Ville de Tébessa (Algérie).

Tébessa ou Tbessa (en arabe : تبسة ; en tamazight : ⵜⵉⴱⵙⵜ, Tibest ou Tebest) est une commune d’Algérie, chef-lieu d’une wilaya, située à l’est du pays, entre le massif de l’Aurès et la frontière algéro-tunisienne.

La ville remonte à l’époque antique, où elle portait le nom de Thevest francisé en Théveste. Elle dispose d’un patrimoine historique et archéologique antique important notamment dans sa médina toujours ceinte d’une muraille byzantine.

Tébessa est à 16 km à vol d’oiseau, mais à 45 km par la route nationale 10, de la frontière algéro-tunisienne. Elle est située à 130 km au sud de Souk Ahras par la route nationale 16, à 233 km d’Annaba, à 200 km de Constantine et à 634 km au sud-est d’Alger.

Elle se situe à l’extrême Est de l’Algérie et occupe un emplacement remarquable entre le tell et le Sud des hauts plateaux jusqu’aux régions présahariennes.


Le site est habité depuis longtemps, ainsi que l’attestent les objets de l’époque paléolithique et néolithique retrouvés lors des fouilles. Les Phéniciens y construisent une première cité, Hecatomphyle. Les Grecs de l’Antiquité appellent l’agglomération Theveste (Θεβέστη) ou ”Hekatompyle” (Ἑκατομπύλη, ville ”aux cent portes” par confusion avec Thèbes d’Égypte).

Vers 880-820 avant notre ère, les Carthaginois s’installent dans la région, distante de six jours de Carthage, mais la ville de Theveste reste une grande ville libyenne et ne tombe que vers 247 av. J.-C., où elle sera prise et occupée par Hannon le Grand, général et stratège carthaginois. De 174 à 150 av. J.-C, Massinissa dirige le grand centre agricole de Théveste. Après la soumission de Jugurtha en 105, de 104 av. J.-C à ̘435, la région est sous domination romaine. Cette région constituait la limite méridionale du territoire d’une fraction des Musulames.

Dans l’Antiquité classique, la ville romaine de Theveste sert de lieu de garnison pour la IIIe légion Auguste en 75 av. J.-C. À l’époque de Trajan, la ville compte 30 000 habitants. Au IIe siècle, elle est colonie de Septime Sévère, et huit grandes routes y aboutissent. Elle devient alors le centre la romanisation de l’Algérie méridionale (Khenchela, Timgad, Lambèse). Elle est alors à son apogée, la deuxième ville, après Carthage et compte sous Hadrien (117-138), 50 000 habitants. Septime Sévère (193-211) l’érige en colonie et accorde la citoyenneté romaine à tous ses habitants.

En 213, l’Arc de triomphe de Caracalla est construit, en l’honneur de Septime Sévère, père de l’Empereur Caracalla. Puis la basilique chrétienne est construite, la ville devient le siège d’un évêché, ensuite le schisme donatiste se répand.

Au Ve siècle, les Vandales s’en emparent et la pillent, mais sans la détruire5. En 496, des tribus berbères envahissent la région, sous la conduite de Jaldas, la ville est pillée et ruinée, puis reprise par le roi vandale Thrasamund. Son déclin commence à cette période.

En 530, le gouverneur byzantin Solomon reprend tout le pays. La région de Théveste devient une province byzantine. La ville est restaurée et les remparts byzantins sont construits en l’an 535. Car les Berbères de région s’étaient rebellés, conduits par le chef Antalas.

Théveste devient une ville islamique, à la suite de la conquête musulmane du Maghreb. Elle prend la forme arabisée de Tébessa et se maintient dans les limites de l’enceinte byzantine. Mais sa région semble être restée à l’écart des grands épisodes de la conquête arabe. En dehors de la mention, assez épisodique de Tébessa, comme madîna par les géographes arabes des IXe et XIIIe siècles3. Sous le règne du Hafsides Abu Bakr, la ville était aux mains d’un cheikh local, Muḥammad b. ʿAbdūn.

Al-Bakri la qualifie d’awwaliyya (antique) ; la ville est construite en grands blocs de pierre, et présente toujours des vestiges apparents de son passé préislamique. L’auteur anonyme de l’Istibṣâr rapporte d’autres monuments antiques encore visibles, dont deux temples (hayâkil) et un bâtiment de spectacle (dâr al-mal‘ab, littéralement « maison du jeu »).

L’économie de la région de Tébessa durant la première époque islamique repose sur une production variée associant l’agriculture et une production de métaux. Al-Bakri évoque l’abondance de ses arbres fruitiers, surtout les noyers dont la réputation était notoire. L’olivier de l’époque romaine est remplacé par une agriculture jardinière basée sur l’irrigation.

Sur le plan humain, Ibn Khaldoun mentionne les Hanenchas qui sont en conflit avec le pouvoir central et les Houaras qui ont été complétement arabisés. À l’époque de Léon l’Africain, le processus de ruralisation et de « tribalisation » de la région apparaît comme pratiquement achevé. Et depuis le bas Moyen Âge et au début de l’époque moderne, le « maraboutisme » s’est diffusé.

Plus tard, elle devient la place forte des Berbères Nemencha. Au XVIe siècle, les Turcs y installent une garnison de janissaires, mais les véritables maîtres de la région demeurent les Nemencha. L’élément mixte Kouloughlis devient rapidement, à côté des Berbères, des Arabes et d’une minorité noire, prépondérants. Tébessa se situe parmi les petites villes intérieures de l’Algérie précoloniale à l’instar de Msila et de Laghouat.

Au début du XIXe siècle, elle n’est depuis longtemps qu’une ville modeste, ses habitants sont surtout des commerçants et des artisans. Les campagnes environnantes sont le domaine exclusif des tribus. Tébessa est la seule localité ayant conservé une dimension urbaine dans tout l’extrême est algérien, prolongé par les steppes tunisiennes jusqu’à Kairouan. En 1837, la destruction du pouvoir du bey de Constantine, entraîne l’abandon de Tébessa par la nouba qui y maintenait une certaine présence étatique.

Après la prise de Constantine en 1837 par la France, les Nemencha vont résister durablement à la conquête française. La ville n’est prise qu’en 1851.

Face aux nombreuses razzias entre tribus et à la suite des demandes répétées des autorités locales, la France décide d’occuper la ville le 9 mars 1851, par les troupes du général Jacques Louis Randon. Une troupe de 40 Spahis sera laissée sur place, sous la responsabilité du commandant Allegro et de 2 sous-officiers. Cette troupe logera dans l’ancienne caserne des janissaires du quartier de la Casbah.

A la faveur de l’insurrection de 1871, Muḥyi al-Dīn, le fils de l’Emir Abdelkader ibn Muhieddine, tente de s’emparer de la ville. Tébessa devient une importante base militaire.

Durant la seconde guerre mondiale, avec son terrain d’aviation, Tébessa est un lieu de ravitaillement important pour les Alliés lors de la bataille de Kasserine.

Tébessa joua un rôle important durant la Guerre indépendance algérienne (bataille d’El-Djorf, de Arkoun ou de Djebel Anoual). En 1957, la Ligne Morice, barrage électrifié destiné à couper les moudjahidins algériens de leurs bases en Tunisie, s’étendait sur deux cents kilomètres de Bône à Tébessa.

Le 4 mars 1956, après l’assassinat du sergent Walter de la Légion étrangère de l’armée coloniale à la place du marché de la ville, une expédition “punitive” sera organisée spontanément par des légionnaires, qui détruiront et brûleront le souk. Il s’ensuit une chasse à l’homme (ratonnade est le terme qui convient) dans les rues de la ville, qui fera des dizaines de victimes. Des meurtres seront commis au couteau, en réponse au mode choisi par le rebelle qui a commis l’assassinat du légionnaire. Les officiers avaient interdit aux soldats l’utilisation des armes à feu, mais avaient cautionné ces actes de vengeance. Après plusieurs articles de presse relatant l’événement, notamment de la part du journal communiste l’Humanité, le régiment de la Légion étrangère sera déplacé et le commandant Jean pierre sanctionné. C’est à partir de ces événements là qu’une méfiance s’est installée au sein des communautés musulmanes et européennes.

Le 11 décembre 1960, un soulèvement populaire contre l’administration coloniale a lieu. Jusqu’en 1961, la ville de Tébessa est la base du 57e régiment de transmissions, dont le chant de marche reste Ô Tébessa.

En juin 1962, quelques semaines avant l’indépendance de l’Algérie, la ville accueille l’entrée des troupes de l’ALN , (armée des frontières) stationnées en Tunisie.

En 1978, est inaugurée la ligne aérienne Alger – Tébessa.

Source : Wikipédia.

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