L’Apôtre Matthieu.

Matthieu, du grec Ματθαῖος (Matthaios), transcrit de l’hébreu Mattai ou Mattay, abréviation de Mattithyahû (Mattith = don et Yâhû = YHWH), ou Matthieu-Lévi ou saint Matthieu, est un personnage juif lié à la Galilée qui apparaît pour la première fois dans les Évangiles synoptiques, où il est appelé soit Matthieu, soit Lévi. Il y est décrit comme un publicain percepteur d’impôts, que Jésus appelle pour devenir le douzième de ses douze apôtres.

La tradition lui attribue l’écriture de l’Évangile selon Matthieu. Ce livre a probablement été composé dans les années 80, sans doute à partir d’une version de l’Évangile selon Marc à laquelle ont été adjointes des paroles de Jésus (des logia) issues de ce que les spécialistes appellent la Source Q.

Il n’existe, dans l’historiographie récente sur les origines du christianisme, aucune information concernant l’apôtre Matthieu. Il n’apparaît que dans le Nouveau Testament.


Les éléments biographiques concernant l’apôtre de Jésus nommé Matthieu proviennent des Évangiles uniquement. Le Nouveau Testament le cite dans la liste des Douze (Mt 10:3 ; Mc 3:18 ; Lc 6:15), où il porte le nom de Matthieu. D’autres passages mentionnent un collecteur d’impôts (Mt 9:92 ; Mc 2:13-14 ; Lc 5:27-28). Il apparaît une dernière fois en Actes 1:13.

L’apôtre Matthieu est assimilé à « Lévi, fils d’Alphée » car manifestement le même homme est appelé Matthieu dans l’Évangile selon Matthieu tandis que les versets correspondants en Marc et Luc le nomment Lévi. Matthieu est un publicain (percepteur des impôts) à Capharnaüm, responsable peut-être du péage d’Hérode. Il a obligatoirement une instruction plus élevée que les pêcheurs du lac, Pierre et André ou encore Jacques et Jean, les fils de Zébédée. Mais, du fait de son métier, il est mal vu des autres Juifs. Les publicains sont perçus, sinon comme des traîtres, du moins comme des agents de l’occupant romain.

La tradition chrétienne a identifié l’apôtre Matthieu à l’auteur de l’Évangile selon Matthieu.

Selon Irénée de Lyon (IIe siècle), à l’époque où Pierre et Paul affermissaient la communauté des disciples de Jésus à Rome (vers l’an 60 ou 61), Matthieu, qui annonçait la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ aux « Hébreux » de Palestine et de Syrie, fut prié de rédiger une version synthétique de la vie et de l’enseignement de Jésus, « une forme écrite de l’évangile », en araméen.

De même, Eusèbe de Césarée affirme au ive siècle : « Matthieu prêcha d’abord aux Hébreux. Comme il devait aussi aller vers d’autres, il confia à l’écriture, dans sa langue maternelle, son évangile, suppléant du reste à sa présence par le moyen de l’écriture, pour ceux dont il s’éloignait ». Eusèbe s’appuie ici sur le récit de Papias, écrit vers l’année 120, et note : « Matthieu réunit donc en langue hébraïque les logia [de Jésus] et chacun les interpréta comme il en était capable (Ματθαῖος μὲν οὖν ἑβραΐδι διαλέκτῳ τὰ λόγια συνετάξατο, ἡρμήνευσεν δ’ αὐτὰ ὡς ἧν δυνατὸς ἕκαστος) ». Toujours selon Eusèbe, Pantène (v. 240-v. 306), docteur chrétien qui dirigea l’Académie d’Alexandrie, trouva à son arrivée aux Indes cet évangile en caractères hébreux. Ce manuscrit aurait été apporté par l’apôtre Barthélémy aux populations locales, qui l’auraient depuis précieusement conservé.

Telle est l’origine de la théorie du « Matthieu hébreu », c’est-à-dire d’un évangile originel de l’apôtre Matthieu, rédigé en hébreu ou en araméen et traduit plus tard en grec. Cette théorie n’est pas cautionnée par les spécialistes car il n’existe aucune trace d’une telle version, comme le rappelle Élian Cuvillier, qui ajoute : « En outre, il serait très surprenant qu’un témoin oculaire (en l’occurrence le disciple Matthieu) utilise une source secondaire (l’Évangile de Marc) pour rédiger son propre récit. »

En ce qui concerne l’Évangile selon Matthieu, « la paternité de l’apôtre Matthieu n’est généralement pas retenue aujourd’hui », écrit l’historien protestant Élian Cuvillier.

« L’hypothèse la plus couramment admise est que les auteurs de l’Évangile attribué à Matthieu ont utilisé deux sources : l’Évangile selon Marc — peut-être dans une version antérieure à celle que nous connaissons — et une source ne comportant que des paroles de Jésus.

Sur la question de la fin de sa mission et de sa mort, coexistent de nombreuses traditions concurrentes : la Tradition apostolique d’Hippolyte de Rome (iiie siècle) le rattache à la Parthie, dans l’Iran actuel, où il meurt à Hiérapolis (possible confusion avec la Hiérapolis de Syrie). Le Martyrologe hiéronymien le fait également mourir en Perse et donne comme lieu de sa sépulture la ville de Tarrium (Tarsium ou Tarseum, confusion avec Tarse ?). Isidore de Séville (viie siècle) le fait prêcher en Macédoine.

Selon une tradition qui apparaît dans les Virtutes Apostolorum (au vie siècle, reprise au xiiie siècle dans la Légende dorée), il partit évangéliser l’Éthiopie où il fut secondé par l’eunuque de la reine (le ministre des Finances baptisé dont parle le diacre Philippe). Deux sorciers Zaroès et Arfaxar annoncèrent au roi qu’ils ne pouvaient sauver son fils Euphranor, mourant, mais l’eunuque amena à la cour Matthieu, qui parvint à le ressusciter. Le roi et sa famille se convertirent, favorisant la christianisation du pays. Le roi suivant Hyrtaque voulut se marier à Iphigénie, vierge consacrée au Christ, mais Matthieu refusa. Après 23 ans de mission en Éthiopie, il mourut martyr à Naddarer, en 61, après que le roi eut envoyé un de ses soldats passer l’apôtre au fil de l’épée. Le martyrologe romain reprend la légende de la tradition éthiopienne et développe une nouvelle tradition selon laquelle son corps fut transféré à Salerne où une basilique fut érigée sur ses restes.

L’historien Joseph Loth évoque pour sa part une tradition selon laquelle les reliques de Matthieu auraient été transportées en Bretagne.

L’absence de tradition consistante s’explique en partie par des légendes de saint Matthieu qui sont souvent confondues avec celles de Mathias et se sont opérées très tôt dans la tradition manuscrite.

 

Source : Wikipédia.

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