectuent habituellement au moyen de pistolets Walther fournis par Moscou, modèle de fabrication allemande, comme les balles, couramment exportées pendant la période 1920-1926, notamment en Estonie dont les arsenaux militaires viennent d’être saisis par les Soviétiques.

En juin 1940, lors de l’occupation des pays baltes, les Soviétiques mettent la main sur 6 500 soldats polonais internés. Ils sont enfermés, mais ne font pas l’objet de massacre.

Une troisième déportation d’au moins 80 000 personnes a lieu en mai-juillet 1940, dont 80 % de Juifs, des Ukrainiens et des Biélorusses.

À la fin de 1940, les relations soviéto-allemandes se dégradant lentement, des tentatives de créer une armée polonaise en URSS se font jour sans succès (novembre 1940 et début juin 1941).

Une quatrième déportation d’au moins 85 000 personnes a lieu en mai-juin 1941, liée à l’attaque allemande en URSS, avec une mortalité élevée.

Lors de l’opération Barbarossa en juin 1941, le NKVD procède aux transferts, mais surtout au massacre des prisonniers des prisons susceptibles de  tomber aux mains des Allemands. Cent cinquante mille prisonniers sont concernés, dont environ 100 000 sont tués, les autres essentiellement transférés à l’intérieur de l’URSS, quelques-uns étant simplement abandonnés ou parvenant à s’échapper. Environ 35 000 des tués sont des Polonais.

Après l’opération Barbarossa, la situation change avec les accords Sikorski-Maïski permettant des libérations et la timide création de l’Armée polonaise de l’Est.

En revanche, l’opposition au Gouvernement polonais en exil implique une répression féroce à partir de 1944 contre l’Armia Krajowa ou les Soldats maudits, y compris des massacres, notamment celui de Uroczysko Baran (en) celui au sein du camp NKVD Trzebusce, et lors de la rafle d’Augustów ) parfois qualifiés de « petits Katyń ».

Au total, les Soviétiques auraient tué 150 000 Polonais sur les 1 800 000 ayant fait l’objet de mesures de répression.

Source : Wikipédia.

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