Nicolas Lancret, peintre.

Nicolas Lancret, né le 22 janvier 1690 à Paris où il est mort le 14 septembre 1743, est un peintre français.

Il a brillamment dépeint l’esprit de comédie légère caractéristique des goûts et des mœurs de la société française de la Régence.


Fils de Robert Lancret (1645-1695), cocher puis contrôleur de la porte Saint-Antoine, Nicolas fut destiné dès son jeune âge à la profession de graveur en creux. Il reçut, à cet effet, de son frère aîné, François-Joseph Lancret (1686-1752), qui était maître graveur, les premières leçons de dessin pour lequel il manifesta de rares aptitudes. Il obtint alors de ses parents d’abandonner son métier de graveur pour la peinture.

Il entra d’abord à l’atelier de Pierre Dulin, professeur de l’Académie, puis prit pour maître le peintre Gillot dont Watteau était l’élève. Celui-ci se lia avec Lancret et lui conseilla de quitter l’atelier, de ne plus prendre pour guide que la nature, de dessiner des vues de paysages aux environs de Paris, et d’inventer des compositions où il pourrait se servir de ses études. Lancret suivit ce conseil, et les deux tableaux qu’il exécuta reçurent l’approbation de Watteau, ainsi que de l’Académie, qui l’agréa le 24 mars 1719.

Encouragé par ces premiers succès, Lancret redoubla de zèle et fit tant de progrès que, dans une exposition publique, place Dauphine, deux de ses toiles furent attribuées à Watteau. Plusieurs des amis de ce dernier lui en ayant fait compliment, Watteau en conçut une telle jalousie qu’il rompit pour toujours toute relation avec lui.

Lancret fut nommé conseiller à l’Académie le 24 mars 1735. Dès lors, sa vie fut entièrement absorbée par la pratique de son art. Il se voulait  initialement peintre d’histoire mais s’adonna également aux fêtes galantes et aux scènes de la vie quotidienne. Dans ses promenades à la campagne, il faisait des croquis de tout ce qui le frappait, peignant un nombre  considérable de tableaux de genre, des noces de villages, des bals, des foires. Il a fait aussi quelques portraits de contemporains et des compositions historiques. D’une grande intégrité, Lancret n’était pas homme à se laisser séduire par l’appât du gain quand les moyens qu’on lui offrait pour gagner de l’argent ne lui semblaient pas honorables : un marchand de tableaux lui offrit un jour de se l’attacher, moyennant un traitement annuel assez élevé, pour la retouche des tableaux de prix qui auraient besoin d’être « remaniés » en vue de la vente. Lancret refusa cette offre en disant : « J’aime mieux courir le risque de faire de mauvais tableaux que d’en gâter de bons. »

Il travailla longtemps en société avec Lajoüe, qui faisait les fonds des tableaux ou les ornements des décorations d’appartements, dont il recevait les commandes. C’est ainsi qu’il peignit Le Salon pour M. de Boulogne, pour M. de Beringhen, pour M. de la Faye, pour un grand nombre d’autres amateurs et même pour le roi, des peintures se faisant suite comme les Éléments, les Quatre Ages de la vie, les Saisons, des Jeux d’enfants, les Quatre Heures du jour en hiver et les Quatre Heures d’un jour d’été : une jeune femme en négligé reçoit, le matin, l’abbé son indispensable, et lui verse une tasse de café pendant que la servante les regarde d’un air entendu. À midi, des jeunes femmes se sont groupées à l’ombre des arbres du parc, auprès d’une fontaine surmontée d’un Amour qui tient l’aiguille d’un cadran solaire.

Il était d’usage de mettre alors au bas des estampes un quatrain, pour en élucider le sens. On lit sur celle-ci : « cet instant fait du jour la mesure et la loy, Les heures sur ce point vont se régler sur elles. » L’Amour le voit, l’indique et semble dire aux belles : « Toutes vos heures sont à moy. » L’après-midi, on a installé la table de trictrac sous la charmille, et la soirée, les jeunes beautés rafraîchissent leurs charmes dans les ondes pures de la rivière voisine. Le lieu est solitaire, la lune vient de se lever, mais les indiscrets n’y verront que du feu.

Lancret a rencontré un graveur de talent, Nicolas Larmessin (1684-1755), qui l’a admirablement compris et qui a rendu ses peintures d’une manière brillante. Le plus grand nombre se trouve gravé par lui. Sans doute il dut demander à Lancret, comme à son collègue Jean-Baptiste Pater, des sujets pour la série des Contes de La Fontaine, qu’il a gravée ou fait graver sous sa direction. Les sujets de Lancret, plus élégants, plus étudiés, sont davantage aussi dans le ton de la bonne compagnie. Toutes les pièces d’après Lancret, de format in-4° en largeur, sont signées par de Larmessin : les Deux Amis, le Pâté d’anguille, le galant tête-à-tête sitôt troublé des Rémois, le Petit Chien qui secoue des pierreries, le Gascon puni, avec une figure de femme sortant du lit ; les Oies du frère Philippe, On ne s’avise jamais de tout, deux pièces qui ont été gravées en petit, d’une manière très fine, dans l’édition de 1743 ; À Femme avare galant escroc, pièce où le jeu des physionomies est remarquable, comme dans celle des Troqueurs. Nicaise, le Faucon, la Servante justifiée, complètent les scènes tirées des Contes de La Fontaine, que Lancret a composées.

Connaissant, pour les avoir souvent visitées avec son ami le peintre François Lemoyne, toutes les grandes collections de l’époque, Lancret y avait étudié avec soin la manière de tous les maîtres qui s’y trouvaient représentés par des œuvres intéressantes ; aussi avait-il la réputation d’un expert éclairé au coup d’œil infaillible, habile à distinguer les anciens maîtres. Un jour, un amateur voulut l’éprouver en lui montrant, dans le cadre où il avait déjà vu l’original, une copie d’un tableau de Rembrandt représentant la Vierge et l’enfant Jésus. Lancret, à peine devant la toile, s’écria : « Ce n’est pas là l’original que j’ai vu ici plusieurs fois. » Comme on lui demandait sur quoi il basait son assertion, le peintre fit remarquer quelques fausses touches sur les bras de la Vierge ; l’original qu’on apporta confirma son jugement.

Lancret a joui de son vivant d’une grande réputation et les plus habiles graveurs de l’époque ont reproduit ses œuvres. Le principe de Lancret était de peindre toujours d’après nature, et il prêchait d’exemple en allant  chaque année, presque jusqu’à la fin de sa vie, dessiner à l’Académie d’après le modèle vivant. C’est le conseil qu’il donnait aux jeunes artistes : « Si vous abandonnez trop tôt la nature, disait-il, vous deviendrez faux et maniérés, au point que, lorsque vous voudrez la consulter de nouveau, vous ne la verrez qu’avec des yeux de prévention et ne la rendrez que dans votre manière ordinaire. »

Sa vie s’est écoulée tout entière à Paris, dans ce même quartier du Louvre où il était né. Travailleur en même temps qu’homme de plaisir, sa principale distraction était le théâtre. Alors que Watteau riait et pleurait aux comédies de Molière, Lancret versait toutes ses larmes aux tragédies de Racine. Quelquefois, quand on représentait les Précieuses ridicules ou les Fourberies de Scapin, après Phèdre ou Hermione, Watteau rencontrait à la porte Lancret qui s’en allait en essuyant ses yeux. « Reviens donc à la comédie, lui disait Watteau. — Je m’en garderai bien, répondait Lancret ; je ne veux pas descendre du sublime à la farce. » Habitué de l’Opéra et de la Comédie-Française, c’est là qu’il a connu Marie-Anne de Camargo et Marie Sallé, avec lesquelles il a dû même être fort lié et dont il a fait les portraits. On retrouve aussi dans son œuvre des scènes du Glorieux et du Philosophe marié qui l’avaient frappé.

Longtemps célibataire, Lancret, alors âgé de cinquante ans, remarquait souvent, en descendant l’escalier de sa maison, une jeune fille de dix-huit ans à peine. Ayant appris que cette fille vivait en silence dans une pauvre chambre avec sa mère, qui était sans ressource, Lancret alla frapper à la porte de la mansarde que la jeune fille vint ouvrir en essuyant des larmes : sa mère était mourante. La malade, noble femme battue par la mauvaise fortune, lui dit : « Je ne veux pas d’aumône, je dois respecter le nom de mon père. Si Dieu lui-même ne me vient point en aide, je saurai mourir, et bien mourir. Pour ma fille, elle ira au couvent. » Pressé par Lancret, elle révéla qu’elle était la fille de l’homme de lettres Boursault. Lancret dit qui il était et demanda la jeune fille en mariage. Le mariage avec Marie de Boursault fut célébré quinze jours après. Lancret mourut deux ans après d’une fluxion de poitrine.

Source : Wikipédia.

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