Ville de Trabzon (Trébizonde) (Turquie).

Trabzon, ou Trébizonde (d’après son nom antique et médiéval), est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom, située au bord de la mer Noire, dans la région de la mer Noire. Capitale culturelle et historique de la région de la mer noire (karadeniz).

Depuis sa fondation par des colons grecs autour du VIIe siècle av. J.-C., Trébizonde, capitale de la région du Pont, a souvent constitué un des centres commerciaux et politiques majeurs de la côte sud de la mer Noire. Trabzon a longtemps été un lieu de passage obligé pour les voyageurs s’aventurant en Asie, comme Xénophon, Evliya Çelebi, Marco Polo, Nicolas Bouvier. C’était un lieu essentiel pour le commerce international, ce qui justifia l’ouverture éphémère de consulats français et anglais dans la ville. Au Moyen Âge elle fut une étape de la Route de la Soie ; Marco Polo y passa à son retour de Chine, alors que la ville était capitale de l’Empire de Trébizonde, qui se trouva coupé de l’Empire byzantin par la quatrième croisade de 1204, et lui survécut jusqu’en 1461, lorsque le sultan ottoman Mehmed II s’en empara.

Rabaissée depuis au rang de capitale provinciale, Trabzon conserva sa diversité ethnique et religieuse et ses nombreuses colonies de marchands jusqu’au début du XXe siècle, quand les deux génocides grec pontique et arménien y éradiquèrent le christianisme oriental, majoritaire jusque-là. Son port demeure important dans l’économie turque, essentiellement comme plaque tournante du commerce entre le Moyen-Orient (notamment l’Iran), le Caucase et les autres pays riverains de la mer Noire.

En 2016, la ville et l’agglomération comptaient respectivement 327 000 et 486 000 habitants.

Trébizonde a probablement été fondée vers 700 av. J.-C. par des colons originaires de Milet ou de Sinope. Comme Sinope, la cité n’était alors que l’un des nombreux comptoirs fondés par les Milésiens sur les côtes de la mer Noire. C’est aux environs de Trébizonde que Xénophon et ses Dix Mille aperçoivent la mer pour la première fois à la suite de leur retraite de l’empire perse.

La ville appartint au roi du Pont Mithridate VI Eupator (132-63 av. J.-C.) et devint le port d’attache de la flotte pontique.

Lorsque le royaume fut annexé à la province romaine de Galatie en 64-65, la flotte devint la Classis Pontica, basée à Trébizonde qui gagna en importance sous la domination romaine au Ier siècle grâce à sa position sur les routes conduisant à travers la passe de Zigana à la frontière arménienne ou dans la haute vallée de l’Euphrate. De nouvelles routes furent construites de la Perse et de Mésopotamie sous le règne de Vespasien, et Hadrien ordonna des modifications visant à doter la cité d’un port mieux structuré.

La cité fut pillée par les pirates Goths venus en 258 de Crimée, et, malgré sa reconstruction, ne retrouva toute son importance qu’à l’époque byzantine.

Entre le VIIIe et le Xe siècle, l’extrémité occidentale de la route de la soie aboutissant à Trébizonde reprit de l’importance et des manaderies apparurent dans le pays du Pont, produisant la soie byzantine que les marchands musulmans venaient y chercher.

La ville était alors la capitale du thème de Chaldée. À la suite de la défaite de Mantzikert en 1071, Trébizonde fut prise par la dynastie turque des Danichmendides qui la gouvernèrent pendant dix-huit ans entre 1080 et 1098. Reprise par les Byzantins, elle fut gouvernée de manière plus ou moins indépendante entre 1126 et 1140 par Constantin Gabras que Nicétas Choniatès qualifie de « tyran de Trébizonde ». En 1140, l’empereur Jean II Comnène (1118-1143) vint en Chaldée à la tête de l’armée byzantine pour mener campagne contre les Danichmendides, replaçant par la même occasion la région sous son autorité directe.

Après la prise de Constantinople par les Croisés en 1204, Alexis Comnène s’enfuit avec la famille impériale à Trébizonde où il fonde une dynastie de princes qui règne pendant plus de deux siècles sur la ville et sa région. Trébizonde devient alors la capitale de l’Empire de Trébizonde. En 1461, David II Comnène, dernier empereur de Trébizonde, dut livrer la ville au sultan ottoman Mehmet II.

La ville fit désormais partie de l’Empire ottoman et reprit sa prospérité liée à sa position géographique à l’un des débouchés occidentaux de la route de la soie. Elle fut le chef-lieu du vilayet de Trabzon formé des quatre sandjaks de Samsun, Trabzon, Gümüşhane et Lazistan, et vit naître Soliman le Magnifique. Mais elle resta majoritairement habitée par des chrétiens, Grecs ou Arméniens, et des tensions religieuses et nationales émergèrent à mesure que l’Empire russe progressait dans le Caucase, se posant en protecteur des chrétiens de l’Empire ottoman. Entre 1894 et 1896, une partie des 30 000 Arméniens de la ville fut décimée durant les massacres hamidiens.

Lors des offensives russes durant la Première Guerre mondiale, les populations chrétiennes de la ville et des six vilayets à majorité arménienne ont manifesté leur sympathie à la cause Alliée alors que l’Empire ottoman combattait aux côtés des Austro-Allemands. Le gouvernement des Jeunes-Turcs décida en 1915, sous les ordres du ministre de l’Intérieur Talaat Pacha de procéder à leur déportation, en commençant par les Arméniens, ce qui fera plus d’un million de morts dans toute la Turquie et environ 10 000 morts dans la ville de Trébizonde. Les maisons des chrétiens, tant arméniens que grecs, ont été ensuite saisies et attribuées à des familles musulmanes. Enfin, l’église Sainte-Sophie a été transformée en mosquée.

Dans le cadre de la campagne d’Erzerum, l’armée russe débarqua à Atina, à l’est de Rize, le 4 mars 1916. Les forces ottomanes se sont retirées de Trébizonde et le 15 avril, la ville a été prise sans combat par l’armée russe du Caucase sous le commandement du Grand-duc Nicolas et de Nikolaï Ioudenitch.

À la même époque, Enver Pacha, alors ministre de la défense, veut « résoudre le problème grec… de la même façon qu’il pensait avoir résolu le problème arménien4 ». Entre 1916 et 1923, alors même que l’Empire ottoman est remplacé par la république turque, le génocide des Grecs du Pont fera entre 350 000 et 360 000 morts. Les survivants voulant rester chrétiens embarquèrent sur les paquebots du service maritime roumain qui les emmenèrent à Constanța d’où ils se dispersèrent dans les diasporas grecque et arménienne, tandis que d’autres se convertirent à l’islam et passèrent à la langue turque pour éviter l’exil. Les rares Grecs chrétiens encore sur place en 1923 sont expulsés vers la Grèce à la suite de la signature du traité de Lausanne.

La ville, peuplée en partie par des Turcs venus de Grèce, des Balkans ou du Caucase d’où ils ont été chassés par échange avec les chrétiens de Turquie conformément aux dispositions du traité de Lausanne (1923), est connue pour être un berceau d’idées politiques ultra-nationalistes. Le prêtre catholique italien Andrea Santoro y a été assassiné le 5 février 2006. La famille d’Ogün Samast, assassin en janvier 2007 du journaliste turc d’origine arménienne Hrant Dink, est originaire de Trabzon.

Source : Wikipédia.

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