Winston Churchill, homme d’état.

Winston Churchill, né le 30 novembre 1874 à Woodstock et mort le 24 janvier 1965 à Londres, est un homme d’État et écrivain britannique. Membre du Parti conservateur malgré un intermède au Parti libéral, il est Premier ministre du Royaume-Uni de mai 1940 à juillet 1945 puis d’octobre 1951 à avril 1955 ; il joue notamment un rôle décisif dans la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale.

Fils de l’homme politique Randolph Churchill, il appartient à la famille aristocratique des Spencer. Engagé dans l’armée, il combat en Inde, au Soudan et durant la seconde guerre des Boers. Il est ensuite correspondant de guerre, puis sert brièvement, pendant la Première Guerre mondiale, sur le front de l’Ouest, comme commandant du 6e bataillon des Royal Scots Fusiliers.

Député pendant une soixantaine d’années, il occupe des responsabilités ministérielles pendant près de trente ans. Dans le gouvernement libéral d’Asquith, il est ministre du Commerce, secrétaire du Home Office et Premier Lord de l’Amirauté : il participe alors aux premières lois sociales et s’attaque à l’influence de la Chambre des lords, mais la défaite à la bataille des Dardanelles provoque son éviction. Blanchi de toute responsabilité dans cet échec par une commission d’enquête parlementaire, il est rappelé comme ministre de l’Armement, secrétaire d’État à la Guerre et secrétaire d’État de l’Air par Lloyd George.

Devenu chancelier de l’Échiquier, il laisse un bilan mitigé, l’économie n’étant pas son domaine de prédilection, à la différence de la politique étrangère et des affaires militaires. Alors que ses prises de position  détonnent, notamment lors de l’abdication d’Édouard VIII, il n’est guère apprécié par les dirigeants du Parti conservateur et connaît une traversée du désert. Il se distingue alors du reste de la classe politique par une opposition vigoureuse à l’Allemagne nazie. Il faut attendre le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale pour qu’il revienne au gouvernement, comme Premier Lord de l’Amirauté.

Après la démission de Chamberlain, il devient Premier ministre, les conservateurs l’ayant choisi plus par défaut que par adhésion. Refusant de capituler alors que le Royaume-Uni est la dernière nation européenne à résister à la percée nazie, il organise les forces armées britanniques et les conduit finalement à la victoire contre les puissances de l’Axe. Ses discours mobilisateurs (« Du sang, du labeur, des larmes et de la sueur », « Nous nous battrons sur les plages », « C’était là leur heure de gloire », « Jamais tant de gens n’ont dû autant à si peu ») marquent son peuple et les forces alliées. À l’approche de la fin du conflit, il plaide auprès du président  américain, Franklin D. Roosevelt, pour qu’il reconnaisse la France libre de Charles de Gaulle, puis obtient à la France une place au Conseil de sécurité des Nations unies ainsi qu’une zone d’occupation en Allemagne.

Bien qu’auréolé par son action lors de la Seconde Guerre mondiale, il perd de façon inattendue les élections législatives de 1945. Devenu chef de l’opposition, il reste particulièrement actif sur les dossiers de politique étrangère et dénonce dès 1946 le rideau de fer. Les élections de 1951 lui permettent de retrouver la tête du gouvernement. Son second mandat est marqué par le déclin de l’Empire britannique, auquel il tente vainement de s’opposer par une conduite inflexible et des actions militaires. À la suite de la mort soudaine de George VI en 1952, il assiste à l’avènement d’Élisabeth II, dont il est le premier chef de gouvernement.

En 1955, à plus de 80 ans, il démissionne de ses fonctions de Premier ministre, son fidèle allié Anthony Eden lui succédant. Malade, il reste député jusqu’en 1964. Sa mort l’année suivante conduit à l’organisation d’obsèques nationales qui rassemblent un nombre inédit d’hommes d’État de par le monde.

Les talents d’écriture de Winston Churchill (il a notamment rédigé ses Mémoires sur la Deuxième Guerre mondiale et A History of the English-Speaking Peoples) sont couronnés à la fin de sa vie par un prix Nobel de littérature. Il est également un artiste peintre reconnu.

Bien longtemps après sa mort, Churchill conserve une place importante dans l’imaginaire politique britannique et reste reconnu comme l’un des hommes politiques les plus importants du xxe siècle, en raison de sa ténacité face au nazisme, de ses talents d’orateur et de ses célèbres bons mots. Tout en incarnant les valeurs morales ainsi que l’humour flegmatique et la résilience que l’imaginaire collectif associe aux Britanniques, il est parfois critiqué pour son opposition à la décolonisation et son attitude jugée complaisante vis-à-vis de certaines dictatures.


La mère de Winston Leonard Spencer-Churchill accouche au bout de sept mois et demi de grossesse dans la nuit du 29 au 30 novembre 1874, à 1 h 30. On sauve les apparences en déclarant le nouveau-né prématuré, mis au monde par sa mère non pas selon la légende dans les vestiaires , mais dans une chambre proche de la salle de bal du palais de Blenheim, celui-là même où il rencontrera plus tard sa future épouse, ce qui est à l’origine de cet aphorisme resté fameux : « C’est à Blenheim que j’ai pris les deux décisions les plus importantes de ma vie, celle de naître et celle de me marier. Je n’ai regretté aucune des deux ! ». Randolph et Jennie ont un second enfant en 1880, John Strange, dont la fille Clarissa épousera Anthony Eden. Une rumeur court après cette naissance quant à la paternité de ce frère cadet, les parents étant séparés depuis quelque temps lors de sa venue au monde. La mère ayant la réputation d’être très frivole, on soupçonne ce deuxième enfant d’être le fils de John Strange Jocelyn, 5e comte de Roden.

Comme il est d’usage dans les familles nobles de l’époque, Winston est confié à une nourrice, Elizabeth Anne Everest, qui sera ensuite celle de son frère. Ses parents ne le voient que rarement et ont des rapports distants, bien qu’aimants. Son père étant occupé par sa carrière politique, et sa mère par ses mondanités, cela renforce l’isolement du jeune Winston. Ce manque de contact avec ses parents le rapproche de sa nourrice qu’il prend l’habitude d’appeler « Woomany », et dont il garde jusqu’à la fin de sa vie un portrait dans son bureau. Il passe ses deux premières années au château familial de Marlborough. En janvier 1877, son père accompagne son grand-père à Dublin, où il vient d’être nommé vice-roi d’Irlande ; Winston le suit, y passe près de trois ans avant que ses parents ne reviennent à Londres, dans la maison familiale de St James Place en mars 1880. Il y apprend à lireMi 5, car il ne fréquente pas l’école jusqu’à l’âge de sept ans, mais suit des cours chez lui avec l’aide de sa nourrice.

Churchill entre à l’école à l’âge de 7 ans. Il est placé en octobre 1881 dans la prestigieuse St. George’s School d’Ascot. Il a très peu d’argent de poche et vit très difficilement cette première séparation d’avec sa famille. Sa mère, alors connue sous le nom de Lady Randolph, ne lui rend visite que très rarement, malgré les lettres dans lesquelles Winston la supplie de venir ou de lui permettre de retourner à la maison. Il a une relation distante avec son père avec lequel il note qu’il n’a presque jamais de conversation. Ce manque d’affection l’endurcit ; il en est conscient et est persuadé que ce qu’il perd étant jeune le servira étant vieux. Le régime dur et discipliné de cette école lui déplaît toutefois et ne lui réussit pas : « très franc mais fait des bêtises » est la première appréciation que laissent les professeurs. Plus tard sa nourrice Elizabeth Anne Everest s’aperçoit que des blessures ont été infligées à Winston, et elle alerte les parents qui le changent d’école. À 9 ans, en septembre 1884, il est placé dans un pensionnat moins strict, celui des Demoiselles Thomson de Brighton où il demeure jusqu’en 1888 sans subir de mauvais traitements. Son père décide de lui faire faire une carrière militaire, car ses résultats scolaires ne sont pas assez bons pour envisager une carrière politique ou même ecclésiastique. Lui-même a fait ses classes à Eton, la meilleure école du pays, mais Winston doit se contenter de Harrow School, la grande rivale, moins cotée. Il y entre le 17 avril 1888Bé 9 à l’âge de 13 ans et y reste jusqu’à ses 18 ans. Dans les semaines suivant son arrivée, il rejoint le Harrow Rifle Corps. Il obtient des notes élevées en anglais et en histoire et obtient un titre de champion d’escrime de l’école. À 18 ans, il prépare son entrée à l’Académie royale militaire de Sandhurst, mais le concours du Royal Military College est extrêmement difficile. Churchill échoue deux fois de suite. Lors de sa troisième tentative, il doit absolument réussir, sinon il devra se réorienter. Winston fait valoir à ses parents que la scolarité à Harrow n’est pas adaptée pour Sandhurst puisque seuls 1 % des reçus de Sandhurst en sont issus. Ses parents soucieux de sa réussite lui paient alors des cours dans un institut privé spécialisé : le Captain James Establishment, ce qui lui réussit : il est admis à l’Académie militaire de Sandhurst le 28 juin 1893. C’est un grand jour dans la vie du jeune Churchill, même s’il n’est reçu que 92e sur 102.

Churchill se décrit comme affligé d’un « défaut d’élocution ». Après avoir travaillé de longues années à le surmonter, il a finalement déclaré : « mon défaut n’est pas une entrave ». On présente souvent aux stagiaires orthophonistes des cassettes vidéo montrant les manies de Churchill pendant ses discours, et la Stuttering Foundation of America présente sa photo sur sa page d’accueil comme l’un de ses modèles de bègues ayant réussi. Si des écrits contemporains des années 1920, 1930 et 1940 confirment ce diagnostic de bégaiement, le Churchill Centre, cependant, réfute catégoriquement l’allégation selon laquelle Churchill ait été affecté de ce trouble : il aurait eu un bredouillement, voire un zézaiement et une certaine difficulté à prononcer la lettre « S », tout comme son père.

À l’Académie royale militaire de Sandhurst, Churchill reçoit son premier commandement dans le 4th Queen’s Own Hussars en tant que sous-lieutenant le 20 février 1895. Il juge que sa solde de sous-lieutenant, de 300 livres sterling par an, est insuffisante pour avoir un style de vie équivalent à celui des autres officiers du régiment. Il estime avoir besoin de 500 £, soit l’équivalent d’environ 34 000 £ en 2013. Sa mère lui fournit une rente de 400 £ par an, mais il dépense plus qu’il ne gagne. Selon le biographe Roy Jenkins, c’est une des raisons pour lesquelles il devient correspondant de guerre. Il n’a pas l’intention de suivre une carrière classique en recherchant les promotions, mais bien d’être impliqué dans l’action. À cette fin, il utilise l’influence de sa mère et de sa famille dans la haute société pour avoir un poste dans les campagnes en cours. Ses écrits de correspondant de guerre pour plusieurs journaux de Londres attirent l’attention du public, et lui valent d’importants revenus supplémentaires. Ils constituent la base de ses livres sur ces campagnes. Toutefois, comme ses écrits montrent à la fois son ambition et des critiques de l’armée, ils lui attirent une certaine hostilité et une réputation de « chasseur de médailles » et de « coureur de publicité ». Malgré le fait que ce comportement soit mal vu par ses supérieurs, François Kersaudy estime qu’il était « pratiquement impossible de sanctionner un Churchill, héros de guerre de surcroît, et dont la mère se trouve être la maîtresse du prince de Galles (le futur Édouard VII) ». Pour W. Manchester, « il n’éprouvait aucun intérêt pour la carrière militaire, et avait l’intention de se servir de son passage dans l’armée pour favoriser ses desseins politiques ».

Le 20 février 1895, Winston sort diplômé de Sandhurst et à une place honorable : il est vingtième sur cent trente. Il est placé à sa demande dans le 4th Queen’s Own Hussars du colonel Brabazon au camp d’Aldershot, car il sait que ce corps va partir pour les Indes en 1896, et il espère y faire l’expérience du combat. Le jeune Winston, qui estime que les succès militaires sur le terrain sont un gage de succès politique, est impatient d’aller au combat. Disposant de temps libre avant de rejoindre son affectation, il est envoyé avec son ami Reginald Barne, par le journal le Daily Graphic à Cuba où les Espagnols sont confrontés à une insurrection. Pour ce faire, il a obtenu l’aval du commandement britannique et du directeur du service du renseignement militaire. Le trajet aller est pour lui son premier grand voyage car il n’a jusqu’alors visité que la France et la Suisse. La première étape est New York, occasion pour lui de fouler le sol américain pour la première fois et de rendre visite à sa famille maternelle et ses amis. Pendant son séjour, il demeure chez William Bourke Cockran, alors l’amant de sa mère. Bourke est un homme politique américain établi, membre de la Chambre des représentants, potentiel candidat à l’élection présidentielle. Il influence fortement Churchill dans son approche des discours et de la politique, et fait naître en lui un sentiment de tendresse envers l’Amérique. Arrivé à Cuba comme journaliste pour couvrir la guerre d’indépendance cubaine, il suit les troupes du colonel Valdez et à son vingt-et-unième anniversaire il s’offre un baptême du feu. Il apprécie Cuba : il la décrit comme une « …grande, riche, belle île… »h. Il y prend goût aux habanos, ces cigares cubains qu’il fume jusqu’à la fin de sa vie.

Au début du mois d’octobre 1896, Churchill est transféré à Bombay, en Inde britannique. Considéré comme l’un des meilleurs joueurs de polo de son régiment, il mène son équipe à la victoire lors de nombreux tournois prestigieux.

Aux environs de Bangalore où il est affecté en 1896 avec les 4th Queen’s Own Hussars, il dispose de temps libre qu’il met à profit pour lire. Il lit d’abord des livres d’histoire : Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain d’Edward Gibbon et l’Histoire de Thomas Babington Macaulay – des auteurs assez peu conservateurs ; des philosophes grecs : Platon, notamment La République, ainsi que les écrits politiques d’Aristote. Parmi les auteurs français, il lit Les Provinciales de Blaise Pascal et les Mémoires de Saint-Simon. Il lit aussi La Richesse des Nations d’Adam Smith, les ouvrages de Schopenhauer, Malthus et bien d’autres. Il en tire une très profonde culture historique qui le servira toute sa vie. Il est notamment fortement impressionné par le darwinisme. Il devient alors, selon ses propres termes, « un matérialiste jusqu’au bout des doigts », et défend avec ferveur sa conception d’un monde où la vie humaine est une lutte pour l’existence, avec pour résultat la survie des plus forts. Cette vision a sans doute été influencée par le livre Martyrdom of Man de William Winwood Reade, un classique de l’athéisme victorien, présentant la vision d’un univers sans Dieu dans lequel l’humanité est destinée à progresser par le biais du conflit entre les races les plus avancées et les plus rétrogrades. Churchill exprime cette philosophie de vie et de l’histoire dans son premier et unique roman, Savrola. Toutefois, cet agnosticisme est peu affiché et il participe parfois à des services religieux. Il a également eu une action importante en faveur du christianisme anglican dans le Commonwealth, notamment à Bangalore où l’Église anglicane a joué un rôle de premier plan à ses côtés dans les cantonments.

Au cours de cette période, il déclare que les Pachtounes devaient reconnaître « la supériorité de la race [britannique] » et que les rebelles devaient « être tués sans pitié ». Il écrivit comment lui et ses camarades « systématiquement, village par village, détruisaient les maisons, remplissaient les puits, abattaient les tours, abattaient les grands arbres ombragés, brûlaient les récoltes et brisaient les réservoirs en catastrophe punitive. Chaque membre de la tribu capturé a été transpercé ou abattu sur-le-champ ».

Après l’échec électoral d’Oldham, Churchill cherche une autre occasion de faire progresser sa carrière. Le 12 octobre 1899, la seconde guerre des Boers entre la Grande-Bretagne et les républiques boers éclate. Il obtient une commission pour agir en tant que correspondant de guerre pour le Morning Post avec un salaire de 250 £ par mois. Il a hâte de naviguer sur le même bateau que le nouveau commandant britannique, Redvers Buller. Après quelques semaines dans les zones exposées, il accompagne une expédition d’éclaireurs dans un train blindé, au cours de laquelle il est capturé le 15 novembre par les hommes du raid dirigé par Piet Joubert et Louis Botha sur la colonie du Natal, et envoyé dans un camp de prisonniers de guerre à Pretoria. Son attitude pendant l’embuscade du train fait évoquer une éventuelle obtention de la Croix de Victoria, plus haute distinction de la Grande-Bretagne décernée pour bravoure face à l’ennemi, mais cela ne se produit pas. Cette même attitude lui vaut plus tard d’être emprisonné, alors qu’il n’est que civil. Les dirigeants boers se félicitent d’avoir ainsi pu s’emparer d’un Lord.

Il demande à plusieurs reprises sa libération à Piet Joubert en arguant de son statut civil. Finalement, il s’échappe du camp de prisonniers quelques heures avant que sa libération ne lui soit accordée, et parcourt près de 480 km jusqu’à la ville portugaise de Lourenço Marques dans la baie de Delagoa. Quittant Pretoria vers l’est, il est un temps caché dans une mine des environs de l’actuelle Witbank par un responsable de mines anglais ; il gagne ensuite Lourenço Marques dissimulé dans un train emportant des balles de laine. Son évasion lui vaut un moment l’attention du public et en fait un quasi-héros national en Grande-Bretagne, d’autant qu’au lieu de rentrer chez lui, il rejoint l’armée du général Buller qui après avoir secouru les Britanniques encerclés à Ladysmith prend Pretoria. Cette fois-ci, bien que toujours correspondant de guerre, Churchill reçoit un commandement dans le South African Light Horse. Il s’illustre notamment à la bataille de Spion Kop et, avec son cousin Charles Spencer-Churchill dans la libération du camp de prisonniers de Prétoria.

En juin 1900, après s’être une dernière fois fait remarquer à la bataille de Diamond Hill, Churchill retourne en Angleterre à bord du RMS Dunottar Castle, le même navire qui l’a emmené en Afrique du Sud, huit mois plus tôt. Il publie London to Ladysmith et un deuxième volume sur ses expériences de la guerre des Boers, La Marche de Ian Hamilton. Cette fois, il est élu en 1900 à Oldham, lors des élections générales, à la Chambre des Communes, et entreprend une tournée de conférences en Grande-Bretagne, suivie par des tournées aux États-Unis et au Canada. Ses revenus dépassent désormais 5 000 £ annuels.

Ayant quitté l’armée régulière en 1900, Churchill rejoint l’Imperial  Yeomanry en janvier 1902 en tant que capitaine des Queen’s Own Oxfordshire Hussars. En avril 1905, il est promu major et nommé au commandement de l’escadron Henley du Queen’s Own Oxfordshire Hussars. C’est également à cette époque qu’il rencontre pour la première fois sa future femme, lors du bal donné à Salisbury Hall, auquel sa mère la lui présente.

Après son échec initial à devenir Member of Parliament en 1899, Churchill se représente pour le siège d’Oldham aux élections générales de 1900. Soutenu par sa notoriété familiale et son statut de héros de la guerre des Boers, il remporte le siège. Il entame alors une tournée en Grande-Bretagne, aux États-Unis et au Canada où il participe à des conférences, qui lui rapportent 10 000 £. Au Parlement, il s’associe à une faction du Parti conservateur dirigée par Lord Hugh Cecil, les Hughligans, qui sont opposés au leadership de Balfour. Au cours de sa première session parlementaire, il s’oppose aux dépenses militaires du gouvernement et à la proposition de Joseph Chamberlain d’augmenter les droits de douane pour protéger l’industrie britannique. À cette même époque, il lit une étude de Rowentree sur la pauvreté en Angleterre qui le touche beaucoup. De 1903 à 1905, il s’attache également à écrire Lord Randolph Churchill, une biographie de son père en deux volumes, publiée en 1906, qui reçoit de nombreuses critiques élogieuses.

De 1903 à 1905, le pays traverse une phase où les conservateurs, autour de Joseph Chamberlain, préconisent une politique protectionniste basée sur la préférence impériale et se heurtent à l’opposition des libéraux. Churchill se fait un des champions du libre-échange et en mars 1904, attaque une loi protectionniste sur le sucre. Son discours est remarqué par le chef du parti libéral Henry Campbell-Bannerman qui lui envoie une invitation qu’il accepte. Pour Roy Jenkins, ce choix de Churchill est un peu paradoxal. En effet l’homme qui l’invite est alors considéré comme un « Little Englander », ou anti-impérialiste, quand il y a alors au parti libéral des « liberal imperialists » tels Asquith, Grey ou Haldane, dont on pourrait le croire plus proche. Quoi qu’il en soit, il décide, à la Pentecôte 1904, de quitter son parti afin de rejoindre les bancs du Parti libéral, restant député d’Oldham jusqu’à la fin du mandat.

En décembre 1905, les libéraux renversent le gouvernement et Henry Campbell-Bannerman devient Premier ministre. Il nomme Churchill sous-secrétaire d’État aux Colonies, avec pour mission de s’occuper  principalement de l’Afrique du Sud après la guerre des Boers. À ce poste, il doit défendre Alfred Milner accusé d’avoir admis des Chinois en Afrique du Sud sans base légale. Pour le défendre, il dit de celui qui sera membre du Cabinet de guerre de 1916 à un moment où cet honneur est formellement refusé à Churchill, qu’il est un homme du passé.

Rejeté par les conservateurs d’Oldham, notamment en raison de son soutien au libre-échange, Churchill est invité à se présenter pour les libéraux dans la circonscription de Manchester Nord-Ouest. Il remporte le siège aux élections générales de 1906 avec une majorité de 1 214 voix, et représente la circonscription pendant deux ans, jusqu’en 1908. Lorsque Herbert Henry Asquith devient la même année Premier ministre à la place de Campbell-Bannerman, Churchill est promu au Cabinet en tant que ministre du Commerce21. Il doit en partie ce poste à un article sur les réformes sociales intitulé « Un domaine inexploré en politique » rédigé après des rencontres avec Beatrice Webb, membre influente de la Fabian Society, ainsi qu’avec William Beveridge. Il puise aussi son inspiration dans les idées de Lloyd George et dans l’expérience sociale allemande. Comme le veut la loi à l’époque, il est obligé de solliciter un nouveau mandat lors d’une élection partielle ; Churchill perd son siège, mais redevient rapidement député de la circonscription de Dundee.

Comme ministre du Commerce, il se joint au nouveau Chancelier Lloyd George, notamment pour s’opposer au Premier Lord de l’Amirauté Reginald McKenna, et à son programme coûteux de construction de vaisseaux de guerre dreadnought, mais aussi pour soutenir les réformes libérales28. En 1908, il présente le projet de loi qui impose pour la première fois un salaire minimum en Grande-Bretagne. En 1909, il crée les bourses de l’emploi pour aider les chômeurs à trouver du travail. Il participe aussi à la rédaction de la première loi sur les pensions de chômage, et du National Insurance Act de 1911, fondement de la sécurité sociale au Royaume-Uni. Pour Élie Halévy, Churchill et Lloyd George veulent que le parti libéral adopte ce programme pour empêcher les travaillistes de gagner du terrain sur la gauche.

Ce programme se heurte à une vive opposition de l’aristocratie car le People’s Budget de 1909 comporte une augmentation des droits de succession. Si cette réforme (qui ne touche que ceux qui gagnent plus de 3 000 £ par an) ne concerne que 11 500 Britanniques, ce sont précisément ceux qui gouvernent ; aussi la Chambre des lords y met son veto. Churchill est alors attaqué par les milieux conservateurs qui se répandent en propos hostiles, tant envers lui qu’envers sa famille qui n’aurait « jamais donné naissance à un gentleman ». Pour résoudre la crise, le Premier ministre demande la dissolution du Parlement. Les libéraux réélus sont majoritaires avec le soutien du parti travailliste et d’un parti irlandais. La Chambre des lords sous la pression de Lloyd George adopte durant l’été 1911 une loi qui limite ses pouvoirs.

Churchill est réélu en 1909 et fait part de son désir de briguer soit le poste de Premier Lord de l’Amirauté soit celui de ministre de l’Intérieur. Les libéraux le nomment à l’Intérieur en raison de son image de fermeté. C’est un poste à haut risque pour lui, car s’il est maintenant détesté par les conservateurs, la gauche du parti libéral ne l’aime pas plus. Pour les uns, c’est un traître à l’aristocratie, et pour les autres, c’est un aristocrate qui fait semblant d’être social. Churchill voit son action à ce poste mise à mal en trois occasions : le conflit minier cambrien, le siège de Sidney Street et les premières actions des suffragettes.

En 1910, un certain nombre de mineurs de charbon dans la vallée de Rhondda commencent la manifestation connue sous le nom d’« émeute de Tonypandy ». Le chef de police de Glamorgan demande que des troupes soient envoyées afin d’aider la police à réprimer les émeutes. Churchill, apprenant que celles-ci sont déjà en route, leur permet d’aller jusqu’à Swindon et Cardiff, mais interdit leur déploiement. Un mineur est tué et plusieurs centaines sont blessés dans les affrontements qui s’ensuivent. Le 9 novembre, le Times critique cette décision. En dépit de cela, la rumeur dans les milieux ouvriers et travaillistes persiste que Churchill a ordonné aux troupes d’attaquer : sa réputation au Pays de Galles et dans les milieux travaillistes y est alors définitivement ternie. En somme, pour la gauche il a été trop dur et pour la droite trop mou. Lui estime qu’il a fait son travail.

Au début du mois de janvier 1911, Churchill fait une apparition controversée pendant le siège de Sidney Street, une opération ayant pour but d’arrêter les auteurs d’un braquage, des révolutionnaires armés et retranchés,  semblables à ceux de la bande à Bonnot, à Londres. Il y a une certaine incertitude quant à savoir s’il y a donné des ordres opérationnels. Sa présence, photographiée, attire beaucoup de critiques. Après enquête, Arthur Balfour fait remarquer : « lui [Churchill] et un photographe risquaient tous les deux leurs précieuses vies. Je comprends ce que faisait le photographe, mais qu’y faisait le très honorable gentleman ? » Un biographe, Roy Jenkins, suggère qu’il y est tout simplement allé parce que « il n’a pas pu résister à l’envie d’aller voir par lui-même » et qu’il n’a pas donné d’ordre. En réalité, derrière la mise en cause de son comportement se cache un problème plus politique. En effet, l’affaire a lieu dans le quartier de Whitechapel où résident de nombreux réfugiés politiques. Joseph Staline y vécut par exemple en juin 1907. Les libéraux ont refusé en 1905 de restreindre cette forme d’immigration et les hommes cernés sont membres d’un gang dirigé par un réfugié letton, ce qui vaut à Churchill d’être, là encore, critiqué tant par la droite qui le trouve trop laxiste que par la gauche.

La solution que propose Churchill à la question des suffragettes est un référendum, mais cette idée n’obtient pas l’approbation de Herbert Henry Asquith, et le droit de vote des femmes reste en suspens jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.

Tous ces événements mènent le Premier ministre à le nommer First Lord of the Admiralty en français : « Premier Lord de l’Amirauté » où il a besoin d’un homme capable de s’imposer face à l’état-major de la Marine.

Si Winston Churchill est l’un des seuls ministres à s’être réjoui du début du conflit, il doit très vite déchanter. Deux sous-marins allemands coulent chacun trois croiseurs britanniques, au large de la Hollande (les HMS Aboukir, Hogue, Cressy), ainsi que dans la base navale de Scapa Flow (HMS Hawke, Audacious et Formidable). Churchill ayant fait sortir la flotte de cette base pour ne pas l’exposer, trois croiseurs allemands bombardent des ports britanniques. Enfin, une escadre allemande sillonne l’océan Pacifique et coule de nombreux bateaux de commerce. Lorsqu’une escadre britannique composée de vieux navires, commandée par l’amiral Christopher Cradock veut les arrêter, elle est envoyée par le fond lors de la bataille de Coronel, l’Amirauté ayant refusé d’envoyer des renforts. Churchill doit faire face à une opinion publique hostile. Le premier Lord naval Louis Alexandre de Battenberg ayant des origines allemandes, le public s’en prend à lui : Churchill et Asquith doivent l’inciter à présenter sa démission. Pour le remplacer, Churchill, malgré les réticences du roi George V, qui a longtemps servi dans la marine, choisit son conseiller à l’Amirauté John Arbuthnot Fisher.

Le 5 octobre 1914, Churchill, qui aime l’action, se rend dans la place forte d’Anvers où l’armée belge soutient un siège ponctué de plusieurs sorties contre une importante armée allemande. Le roi Albert Ier et le gouvernement belge souhaitent évacuer tandis que Churchill préfère qu’ils continuent à résister. Churchill, en sus de la brigade des Royal Marines qui se trouve sur place, envoie les 1re et 2e Naval Brigades. Mais malgré l’appui de canons de l’artillerie de marine britannique montés par les Belges sur des wagons plats, les trois lignes de défense de la ville succombent et Anvers est évacuée par l’armée belge le 10 octobre. Parmi les victimes du siège, il y a 500 Britanniques. À l’époque, on accuse Churchill d’avoir gaspillé des ressources. Mais il est plus que probable que ses actions ont prolongé la résistance d’Anvers d’une semaine (la Belgique ayant proposé de renoncer à Anvers le 3 octobre) et permis de sauver Calais et Dunkerque. En effet, l’armée belge a pu se regrouper avec les forces franco-britanniques dans la région de l’Yser, et participer des 17 au 30 octobre à la bataille de l’Yser qui permet aux Alliés de stopper la course à la mer de l’armée allemande bien au-delà de ces deux ports.

Au tournant de 1914-1915, les choses s’améliorent. La Royal Navy commence à renouer avec le succès : elle coule l’escadre allemande qui a ravagé le Pacifique lors de la bataille des Falklands ainsi qu’un croiseur lourd en mer du Nord lors de la bataille du Dogger Bank. Ces succès sont en partie dus à la constitution par Churchill d’une cellule de décryptage des codes secrets, la Room 40.

La fascination de Churchill pour les innovations, en termes de matériel de guerre, était extrême, mais elle ne le fut jamais autant que pour la mise au point du char d’assaut. L’idée d’un char d’assaut a déjà été avancée par Herbert George Wells en 1903. Wells parlait à l’époque d’un cuirassé terrestre, sorte de blockhaus mouvant de 2,5 à 3 mètres de long, capable de franchir des tranchées. Churchill fait en sorte qu’elle devienne une réalité, grâce notamment à des fonds de recherche navale. L’Amirauté nomme ce projet : « la folie de Winston ». Par la suite, il dirige le Landship Committee, chargé de créer le premier corps de chars d’assaut, ce qui est considéré comme un détournement de fonds même si, une décennie plus tard, le développement du char de combat est porté à son actif. Le projet commence, au début de 1915, sous la direction d’Eustace Tennyson d’Eyncourt, directeur de la construction navale, qui dépend de Churchill. Sans avoir l’autorisation du cabinet de guerre, Churchill donne ordre de construire des prototypes. N’ayant pas la moindre idée de celui qui sera le plus efficace, il lance la construction des deux : une douzaine avec chenilles et une douzaine avec une grosse roue. Dans l’espoir d’attiser l’esprit de compétition, l’Amirauté signe avec deux constructeurs, Foster et Foden, dont chacun a droit à 10 % des marges de profit. Le coût total est de 70 000 livres — 63 millions d’euros aujourd’hui. Pour éviter d’alerter les services secrets allemands de la Deutsches Heer, Churchill ordonne le secret absolu. On baptise donc le programme « Tank à eau pour la Russie », comme si c’était un gigantesque réservoir (en anglais : « tank ») destiné aux champs de batailles, et sur la proposition d’Ernest D. Swinton, à cette époque jeune officier des Royal Engineers, la formule est encore raccourcie jusqu’à devenir tout simplement « Tank » — ce terme rentre dès lors dans l’histoire des véhicules militaires. La première démonstration, avec un engin de fortune, a lieu en 1915, peu après le milieu de l’hiver et n’impressionne guère alors le secrétaire Lord Kitchener et le haut-commandement du War Office. Sans se laisser décourager par la critique et fermement convaincu qu’il faut absolument faire quelque chose pour arrêter l’hécatombe et abréger la guerre, Churchill commande la construction de dix-huit modèles. Enfin, le 14 février, Tennyson d’Eyncourt écrit à Churchill une lettre enthousiaste. Il est désolé que leur affaire ait pris autant de temps. Leur entreprise s’est enlisée, au sens propre et figuré. Leur dernier monstre — qu’on baptise aussitôt Big Willie — a une puissance phénoménale. C’est un engin capable d’éliminer un parapet de un à deux mètres de hauteur avant de franchir une crevasse de près de trois mètres. Il peut tirer sur les côtés de même que devant. Ils écraseront les lignes barbelées, se vante-t-il. Dès février 1916, appelé désormais Mark I, l’Armée de terre britannique en commande une centaine. La fabrication du char d’assaut peut enfin commencer.

En novembre 1914, les Français et les Britanniques ont déjà perdu presque un million d’hommes. Aussi, Londres envisage une stratégie de contournement, d’autant que l’Empire ottoman est menaçant tant au sud, du côté du canal de Suez, qu’au nord, contre l’Empire russe dont l’armée est en difficulté. Ce dernier point pousse le ministre de la Guerre Lord Kitchener, un militaire de carrière, à se faire l’avocat d’un projet qui aurait également l’avantage d’entraîner la Grèce et peut-être d’autres pays des Balkans dans la guerre, ainsi que de permettre d’avoir accès au blé russe. Churchill, qui alors ne privilégie pas cette hypothèse, reçoit un message de l’amiral Sackville Carden, commandant l’escadre de Méditerranée, qui considère que les Dardanelles « pourraient être forcées par des opérations d’envergure mettant en œuvre un grand nombre de navires ». À ce moment Winston Churchill se déclare favorable au projet, d’autant que Fisher, le Premier Lord naval, y est favorable. L’opération est adoptée le 15 janvier 1915 en conseil de guerre. Pourtant ensuite, rien ne va se dérouler comme prévu, en particulier parce que les acteurs, notamment Kitchener et le premier Lord naval Fisher, sont partagés : le premier, parce qu’il doit trancher entre les Occidentaux, c’est-à-dire les militaires qui veulent se concentrer sur le front occidental, et les Orientaux, qui veulent ouvrir un front en Asie mineure. Le premier Lord naval quant à lui hésite, après avoir donné son accord, car il a peur de devoir employer trop de bateaux loin de l’Angleterre qu’il estime devoir protéger en priorité. De ce fait, une opération conçue pour être menée rapidement et de façon déterminée, va se perdre dans des méandres administratifs, laissant aux adversaires le soin de préparer leur défense. Enfin, l’amiral Sackville Hamilton Carden, qui a eu l’idée du projet, flanche au moment de passer à l’action et doit être soigné. Churchill a, comme à son habitude, fait tant et si bien pour promouvoir l’opération qu’il passe pour le principal instigateur du projet, et que l’échec va lui être imputé.

Une commission d’enquête parlementaire exonère ensuite Churchill et conclut à la responsabilité du Premier ministre Asquith, qui n’a pas fait preuve lors des conseils de guerre de la fermeté nécessaire, et à celle de Kitchener. Mais entretemps, Churchill a dû démissionner de l’Amirauté le 11 novembre 1915 : lorsque le Premier ministre Asquith forme une coalition comprenant tous les partis, les conservateurs réclament sa rétrogradation comme condition à leur participation. Ce retrait de la vie politique active le conduit, pour se détendre, à se mettre à la peinture. Churchill se voit attribuer la sinécure de chancelier du duché de Lancastre, poste subalterne du gouvernement.

Toutefois, le 15 novembre 1915, il démissionne, ayant le sentiment que son énergie n’est pas utilisée et, tout en restant député, sert pendant plusieurs mois sur le front de l’Ouest en commandant le 6e bataillon du Royal Scots Fusiliers avec le grade de lieutenant-colonel. En mars 1916, il retourne en Angleterre car il s’impatiente en France et souhaite intervenir à nouveau à la Chambre des communes. La correspondance avec son épouse durant cette période de sa vie montre que si le but de sa participation au service actif est la réhabilitation de sa réputation, il est conscient du risque d’être tué. En tant que commandant, il continue à montrer l’audace dont il a fait sa marque dans ses actions militaires précédentes, bien qu’il désapprouve fortement les hécatombes ayant lieu dans de nombreuses batailles du front occidental. Lord Deedes a expliqué, lors d’une réunion de la Royal Historical Society en 2001, pourquoi Churchill s’est rendu sur la ligne de front : « Il était avec les Grenadier Guards, qui étaient à sec [sans alcool] au quartier général du bataillon. Ils aimaient beaucoup le thé et le lait condensé, ce qui n’avait pas beaucoup d’attrait pour Winston, mais l’alcool était autorisé dans la ligne de front, dans les tranchées. Il a donc suggéré au colonel qu’il se devait de voir la guerre de plus près et se rendre là-bas, ce qui fut vivement recommandé par le colonel, qui pensait que c’était une très bonne chose à faire ».

À ce poste, il veille à l’approvisionnement des armées et continue à plaider pour l’utilisation de chars qui commencent à se montrer efficaces, notamment aux environs de Cambrai en 1918. Pour A. J. P. Taylor, les chars ont été plus importants au niveau psychologique que stratégique car ils ont ébranlé la foi allemande en la victoire.

Comme ministre de la Guerre à partir de janvier 1919, il fait face au mécontentement des soldats qui veulent être rapidement démobilisés. Il est le principal architecte de la Ten Year Rule, ligne de conduite permettant au Trésor de diriger et de contrôler les politiques stratégique, financière et diplomatique en soutenant l’hypothèse qu’« il n’y aurait pas de grande guerre européenne pour les cinq ou dix prochaines années ». Durant les négociations sur le traité de Versailles, il s’efforce de modérer les exigences de Georges Clemenceau — qu’il qualifie de « personnage extraordinaire » dans une lettre à sa femme du 31 mars 1918 — et se désole du peu d’enthousiasme de David Lloyd George pour la Société des Nations.

Sur la question du bolchevisme naissant en Russie, Churchill déclare, dans un article du Sunday Herald du 8 février 1920 : « Depuis les jours de Spartacus-Weishaupt à ceux de Karl Marx, en passant par Trotsky (Russie), Bela Kùn (Hongrie), Rosa Luxemburg (Allemagne) et Emma Goldman (États-Unis), cette conspiration à l’échelle mondiale pour le renversement de la civilisation et pour la reconstitution de la société sur la base de l’arrêt du développement, de la malveillance envieuse, et de l’impossible égalité, a été en croissance constante. […] et maintenant pour finir, cette bande de personnages extraordinaires venus des bas-fonds des grandes villes d’Europe et d’Amérique ont attrapé le peuple russe par les cheveux et sont devenus les maîtres pratiquement incontestés de cet énorme empire. »

Dans le même article, il ajoute : « Il n’y a pas de raison d’exagérer la part jouée dans la création du Bolchevisme et l’apport réel à la Révolution Russe par ces Juifs internationaux et pour la plupart, athées. Elle est certainement très grande ; elle dépasse probablement en importance toutes les autres. À l’exception notable de Lénine, la majorité des personnages dirigeants sont des Juifs. Plus encore, l’inspiration principale et le pouvoir dirigeant  viennent des dirigeants juifs. Ainsi Tchitchérin, un pur Russe, est éclipsé par son subordonné nominal Litvinov, et l’influence de Russes comme Boukharine ou Lunacharsky ne peut pas être comparée avec le pouvoir de Trotsky, ou de Zinoviev, le dictateur de la Citadelle Rouge (Petrograd), ou de Krassine ou de Radek – tous des Juifs. Dans les institutions des Soviets la prédominance des Juifs est encore plus stupéfiante. Et la part la plus marquante, sinon la principale, dans le système de terrorisme appliqué par les Commissions Extraordinaires pour Combattre la Contre-Révolution [Tchéka] a été prise par les Juifs, et en quelques cas notables par des Juives ».

Ainsi, violemment opposé au bolchevisme, il veut faire adopter par le cabinet de guerre une politique agressive contre la Russie. Néanmoins David Lloyd George n’y est pas favorable et le modère. Les libéraux et les travaillistes du Labour s’y opposent aussi et le Daily Express estime que le pays a « suffisamment toléré la mégalomanie de M. Winston Churchill ». Par ailleurs, le gouvernement veut reprendre le commerce avec la Russie et l’activisme de Churchill est perçu comme gênant.

Pendant la lutte pour l’indépendance de l’Irlande entre 1918 et 1923, Churchill fut l’un des rares responsables britanniques en faveur du bombardement aérien des manifestants irlandais, suggérant d’utiliser des bombes incendiaires pour les disperser.

Le chapelier Lloyd George remet la coiffe des Colonies à Churchill, autour duquel s’éparpillent ses anciens couvre-chefs. Caricature de Punch, 1921.
Il devient secrétaire d’État aux Colonies en 1921. À ce titre, il est signataire du traité anglo-irlandais de la même année, qui établit l’État libre d’Irlande. Il est impliqué dans les longues négociations du traité et, pour protéger les intérêts maritimes britanniques, conçoit une partie de l’accord de l’État libre d’Irlande afin d’inclure trois ports : Queenstown  (Cobh), Berehaven et Lough Swilly, ports pouvant être utilisés comme bases atlantiques pour la Royal Navy. En accord avec les termes du traité anglo-irlandais du Commerce, ces bases seront restituées à la nouvellement nommée « Irlande » en 1938. Le traité stipule également que l’État libre d’Irlande est membre du Commonwealth of Nations, terme qui pour la première fois se substitue dans un document officiel à celui d’Empire britannique.

En tant que Secrétaire d’État aux colonies, il est chargé du Proche-Orient qui vient de passer sous contrôle britannique (via des mandats de la SDN concernant la Palestine, la Transjordanie et la Mésopotamie), et prend le colonel Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d’Arabie, comme conseiller. C’est lui qui favorise le couronnement de l’émir Fayçal en Mésopotamie britannique et d’Abd-Allah en Transjordanie. Par ailleurs, dans ce qui deviendra l’Irak, il remplace les forces terrestres britanniques par des avions de chasse, moins visibles. Il se montre par ailleurs favorable à l’utilisation d’armes chimiques sur les populations kurdes du nord de l’Irak, mais se positionne en faveur d’une utilisation de gaz lacrymogènes plutôt que de gaz mortels, comme il l’explique dans une note adressée au War Office en mai 1919 : « Il est parfaitement hypocrite de lacérer un homme avec les fragments toxiques d’un obus qui explose et de reculer devant l’idée de faire pleurer ses yeux avec des lacrymogènes. Je suis fortement en faveur de l’usage de gaz toxiques contre des tribus non civilisées. L’effet sur leur moral devrait être tel que cela réduirait au minimum les pertes en vies humaines. Il n’est pas utile d’avoir uniquement recours aux gaz les plus mortels : on peut choisir des gaz qui incommodent gravement et sèment une vive terreur sans pour autant laisser d’effets durables sur la plupart de ceux qui sont touchés ».

David Lloyd George mène une politique pro-grecque après la Première Guerre mondiale et soutient ce pays lors de la guerre gréco-turque de 1919. Churchill n’est pas favorable à cette option, car il pense que pour arriver à une paix durable dans la région, Smyrne et ses environs doivent être maintenus sous souveraineté turque. Par ailleurs, il est pour l’abandon de la ville de Tchanak située sur la rive asiatique des Dardanelles et pour un repli des troupes britanniques sur la rive européenne à Gallipoli. Lloyd George ne le suit pas, ce qui conduit à une forte tension entre Britanniques et Turcs qui aboutira au traité de Lausanne. Cette affaire contribue auparavant à la chute du cabinet de Lloyd George car l’opinion publique britannique, les conservateurs ainsi qu’Herbert Asquith leur reprochent à lui et Churchill d’être trop attirés par les rapports de force et de ne pas assez penser à la paix. Certains ont vu dans la déclaration d’Andrew Bonar Law, le leader des conservateurs, selon laquelle « nous ne pouvons être le gendarme du monde », « l’épitaphe de l’âge d’or de l’Empire ».

En septembre, le Parti conservateur se retire de la coalition du  gouvernement à la suite d’une réunion de députés insatisfaits de la gestion de l’affaire de Tchanak, ce qui provoque les élections générales d’octobre 1922. Churchill tombe malade durant la campagne, et doit subir une appendicectomie de sorte que sa femme Clementine doit faire l’essentiel de la campagne à sa place. Il doit aussi composer avec les problèmes internes du Parti libéral, divisé entre ceux qui comme lui soutiennent David Lloyd George, et les partisans de Herbert Asquith. Il arrive quatrième à l’élection de Dundee, perdant au profit d’Edmund Dene Morel aidé d’Edwin Scrymgeour sa place de député. Sa défaite ne passe pas inaperçue et Churchill préfère prendre du recul sur la Côte d’Azur où il se détend en peignant des tableaux. Le nouveau Premier ministre, Andrew Bonar Law, est élu en partie parce qu’il est celui qui ressemble le moins au précédent. Néanmoins, il tombe très vite malade et est remplacé par Stanley Baldwin qui pour faire face au chômage veut instaurer des mesures protectionnistes. Churchill toujours en faveur du libre-échange se présente de nouveau pour les libéraux aux élections générales de 1923, et perd cette fois-ci à Leicester. Les travaillistes qui sont également pour le libre-échange s’allient alors aux libéraux pour former un gouvernement. Churchill n’approuvant pas ce rapprochement quitte le parti libéral et se présente comme indépendant, d’abord sans succès dans une élection partielle dans la circonscription de l’abbaye de Westminster, puis avec succès aux élections générales de 1924, à Epping. Stanley Baldwin décide de le nommer ministre, craignant que Churchill, Lloyd George et F. E. Smith, trois grands orateurs, ne montent un parti du centre et ne le mettent en difficulté au parlement. Neville  Chamberlain qui ne veut pas du poste lui suggère de nommer Churchill chancelier de l’Échiquier. L’année suivante, il retrouve officiellement le Parti conservateur, en commentant ironiquement que « n’importe qui peut être un lâcheur, mais il faut une certaine ingéniosité pour l’être à nouveau ».

L’instant amer qui s’intercala entre novembre 1922 et octobre 1924 lui causa un vif et profond dépit, de cette descente aux enfers, Churchill la résumera par cet zeugma :« Je me retrouvais sans portefeuille, sans siège, sans parti et sans appendice. » Deux points sont ici à noter : Churchill qui voit dans le socialisme « l’ombre de la folie communiste », est alors extrêmement impopulaire dans toute la gauche britannique. Emanuel Shinwell, un député travailliste écrit : « lorsqu’un orateur travailliste se trouvait à court d’arguments, il lui suffisait de dire « À bas Winston Churchill ! » (…) [pour] déclencher un tonnerre d’applaudissements ». Par ailleurs, Churchill n’est pas un homme de parti. Il écrit dans les années 1920 « tous les petits politiciens chérissaient de tout cœur les drapeaux des partis, les tribunes des partis… tout heureux de constater le retour des bons vieux jours de faction d’avant-guerre » ! Plus tard, il sera marginalisé au sein du parti conservateur pour des raisons politiques, mais également parce que ce n’est pas un homme d’appareil.

Le gouvernement conservateur est défait aux élections générales de 1929. Churchill prend du recul et entreprend un cycle de conférences aux États-Unis (il est présent par hasard à la tribune de la bourse de Wall Street le Jeudi noir qui plonge le monde et la Grande-Bretagne dans la crise). En désaccord avec la majorité du parti conservateur sur les questions de protection tarifaire et du mouvement pour l’indépendance de l’Inde, il n’occupe rapidement plus aucune position d’influence dans le parti. Lorsque, face à la crise, Ramsay MacDonald forme le gouvernement d’unité nationale en 1931, il n’est pas invité à s’y joindre. Sa carrière est au ralenti, c’est une période connue comme étant sa traversée du désert.

La majeure partie des années suivantes est consacrée à ses écrits,  dont Marlborough: His Life and Times, une biographie de son ancêtre John Churchill, 1er duc de Marlborough, A History of the English-Speaking Peoples, œuvre publiée bien après la Seconde Guerre mondiale55, et Great Contemporaries, une série de portraits d’hommes ou de femmes politiques contemporains comme Nancy Astor ou Ramsay MacDonald. Il est alors l’un des écrivains les mieux payés de son temps. Pour sa femme Clémentine, et plus tard pour Churchill lui-même, cet isolement est une chance car, eût-il été ministre, il y a peu de chances qu’il eût pu réellement peser sur le cours des événements tellement la situation politique intérieure était, selon elle, déprimante. Durant les années 1930, trois éléments au moins expliquent la persistance de sa traversée du désert : sa position sur l’IndeBé 18, son rôle dans l’affaire de l’abdication royale qui renforce dans l’opinion l’idée que Churchill est imprévisible, et son opposition à l’Allemagne nazie, qui pour lui représente la principale menace, le fascisme italien ou l’Espagne franquiste, dont il faut néanmoins éviter qu’ils ne renforcent l’Allemagne, étant pour lui moins importants. Cela le met en porte-à-faux par rapport à une classe politique pacifiste. Pour toutes ces raisons, son parti préfère, dans la seconde moitié des années 1930, nommer au poste de Premier ministre un homme comme Neville Chamberlain.

« Critiqué par tous les partis, isolé au Parlement, dénoncé comme alarmiste par la presse et le gouvernement, il n’en reste pas moins le premier détracteur d’une politique d’apaisement et l’avocat solitaire d’un réarmement accéléré », modère François Kersaudy.

S’il est vrai qu’il a peu d’appui à la Chambre des communes pendant une bonne partie des années 1930, qu’il est isolé au sein du Parti conservateur, son « exil » est plus apparent que réel. Churchill continue d’être consulté sur de nombreuses questions par le gouvernement, et est toujours considéré comme un leader alternatifk.

Même à l’époque où il fait campagne contre l’indépendance de l’Inde, il reçoit des informations officielles, et par ailleurs secrètes. Dès 1932, le voisin de Churchill, le major Desmond Morton, avec l’approbation de Ramsay MacDonald, lui donne des informations du même type sur la force aérienne allemande. À partir de 1930, Morton dirige un département du Comité de Défense impériale chargé de la recherche sur la capacité opérationnelle des défenses des autres nations. Lord Swinton, en tant que secrétaire d’État de l’Air, et avec l’approbation de Baldwin, lui donne accès en 1934 à tous ces renseignements. Tout en sachant que Churchill resterait très critique envers le gouvernement, Swinton le renseigne, car il pense qu’un adversaire bien informé est préférable à un autre se fondant sur des rumeurs et des ouï-dire.

Si les discours de Churchill contribuent à galvaniser les Britanniques, il n’en demeure pas moins que les députés conservateurs sont des plus réservés quand il prononce celui-ci, le 13 mai 1940. Geoffrey Dawson le qualifie de « bon petit discours martial ». Pourtant, dix jours plus tard, la première décision d’envergure de Churchill n’en est pas moins d’ordonner à Lord Gort, chef du Corps expéditionnaire britannique, d’abandonner ses positions en pleine bataille de la Lys et de se retirer vers Dunkerque, laissant au flanc droit de l’Armée belge un trou béant ce qui entraîne directement la décision de Léopold III de capituler et prive les Alliés de 9 divisions.

Le 23 mai 1940, la majorité des troupes anglaises se trouvent piégées à Dunkerque par les Allemands, dont les chars approchent à grande vitesse. Cependant, un événement inattendu survient : Hitler ordonne l’arrêt de la progression vers Dunkerque, une décision qualifiée par la suite d’erreur militaire. Cet évènement, qualifié de « miracle de Dunkerque », facilite alors la décision de la Grande-Bretagne. Le scénario de continuer la guerre, comme le propose Churchill, semble alors le plus convaincant. Le 28 mai, 17 000 hommes sont évacués et dans les jours qui suivent, les effectifs se montent à 50 000 hommes par jour. L’évacuation de Dunkerque durera jusqu’au 4 juin. Ce jour-là, Churchill parle de ce miracle de délivrance dans son discours. « Nous combattrons sur les plages, nous combattrons dans les champs et dans les rues, nous combattrons dans les collines, jamais nous ne nous rendrons… »

Le 28 mai, la Belgique capitule ; le 10 juin, la Norvège le fait à son tour. Churchill quant à lui, fait face à un dilemme : résister aux Allemands ou se retirer en signant l’armistice, sachant que Hitler ne le respecterait certainement pas. La rapidité de la progression allemande est imprévue et l’inquiétude monte en Angleterre, alors qu’en France la bataille semble déjà perdue. Churchill tente alors à tout prix de faire en sorte que l’allié français continue le combat. Le 15 juin 1940, Paul Reynaud confirme que la France est balayée95. Annoncé par le nouveau chef du gouvernement, Philippe Pétain, le 17 juin, l’armistice est signé par la France le 22 juin 1940. Néanmoins, le Premier ministre britannique relativise et imagine un scénario optimiste, dans lequel son pays tiendra le coup et où l’Amérique viendra s’allier à lui, dans le but de remotiver ses troupes. Il refuse d’étudier l’éventualité d’un armistice avec le Troisième Reich. En effet, pour lui, la possibilité de négocier avec Hitler n’était pas envisageable. Selon Churchill, la meilleure solution est que la Grande-Bretagne continue de se battre, quand bien même elle serait seule à tenir tête au Troisième Reich pendant un certain temps, en attendant une évolution de la situation, et, comme lors de la Première Guerre mondiale, l’entrée en guerre des États-Unis. Son usage de la rhétorique affermit l’opinion publique contre un règlement pacifique, et prépare les Britanniques à une longue guerre. Il remanie alors légèrement son gouvernement. Les tensions entre Halifax et Churchill étaient toujours présentes : le premier, contrairement au second, soutient toujours l’idée d’une possibilité de négocier sans nuire à l’indépendance de la Grande-Bretagne. Certes, si la seule solution était de combattre, Halifax ne s’opposerait pas. Mais il reste convaincu qu’une autre solution, bien moins risquée, pourrait être mise en place. Churchill rejette une nouvelle fois l’idée de toute négociation, gardant en tête la perte d’indépendance et de puissance du Royaume-Uni qu’une telle décision aurait entraînée. Il crée alors un ministère de la Défense dont il prend la direction. Il nomme également son ami, l’industriel et baron de la presse Lord Beaverbrook, responsable de la production (notamment des avions qui vont être indispensables à la défense). Celui-ci met toute son énergie à accélérer la production et à favoriser la conception de nouveaux avions.

Churchill déclare dans son discours This was their finest hour à la Chambre des communes le 18 juin 1940 : « Je pense que la bataille d’Angleterre va bientôt commencer ». De fait, elle commence en juillet 1940, et comporte plusieurs phases. Dans un premier temps, les Allemands tentent de conquérir la supériorité aérienne pour pouvoir débarquer. Il s’agit essentiellement d’une guerre des airs destinée à s’assurer la maîtrise de l’espace aérien du Royaume-Uni. De cette maîtrise dépend la possibilité ou non pour les Allemands de débarquer en Angleterre. S’agissant d’une guerre menée par quelques milliers d’aviateurs, Churchill déclare : « Jamais dans l’histoire des conflits humains un si grand nombre d’hommes n’a dû autant à un si petit nombre ». Cette phrase est à l’origine du surnom The Few pour les pilotes de chasse alliés. À partir du 7 septembre 1940, à travers le Blitz, c’est-à-dire des bombardements massifs de villes, comme celui de Coventry, l’aviation allemande, qui a renoncé à obtenir la supériorité aérienne au-dessus de l’Angleterre, tente d’ébranler la volonté de résistance britannique.

En mer, à partir de la mi-1940, commence la seconde bataille de l’Atlantique menée par les sous-marins de l’amiral Karl Dönitz. Il s’agit d’attaquer en meute les navires civils pour empêcher le ravitaillement de l’Angleterre. Avec l’occupation de la France, les sous-marins agissent à partir de bases situées en France, notamment à Bordeaux, à Brest, à La Rochelle, à Lorient ainsi qu’à Saint-Nazaire. En mars 1941, Churchill rédige la Battle of Atlantic Directive pour organiser et pour donner une nouvelle impulsion aux forces britanniques engagées dans la bataille.

Dès l’été 1940, Churchill veut protéger les lignes de communication britanniques vers les Indes et l’Asie et envoie en renfort des hommes et des blindés au Moyen-Orient. En mer a lieu la bataille du cap Matapan qui voit la marine britannique vaincre la marine italienne. Dans les Balkans, les Britanniques doivent accepter la prise de la Grèce par les Allemands et évacuer la Crète vers le milieu de 1941. Sur le continent africain, en décembre 1940, les Britanniques lancent une offensive terrestre sur Tobrouk et Benghazi, en Cyrénaïque alors sous contrôle de l’Italie. Pour aider les Italiens en difficulté, Hitler doit envoyer en février 1941 un corps expéditionnaire, l’Afrikakorps, commandé par Erwin Rommel. Celui-ci inflige des défaites aux Britanniques jusqu’à ce que la situation s’inverse à partir de la bataille de Bir Hakeim en juin 1942, puis lors de la seconde bataille d’El Alamein, où Churchill dit dans un autre de ses discours de guerre mémorables : « Maintenant ce n’est pas la fin. Ce n’est même pas le commencement de la fin. Mais c’est, peut-être, la fin du commencementr ». Néanmoins, à cette époque Churchill et l’Angleterre ne sont plus seuls, l’URSS de Staline ayant été entrainée dans la guerre le 22 juin 1941 par une attaque allemande (opération Barbarossa) et les États-Unis le 7 décembre 1941 par l’attaque japonaise sur Pearl Harbor. En Europe, la patience britannique a porté ses fruits.

En Asie, en revanche, à la fin de l’année 1941, l’entrée en guerre du Japon a causé de graves problèmes aux Britanniques. En effet, dès le 10 décembre 1941, Churchill enregistre la perte de deux cuirassés, le HMS Prince of Wales et le HMS Repulse, ce qui rend inopérante la stratégie de Singapour. Les Japonais attaquent qui plus est les possessions britanniques en Birmanie, en Malaisie, à Hong Kong et à Singapour. Les forces britanniques subissent de sérieux revers, ne parvenant alors qu’à se maintenir difficilement en Birmanie. La chute de Singapour le 15 février 1942 et l’occupation qui s’ensuivit fut ainsi décrite par Winston Churchill comme « le pire désastre et la capitulation la plus importante de l’histoire britannique » ouvrant la route à une invasion de l’Inde ou de l’Australie.

Lorsqu’au soir du 7 décembre 1941, on apprend aux Chequers Court, la résidence de villégiature du Premier ministre, que la base navale de Pearl Harbor a été attaquée par la 1re flotte aérienne, le funeste Kidō Butai, de la Marine impériale japonaise, Churchill appelle aussitôt au téléphone le président américain Franklin D. Roosevelt, qui lui confirme la nouvelle ; le président termine sa conversation transatlantique avec le Premier ministre par cette constatation : « Nous voilà dans le même bateau ! » Ce ne sera pas une croisière d’agrément, mais le vieux bouledogue de Downing Street est d’ores et déjà ravi.

À partir de décembre 1941, s’est imposée une question cruciale : quelle stratégie une alliance anglo-américaine devait-elle adopter ? Si les deux partenaires se sont mis vite d’accord sur la priorité à accorder à l’Europe plutôt qu’au Pacifique (c’est le mot d’ordre L’Allemagne d’abord, selon lequel les Allemands sont l’ennemi principal, et leur défaite la clef de la victoire), les divergences n’ont pas manqué de se produire. Pendant trois ans a fait rage un débat transatlantique parsemé de discordes et de mésintelligence, rendant indispensable la tenue de rencontres périodiques entre Churchill et Roosevelt, la première ayant lieu entre décembre 1941 et janvier 1942, à la Maison-Blanche (conférence Arcadia).

Churchill participe à douze conférences inter-alliées stratégiques avec Roosevelt, auxquelles Staline est aussi parfois présent. Certaines d’entre elles marquent profondément le monde de l’après-guerre.

La conférence Arcadia, du 22 décembre 1941 au 15 janvier 1942, décide de la stratégie L’Allemagne d’abord et proclame la Déclaration des Nations unies, qui doit aboutir à la création de l’Organisation des Nations unies. Par ailleurs, il est décidé de continuer l’effort en matière d’arme nucléaire, d’un plan de production d’avions et de chars d’assaut, ainsi que de la création à Washington d’un « Comité des chefs d’état-major combiné ». Enfin, Churchill et Roosevelt ont de longues conversations concernant l’Empire britannique en général et l’Inde en particulier.

Lors de la conférence de Québec, du 17 au 24 août 1943, il est surtout décidé que le débarquement de Normandie aura lieu en mai 1944. Churchill accepte qu’il soit dirigé par un Américain, en contrepartie de quoi il obtient que le général britannique Henry Maitland Wilson commande en Méditerranée, et que Louis Mountbatten soit promu commandant suprême allié pour l’Asie du Sud-Est. Avec le président américain Franklin D. Roosevelt, il signe une version plus modérée du plan Morgenthau original, dans laquelle ils s’engagent à transformer l’Allemagne, après la capitulation inconditionnelle, « en un pays d’un style essentiellement agricole et pastoral ».

C’est à la conférence de Téhéran, de fin novembre à début décembre 1943, qu’il prend conscience que le Royaume-Uni n’est plus qu’une petite nation. Il écrit à Violet Bonham Carter « j’étais là assis avec le grand ours russe à ma gauche, et à ma droite le gros buffle américain. Entre les deux se tenait le pauvre petit bourricot anglais ». Lors de cette conférence de Téhéran, avec Joseph Staline et Franklin Delano Roosevelt, les services secrets alliés découvrent l’Opération Grand Saut, un projet d’assassinat des participants.

Lors de la conférence Tolstoï du 9 au 19 octobre 1944, Il glisse à Staline un « vilain petit document » où est inscrit « ) Roumanie : 90 % URSS, 2) Grèce : 90 % Grande-Bretagne, 3) Yougoslavie : 50 %-50 %, 4) Hongrie : 50 %-50 %, 5) Bulgarie 90 % URSS », que Staline approuve. Churchill, fidèle à la tradition stratégique britannique, est soucieux du sort de la Grèce où le Special Operations Executive est très actif. Début 1944, le pays fait donc partie du bloc occidental, dans lequel il se maintient malgré la guerre civile qui suit.

Lors de la conférence de Yalta du 4 au 11 février 1945, Churchill est inquiet et nerveux, car il sait qu’il existe des fissures au sein du camp occidental et notamment entre lui, partisan de la realpolitik, et Roosevelt, plus idéaliste. Malgré tout, Yalta pour François Bédarida « ne fait qu’entériner la carte de guerre à laquelle sont parvenus les belligérants en 1945 ». Churchill est accueilli avec réserve dans les milieux officiels britanniques, qui lui reprochent d’avoir trop cédé aux Soviétiques, notamment sur la Pologne. Il fait observer à un ami, Harold Nicolson, que si « les bellicistes du temps de Munich sont devenus des partisans de l’apaisement, ce sont les anciens apeasers qui sont devenus bellicistes ».

À la conférence de Potsdam du 17 juillet au 2 août 1945, les propositions des nouvelles frontières de l’Europe et des colonies sont officiellement acceptées par Harry S. Truman, le nouveau président américain, Churchill et Staline. Churchill est extrêmement favorable à Truman durant ses premiers jours au pouvoir, disant de lui qu’il est « le type de leader dont le monde a besoin, lorsque celui-ci a le plus besoin de leader ». Churchill est assisté au début de la conférence par Clement Attlee, qui, une fois Churchill battu lors des élections générales, représente seul la Grande-Bretagne au moment de la signature.

Churchill est un féroce opposant de la politique d’apaisement de Neville Chamberlain envers Adolf Hitler. Après la crise de Munich, au cours de laquelle la Grande-Bretagne et la France ont abandonné la Tchécoslovaquie à l’Allemagne, il aurait déclaré de façon prophétique au cours d’un discours à la Chambre des communes le 21 novembre 1938 : « Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la guerre. Ce moment restera à jamais gravé dans vos cœurs. » Cependant, le futur Premier ministre n’aurait pas prononcé cette tirade à cette occasion mais aurait écrit une formule similaire, avant les accords de Munich, dans une lettre adressée à son ami Walter Guinness le 11 septembre 1938.

En tout état de cause, Churchill est, alors, en faveur d’une alliance avec l’URSS. En effet, il estime qu’elle est nécessaire à la lutte contre l’Allemagne nazie. Il tente d’autant plus de faire avancer ce dossier qu’il connaît l’ambassadeur soviétique au Royaume-Uni, Ivan Maïski, et qu’il sait que le ministre des Affaires étrangères soviétique Maxime Litvinov pousse dans ce sensWm 7. Mais Neville Chamberlain et son ministre des Affaires étrangères s’opposent à une telle alliance, tout comme, d’ailleurs, l’État-major  français qui sabote alors le traité franco-soviétique d’assistance mutuelle75. Face à cette situation, Joseph Staline limoge Litvinov et nomme Molotov à sa place pour mener une politique qui conduit au pacte germano-soviétique, le 23 août 1939.

L’influence de Churchill, bien qu’il n’ait plus aucun poste officiel, s’explique par plusieurs raisons. Tout d’abord, en Angleterre, les apparences peuvent être trompeuses. William Manchester rappelle que « des décisions  politiques historiques, dont certaines figurent dans The English Constitution de Walter Bagehot ont été prises par des hommes qui n’ont jamais exercé de fonctions publiques et n’ont jamais siégé au parlement ». D’autre part, Churchill a une présence imposante, il montre qu’il est là, il sait se faire entendre, voire en imposer aux autres. Enfin, il est considéré comme faisant partie de la classe dirigeante de son pays tant en raison des postes importants qu’il a tenus, que de son ascendance. Hitler a traité avec Chamberlain qu’il n’aimait pas mais qu’il trouvait malléable ; avec Churchill, les choses sont différentes. En effet, si comme W. Manchester et Walter Lippmann, on pense que « la qualité indispensable à l’exercice des fonctions suprêmes est le tempérament, et non l’intelligence », alors, Churchill et Hitler l’ont en commun : tous deux ont un fort tempérament même s’ils n’en font pas le même usage et s’ils n’ont pas les mêmes fins. Au demeurant, ils partagent d’une certaine façon ce trait de caractère avec les deux ou trois autres « Grands » de la Deuxième Guerre mondiale.

En juin 1944, les forces alliées débarquent en Normandie et repoussent les forces nazies vers l’Allemagne au cours de l’année suivante. Pour l’anecdote, Churchill avait envisagé d’assister à bord du HMS Belfast au bombardement naval des batteries allemandes de la côte française, le 6 juin 1944, et il fallut deux interventions du roi George VI pour le faire renoncer.

Le 28 mars 1945, le général Eisenhower informe Staline qu’il arrête ses troupes sur l’Elbe, et que donc les deux armées devront y faire leur jonction. Si Staline et Roosevelt approuvent cette décision, Churchill est très mécontent, car d’une part, il n’a pas été informé officiellement de la décision alors qu’un tiers des unités combattantes sont britanniques ou canadiennes, et d’autre part, il désapprouve la décision sur le fond estimant que l’objectif est Berlin. Malgré tous ses efforts, l’ordre d’Eisenhower est confirmé.

Le 12 avril 1945, Franklin Delano Roosevelt meurt, ce qui provoque les larmes de Churchill, mais ce dernier prend la décision de ne pas se rendre à ses funérailles. Boris Johnson évoque la rancune accumulée par Churchill face à l’attitude trop conciliante de Roosevelt à l’égard des prétentions de Staline et aux vexations économiques subies par la Grande-Bretagne de la part des États-Unis. François Kersaudy se demande de son côté si le premier ministre ne s’est pas fait des illusions sur la réalité de sa relation avec Roosevelt, qu’il analyse lui comme étant pour le Président américain « un éphémère mariage de convenance avec un impérialiste antédiluvien ».

Le 7 mai 1945, au siège du SHAEF à Reims, les Alliés acceptent la reddition de l’Allemagne nazie. Le même jour, dans un flash d’information de la BBC, John Snagge annonce que le 8 mai est la journée de la victoire en Europe. Churchill annonce à la nation que l’Allemagne a capitulé, et qu’un cessez-le-feu définitif sur tous les fronts du continent entre en vigueur une minute après minuit, cette nuit-là. Par la suite, il déclare à une foule immense à Whitehall : « Ceci est votre victoire ». La foule répond : « Non, c’est la vôtre », et Churchill entame le chant du Land of Hope and Glory avec la foule. Dans la soirée, il fait une autre annonce à la nation en affirmant que la défaite du Japon se concrétisera dans les mois à venir.

Le 19 mai 1945, le Parti travailliste décide de quitter la coalition. Churchill demande la dissolution du Parlement et annonce que les élections se tiendront le 5 juillet ; les résultats ne pourront être connus que le 26 juillet 1945 du fait de la dispersion des soldats mobilisés. Aussi peut-il assister au début de la conférence de Potsdam qui s’ouvre le 17 juillet 1945 ; il prend toutefois la précaution de s’y rendre avec Clement Attlee, le vice-Premier ministre et son potentiel successeur. Les résultats des élections générales de 1945 sont sans appel : les travaillistes obtiennent 393 sièges contre 197 aux conservateurs et Churchill, battu, remet rapidement sa démission au roi. De nombreuses raisons expliquent son échec : le désir de réforme d’après-guerre qui se répand au sein de la population, ou le fait qu’elle pense que l’homme qui a conduit le Royaume-Uni pendant la guerre n’est pas le mieux avisé pour le conduire en temps de paix. En effet, Churchill est surtout considéré comme un warlord, ou seigneur de guerre. Par ailleurs, les deux responsables conservateurs Brendan Bracken et Lord Beaverbrook, que Clementine Churchill n’apprécie pas, ne sont pas « des modèles de finesse politique ». Enfin, Churchill, las, est excessif dans ses discours. Quoi qu’il en soit, lorsque les Japonais capitulent trois semaines plus tard, le 15 août 1945, mettant définitivement fin à la guerre, il n’est déjà plus au pouvoir.

Les élections générales de 1950 réduisent considérablement la majorité travailliste à la Chambre des communes, passant de 81 sièges de majorité à 3. Après les élections générales anticipées de 1951, organisées par Atlee qui cherche à élargir sa marge de manœuvre, Churchill redevient Premier ministre grâce à son alliance avec les libéraux. Son troisième gouvernement, après celui durant la guerre et le bref gouvernement de 1945, dure jusqu’à sa démission en 1955. Ses priorités nationales sont alors éclipsées par une série de crises de politique étrangère, qui sont en partie le résultat du mouvement déjà amorcé du déclin de l’armée britannique, du prestige et du pouvoir impérial. Étant un fervent partisan de la Grande-Bretagne en tant que puissance internationale, Churchill répond souvent à de telles situations avec des actions directes. Il envoie par exemple des troupes britanniques au Kenya pour faire face à la révolte des Mau Mau. Essayant de conserver ce qu’il peut de l’Empire, il déclare : « je ne présiderai pas un démembrement ». Les populations kényanes furent victimes de déplacement forcés des hautes terres fertiles pour laisser place aux colons et plus de 150 000 personnes furent détenues dans des camps de  concentration. Les autorités britanniques employèrent largement la torture pour favoriser l’écrasement de la rébellion.

En juin 1953, à l’âge de 78 ans, il est victime d’un accident vasculaire cérébral qui lui paralyse pendant quelques jours le côté gauche alors qu’il se trouve au 10 Downing Street. La nouvelle est tenue secrète alors qu’officiellement, on annonce au public et au Parlement qu’il souffre d’épuisement. Il se rend à Chartwell où il réside durant sa période de convalescence, l’attaque cérébrale ayant altéré son élocution dans ses discours et diminué sa capacité à marcher. Il revient à la politique en octobre pour prendre la parole en public lors d’une conférence du Parti conservateur à Margate. Dans les années qui suivent cependant, il doit admettre la nécessité de ralentir ses activités physiques et intellectuelles. Il décide de prendre sa retraite en 1955 et est remplacé au poste de Premier ministre par Anthony Eden. Il demeure néanmoins député à la Chambre des communes jusqu’en juillet 1964, et est « Doyen de la Chambre » à partir d’octobre 1959 : il est alors le député en exercice à avoir eu la plus longue carrière parlementaire ininterrompue, depuis 1921.

Après avoir quitté le poste de Premier ministre, Churchill passe moins de temps au Parlement. Il vit sa retraite à Chartwell et à son domicile londonien du 28 Hyde Park Gate, au sud-ouest de Kensington Gardens.

Lorsque son état mental et ses facultés physiques se dégradent, il sombre dans la dépression.

En 1963, le président américain John F. Kennedy, agissant en vertu de l’autorisation accordée par une loi du Congrès, le proclame citoyen d’honneur des États-Unis, mais il est dans l’impossibilité d’assister à la cérémonie à la Maison-Blanche.

Le 15 janvier 1965, Churchill est victime d’un nouvel accident vasculaire cérébral, qui lui est fatal : il meurt à son domicile neuf jours plus tard, à l’âge de 90 ans, le matin du 24 janvier 1965, soit 70 ans jour pour jour après la mort de son père.

Par décret de la reine, des obsèques nationales sont organisées. Ce sont les premières obsèques nationales pour une personnalité ne faisant pas partie des souverains depuis celles du duc de Wellington, Arthur Wellesley de Wellington en 1852. Son cercueil est exposé pendant trois jours et trois nuits au Westminster Hall, où un véritable flot humain vient lui rendre hommage. Puis le 30 janvier 1965, dans un cortège à pied composé de différentes unités de l’armée britannique, le cercueil posé sur un affût de canon tiré par des marins de la Royal Navy est amené à la cathédrale Saint-Paul de Londres. Les funérailles battent le record des plus grands rassemblements de chefs d’État dans le monde, jusqu’en 2005 lors des funérailles du pape Jean-Paul II dirigeants sont présents ou représentés aux obsèques ; la Chine s’illustre par son absence.

Après l’office religieux, le cortège se dirige vers la Tour de Londres où le cercueil est monté sur la vedette MS Havengore qui remonte la Tamise jusqu’à la gare de Londres-Waterloo où il est chargé sur un wagon spécialement préparé et peint, le Southern Railway Van S2464S, dans le cadre du cortège funéraire pour son trajet par chemin de fer jusqu’à Bladon. La Royal Artillery tire dix-neuf coups de canon, comme à son habitude pour un chef de gouvernement et la RAF met en scène un défilé aérien de seize avions de combat English Electric Lightning. Le wagon Pullman  transportant sa famille en deuil est remorqué par la « Winston Churchill », une locomotive Pacific SR de type Battle of Britain no 34051 — la locomotive, restaurée lors du 50e anniversaire de la cérémonie, est actuellement exposée au National Railway Museum à York. De la fenêtre du wagon en marche, l’un des plus anciens assistants de Churchill aperçoit un homme vêtu d’un vieil uniforme de la RAF : debout sur le toit d’une petite maison, il fait le salut militaire. Dans les champs le long de la voie ferrée et aux gares rencontrées sur le trajet, des milliers de personnes se tiennent en silence pour lui rendre un dernier hommage. L’hymne lors des funérailles est The Battle Hymn of the Republic.

Churchill, sa femme et de nombreux membres de sa famille sont enterrés autour de l’église paroissiale Saint-Martin à Bladon. À sa demande, Churchill est enterré dans la parcelle familiale du cimetière de l’église Saint-Martin à Bladon dont dépend le Palais de Blenheim, son lieu de naissance.

Source : Wikipédia

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