Ville de Tbilissi (Georgie).

Tbilissi ou Tiflis jusqu’au 17 août 1936, est la capitale de la république de Géorgie. Située sur les rives du fleuve Koura (ou Mt’kvari), la ville couvre une superficie de 726 km2 et comptait 1 113 000 habitants au 1er janvier 2016.


L’histoire de Tbilissi, en tant que capitale de Géorgie, remonte au Ve siècle. Durant ses 1 500 ans d’histoire, elle fut un centre culturel, politique et économique important de la région du Caucase. Située sur les plus grandes routes de commerce, la ville fut occupée au moins vingt fois par des ennemis extérieurs. Depuis 1991 et l’indépendance de la Géorgie, Tbilissi est la capitale de la République de Géorgie.

Vakhtang Ier Gorgassal est considéré comme le fondateur de Tbilissi.
La légende raconte que le territoire de l’actuelle Tbilissi était, jadis, complètement recouvert par une forêt dans laquelle la Cour de Mtskheta allait parfois chasser, au plus tard jusqu’en 458. Selon la tradition, Vakhtang Ier Gorgassali, roi d’Ibérie, chassait au faucon dans cette contrée boisée (parfois, le faucon est remplacé dans la légende par un petit oiseau), quand celui-ci attrapa un faisan. Mais les deux oiseaux tombèrent dans une source d’eau chaude proche, et moururent. Le roi Vakhtang fut si étonné par la découverte de sources d’eau, qu’il décida de fonder une ville à cet endroit. Il nomma la ville Tpili, ce qui veut dire chaud en géorgien. Ainsi, Tpili, ou Tbilissi (endroit chaud), reçut son nom à cause de ses nombreuses sources d’eau chaude.

Les études archéologiques de la région ont révélé que le territoire de Tbilissi fut occupé par des êtres humains au plus tôt au IVe millénaire avant notre ère, tout comme les kourganes de Lagodekhi.

La source la plus ancienne mentionnant ce lieu (Pilado) date de la seconde moitié du ive siècle, sous le règne de Varaz-Bakour Ier, quand celui-ci fit construire une forteresse dans la dite forêt. Vers la fin du même siècle, la forteresse tomba dans les mains des Perses, avant de revenir dans les mains des Géorgiens sous le règne de Vakhtang Ier. Ce dernier ne serait donc pas le fondateur de Tbilissi (Narikala), mais seulement l’auteur de  l’agrandissement de la forteresse pour en faire une ville. Les territoires que le roi fit construire semblent recouper l’actuelle ancienne Tbilissi.

Le roi Vatché II d’Ibérie (roi de 522 à 534), fils et successeur de Vakhtang Gorgassali, déplace la capitale de son royaume de Mtskheta à Tbilissi, selon la volonté de son père. Sous son règne, le roi Vatché II termine également la construction de la forteresse entourant la ville, et établit ainsi les premières limites de Tbilissi. La nouvelle capitale devient bientôt une ville importante dans la région, au vu de sa position stratégique et favorable, au carrefour des chemins des marchands de l’Occident et de l’Orient.

La rivière Koura, entre la mer Caspienne et la mer Noire, est un tracé secondaire de la route de la soie.

La position géographique de Tbilissi n’est toutefois pas si favorable que cela pour le royaume d’Ibérie. Située stratégiquement au cœur du Caucase, entre l’Europe et l’Asie, elle devient le principal objet de rivalités entre les  différentes puissances voisines telles que l’Empire byzantin, la Perse, l’Arabie et la Turquie seldjoukide. Le développement culturel de la ville dépend ainsi des différents empires la dominant du vie au xe siècle. Toutefois, Tbilissi, comme le reste de la Géorgie orientale, réussit à préserver une autonomie notable vis-à-vis de ses conquérants.

À partir de 570/580, les Perses prennent Tbilissi et y règnent pour environ une décennie. En 627, elle est prise et saccagée par les armées byzantines et khazares. Vers 737, les Arabes entrent dans la ville sous le commandement de Marwan al-J`adîy al-Himâr et établissent un émirat dans la région avec pour capitale Tbilissi. En 764, la ville est à nouveau prise par les Khazars mais reste sous domination arabe. En 853, les armées du général arabe Boughba le Turc envahissent Tbilissi dans le but d’établir une domination abbasside dans le Caucase. La domination arabe sur Tbilissi continue ainsi jusque dans les années 1050, les Géorgiens y résidant ne pouvant se révolter. En 1068, la ville est encore une fois saccagée, cette fois par les Seldjoukides sous le sultan Alp Arslan.

En 1122, après de violents combats contre les Turcs seldjoukides qui  affrontaient au moins 60 000 Géorgiens et 300 000 Turcs, les troupes du roi de Géorgie David IV le Reconstructeur entrèrent dans Tiflis. À la fin des affrontements contre les musulmans dans la région, le roi déplaça sa capitale de Koutaïssi (en Géorgie occidentale) à Tbilissi, ce qui marqua le début du rôle de cette ville en tant que symbole de l’unification géorgienne. À partir du xiie siècle, Tbilissi devint donc une ville dans laquelle le pouvoir dominant de la région pouvait profiter d’une bonne situation économique (avec un commerce bien développé et des travaux qualifiés), et d’une structure sociale bien établie. À la fin du siècle, la ville s’agrandit et acquit une population de 80 000 habitants. La ville devint également un centre culturel et littéraire important, non seulement pour les Géorgiens eux-mêmes, mais également pour nombre d’auteurs européens ou vivant au Proche-Orient. Sous le règne de la reine Tamar, le poète Chota Roustaveli travailla à Tbilissi et y écrivit son poème épique légendaire, Le Chevalier à la peau de panthère. Cette période est connue aujourd’hui sous le nom d’« Âge d’Or géorgien », ou bien de « Renaissance géorgienne ».

Toutefois, l’Âge d’Or de Tbilissi dure juste un siècle. En 1236, après avoir souffert de défaites écrasantes face aux Mongols, la Géorgie se retrouve soumise à Gengis Khan. La nation elle-même se préserve, garde une forme de semi-indépendance et ne perd guère son gouvernement ; mais Tbilissi est fortement influencée par les Mongols pendant au moins un siècle, aussi bien politiquement que culturellement. Dans les années 1320, les Mongols sont repoussés de Géorgie, et Tbilissi redevient la capitale d’une Géorgie indépendante, une nouvelle fois. Mais affaiblie par les événements  précédents, la ville est en plus victime de calamités, dont la Grande Peste en 1366.

De la seconde moitié du XIVe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, Tbilissi redevient la cible de plusieurs envahisseurs et est complètement brûlée plusieurs fois. En 1386, Tbilissi est envahie par les armées de Tamerlan (Timour Lang). En 1444, la ville est prise et détruite par Jahan Shah (chef des Turkmènes Qara Qoyunlu). Puis entre 1477 et 1478, Tbilissi est agrégée à l’empire d’Uzun Hasan, l’ennemi du précédent envahisseur et chef des Aq Qoyunlu. En 1522, les Perses prennent la ville, libérée deux ans plus tard par le roi David X de Karthli. Durant cette période, certains quartiers de Tbilissi sont reconstruits, mais dès le xviie siècle, elle redevient le théâtre  d’invasions terribles pour le pays. Cette fois, Tbilissi est plus un objet de conflit entre deux empires que la cible d’envahisseurs sanguinaires, car les Turcs ottomans et les Perses séfévides s’affrontent pour le contrôle de la ville. Plus tard, le roi Héraclius II de Géorgie (Iraki II) tente à plusieurs reprises (mais sans succès) de libérer Tbilissi de la domination perse, mais le seul résultat est l’incendie de l’ancienne capitale du Caucase, en 1795, par Agha Mohammad Shah. À ce moment, sentant que la Géorgie ne pourrait plus résister seule contre ses ennemis, le roi décide de faire appel à la Russie.

Tbilissi est aussi alors une étape sur l’un des itinéraires de la route de la soie, d’où la présence de nombreux caravansérails dont certains subsistent encore : celui de Téklés Karvasla, reconstruit après avoir été détruit par les Perses en 1795, de style « européano-mauresque », durement touché par le tremblement de terre de 2002, et réhabilité depuis.

En 1801, après que le royaume de Géorgie orientale Karthl-Kakhétie a été annexé par l’empire russe contrairement aux accords du traité de Gueorguievsk de 1783, Tbilissi, désormais connue sous son ancien nom arabe de Tiflis, devint le centre de la vice-royauté du Caucase. Néanmoins elle n’évolua que peu durant la première moitié du XIXe siècle. C’est à partir de 1845 sous le règne du vice-roi du Caucase Mikhaïl Vorontsov que la ville se développa : nouvelles réformes, nouveau réseau ferroviaire avec les connections à Poti, Koutaïssi et Batoumi ainsi qu’un engagement culturel avec la création de journaux, d’une bibliothèque et d’un théâtre russe. L’influence russe était majeure mais parallèlement la ville s’européanisa, au niveau de la mode et de la musique. Enfin les poètes et auteurs comme Ilia Tchavtchavadzé, Akaki Tsereteli, Jacob Gogebachvili, Alexandre Griboïedov, qui était secrétaire diplomatique du gouverneur général du Caucase, et d’autres s’établirent à Tiflis.

La ville devint l’objet de l’affection d’Alexandre Pouchkine, de Léon Tolstoï, de Mikhaïl Lermontov, de la famille impériale et de bien d’autres. La famille impériale établit même sa résidence transcaucasienne dans la rue Golvine (aujourd’hui l’avenue Roustaveli).

Au XIXe siècle, le rôle politique, culturel et économique de Tiflis avec ses diversités ethniques, religieuses et culturelles fut important non seulement pour la Géorgie, mais également pour l’ensemble du Caucase. Ainsi, Tiflis prit un visage différent. On y construisit des monuments qui lui donnèrent les attributs d’une ville cosmopolite, tandis que son folklore urbain, sa langue et également sa culture populaire dite Tbilisouri (littéralement, appartenant à Tbilissi) lui donnèrent un charme particulier.

Après la révolution russe de 1917, Tiflis servit de quartier général au  gouvernement intérimaire transcaucasien qui établit, au printemps 1918, l’éphémère République démocratique fédérative de Transcaucasie. La capitale reprit son nom de Tbilissi. C’était dans cette nouvelle capitale que les trois nations transcaucasiennes (Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan) déclarèrent leur indépendance, les 26 et 28 mai 1918. Tbilissi servit alors de capitale à la République démocratique de Géorgie jusqu’au 25 février 1921. De 1918 à 1919, la ville avait également servit de QG aux troupes  britanniques et allemandes.

Sous le gouvernement national, Tbilissi devint la première ville  universitaire du Caucase à l’occasion de la fondation de l’université d’État de Tbilissi en 1918. C’était enfin la concrétisation d’un rêve de la société géorgienne que les gouverneurs généraux russes ou les vice-rois du Caucase n’avaient jamais permis de réaliser.

Après les révolutions de février et d’octobre 1917 à Petrograd, la Géorgie tente de restaurer son indépendance : le 26 mai 1918 Noé Jordania proclame la naissance de la 1re République de Géorgie, mais la Russie soviétique envahit le pays, contraignant le Parlement géorgien à voter l’exil des dirigeants. Ces derniers, avec environ un millier de personnes, se réfugient en France, dont à Leuville-sur-Orge pour le gouvernement en exil (qui s’installe dans le château de Leuville, encore localement dénommé « le château des Géorgiens »). C’est le début d’une période de domination soviétique dans le Caucase.

Les Soviets créèrent alors la République socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie, avec pour capitale Tbilissi. En 1936, Joseph Staline dissout la fédération soviétique de Transcaucasie et Tbilissi se retrouva ainsi capitale de la seule République socialiste soviétique de Géorgie. De nombreux  Géorgiens natifs de la région de Tbilissi eurent une influence certaine sur l’évolution de l’URSS et du Caucase, pendant le régime de  Staline qui était lui-même Géorgien.

Pendant toute la période soviétique, la population de la ville augmenta fortement ; la ville s’industrialisa et se retrouva comme l’un des centres politiques, sociaux et culturels de l’Union soviétique parmi les plus importants, avec Moscou, Kiev et Léningrad.

Après la mort de Staline en 1953, les autorités soviétiques adoptèrent la doctrine de déstalinisation de Nikita Khrouchtchev, et  les Géorgiens attachés à la figure du petit père des peuples montrèrent à maintes reprises leur mépris du gouvernement de Moscou. Ainsi, des manifestations anti-soviétiques se produisirent à Tbilissi en 1956.

Plus tard en 1978 (manifestation de défense de la langue géorgienne) et en 1989 des manifestations furent sévèrement réprimées par le pouvoir soviétique.

À la chute de l’Union soviétique, Tbilissi subit de graves périodes  d’instabilité et de troubles, surtout pendant le gouvernement dictatorial de Zviad Gamsakhourdia. Après une brève guerre civile dont la ville fut le théâtre pendant deux semaines de décembre 1991 à janvier 1992 (guerre qui opposa les forces gouvernementales à celles de l’opposition), la capitale géorgienne devint la scène d’affrontements fréquents entre différents clans dits de la mafia et des entrepreneurs d’affaires illégales. Même durant l’ère Chevardnadze (1993-2003), le crime et la corruption devinrent si importants qu’ils affectèrent les niveaux les plus élevés de la société de Tbilissi. Le chômage et l’appauvrissement de la population de Tbilissi étaient désastreux.

La population de Tbilissi augmenta à la suite de l’arrivée de réfugiés en provenance des républiques ayant déclaré leur autonomie (Adjarie, Ossétie du Sud, Abkhazie et celle des nombreux chômeurs venant de province pour trouver un emploi. La situation, dans une ville qui ne bénéficiait que de quelques rares heures par jour de l’électricité et dont le niveau de vie par rapport à la période de l’URSS avait baissé de moitié, fut extrêmement difficile.

En novembre 2003, à la suite d’élections législatives falsifiées, des  protestations de masse eurent lieu et près de 100 000 Géorgiens manifestèrent contre le gouvernement. Cela mena à la révolution des Roses qui, le 23 novembre 2003, renversa le président Edouard Chevardnadze. Le nouveau président est élu avec un mandat de lutte contre la corruption. Il fait pour cela venir Kakha Bendoukidze, un ancien biologiste russe devenu magnat de l’industrie et de la finance, qu’il nomme ministre puis chef de la chancellerie (après avoir acquis la nationalité géorgienne). Kakha  Bendoukidze affirme engager et appliquer une large stratégie de lutte contre la corruption et une certaine amélioration de l’économie (au regard des critères de la Banque mondiale et une reprise du tourisme s’ensuivent, permettant à la capitale de retrouver un niveau qu’elle n’avait plus connu depuis longtemps, mais au prix d’une forte baisse de la protection sociale et de privatisations en série conduites dans le cadre d’une politique  ultralibérale, voire libertariste par Kakha Bendoukidze…

Le 13 juin 2015, la ville subit de violentes inondations qui provoquent des dégâts considérables. Tous les animaux sauvages du zoo s’échappent, créant un mouvement de panique au sein de la population. Le 17 juin, un lion échappé fait une victime par blessures mortelles.

Source : Wikipédia.

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