René Magritte, peintre surréaliste.

René Magritte, né le 21 novembre 1898 à Lessines1 dans le Hainaut (Belgique) et mort à Bruxelles le 15 août 1967, est un peintre surréaliste belge.

René Magritte est le fils de Léopold Magritte, tailleur, et de Régina Bertinchamps, modiste. La famille emménage d’abord à Soignies puis à Saint-Gilles, Lessines, là où naît René Magritte, et en 1900 retourne chez la mère de Régina à Gilly, où naissent ses deux frères Raymond (1900-1970) et Paul (1902-1975). En 1904, ses parents s’installent à Châtelet où, après avoir exercé divers métiers, le père du peintre s’enrichit en devenant l’année suivante inspecteur général de la société De Bruyn qui produit huile et margarine. René Magritte y fréquente pendant six ans l’école primaire et la première année de ses études secondaires, y suit aussi en 1910 un cours de peinture dans l’atelier de Félicien Defoin (1869-1940), artiste né à Doische et établi à Châtelet. Il s’intéresse particulièrement aux aventures de Zigomar, Buffalo Bill, Texas Jack, Nat Pinkerton, des Pieds nickelés, et se passionne à partir de 1911 pour le personnage de Fantômas. À l’Exposition universelle de Charleroi, il découvre la même année le cinéma, impressionné par les affiches des films mais également des publicités, ainsi que la photographie.

René Magritte, carte maximum, Bruxelles, 1993.

Le père de René Magritte est coureur, violemment anticlérical, dépensier, alors que sa mère est une catholique fervente. Dépressive, elle se suicide par noyade dans la Sambre en février 1912. Mais Magritte, contrairement à ses fréquentations surréalistes ultérieures, notamment Salvador Dalí et André Breton, sera toujours opposé, pour ne pas dire résistant, à la psychanalyse. L’art n’ayant pas besoin selon lui d’interprétations mais de commentaires, l’enfance de l’artiste ne saurait donc être convoquée pour comprendre ses productions.

Tous quatre tenus par leur entourage pour responsables de ce drame du fait de leurs frasques, Magritte et ses deux frères quittent avec leur père Châtelet pour s’installer en mars 1913 à Charleroi. L’éducation des enfants est alors confiée à une gouvernante, Jeanne Verdeyen, que Léopold Magritte épousera en 1928. René Magritte poursuit médiocrement ses études à l’athénée de la ville et lit Stevenson, Edgar Allan Poe, Maurice Leblanc et Gaston Leroux. Son père lui ayant offert un appareil Pathé, il crée de petits films dessinés. Lors de ses vacances dans la famille de son père qui tient une boutique de chaussures à Soignies, il aime y jouer avec une petite fille dans un cimetière désaffecté dont ils visitent les caveaux souterrains. À la foire de Charleroi, il fait la connaissance en août 1913 d’une fille de douze ans, Georgette Berger, dont le père est boucher à Marcinelle. Ils se rencontrent régulièrement sur le chemin de l’école mais se perdent de vue au début de la guerre 1914-1918.

Charleroi étant occupée par l’armée allemande, la famille retourne à Châtelet où le père de Magritte poursuit des activités de représentant pour le bouillon Kub de Maggi. C’est sur la fin de 1914 ou au début de 1915 que Magritte réalise une première peinture de plus d’un mètre cinquante sur près de deux mètres d’après un chromo représentant des chevaux fuyant une écurie en flammes, offrant ses tableaux ultérieurs à ses amis14. En octobre 1915 il abandonne ses études et s’installe à Bruxelles, rue du Midi, non loin de l’Académie des beaux-arts dont il a le projet de suivre les cours en auditeur libre. Avant d’y entrer il peint alors des tableaux de style impressionniste.

D’octobre 1916 à 1919, Magritte fréquente plus ou moins régulièrement l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles où il suit les cours d’Émile Vandamme-Sylva, du symboliste Constant Montald et de Gisbert Combaz, affichiste du style Art nouveau. Parmi les élèves figure Paul Delvaux. Magritte participe également aux cours de littérature donnés par Georges Eekhoud, qu’il soutiendra après son renvoi. Sa famille installée à Bruxelles en décembre 1916, il travaille, après un retour en 1917 de quelques mois à Châtelet, en 1919 et 1920 dans un atelier loué avec Pierre-Louis Flouquet qu’il a connu, tout comme Charles Alexandre, à l’Académie.

Disposant de beaucoup d’argent grâce aux activités plus ou moins douteuses de son père et aux peintures décoratives ou affiches dont il décroche les commandes, il le dépense, multipliant aventures, blagues et frasques, avec ostentation, dans un climat bohème et anarchiste. Avec Flouquet et les frères Pierre Bourgeois et Victor Bourgeois, il collabore aux quatre numéros, d’avril à septembre 1919, de la revue Au volant que dirige Pierre Bourgeois. Auprès de ses amis il découvre le cubisme et le futurisme. Des œuvres de Flouquet et des affiches puis des peintures non figuratives de Magritte sont exposées en 1919 et 1920 au Centre d’art de Bruxelles dirigé par Aimé Declercq. À cette seconde exposition Magritte rencontre en janvier E. L. T. Mesens, qui sera engagé comme professeur de piano pour son frère Paul.

 

Au printemps 1920 René Magritte retrouve par hasard au Jardin botanique de Bruxelles Georgette Berger qu’il n’a pas revue depuis 1914. De décembre 1920 à octobre 1921 il effectue son service militaire au camp de Beverloo, près d’Anvers, où se trouve également Pierre Bourgeois, puis de Bourg-Léopold, plus tard au ministère de la Guerre. Son père désargenté et poursuivi pour escroquerie16, Magritte travaille à partir de novembre 1921, et jusqu’en 1924, comme dessinateur, avec le peintre Victor Servranckx qu’il a connu à l’Académie, dans l’usine de papier peint Peters-Lacroix à Haren17. Le 28 juin 1922 Magritte épouse Georgette Berger et en août le couple s’installe à Laeken.

En 1922, Magritte rencontre Marcel Lecomte et en décembre 1923 Camille Goemans qui, avec Mesens, l’introduisent dans le milieu dada. Il doit alors à Lecomte, ou selon Louis Scutenaire à Mesens, sa plus grande émotion artistique : la découverte d’une reproduction du Chant d’amour de Giorgio De Chirico (1914). « Mes yeux ont vu la pensée pour la première fois », écrira-t-il en se souvenant de cette révélation.

En février 1924 Magritte, abandonnant son emploi à l’usine de papiers peints Lacroix, séjourne brièvement à Paris à la recherche d’un nouveau travail. De retour à Bruxelles il s’installe à son compte, créant de 1924 à 1928 des projets pour des films, des théâtres, des sociétés automobiles, Alfa Romeo et Citroën, ou des entreprises, la Maison Norine, les Établissements Minet, le chocolatier Neuhaus, la Maison Vanderborght, Primevère, la lingerie Thila Naghel. En octobre 1924, Magritte, par des aphorismes, et Mesens participent à la revue 391, dirigée par Francis Picabia et projettent de lancer, avec Goemans et Lecomte, une nouvelle revue dadaïste, Période, calquée sur celle de Picabia mais coulée dès avant sa naissance par un tract lancé par Paul Nougé, puis fonderont en mars 1925 la revue Œsophage (un seul numéro).

Le rapprochement du groupe de Correspondance qui réunit en 1924 et 1925 Nougé, Goemans et Lecomte, avec Mesens et Magritte, leur confection d’un tract commun en septembre et octobre 1926 contre Géo Norge et Jean Cocteau, auquel s’associe le musicien André Souris, leur participation commune en 1927 au dernier numéro de la revue Marie. Journal bimensuel pour la belle jeunesse, créée par Mesens en juin 1926, marquent les débuts de la constitution du groupe surréaliste de Bruxelles, que rejoignent en juillet Louis Scutenaire et Irène Hamoir. Dès 1926 Magritte conclut un contrat avec Paul-Gustave Van Hecke, mari de la créatrice de mode Norine et ami de Mesens, qui lui achète sa production et écrira en mars 1927 dans la revue Sélection un premier article consacré au peintre21. Il expose en avril 1927, préfacé par Van Heck et Nougé, à la galerie Le Centaure, dans laquelle travaille Goemans, une cinquantaine de ses peintures dont Le Jockey perdu, l’une de ses premières toiles surréalistes, peinte en 1926. Il rencontre à cette occasion Scutenaire dont Goemans et Nougé ont peu auparavant fait la connaissance. Magritte illustre pour la maison Muller et Samuel ses catalogues de fourrures 1926-1927 et 1927-1928, ce dernier édité avec des textes de Nougé.

En septembre 1927, Magritte quitte la Belgique et séjourne au Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne) jusqu’en juillet 193022. Il rencontre les surréalistes (André Breton, Paul Éluard, Max Ernst, Salvador Dalí), participe à leurs activités. À Paris il expose à la galerie qu’il a ouverte, Goemans et à Bruxelles en janvier 1928 à la galerie L’Époque, dirigée par Mesens, la préface du catalogue étant écrite par Nougé et contresignée par Goemans, Lecomte, Mesens, Scutenaire et Souris. Il publie en 1929, Le Sens propre, suite de cinq tracts reproduisant chacun l’un de ses tableaux avec un poème de Goemans, et Les Mots et les images dans La Révolution surréaliste. Durant l’été, il rend visite à Dalí à Cadaqués où il retrouve Éluard et Gala. André Breton préconisant l’adhésion au parti communiste et Nougé s’y opposant les rapports entre les surréalistes bruxellois et parisiens restent cependant difficiles, et René Magritte se brouille avec André Breton, au sujet d’un christ en pendentif que porte Georgette Magritte.

La crise de 1929 arrivant en Europe, René Magritte doit retourner en Belgique en 1930, les différents contrats qui lui permettaient de vivre ayant été rompus. Il présente à Bruxelles en 1931 une exposition organisée par Mesens, avec une préface de Nougé. Il adhère l’année suivante au parti communiste belge et rencontre Paul Colinet. Entre 1931 et 1936, il participe à une petite entreprise de publicité, une activité alimentaire qu’il n’exerce certainement pas par vocation et qui s’est étendue sporadiquement entre 1918 et 1965.

Magritte expose en 1933 au Palais des beaux-arts de Bruxelles et dessine en 1934 Le Viol pour la couverture de Qu’est-ce que le surréalisme ?, d’André Breton. Il réalise en 1936 sa première exposition à New York, à la galerie Julien Levy, fait la connaissance l’année suivante de Marcel Mariën et séjourne à Londres où il expose en 1938 à la London Gallery de Mesens. Après avoir dirigé, de février à avril 1940, avec Ubac la revue L’Invention collective (deux numéros), Magritte, après l’invasion allemande de la Belgique le 19 mai 1940, quitte Bruxelles, séjourne trois mois à Carcassonne, où il rencontre le poète Joël Bousquet et où le rejoignent Scutenaire, Irène Hamoir, Raoul et Agui Ubac, puis rentre à Bruxelles.

René Magritte, carte maximum, Bruxelles, 1970.

De 1943 à 1945, Magritte utilise la technique des impressionnistes durant sa période du surréalisme « en plein soleil » ou « période Renoir ». Entre 1943 et 1947, paraissent les premiers livres qui lui sont consacrés : Les Images défendues de Nougé, Magritte de Mariën et René Magritte de Scutenaire.

En mars 1948, il peint en six semaines une quarantaine de tableaux et de gouaches aux tons criards (« période vache ») destinées, en un acte typiquement surréaliste, à dérouter les marchands parisiens et scandaliser le bon goût français, qui sont exposées à la galerie du Faubourg et préfacées par Scutenaire (Les Pieds dans le plat). Irène Hamoir léguera bon nombre de ces œuvres au musée de Bruxelles.

De 1952 à 1956, Magritte dirige la revue La Carte d’après nature, présentée sous forme de carte postale. Il réalise en 1952 et 1953 Le Domaine enchanté, huit panneaux pour la décoration murale du casino de Knokke-le-Zoute, en 1957 La Fée ignorante pour le palais des beaux-arts de Charleroi, et, en 1961, Les Barricades mystérieuses pour le palais des congrès de Bruxelles. Une première exposition rétrospective de son œuvre est organisée en 1954 par Mesens, au palais des beaux-arts de Bruxelles. Le succès de Magritte vient lentement grâce au marchand Iolas, à partir de 1957, et à l’Amérique. En avril 1965, il part pour Ischia en Italie pour améliorer sa santé et passe par Rome, avant de se rendre en décembre pour la première fois aux États-Unis à l’occasion d’une exposition rétrospective au MOMA, présentée par la suite à Chicago, Berkeley et Pasadena.

En juin 1966 et juin 1967, les Magritte passent, avec Scutenaire et Irène Hamoir, des vacances en Italie. Le 4 août, une nouvelle rétrospective ouvre au musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam. Magritte meurt chez lui, au 97, rue des Mimosas à Schaerbeek, le 15 août en début d’après-midi, d’un cancer du pancréas à soixante-huit ans. Il est inhumé dans le cimetière communal de Schaerbeek ; son épouse morte en 1986 repose à son côté. Depuis 2009, la sépulture est classée comme monument et site par la Région bruxelloise.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

Cet article a 2 commentaires

  1. GINEVRA VAN DEFLOR

    Volevo far notare que “coureur” in francese significa qualcuno di leggero, che “corre” dietro alle altre donne, non letteralmente “corridore” 😉

  2. GINEVRA VAN DEFLOR

    PS alle altre donne, non so perché ci sia scritto “give!”

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