Ever Meulen, illustrateur.

Ever Meulen, de son vrai nom Eddy Vermeulen, est un illustrateur belge né le 12 février 1946 à Cuerne (province de Flandre-Occidentale). Connu pour ses dessins humoristiques dans des magazines mondialement connus comme Humo, RAW ou le New Yorker et influence des générations de dessinateurs.


Eddy Vermeulen naît le 12 février 1946 à Cuerne, en Belgique. Sa jeunesse se passe de manière insouciante. Les années d’après-guerre sont une période passionnante, avec une vision généralement optimiste de l’avenir. Dans sa jeunesse, l’industrie textile de Flandre occidentale est florissante ainsi lorsque la récolte est bonne, les producteurs de lin achètent des voitures américaines pour se mettre en valeur. Il grandit le long de la route entre Courtrai et Bruges. Avec son frère, il regarde continuellement à la fenêtre les voitures passer, le football ne l’intéresse pas, le dessin bien. Quand il arrive à Bruxelles, avec l’effigie de Tintin sur un toit près de la Gare du Midi, il se sent rapidement à la maison. Ses parents emménagent à Bruxelles, à temps pour assister à l’Exposition universelle de 1958, qui lui fait grande impression à tel point qu’il la visite par trois fois et dont il adore l’architecture moderne grandiose de l’Atomium. Véritable adolescent des années 1950, il est enthousiasmé par le glamour hollywoodien, les débuts du rock ‘n’ roll, les juke-box, les radios à transistors et surtout les voitures et les motos élégantes et profilées. Les véhicules à moteur sont un thème récurrent dans son travail. La belgitude et l’Amérique restent également des sujets de prédilection. Beaucoup de ses illustrations sont des hommages au meilleur des deux pays. Comme beaucoup d’enfants de sa génération, il grandit avec des journaux de bandes dessinées. Ever Meulen lit Tintin et Spirou ainsi que Junior en Néerlandais, distinguant Hergé, Jijé, E.P. Jacobs, André Franquin, Willy Vandersteen, Marc Sleen, Will, Morris, Raymond Macherot et Jean Graton comme ses principales influences graphiques. Il reçoit d’un enseignant, un pot d’encre de Chine et un crayon afin de

recopier les planches de ces journaux et à qui il doit probablement sa préférence pour la ligne claire. Adolescent et étudiant, Ever Meulen élargit son bagage culturel avec des influences telles que Jack Davis, Robert Crumb, Saul Steinberg et le pop art de David Hockney et Roy Lichtenstein. Mais il a également découvert les anciens maîtres Frans Masereel, Giorgio de Chirico, René Magritte, Josef Lada et Iakov Tchernikhov. Ever Meulen combine toutes ces esthétiques en un mélange uniforme de la ligne claire strictement contrôlée dans le magazine Tintin et du style atome plus vivant et dynamique dans Spirou. Dans les années 1970, de nombreux artistes franco-belges ont relancé ces styles dès leur jeunesse, Ever Meulen et Joost Swarte représentant le monde néerlandophone. Plus tard dans sa carrière, Ever Meulen exprimera également son admiration pour Yves Chaland.

À 14 ans, il réalise sa première bande dessinée complète, De Test (Le Test), une histoire de dix planches mettant en scène un jeune pompiste en 1960. L’histoire inédite démontre l’influence de Michel Vaillant de Jean Graton, il en réalise une autre Keesje Kat qui s’inspire très nettement de Modeste et Pompon d’André Franquin en 1962. Ever Meulen étudie à l’Institut technique provincial de Courtrai et entre 1963 et 1969 les arts graphiques à l’Institut Saint-Luc à Gand et l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles. En 1964, il expose ses premiers dessins. Entre 1966 et 1967, il illustre De Stem van het Volk, l’organe interne du parti chrétien-démocrate belge CVP. La plupart de ses premières œuvres sont signées des  pseudonymes Eddy Flippo, Ever et, à partir de 1968, Ever Meulen, contraction de l’initiale de son prénom, associée à son nom de famille complet.

Il est diplômé en 1970 et commence sa carrière professionnelle en réalisant des couvertures et des illustrations pour des publications de Paris-Manteau, des croquis pour le quiz télévisé Wie Weet, Wint sur la chaîne publique  flamande BRT. Au début des années 1970, il s’achète avec sa première épargne une Oldsmobile pour quinze mille francs belges soit 371,84 euros3 Il est remarqué par Joost Swarte, grâce à ses dessins publiés dans le magazine anarchiste Ding, et qui l’invite à contribuer aux magazines de comics underground Cocktail Comix, Modern Papier et Tante Leny Presenteert (édité en France par Artefact en 1977 et 1979). Il publie ses premiers one shots humoristiques : Mammouth le Fortiche (1970) et Koele Karlos (1973-1975). Il publie aussi tant en néerlandais dans De Nieuwe, De Standaard, Het Volk, Piet Schreuders’ Furore, qu’en français dans Télémoustique, Mimo, 20 ans et Curiosity Magazine aux Éditions Michel Deligne.

En janvier 1971, Meulen postule chez Humo, une publication en néerlandais des éditions Dupuis, lorsque Guy Mortier le jeune et dynamique rédacteur en chef feuillette son portfolio, il remarque ses caricatures d’artistes comme Elvis Presley et Frank Zappa et l’engage. Ever Meulen est profondément associé à ce magazine.

Entre 1972 et mars 1973, Ever Meulen est invité à fournir des caricatures d’artistes tels que les précités et aussi de Mick Jagger, Robert Wyatt, Bryan Ferry, Stevie Wonder, David Bowie, Lou Reed et des rock stars de la scène belge comme Raymond van het Groenewoud pour la rubrique rock du magazine TTT. En 1974, Ever Meulen réalise un poster en couleur  représentant le groupe Roxy Music dont une copie est ensuite offerte à sa figure de proue Bryan Ferry, qui le commente : « C’est un beau dessin qui a capturé l’esprit de l’époque. Il a également parfaitement capturé le caractère de chaque membre du groupe. C’est très amusant et très cool. ». David Bowie, ayant reçu une caricature de lui-même en costume par Ever Meulen (publiée dans le numéro 2228 du 15 avril 1970) du journaliste Serge Simonart, complimente l’œuvre d’art.

Pour ce même magazine, il réalise de nombreuses couvertures pour lesquelles il s’exerce à de nombreux styles et techniques différents (aérographe, sérigraphie, gouache, collage). Parmi les plus connues figurent le ministre belge de la Défense Paul Vanden Boeynants, le général israélien Moshe Dayan (1972), le cycliste Eddy Merckx avec la couronne d’épines (1974), Marlon Brando en géant (1978), John Lennon en buste de compositeur classique (1981) et le pape Jean-Paul II avec la moustache de son compatriote et le syndicaliste Lech Walesa (1983). Cette dernière couverture remporte le Gold Award de la «  Meilleure couverture de magazine ». En particulier, ses couvertures de collage dans Humo inspirent directement des couvertures du magazine satirique français Charlie-Hebdo. À cette époque, tout se fait sans ordinateur, donc Meulen doit  personnellement copier-coller toutes les images et les rendre aussi lisses que possible. L’impression le trahit parfois mais l’expérience venant, il apprend à garder intact le rendu des couleurs.

Meulen, carnet de 10 timbres, Belgique.

Ever Meulen jouit d’une totale liberté de création au sein du magazine mais il arrive cependant que sous la pression de personnes externes, il doit procéder à des changements comme lorsqu’en 1973, pour l’illustration d’un livre critique sur le dictateur zaïrois Mobutu Sese Seko dans lequel il réalise un collage où les épaulettes de l’uniforme de Mobutu représentent les têtes décapitées de certaines de ses victimes politiques. Comme Mobutu est toujours considéré comme un ami du gouvernement belge, l’artiste doit enlever les taches de sang. Une couverture de 1975 présente Barbapapa d’Annette Tison et Talus Taylor, avec la créature fronçant les sourcils à un enfant soufflant une bulle de chewing-gum ressemblant à Barbapapa. Sous la pression des créateurs originaux, il doit faire sourire Barbapapa. En 1981, Ever Meulen fait une couverture annonçant un article sur des femmes au sujet de leurs seins. L’image montre une jolie femme nue tenant une bande dessinée de trois générations de femmes, la mère utilisant un sèche-cheveux pour remettre en mouvement ses seins flasques. La censure impose le remplacement par une photographie médicale des seins.

En dehors de ces incidents mineurs, le travail de Meulen ne reçoit que des éloges, parfois venant d’horizons inattendus. En 1978, le super-héros Superman de Jerry Siegel et Joe Shuster est adapté au grand écran, avec Marlon Brando dans le rôle de Jor-El. Humo a réussi à interviewer Brando et donc le rédacteur en chef Mortier demande à Meulen d’en faire la publicité sur la couverture, représentant Brando “aussi grand que possible”. Meulen le prend au pied de la lettre et dessine la légende hollywoodienne comme un géant en présence d’un Superman de la taille d’un moustique. Andy Warhol, qui voit la couverture lors d’une interview pour le même numéro, déclare qu’elle est “magnifique”. Les couvertures Humo de Meulen sont toujours dans les mémoires comme parmi les meilleures à avoir jamais orné le magazine. Ses couvertures de Noël/Nouvel An restent une tradition annuelle même si elles deviennent moins fréquentes à partir des années 2000. Une sélection de ses couvertures est publiée dans le livre Honderd Humo covers 1972-1992, aux Éditions Kritak (1993).

Meulen conçoit également des logos et des en-têtes pour d’autres rubriques hebdomadaires dans Humo : le courrier des lecteurs Open Venster et Uitlaat ; les critiques télévisées Dwarskijker ; les critiques de films Willem van de Fillem et les interviews de jeunes célébrités. Il crée des logos, des affiches et des récompenses pour les événements organisés ou promus par le magazine. Le plus ancien est le sondage de popularité annuel Humo’s Pop Poll, suivi du festival pop Rock Werchter, de leur concours de talents musicaux Humo’s Rock Rally et des prix littéraires Humo’s Gouden Bladwijzer et De Gouden Uil. Lorsqu’il en a le temps, il s’efforce, à chaque fois, de fournir une illustration pour les autres publications du magazine.

Bien qu’il ne soit qu’un artiste indépendant, il est tout de même devenu le premier dessinateur maison de Humo. Aucun autre artiste avant lui n’a donné au magazine une telle identité visuelle, qui a parfaitement capturé son attitude humoristique et rock ‘n’ roll. Même si Humo a eu d’autres dessinateurs maison dans les années suivantes (notamment Kamagurka, Herr Seele et Jeroom) et que les contributions d’Ever Meulen sont devenues moins fréquentes au fil du temps, il est toujours considéré comme l’une des personnes qui ont bâti la réputation du magazine.

Source : Wikipédia.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.