Ville de Deauville, station balnéaire (Calvados).
Deauville fait partie de cette deuxième génération de stations balnéaires qui émergent ex nihilo sous le Second Empire : il n’y avait pas grand-chose à Cabourg, Houlgate, Arcachon, ni même à Monte-Carlo, avant qu’une urbanisation ordonnée ne vienne remplir ces « territoires du vide ». Selon l’expression d’Alain Corbin, reprise par Bernard Toulier,… . Mais, à
Deauville, ce territoire était encore un peu plus vide qu’ailleurs. À Cabourg, une société immobilière doit racheter les dunes… : s’il existait bien un petit village, avec 120 habitants, sur les flancs du Mont Canisy, l’emplacement de la ville nouvelle, sur près de 200 ha, n’est encore en 1859 qu’un marais, entrecoupé de gabions, dépourvu de constructions. À l’exception de deux phares et d’une maison, augmentés… et surtout, de toutes contraintes parcellaires : le site est désertique, la page est vierge. En dix ans, s’élève une ville, construite selon un plan d’urbanisme rigoureux et équipée d’infrastructures portuaires et ferroviaires, mais une ville vouée à la villégiature, avec ses villas à l’architecture éclectique, et aux loisirs, avec un triptyque emblématique, le casino, l’hippodrome et l’établissement de bains. D’emblée également, les promoteurs, qui sont aussi les premiers propriétaires et les premiers usagers de la station, lui confèrent une image de résidence luxueuse et prestigieuse que celle-ci sauvegardera jusqu’à nos jours malgré quelques vicissitudes.