Ville de Timgad (Algérie).

Timgad ou Thamugadi (colonie Marciana Traiana Thamugadi en latin), surnommée la « Pompéi de l’Afrique du Nord » est une cité antique située sur le territoire de la commune homonyme de Timgad, dans la wilaya de Batna dans la région des Aurès, au Nord-Est de l’Algérie.

Elle fut fondée par l’empereur romain Trajan en 100 et dotée du statut de colonie. Il s’agit de la dernière « déduction de colonie » en Afrique romaine, c’est-à-dire d’une colonie essentiellement peuplée de citoyens romains (souvent d’ailleurs d’anciens soldats). Bâtie avec ses temples, ses thermes, son forum et son théâtre, la ville, initialement d’une superficie de 12 hectares, finit par en occuper plus de 90. Au vu de son excellent état de conservation et du fait qu’on la considérait comme typique d’une ville romaine, Timgad a été classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 1982. La conservation du site soulève cependant un certain nombre de problèmes.


Timgad était située à 21 km de Lambèse sur la voie allant vers Theveste dans une haute plaine étroite s’étirant entre l’Aurès et le djebel Bou Arif. Il s’agit donc d’un site avantageux qui contrôle aussi les voies d’accès à l’Aurès par les vallées de l’oued Abdi et de l’oued Abiod. Au musée, la ville est à 1 040 m au-dessus de la mer et au fort byzantin, elle est à 1 080 m d’altitude. Le site est construit sur la pente du renforcement du mont Morris, au côté nord, sur une grande plaine qui est arrosée de l’est à l’ouest par l’oued Soutze qui est constitué par la source de Aïn Morris et l’oued Merien, au loin également l’oued Soutz rejoint l’oued Taga et forme l’oued Chemora qui devient le lac de Chemora (Barrage de Koudiet Lamdaouar). Timgad était aussi alimenté en eau par la source de l’Aïn Morris à trois kilomètres au sud et peut-être aussi par la source de l’Aïn Cherchar à 11 km au sud-est.

Aux yeux des Romains la région doit alors faire partie de la Gétulie. Cependant, selon Albert Ballu, Timgad se trouve sur le sol de la Numidie. Et au temps de Sévère, Timgad ne faisait plus partie de la Province d’Afrique. On ne peut cependant savoir si un habitat préexistait à la colonie romaine ou s’il ne s’agissait que d’un nom de lieu.

C’est en 100 que Trajan fit procéder à la fondation de la cité par la Troisième légion Auguste et son légat Lucius Munatius Gallus. Les habitants de Timgad avaient donc tous la citoyenneté romaine et furent inscrits dans la tribu Papiria. La colonie prit le nom de colonia Marciana Traiana Thamugadi : Marciana rappelle le nom de la sœur de Trajan et Thamugadi, nom indéclinable et non latin, est vraisemblablement le nom indigène du lieu. On ne sait pas cependant s’il y avait déjà une agglomération africaine sur place : la fondation romaine se déploya cependant comme si elle se trouvait en terrain vierge. Le plan initial de Timgad, quadrangulaire et géométrique atteste que cette fondation suit les principes des gromatici, les arpenteurs romains. La rigueur de la planification de l’espace urbain fit que Timgad est souvent cité comme exemple de ville romaine, il serait toutefois erroné de généraliser à partir de son cas : les plans de villes romaines avaient d’abord pour principe de s’adapter au terrain et aux contraintes du lieu, le parfait déploiement quadrangulaire de Timgad n’est pas une règle absolue, et la colonie légèrement antérieure de Cuicul présente un plan moins régulier. La forte régularité du plan initial a donc parfois conduit à penser que Timgad avait pu être un camp militaire avant d’être une ville, la fondation coloniale réutilisant le tracé des cantonnements militaires : cette hypothèse n’est pas prouvée et rien n’indique que Timgad ait pu servir de camp provisoire à la troisième légion Auguste. La fondation de Timgad prend cependant pleinement son sens lorsqu’on la replace dans l’histoire des déplacements de la légion africaine. La déduction de la colonie se trouve en effet entre la première installation d’une cohorte légionnaire à Lambèse, en 81, et l’installation définitive de toute la légion vers 115-120. Si Timgad est remarquablement bien situé, il faut reconnaître au site de Lambèse une meilleure position stratégique.

On a donc souvent vu dans la fondation de Timgad un objectif d’abord purement militaire. Il faut cependant très fortement relativiser la protection militaire que pouvait apporter une colonie de vétérans : passées les premières années, les habitants ne pouvaient guère fournir une force militaire particulière. En revanche la colonie pouvait avoir un rôle militaire indirect : elle pouvait constituer, à terme, un milieu de recrutement pour la légion voisine et surtout par ses productions agraires – céréales et olives – assurer une partie non négligeable de son ravitaillement. Enfin, l’installation de la colonie de Timgad a longtemps été conçue en fonction d’une image erronée du massif de l’Aurès à l’époque romaine. On pensa en effet souvent, jusque dans les années 1960-1970, que le massif n’avait pas été pénétré par Rome, et qu’en conséquence il avait constitué un foyer de rébellion et une menace, à l’instar d’autres périodes de l’histoire, et l’on interprétait le dispositif militaire romain comme l’encerclement du massif.[réf. nécessaire] Les prospections archéologiques et l’analyse des photographies aériennes menées par Pierre Morizot ont apporté un démenti à cette image : l’Aurès était cultivé, occupé par un habitat dispersé et la présence militaire y était faible et très ponctuelle. L’archéologie révèle donc une montagne tranquille, sans troubles sérieux, à la vocation essentiellement rurale, à la richesse modeste, mais ouverte à la romanisation et plus tard à la christianisation. Une partie du massif, la vallée de l’oued Taga appartenait donc au territoire de Timgad et constituait un piémont aux productions complémentaires des terroirs céréaliers plus proches de Timgad : olive, bois et petit bétail. La fondation de la colonie de Timgad ne peut donc pas s’expliquer en termes de nécessité militaire, mais participe plutôt de l’exploitation du territoire provincial et de son maillage par des espaces civiques conçus comme l’effigie du peuple romain, dans le cadre de la politique volontariste d’un empereur soucieux d’expansion. Timgad toutefois fut le dernier cas de déductions collectives de vétérans en Afrique, et par la suite les nouvelles colonies ne furent plus qu’honoraires, c’est-à-dire un titre conféré à une cité sans apport de population romaine.

La Pax Romana en Numidie a contribué à l’adhésion des populations autochtones romanisées, les citadins berbères pouvaient gravir les échelons du résident, du citoyen romain de l’édile et parfois vers le cursus honorum et d’autres étaient classés équestres ou siégeaient au Sénat, ainsi Timgad faisait partie des villes nouvelles et l’Empereur Trajan employait des légionnaires numides également. La somme honoraire du duumvirat était de 2 000. Au départ, la ville fut construite par la volonté impériale et une colonie a été implantée. Timgad est une cité civile par rapport à Lambèse. L’absence du nom de la III légion sur le site et des noms des vétérans a été constatée. Au début, les vétérans étaient au nombre de 200 à 400 ou 900. Selon Tacite, les colons n’avaient pas la notion de famille, étant des vétérans militaires, les femmes autochtones ont joué un rôle important probablement pour former la première génération de colons de la ville qui compte environ 3 000 ou 4 000 personnes. De plus, il y avait des résidents et des esclaves.

La population est estimée par C. Courtois de 15 000 au début du IIIe siècle, après l’édification de toutes les structures importantes de la ville. À côté des quatre angles, à l’intersection des deux voies principales, sont édifiées les différentes constructions municipales. La cité est dotée d’un forum, d’un théâtre, d’un grand marché, d’un temple de Jupiter, d’un Capitole, de deux petits torrents secondaires et des ponts (aujourd’hui détruits). À l’ouest, le grand ravin, le marché et le capitole à droite. Au nord-est, l’Arc de Trajan. La ville en tout a une superficie de 800 m2. Sous Trajan, probablement que la route entre Timgad et Theveste fut élaborée. Les unités d’habitation sont enveloppées dans une surface de 400 m2 avec permission de réaménagement.

Timgad avait son évêque, après l’apparition du christianisme, pendant le règne de l’Empereur Valérien, entre 253 et 260, ou durant Dioclétien, entre 284 et 305, la ville a compté des martyrs. L’évêque Novatus de l’Église de Timgad a pris part à un concile à Carthage en 256. Trois Basiliques furent construites durant le IVe siècle. De plus, les fouilles ont prouvé l’existence de plusieurs chapelles, des baptistères, des oratoires et un monastère. Les habitants de Thamugadi avaient le souci de développer l’art. Plusieurs ustensiles portent des symboles chrétiens ou gravures artistiques, fabriqués dans les ateliers de la ville. Timgad avait ses propres ateliers de céramique et de métallurgie également. Timgad a vécu une prospérité totale, loin des luttes agitant l’empire, elle est citée seulement par des géographes tels que Ptolémée et Procope de Césarée ou par le clergé lors de rares querelles religieuses, de conciles et de persécution. La ville a été une des capitales des donatistes de Numidie. Par contre, durant un siècle, les donatistes et les chrétiens étaient en rivalité à Timgad.

Les édiles ont prévu l’accroissement de la ville, la construction des voies reliant Mascula vers l’est et la route vers Lambèse. Ils ont élaboré la construction des portes sous forme d’arc afin qu’elles soient visibles à une bonne distance lors du règne de Marc-Aurèle, ainsi que des thermes au Nord proches de l’actuel musée et qui demeurent dans l’axe de la ville, près de la porte de Cirta. D’autres thermes au sud-est s’agrafent avec les thèmes du Sud. Un grand édifice l’Aqua Septimiana, bâti vers le milieu du IIe siècle et agrandi en 198 pendant le règne de Septime Sévère, situé devant le point d’arrivée des eaux du principal captage d’alimentation de la cité. Caracalla, en 219, édifie le temple des eaux, qui est un des plus beaux monuments d’Afrique, dans la zone du fort byzantino 20. De plus, la sortie principale de la ville se trouve à l’ouest au départ de l’axe reliant Lambèse. C’est le travail de l’architecte Alexandre Lézine qui a fait que l’Arc de Trajan (Timgad) soit oblique par rapport au mur de la ville, une transition était ainsi indiquée entre la perspective de la voie décimane intra muros et l’avenue de Lambèse. Un espace fut aménagé en forme de trapèze pour plusieurs édifices importants, le premier pour la fonction religieuse, le deuxième pour le temple du Génie de la colonie et enfin un pour la fonction économique, le marché de Sertius, avec une large exèdre ouvrant sur une cour bordée de portique, avec des corbeaux sculptés à volutes et des feuilles d’acanthe, en forme de relief. Les constructions fussent achevées vers le IIe siècle. Timgad s’étend sur 60 ha après la construction du fort byzantin dont 800 m◊ de ruine compacte.

La Curie avait été probablement édifiée sous Trajan, au début de l’organisation de la colonie, mais les travaux auraient été entrepris d’une manière hâtive. Sous le règne d’Antonin le Pieux, la ville a été agrandie, elle s’est développée. Les responsables de la ville souhaitaient un cadre plus prospère, alors ils ont modifié la Curie, ils ont refait le dallage du Forum et ils ont établi un dallage près du Temple du Génie de la Colonie. Lors du règne d’Antonin le Pieux, la ville a connu d’importants travaux édilitaires.

La ville fut détruite par les Berbères, vers la fin de la domination vandale, en 535. Les habitants ont été chassés pour que personne ne puisse s’établir à l’endroit de la ville, tel est le court récit de 3 lignes de Procope où l’on mentionne Timgad. Après l’arrivée des Byzantins, la ville fut reconstruite en 539, une dédicace, trouvée dans les fouilles, prouve la restauration de la ville ainsi que la construction du fort byzantin et de la citadelle, lors de la campagne de Solomon. Selon une inscription, la chapelle du patrice Grégoire aurait été construite vers le milieu du VIIe siècle. La ville aurait été catholique au moment de l’arrivée des premiers Arabes.

Une ville romaine n’est pas concevable sans sa campagne. Longtemps négligées par l’archéologie, difficiles à appréhender avant la mise au point de techniques de prospection à grande échelle les campagnes des villes romaines sont longtemps restées mal connues. C’est pourtant de son territoire que la cité tirait ses richesses, et de ces richesses dépendait le dynamisme des notables qui la dirigeaient. Il est possible de proposer une reconstitution de la composition du territoire de Timgad afin d’évaluer la répartition de la propriété agraire sur sa superficie. Il en ressort l’image d’un territoire finalement assez étroit : 1 500 kilomètres carrés, 150 000 hectares qui n’étaient pas tous exploitables, car des reliefs importants existent dans cet espace. À l’ouest en effet le territoire était assez vite limité, au bout d’une quinzaine de kilomètres, par celui des voisines, Lamafundi et Verecunda. À l’est la situation est similaire et le territoire de Mascula devait se trouver à une vingtaine de kilomètres. Au nord, sur environ 25 kilomètres, les recherches ont révélé un système de centuriations sans doute lié à la fondation de la colonie avec un parcellaire régulier témoignant d’une mise en valeur soignée. Au nord-ouest la plaine révèle des ruines nombreuses et donc une densité d’occupation importante. Au sud, il est plus difficile de situer la limite du territoire, selon Pierre Morizot il aurait pu aller jusqu’aux sources du Taga au nord du djebel Mahmel. Le territoire de Timgad pouvait produire des céréales, des olives, productions auxquelles il faut ajouter de l’élevage et l’exploitation des massifs forestiers. De nombreux vestiges d’huileries et d’établissements agricoles sont attestés sur le territoire de la cité, ainsi à Henchir Taga les prospections ont révélé un vaste bâtiment qui était entouré de 7 à 8 hectares de plantations alignées. Toutes ces terres n’appartenaient pas à des particuliers. Au contraire, une superficie importante appartenait à l’empereur. Les domaines impériaux, répartis en au moins trois ensembles, étaient gérés par un ou plusieurs procurateur affranchi à qui il revenait de louer les terres et de les faire fructifier. La cité comptait environ 280 décurions qui devaient y posséder une superficie minimale, si l’on tient compte des propriétés des gens ordinaires et d’éventuelles possessions par des étrangers à la cité, on ne peut imaginer que le territoire était dominé par de nombreuses grandes propriétés : les habitants du territoire de Timgad n’étaient pas de gros exploitants[réf. nécessaire]. Toutefois, selon Pierre Morizot, des indices épigraphiques laissent à penser que quelques puissantes familles avaient réussi à accaparer les meilleures terres.

Au IVe siècle, la cité se christianise. Si l’on a pu considérer que la réfection du capitole montre le maintien des traditions polythéistes et leur vivacité dans les années 360, la table de patronat d’Aelius Iulianus, ornée d’un chrisme montre clairement l’adhésion forte d’une partie au moins des notables les plus importants de la cité à la nouvelle religion. La même constatation peut être faite à partir des noms des clercs qui figurent à la fin de l’inscription de l’album municipal. La construction, à la périphérie de la cité, de bâtiments religieux chrétiens, dont certains très vastes comme la basilique de l’ouest et ses dépendances, témoigne aussi de l’implantation de la religion nouvelle. La christianisation se fit cependant d’abord dans le contexte troublé d’une division entre chrétiens : Timgad constitua une des places fortes du schisme donatiste qui bouleversa la religion chrétienne en Afrique au IVe siècle. Si dès son origine le donatisme était fortement lié à la Numidie, Timgad se distingua surtout lorsque l’Église schismatique dut affronter une opposition de plus en plus forte de la part des catholiques et du pouvoir impérial. Dès 388, Optatus, l’évêque donatiste de Timgad, rallie des circoncellions et s’appuie sur eux, ainsi que sur la complicité du comte d’Afrique Gildon pour imposer ses vues et pour contrer l’empereur Flavius Honorius en 397. Il est dix ans durant, selon Saint Augustin le gémissement de l’Afrique.

Cet évêque « chef de bande » est finalement arrêté à la mort de Gildon en 398 et finit sa vie en prison. Lors de la conférence de Carthage de 411 figure deux évêques rivaux de Timgad, le catholique Faustinanus et le donatiste Gaudentius. Mais, même après cette conférence, les donatistes de Timgad ne rendent pas les armes et vers 418 leur évêque Gaudentius s’enferme dans son église face au tribun Dulcitius, menace de s’immoler par le feu si on cherche à l’extraire de son église et polémique avec Augustin par courrier interposé.

L’installation d’un royaume vandale en Afrique, après 429, fut le point de départ d’une série d’affrontements qui déterminèrent la fin de Timgad. L’Aurès fut occupé sans doute assez rapidement par les Vandales, et il semble que Genséric ait voulu se réserver la région. L’occupation fut cependant de courte durée[réf. nécessaire]. La région de l’Aurès fut attaquée par les Maures qui prirent possession du massif au plus tard en 484 : Timgad fut prise et évacuée afin qu’aucun ennemi ne puisse s’y installer; la reconquête maure se fit aux dépens des habitants de la ville et des Libyens romanisés du massif. Il ne faut pas pour autant imaginer l’anéantissement radical de la ville et de toute activité : les murailles furent rasées et les habitants déportés selon Procope de Césarée, mais l’archéologie révèle que l’activité agricole se maintenait et que « dans la ville elle-même subsistait une vie précaire ». Théodose II s’est résigné à signer et Valentinien III a confirmé le nouveau traité de partage en 442 qui était avantageux pour les Vandales. Genséric reçoit une partie de la Numidie, dont Hippone. L’Empire romain se contente des régions pauvres de Numidie, dont Cirtao 44. Le régime de terre était contrôlé par le roi vandale, ce dernier accapare la terre des riches propriétaires africains romanisés et les charge d’impôts, ce que rapporte Procope, mais selon Victor de Vita, les riches étaient considérés libres. Ce qui est probable, selon Charles-André Julien. Les Berbères romanisés ont mené le même train de vie antérieur. Après la conférence de 484, Maximus et Cardelus, appartenant au clergé de la ville voisine Diana dans la wilaya de Aïn Beida, ont été envoyés en exil par le roi Hunéric. Après la mort de Genséric, ses successeurs avaient des difficultés face aux tribus locales. L’économie et l’organisation sociale se trouvèrent en crise en Numidie lors du règne de Thrasamund, alors l’hérésie donatiste et la jacquerie en profitant des troubles durant le Ve siècle se soulèvent. Thrasamund riposte fortement, les montagnards de l’Aurès se précipitent sur la ville de Timgad et renversent le pouvoir en place, la population abandonne la ville de Timgado 44. Après la révolte, des royaumes berbères s’autoproclament, ce fut le cas de Masties qui s’est proclamé empereur entre les années 476 et 477. Une inscription trouvée aux environs d’Arris fait mention de lui, selon Jérôme Carcopinoo 44. Son règne dura une quarantaine d’années sur la région des Aurès.

La reconquête byzantine, à partir de 533, changea à nouveau la situation de la région. Les généraux de Justinien entreprirent la reconquête de l’Afrique, devant vaincre d’abord les Vandales puis les Maures révoltés, en particulier Iabdas, le chef des Maures de l’Aurès. C’est le patrice Solomon qui est chargé de mener une campagne contre lui, campagne qui nous est en partie connue grâce à Procope[réf. nécessaire]. La région de Timgad, que Procope décrit comme une ville détruite, semble avoir été une base de cette campagne. Solomon pille les récoltes de Timgad et de Lambèse avant de défaire Iabdas. Ce n’est toutefois que lors de sa seconde campagne, en 539, que Solomon laissa des traces claires de sa présence puisqu’il fit construire le fort byzantin toujours visible sur le site. Ce puissant fort faisait partie d’une opération de fortification plus vaste visant à garantir la région contre une nouvelle attaque des Maures, Procope de Césarée nous apprend en effet qu’outre Timgad, quatre autres villes furent fortifiées dans la région. Le grand nombre d’inscriptions latines tirées du forum de la ville pour servir comme matériau de construction dans le fort montre cependant que Timgad avait passé l’époque de sa splendeur, et que seule la forteresse comptait désormais vraiment. C’est sous ses murs que s’était réorganisée une vie urbaine. Il faut faire la part dans le récit de Procope des exagérations et des lieux communs, le terroir autour de Timgad semble toujours mis en valeur à cette époque. Nous ne possédons ensuite que fort peu de sources sur l’histoire de la région, et la fin de la présence byzantine est difficile à préciser. Il est certain qu’une vie urbaine se maintint dans la région, et la présence d’un christianisme organisé et dynamique est bien visible : dans la région de Batna, des reliques furent consacrées vers 581 et en 645 la dédicace d’une chapelle est attestée à Timgad. Le site ne semble pas avoir été immédiatement délaissé ensuite, mais l’histoire de son abandon complet ne peut actuellement pas être écrite faute de source historique ou archéologique. Au regard des problématiques et des pratiques historiques et archéologiques actuelles, on ne peut que regretter la perte d’information que les techniques de fouilles et les choix historiques des archéologues ont entraînée en négligeant cette période lors du dégagement de la ville : « Lorsque nous entrons aujourd’hui dans une maison, elle apparaît telle que l’architecte des Monuments historiques voulut qu’elle fût. C’est-à-dire vidée des couches tardives et des remaniements qui auraient pu témoigner d’un devenir, notons pour le présent cet effacement de toute une tranche du passé qui n’a pas été digne d’être conservée. Ce qui occulte la longue durée et réduit le passé à une image à laquelle on ne saurait se fier » et il est impossible de décrire ce qu’était Timgad lors de la conquête musulmane du Maghreb.

Timgad est une colonie romaine avec ses institutions civiques reproduisant le système romain ; pendant sa fondation, la ville a dû recevoir une lex coloniae fixant ses institutions comme dans le cas de la lex Ursonensis ; le règlement fixe la manière de fonctionnement des assemblées, des prêtrises et des magistratures de la cité ; plusieurs inscriptions retrouvées sur le site de Timgad ont permis de connaitre l’organisation des institutions[réf. nécessaire]. À l’intérieur de la curie, un album municipal contenant 68 membres de la municipalité est trouvé par Émile Masqueray, l’Album a été rapporté au Musée du Louvre, et un autre a été retrouvé par Edmond Duthoit, mais incomplet. Les nombreuses inscriptions retrouvées dans la ville nous permettent de connaître assez bien le milieu dirigeant de la cité, les décurions et magistrats qui la dirigeaient. À cet égard Timgad a livré une inscription d’une richesse exceptionnelle : l’album des décurions, c’est-à-dire la liste hiérarchiquement organisée des membres de la curie à un moment donné : l’album de Timgad date du IVe siècle et permet d’observer le milieu des élites municipales à une époque tardive.

L’album municipal de Timgad, établi durant la seconde moitié du ive siècle, compte une liste de 263 personnes, dont 55 noms incomplets. Deux groupes d’élite pariassent les flamines perpétuels et les honorait, probablement, les deux forment la masse dirigeante de la ville.

Un autre document dit l’ordo de salutation, il a été découvert en 1940 par Charles Goudet au fort byzantin à Timgad, il fut gravé en 282 probablement à la mémoire de l’Empereur Carus, Il mesure 1 m et 29 cm de longueur et 39 cm de largeur et a une épaisseur de 28 cm.

Lors du règne de l’empereur Julien en 363, la liberté du culte était proclamée, les chrétiens rentraient dans la loi commune, ce que Leschi a indiqué à propos de l’ album de Timgad et ce qui a conduit après à la guerre civile en Numidie impliquant les chrétiens, les donatistes et les circoncellions.

Source : Wikipédia.

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