Ville de Bâle (Suisse).

Bâle ; en allemand : Basel ; en italien et en romanche : Basilea est la troisième ville la plus peuplée de Suisse après Zurich et Genève, et le chef-lieu du canton de Bâle-Ville. La commune de Bâle compte 173 552 habitants en 2022.

Bâle est communément considérée comme la capitale culturelle de la Suisse. La ville est ainsi célèbre pour ses nombreux musées, dont le Kunstmuseum de Bâle, le plus grand musée d’art en Suisse et historiquement la première collection d’art accessible au public au monde (1661), la Fondation Beyeler, le musée Tinguely et le musée d’art contemporain de Bâle (en lien avec le Neubau depuis 2016) Elle est également connue pour la foire Art Basel, une des plus importantes manifestations annuelles d’art contemporain au monde, qui se tient vers la mi-juin. Avec quarante musées répartis dans tout le canton, la ville est, proportionnellement à sa population, l’un des plus grands centres culturels d’Europe.

En 1460, la première université suisse a été fondée à Bâle. Elle a ainsi historiquement constitué un lieu d’enseignement de référence en Europe en matière de théologie, de philosophie, de droit, de médecine et de pharmacologie. L’université de Bâle a été fréquentée, au fil des siècles, par Érasme de Rotterdam, Paracelse, Daniel Bernoulli, Friedrich Nietzsche, Karl Jaspers, le lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine Tadeusz Reichstein ou la philosophe Jeanne Hersch.

La ville de Bâle est également célèbre pour ses industries chimique et pharmaceutique de pointe. Elle abrite les sièges sociaux de Roche et Novartis respectivement deuxième et cinquième entreprises pharmaceutiques mondiales. Elle représente ainsi le premier centre mondial pour les activités de recherche en micro-chimie et en recherche pharmaceutique. La ville est également réputée pour son carnaval qui fait partie du Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

Bâle est également l’une des villes historiques du judaïsme politique. À Bâle s’est ouvert le premier congrès mondial sioniste de l’histoire, sous la direction de l’intellectuel et homme politique juif viennois Theodor Herzl. Ce congrès constitue le point de départ de la fondation de l’État moderne d’Israël. Dans l’ensemble, le congrès s’est déroulé à dix reprises dans la ville rhénane jusqu’à la fondation d’Israël en 1948, soit plus que dans toute autre ville du monde.

Le cabinet Mercer la classe régulièrement parmi les dix premières de 221 villes dans le monde pour sa qualité de vie, avec Genève et Zurich.


L’origine du nom de Bâle/Basel est incertaine. Plusieurs hypothèses fantaisistes ont été émises, comme une déformation du latin passus, parce que les Romains auraient établi un passage sur le Rhin à l’emplacement de la ville actuelle, ou bien le fait qu’on y aurait découvert un basilic enterré lors de sa fondation. Selon une autre hypothèse souvent émise, le nom de Bâle aurait été donné par l’empereur romain Julien, de passage dans la région vers 357, en souvenir de sa mère, Basilica. L’explication la plus probable voudrait que Basilea, le nom sous lequel la ville est mentionnée pour la première fois en 374, signifie « la royale », en hommage à Valentinien, qui visite la région la même année. L’usage d’un terme grec, basileios, au lieu de l’équivalent latin rex reste toutefois mystérieux. On peut néanmoins supposer que la langue grecque étant plus utilisée que le latin dans l’Empire au IVe siècle et la dynastie Valentinienne régnant à Constantinople, c’est par une sorte d’hommage que le grec a été utilisé.

Il y a plus de 2 000 ans, les Celtes occupaient déjà ce territoire où vinrent s’installer successivement plusieurs peuplades, dont les Rauraques. Cependant, c’est l’Empire romain qui donne à Bâle ses plus beaux vestiges.

À l’origine, un avant-poste défensif était installé sur la colline où s’élève aujourd’hui la cathédrale. En 44 av. J.-C., Lucius Munatius Plancus fonde une colonie romaine, Colonia Raurica, rebaptisée plus tard Augusta Raurica, située à Augst, à une dizaine de kilomètres de Bâle. Ce lieu est actuellement un site touristique très fréquenté. Ce n’est qu’après sa destruction par les Alamans, au IVe siècle, que Bâle commence à prendre de l’importance.

Le nom de Basilea est mentionné pour la première fois à l’occasion de la visite de l’empereur Valentinien Ier, en 374. À cette époque, la ville est considérablement réduite en taille : la superficie enclose par la muraille romaine du Bas-Empire n’est que de 5 ha. Il édifie lors de la campagne de fortification du limes rhénan une forteresse (munimentum) près de Bâle-Waisenhaus.

Dans le monde chrétien, Bâle est vers 740, au temps des Carolingiens, le siège administratif de l’évêché de Bâle et le reste jusqu’à la Réforme au XVIe siècle. Pendant plusieurs siècles, Bâle est gouverné par des évêques qui devinrent, sous le règne de l’empereur Henri II, des princes d’Empire.

En 917, la ville est ravagée par les Magyars, mais rapidement reconstruite.

De 1006 à 1648, Bâle fait partie du Saint-Empire romain germanique. Henri II préside à la consécration de la cathédrale en 1019, et l’évêque Burkhard von Hasenburg fait construire le deuxième mur d’enceinte de la ville en 1080. Vers 1200, un troisième mur comprenant cinq grandes portes est érigé.

En 1225, le prince-évêque de la ville Heinrich von Thun entreprend de faire construire un pont fixe sur le Rhin. Durant 600 ans, c’est un des rares ponts entre Bâle et la mer qui permet de traverser le fleuve à pied sec, sans transbordement de marchandises. Il contribua à l’essor économique de la ville. Grâce à un négoce florissant, Bâle est au temps de sa splendeur, mais deux catastrophes interrompent cette évolution prometteuse. En 1348, une épidémie de peste emporte plus de la moitié des habitants. Dans ce contexte a lieu le Pogrom de Bâle, les Juifs subissent la fausse accusation d’empoisonnement des puits et 600 Juifs sont enchaînés à l’intérieur d’une grange en bois sur une île dans le Rhin puis brûlés vifs.

Le 18 octobre 1356, un tremblement de terre réduit en cendres et en ruines la ville et plus de soixante châteaux dans les environs.

L’année 1392 voit le gouvernement de la ville passer aux mains de la bourgeoisie. Celle-ci, plus aisée, peut acquérir le Petit-Bâle situé de l’autre côté du Rhin, ainsi qu’une partie des terres environnantes appelées Bâle-Campagne. À la même époque, en 1397, les Juifs sont chassés de la ville, et ce pour quatre siècles.

En 1417, un nouvel incendie détruit de nombreux bâtiments datant du Moyen Âge, mais Bâle connaît ensuite, de 1430 à 1530, une autre période de prospérité, l’âge d’or de l’Art rhénan.

Le grand concile de Bâle (1431-1448) donne un puissant élan à la ville. L’assemblée des évêques ose s’opposer à Rome et proclame sa supériorité sur le pape. Vingt-cinq sessions ont été tenues et ont grandement contribué à la prospérité de la cité qui hébergea non seulement des dignitaires ecclésiastiques, mais également un grand nombre de nobles et même l’empereur germanique Sigismond Ier. En 1439, sur le parvis de la cathédrale, le très pieux Duc Amédée VIII de Savoie est couronné pape sous le nom de Félix V, devant une foule enthousiaste de 50 000 personnes. En fait, il fut l’un des nombreux antipapes de cette époque, c’est-à-dire qu’il n’a jamais été reconnu comme pape par la chrétienté entière et il se retira en 1449.

Cependant, ce ne fut pas une période de paix puisque le 26 août 1444, la bataille de la Birse voit la défaite des Confédérés face aux troupes françaises et autrichiennes. Plus tard, lors de la guerre de Souabe, des combats eurent lieu le 22 mars sur la colline du Bruderholz et le 22 juillet marqua la date d’une défaite à Dornach. L’issue de cette guerre vit néanmoins la victoire finale des Confédérés et l’indépendance de fait de la Confédération suisse.

S’ouvrit également pour la ville la grande époque de l’humanisme et de l’imprimerie. En 1440, au Riehentor dans le Petit-Bâle, est mis en service par Heinrich Halbysen) (mort en 1451, victime de la peste) le premier moulin à papier, baptisé Allenwinden. Le moulin actuel, sis St-Alban-Tal 37, devenu papeterie en 1453 grâce aux frères Gallician, connut de nombreuses transformations et acquit le titre de musée suisse du Papier en 1985. En 1460, c’est au nom de Pie II, soucieux de la défense spirituelle de l’Occident, qu’est attachée la fondation de l’université de Bâle, la plus ancienne de Suisse et l’une des rares en Europe à avoir été érigée et financée par les citoyens de la ville. Son renom attira les humanistes, parmi lesquels Érasme de Rotterdam35. En 1463, Berthold Ruppel, un collaborateur de Gutenberg, introduit l’art de l’imprimerie à Bâle, et en 1491 Johann Fust imprime la Bible latine.

L’essor culturel, mais aussi économique de la ville est tel qu’en 1471 l’empereur germanique Frédéric III permet aux Bâlois de tenir chaque année deux foires commerciales, la Foire d’automne et la Foire de printemps, toutes deux encore très actives de nos jours.

Le 13 juillet 1501 représente une date historique puisque Bâle décide d’entrer dans l’alliance des Confédérés, en raison de sa situation limitrophe très exposée. Les délégués suisses sont accueillis par la formule : Soyez les bienvenus à Bâle, sur territoire suisse. Contre l’engagement de neutralité en cas de conflit contre les Confédérés, Bâle reçoit une place à part parmi les autres cantons. La ville peut ainsi jouir pendant des siècles d’une tangible évolution. En 1504 commence la construction de l’hôtel de ville (Rathaus), sis sur la place du Marché (Marktplatz), au centre-ville, et siège actuel du gouvernement de Bâle-Ville.

La situation politique évolue. Le 12 mars 1521, les statuts du Conseil sont révisés. L’évêque est écarté de la nomination des autorités urbaines. C’est ainsi la fin de son pouvoir temporel dans la cité. Le dernier évêque de Bâle fut Christoph von Utenheim qui, en 1585, contre le paiement de 200 000 florins, renonça à l’ensemble de ses droits sur la ville.

Pendant la même période, le prédicateur Œcolampade devient en 1515 l’organisateur de l’Église selon les principes de la Réforme et André Vésale (1514-1564) — le fondateur de l’étude scientifique de l’anatomie humaine — fait imprimer, à Bâle en 1543, son chef-d’œuvre De humani corporis fabrica.

En 1566, un document exceptionnel évoque un spectacle céleste qui a beaucoup frappé les contemporains.

De 1618 à 1648, la guerre de Trente Ans secoue toute l’Europe. En 1648, le bourgmestre de Bâle, Johann Rudolf Wettstein, obtient, à l’occasion de la signature du traité de Westphalie, la reconnaissance juridique de l’indépendance de la Confédération suisse envers le Saint-Empire romain germanique, indépendance qui existait déjà de fait depuis environ 150 ans (guerre contre les Souabes en 1499).

Bâle ouvre ses portes aux huguenots persécutés, qui s’organisent dans l’Église française réformée de Bâle. Ils apportent un savoir-faire et la ville voit de nouvelles industries s’implanter sur son sol. Dès 1670, la percée de l’industrie de la soie — et du ruban de soie en particulier — entraîne le développement d’entreprises connexes telles que la filature, le tissage du velours et de la soie, la passementerie, la teinturerie, et constitue une source de prospérité pour le commerce, les transports, les banques, les assurances. En 1758, Johann Rudolf Geigy-Gemuseus (1733-1793) fonde la maison de commerce Joh. Rudolf Geigy pour l’importation et la vente de denrées coloniales (épices, produits médicaux et colorants naturels). S’y ajoutera vers 1830 la production de quelques colorants naturels. Mais l’industrie chimique bâloise ne verra vraiment le jour que dans la deuxième moitié du xixe siècle. À côté de l’industrie, la culture n’est pas oubliée puisqu’en 1777 Isaak Iselin crée la fondation pour la Promotion du bien et des valeurs d’intérêt général, ancêtre de la grande bibliothèque publique générale actuelle.

Les idées véhiculées par le siècle des Lumières — aboutissant à la Révolution française de 1789 — eurent un grand retentissement dans toute l’Europe, et bien entendu en Suisse et à Bâle. Peter Ochs (1752-1821), né à Nantes en France, mais élevé en Allemagne, arriva à Bâle, patrie de son père, en 1769. Homme politique, grand admirateur de la Révolution française, il prépara la constitution de la République helvétique, donnant naissance à un État unitaire. C’est dans sa maison, le Holsteinerhof, que fut signée en 1795 la paix de Bâle, mettant provisoirement fin aux hostilités entre la France, l’Espagne et la Prusse.

Le 24 novembre 1797, le général Bonaparte — alors âgé de 28 ans — séjourne à Bâle à l’hôtel des Trois Rois. Il vient d’Italie et se rend au congrès de Rastatt. Il profite de ce passage dans la ville pour rencontrer son grand-oncle Werner Fesch et ses cousins Fesch de Bâle, famille de son oncle, le futur cardinal Fesch.

Le 12 août 1798, la République helvétique « une et indivisible » est proclamée par le Bâlois Peter Ochs qui négocia l’alliance avec la France de Bonaparte.

Le XIXe siècle est agité par une période de guerres et de bouleversements politiques. Au centre de l’Europe, Bâle se retrouve confrontée aux événements extérieurs et aux dissensions intérieures. Ainsi, en 1813, 80 000 soldats autrichiens, prussiens et russes venant d’Allemagne traversant le pont Mittlere Rheinbrücke et se dirigent vers la France pour combattre l’armée de Napoléon. En 1814, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III, l’empereur d’Autriche François Ier et le tsar Alexandre Ier se rencontrent dans la Maison bleue de la Martinsgasse pour s’entretenir de l’avenir de l’Europe. En 1870, la guerre éclate entre la France et la Prusse. Le Général Hans Herzog assure le commandement de l’armée suisse et les frontières sont surveillées.

Sur le plan intérieur, les événements se succèdent. En 1815 est signé le pacte des 22 cantons attribuant les terres de l’évêché à Berne. Neuf communes cependant deviennent bâloises. En 1833, les conflits permanents entre Bâle-Ville et Bâle-Campagne et l’incompréhension réciproque conduisent, le 23 août, à la création des deux demi-cantons de Bâle-Ville et Bâle-Campagne.

Au cours de ces années, la vie de la ville fut également marquée par des événements économiques ou exceptionnels. Ainsi, Bâle est la première ville suisse à posséder une ligne de chemin de fer. En 1844, est construite la première gare bâloise située dans le quartier Saint-Jean. Elle permettait de relier Strasbourg par Saint-Louis et Mulhouse en quatre heures et vingt minutes. La gare côté allemand Badischer Bahnhof sera achevée en 1858. En 1859 est proclamé le décret relatif au démantèlement des fortifications de la ville. Bâle s’ouvre à l’extérieur et crée de nouveaux quartiers. L’industrie chimique naissante en profitera grandement. La ville ouvre en 1864 la deuxième bourse des valeurs de Suisse, 14 ans après Genève et 20 ans avant Zurich.

Durant la guerre franco-prussienne de 1870, Bâle aida les populations alsaciennes réfugiées. Le monument de Strasbourg (Strassburger Denkmal), érigé dans le petit parc Sainte-Élisabeth (Elisabethenanlage), commémore ces événements. Enfin, du 29 au 31 août 1897, Bâle accueille le Premier congrès sioniste présidé par Theodor Herzl. Il s’en tiendra neuf autres jusqu’en 1946 qui aboutiront à la création de l’État d’Israël en 1948. C’est d’après la ville de Bâle que Theodor Herzl nomma son « Basler Programm » en 1897, où les points clés pour la création d’un État juif ont été établis.

La première moitié du XXe siècle fut marquée par les deux guerres mondiales qui ravagèrent nombre de pays. Malgré sa neutralité, la Suisse fut touchée par la mobilisation, les restrictions et l’accueil des réfugiés. De 1914 à 1918, le commandement de l’armée suisse fut confié au général Ulrich Wille. Durant la Seconde Guerre mondiale, de 1939 à 1945, le général Henri Guisan assume ce rôle. Pendant ces deux guerres, la ville de Bâle, particulièrement exposée — et même une fois bombardée — eut à cœur d’aider ses voisins alsaciens et d’accueillir ceux qui recherchaient un asile.

Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, certains événements importants s’y déroulent. En 1912 Jean Jaurès fait un discours dans la cathédrale de Bâle à l’occasion du Congrès de l’Internationale socialiste qui se propose d’empêcher l’éclatement d’une guerre généralisée. En 1918-1919 une grève générale des ouvriers perturbe le pays du 11 au 14 novembre 1918 et se ravive à Bâle du 31 juillet au 9 août 1919. De 1929 à 1936, la Suisse, comme de nombreux pays, est touchée par la crise économique mondiale.

Sur le plan politique, des changements interviennent. Ainsi, en 1958, la bourgeoisie de Bâle et la commune de Riehen sont les premières, en Suisse alémanique, à reconnaître le droit de vote aux femmes. Mais ce n’est qu’en 1966 que les Bâloises bénéficieront du droit de vote cantonal. En 1969, et une deuxième fois en 2014, le canton de Bâle-Ville tente de relancer la réunification avec le canton de Bâle-Campagne. Mais les votes, positifs pour Bâle-Ville, sont repoussés par Bâle-Campagne. En 1991, Bâle participe au 700e anniversaire de la Confédération à travers diverses manifestations telles que discours, plantations d’arbres, ventes d’objets de collection, spectacles et feux d’artifice. Lors du référendum de 1992 sur l’Europe, Bâle-Ville est l’un des rares cantons alémaniques à voter « oui » au projet d’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen. De nos jours, Bâle offre une qualité de vie appréciable grâce à la prospérité de son industrie et de son négoce et à une activité culturelle florissante.

Source : Wikipédia.

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