Le château de Bonaguil (Lot-et-Garonne).

Le château de Bonaguil est situé en France, sur la commune de Saint-Front-sur-Lémance en Lot-et-Garonne à la charnière du Périgord et du Quercy, mais il est la propriété de la commune de Fumel. Le château est classé monument historique par liste en 1862, la chapelle le 12 avril 1963.

Le château de Bonaguil, avec les transformations de Bérenger de Roquefeuil, intègre les dernières améliorations dans la construction des châteaux forts, mais la barbacane qui en protège l’entrée annonce les transformations qui vont être nécessaires pour résister à l’artillerie qui passait à la fin du XVe siècle des boulets de pierre aux boulets de fonte.

Il est situé sur un éperon calcaire qui domine d’une trentaine de mètres le confluent de deux étroites vallées, sur un affluent de la Thèze, appelée de trois noms : le ruisseau de Caupenne5, la Petite Thèze et ruisseau de Bonaguil. Il présente la particularité de ne pas être sur une position stratégique : le château ne défend pas une ville, ni le passage d’un fleuve, ni une vallée importante ou une route commerciale.

Château de Bonaguil, carte maximum,Saint-Front-sur-Lemance, 10/07/1976.

Sa construction débute au XIIIe siècle, puis il est entièrement repris à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle par le baron Bérenger de Roquefeuil qui lui ajoute tous les perfectionnements défensifs du Moyen Âge finissant. Il intègre à partir de 1480 les derniers perfectionnements de la défense au moyen de l’’artillerie tant pour utiliser celle-ci que pour s’en prémunir : imposante barbacane couvrant l’accès au château, canonnières par dizaines tant dans les tours que dans les courtines, chambres de tir casematées (« voûtées ») à l’abri des boulets adverses et permettant des feux bas et rasants, « moineau » casematé interdisant toute circulation au fond du grand fossé, terrasses d’artillerie étagées au pied du corps de place qui constituent autant d’enceintes successives à forcer, aménagement à des fins défensives d’une grotte naturelle située sous l’éperon rocheux.

À son achèvement vers 1510, il apparaît cependant obsolète. En effet, à cette époque du début de la Renaissance, les grandes familles nobles ainsi que le roi et ses proches commencent à construire les premiers châteaux de la Loire et, dans tout le royaume, de nombreuses forteresses médiévales de la petite et moyenne aristocratie, même si elles conservent quelques dispositifs défensifs, sont peu à peu transformées en résidences d’agrément par abattage d’une partie des tours et des courtines afin de les ouvrir sur la lumière et la campagne.

Hormis la perte de ses charpentes pendant la Révolution française, le château de Bonaguil est aujourd’hui dans un bon état de conservation. Il n’eut jamais à subir d’attaque et fut habité jusqu’à la Révolution.

Château de Bonaguil, essais de couleurs.

Quand Bérenger meurt en 1530 à l’âge de 82 ans, le château de Bonaguil, avec ses hautes tours et murailles, bien qu’épaisses, n’est déjà plus adapté aux techniques militaires de l’époque. Dans l’intervalle, les canons ont fait de considérables progrès : ils peuvent tirer de plus en plus loin et avec plus en plus de force. On commence dès lors à construire des forts enterrés et à peine dix ans plus tard, les premières fortifications bastionnées vont voir le jour en Italie. Malgré ces faiblesses, Bonaguil demeure pour l’époque une forteresse imposante qui ne résisterait certes pas bien longtemps à une armée bien organisée et équipée, mais peut tenir longtemps en respect une troupe peu nombreuse et mal aguerrie.

Charles, le fils de Béranger de Roquefeuil dilapide (semble-t-il pour sa belle épouse Blanche de Lettes de Montpezat) la fortune de son père, et ses fils Honorat et Antoine héritent d’une fortune bien amoindrie. Au cours des guerres de Religion, les deux frères combattent dans les camps opposés, et le château est pris en 1563. Une première restauration a lieu en 1572. Endetté, Antoine doit remettre au sire de Pardhaillan la forteresse en 1618, avant de pouvoir la racheter quelques années plus tard.

Son fils Antoine-Alexandre est marquis, mais laisse à sa seule fille Marie-Gilberte, un château en mauvais état et des coffres vides. Mariée dès la mort de son père le 9 juillet 1639 (à treize ans) au marquis de Coligny-Saligny, lieutenant des gendarmes de la Reine, elle se consacre au relèvement et à l’entretien du château. Elle se remarie en 1655 avec Claude-Yves de Tourzel, marquis d’Allègre, dont elle a une fille qui épouse Seignelay, ministre de la famille de Colbert.

François de Roquefeuil, parent éloigné qui avait quelques droits sur le château, en prend possession en 1656, après avoir enlevé de force le château de Flaugnac, les conserve près d’un an, et n’abandonne Bonaguil que pillé. Marie-Gilberte réside à Paris les dernières années de sa vie, et laisse à l’abandon le château de Bonaguil, jusqu’à sa mort en 1699. Il passe ensuite aux Montpeyroux (François-Gaspard de Montpeyroux, qui, soldat, n’y habita presque jamais) puis à sa sœur qui le vend en 1719 à Jean-Antoine de Pechpeyrou-Beaucaire. Le fils de celui-ci vend le château à Marguerite de Fumel, veuve d’Emmanuel de Giversac, en 1761, qui y fait quelques travaux de confort.

Marguerite de Fumel séjourne en effet régulièrement au château de Bonaguil. Elle fait donc aménager le château, notamment dans le logis . À cette époque, la fausse braie à l’ouest du château est agrandie et aménagée en une grande terrasse et devient un lieu de promenade et d’agrément. De nouveaux appartements sont construits au sud, en dehors de l’enceinte intérieure, et bénéficiant ainsi d’une meilleure exposition. La châtelaine donne des fêtes. Les sept ponts-levis sont transformés en ponts-dormants. Une partie des remparts est abattue afin de donner une vue sur la vallée.

C’est le neveu de Marguerite de Fumel, Joseph-Louis de Fumel qui en hérite en 1788. Il émigre dès octobre 1789, et le château est adjugé comme bien de la Nation. Tout le mobilier est dispersé, les toits, planchers et boiseries démontés en 1794. Lorsque, après Thermidor, les Fumel récupèrent le château, ils ne l’habitent pas, et le vendent.

Il passe de mains en mains jusqu’à son achat en 1860 par la commune de Fumel, qui obtient le classement comme Monument historique (1862). La commune fait procéder à quelques travaux de restauration par B. Cavailler en 1868 et par l’architecte de l’arrondissement A. Gilles en 1876. L’architecte des Monuments historiques restaure le donjon de 1882 à 1886. D’autres réparations ponctuelles ont lieu de 1898 à 1900, dont la couverture en lauzes de la guette du donjon qui est refaite en 1900 ; d’autres travaux ont lieu en 1948-1950, 1977 et 1985. Une dérestauration du donjon est effectuée en 1956.

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Sources : Wikipédia, YouTube