Ville de Saint-Pétersbourg (Léningrad) Russie.

Saint-Pétersbourg ; en russe : Санкт-Петербу́рг, Sankt-Peterbourg, est la deuxième ville de Russie par sa population, avec 5 281 579 habitants en 2017, après la capitale Moscou. Plus grande métropole septentrionale du monde, la ville est située dans le Nord-Ouest du pays sur le delta de la Neva, au fond du golfe de Finlande, un espace maritime de la mer Baltique. Saint-Pétersbourg a le statut de ville fédérale de Russie. La ville est enclavée dans l’oblast de Léningrad, mais en est administrativement indépendante. Capitale de l’Empire russe de 1712 jusqu’en mars 1917, ainsi que de la Russie dirigée par les deux gouvernements provisoires entre mars et octobre 1917, Saint-Pétersbourg a conservé de cette époque un ensemble architectural unique. Deuxième port russe sur la mer Baltique après Primorsk, c’est aussi un centre majeur de l’industrie, de la recherche et de l’enseignement russe ainsi qu’un important centre culturel européen. Saint-Pétersbourg est la deuxième ville d’Europe par sa superficie et la quatrième par sa population après Istanbul, Moscou et Londres.

Saint-Pétersbourg est fondée en 1703 par le tsar Pierre le Grand dans une région disputée depuis longtemps au royaume de Suède. Par son urbanisme résolument moderne et son esthétique d’origine étrangère, la nouvelle ville devait permettre à la Russie d’« ouvrir une fenêtre sur l’Europe » et contribuer, selon le souhait du tsar, à hisser la Russie au rang des grandes puissances européennes. Le centre-ville, construit sur des directives des souverains russes, présente une architecture unique qui mélange des styles architecturaux (baroque, néo-classique) adaptés de manière originale par des architectes. Ses canaux et ses rivières bordés de palais lui valent le surnom de « Venise de la Baltique », tandis que ses colonnades ou son « ordonnancement de perspectives, de palais, de bâtiments, de parcs et d’avenues » celui de « Palmyre du Nord ».

La ville est un important centre culturel européen et abrite le port de la mer Baltique le plus important de Russie. Le centre historique de la ville, avec ses 2 300 palais, ses magnifiques bâtiments et ses châteaux, figure depuis 1991 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO sous le terme collectif de Centre historique de Saint-Pétersbourg et ensembles monumentaux annexes. À cet égard, Saint-Pétersbourg n’est comparable au niveau mondial qu’à Venise.

Saint-Pétersbourg change plusieurs fois d’appellation : elle est rebaptisée Pétrograd (Петроград) de 1914 à 1924, puis Léningrad (Ленинград) de 1924 à 1991, avant de retrouver son nom d’origine à la suite d’un référendum en 1991.

La ville abrite le plus haut gratte-ciel d’Europe, le Lakhta Centre, qui mesure 462 mètres.


Saint-Pétersbourg ne doit pas son nom à son fondateur, le tsar Pierre le Grand, mais à l’apôtre Pierre. Toutefois, la ville a reçu quatorze  désignations différentes à l’origine ; les plus fréquentes sont : Sankt Piter-Bourkh ou Piter-Bourkh (dérivé du néerlandais Sint Pietersburg), mais aussi Petropol, voire Petropolis. La forteresse, embryon de la ville, a porté brièvement le nom de Sankt-Pieterburch, puis la ville a été renommée rapidement Sankt-Peterbourga (avec une forte consonance allemande).

Au cours du XXe siècle, la ville a été rebaptisée trois fois pour des raisons politiques :

  • Tout d’abord, le 31 août 1914, un mois après l’entrée en guerre de la Russie dans le conflit européen, qui s’accompagne d’une poussée de nationalisme slave et d’anti-germanisme, le nom de Saint-Pétersbourg, jugé trop allemand, est russifié en Petrograd (en cyrillique Петроградъ, littéralement : « la ville de Pierre »).
  • En 1924, à la mort de Lénine, la ville qui fut le théâtre de la révolution d’Octobre reçoit le nom du fondateur de l’URSS, devenant ainsi Léningrad (Ленинград) (littéralement : « la ville de Lénine »). D’un point de vue symbolique, des raisons plus profondes justifiaient ce changement : les appellations Saint-Pétersbourg, puis Petrograd, étaient rattachées au régime tsariste et à son statut de capitale impériale ; il convenait donc pour les révolutionnaires de faire table rase du passé. Elle était également la deuxième ville de la Russie, ce qui concourait à rehausser le prestige du fondateur et dirigeant du parti bolchevik.
  • Enfin, le 6 septembre 1991, peu avant la disparition de l’URSS, le changement de nom est soumis à un référendum populaire et le retour à son appellation d’origine, Saint-Pétersbourg, est adopté à la majorité de 55 %.

Le territoire administratif régional a gardé après un référendum le nom d’oblast de Léningrad.

Saint-Pétersbourg est également appelée familièrement « Piter » (Питер) par ses habitants. Pour les Russes, c’est la « capitale du Nord » (северная столица, severnaïa stolitsa). Par son histoire mouvementée au XXe siècle, elle est également dénommée « berceau / ville des trois révolutions », (колыбель / город трёх революций, kolybel / gorod triokh révolioutsi). Elle est surnommée la « Palmyre du Nord » (en russe : Пальмира Севера, Palmira Severa), la « Palmyre septentrionale » (en russe : Северная Пальмира, Severnaïa Palmira) ou la « Palmyre finlandaise » (en russe : Финская Пальмира, Finskaïa Palmira).

La perspective Nevski percée sous le règne d’Anne (photochrome de 1890).
La fondation d’une nouvelle capitale fait partie de la série de réformes entreprises par le tsar Pierre le Grand pour faire de la Russie un pays moderne et une puissance européenne. Lorsque Pierre le Grand arrive au pouvoir, la Russie est un pays sans universités, sans scientifiques ni techniciens, placé sous la coupe d’une Église et d’une noblesse terrienne particulièrement conservatrices. Dépourvue de marine et défendue par une armée sans cadres professionnels ni armements modernes, la Russie n’arrive pas à s’imposer face à ses puissants voisins que sont la Suède et l’Empire ottoman. Hormis ses églises et le Kremlin, Moscou est une ville de maisons en bois. De plus, Pierre le Grand n’apprécie pas Moscou pour ses traditions qu’il juge passéistes, notamment les « coins rouges », foyers religieux remplis d’icônes dans chaque maison moscovite, et certains de ses quartiers vétustes régulièrement victimes d’incendies.

La création de Saint-Pétersbourg va permettre à Pierre de disposer d’un  véritable port en eaux libres qui lui permet de créer une marine de guerre et de commercer facilement avec les autres pays d’Europe. Sa création doit lui permettre également de disposer d’une capitale moderne, semblable aux villes européennes qu’il a pu découvrir durant la Grande Ambassade. Il s’agit d’« ouvrir une fenêtre sur l’Europe » source de progrès et de modernité, selon la formule attribuée au voyageur et écrivain italien Francesco Algarotti (1736).

Les circonstances du choix de l’emplacement de Saint-Pétersbourg sont l’objet d’un mythe qui attribue à Pierre le Grand un rôle central. Selon cette légende, le tsar visionnaire aurait choisi au premier coup d’œil d’implanter sa future capitale dans une région de marécages dépourvue d’habitants située à l’embouchure de la Neva. L’illustration la plus connue de la « capitale sortie du néant » par la volonté créatrice d’un souverain inspiré se trouve dans le poème Le Cavalier de bronze d’Alexandre Pouchkine (1834).

En réalité, la région qui borde le cours inférieur de la Neva, l’Ingrie, était déjà peuplée par des Finno-Ougriens qui vivaient depuis le Xe siècle essentiellement du travail de la terre. Au début du XIVe siècle, la Suède et la république de Novgorod se disputèrent le contrôle de cette région. Une colonie suédoise, sans doute située sur l’emplacement de la ville, fut détruite en 1301. Finalement, les deux puissances se mirent d’accord pour faire de la région une zone tampon dans laquelle aucune fortification ne pourrait être construite. Au cours des siècles suivants, la région servit de lieu de débarquement pour les navires empruntant la Neva et peut-être également de place commerciale. Ce dernier rôle est attesté à compter de 1611, date à laquelle les Suédois, profitant de leur suprématie du moment sur la région, construisent la forteresse de Nyenschantz ainsi que la colonie voisine de Nyen, un peu plus tard. Toutes deux se trouvaient à  l’emplacement actuel de Saint-Pétersbourg, sur la rive nord (c’est-à-dire droite) de la Neva. Il existe également des preuves que la Suède envisageait, au xviie siècle, la construction d’une ville d’une taille supérieure. Mais les Suédois subirent un revers cinglant au cours de la Première Guerre russo-suédoise (1656) et la ville et la forteresse furent détruites par les troupes russes.

La construction du premier édifice par les Russes se situe en 1703 après la conquête définitive de Nyenschantz par les troupes russes placées sous les ordres de Cheremetev durant la grande guerre du Nord. Nyenschantz avait été préventivement évacuée et partiellement détruite par les Suédois. La date officielle de la fondation de la ville est le 16 mai 1703 (27 mai dans le calendrier grégorien) : ce jour-là, sur l’île des Lièvres (l’île Jänisaari en finnois), la première pierre de la forteresse Pierre-et-Paul, du nom des saints patrons du tsar, est posée.

Pierre le Grand ne semble pas avoir projeté, dès le début, de faire de la forteresse le noyau d’une ville de plus grande taille et a fortiori de sa future capitale. La fonction de la forteresse Pierre-et-Paul était en premier lieu de reprendre le rôle de Nyenschantz, c’est-à-dire de protéger l’accès à l’embouchure de la Neva, mais cette fois au bénéfice des Russes. L’endroit était peu propice à la création d’une ville. Une grande partie des environs n’était pas cultivable. Le delta était fréquemment sujet à des inondations : celles-ci feront à plusieurs reprises de nombreuses victimes parmi les habitants de la ville.

En dépit de ce contexte défavorable, Pierre le Grand choisit finalement en 1706 d’y construire sa nouvelle capitale, sans doute parce que l’emplacement de Saint-Pétersbourg en fait un bon port maritime le plus souvent libre des glaces et bien relié au réseau fluvial de la Russie. Les armoiries de la ville, qui représentent un sceptre, une ancre de marine et un grappin de péniche illustrent bien ces motivations. Le deuxième atout de cet emplacement est la proximité de l’Europe occidentale, que Pierre le Grand souhaite utiliser pour moderniser la Russie. Une fois ses intentions arrêtées, Pierre y consacre une grande partie des ressources de la Russie.

Les conditions de travail sont épouvantables : on estime que des dizaines de milliers de travailleurs et de serfs trouvent la mort, victimes de la fièvre des marais (marais de l’Ingrie), du scorbut, de la dysenterie ou tout simplement morts de faim ou d’épuisement. Une grande partie de la ville repose sur des pilotis, mais les habitants ont coutume de dire que la ville est bâtie sur les squelettes de ses constructeurs. Au début, près de la moitié des ouvriers contraints à travailler réussissent à s’enfuir vers le nord-ouest. Les ouvriers qui sont rattrapés sont sévèrement punis.

Les premières années, le chantier est menacé par un revers des armées russes face aux troupes suédoises qui ont pénétré profondément dans le pays : la défaite des Suédois à la bataille de Poltava en 1709 écarte  finalement tout danger : la paix est signée en 1721.

En 1712, la Cour, les ambassades et le sénat sont transférés dans la nouvelle capitale. Pour peupler Saint-Pétersbourg, Pierre le Grand donne l’ordre aux principales familles nobles de Moscou de s’installer dans la nouvelle ville. Celles-ci sont contraintes d’emménager avec toute leur maisonnée dans des constructions dont l’apparence et les dimensions sont imposées et qui sont construites à leurs frais. Tous les habitants sont contraints de planter des arbres. Dès 1714, 50 000 logements sont occupés ; Saint-Pétersbourg est la première ville de Russie à disposer d’une police municipale et d’un système de couvre-feu qui fonctionne. Le centre-ville est éclairé la nuit.

Pierre le Grand fait venir dès la fondation de la ville des artisans et ingénieurs de toute l’Europe, en particulier des Pays-Bas, pour faire de la ville un centre majeur des techniques et des sciences.

Après la mort de Pierre le Grand en 1725, l’enthousiasme des souverains russes pour la « fenêtre sur l’Occident » retombe. En 1728, d’après l’ordre de l’empereur Pierre II, Moscou redevient la capitale. Mais en 1730 il meurt et, avec l’arrivée au pouvoir d’Anne, Saint-Pétersbourg retrouve la priorité. Elle redevient la capitale de l’Empire. Les travaux menés par Anne ont laissé une profonde empreinte : elle fait construire le centre-ville du quartier de Pétrograd sur la rive gauche de la Neva, côté Amirauté et fait tracer les  grandes avenues : les perspectives Nevski et Voznessenski et la rue Gorokhovaïa. Pourtant, elle préfère Moscou où elle réside le plus fréquemment.

Les impératrices Élisabeth (1741-1761) et surtout Catherine II renforcent la politique d’ouverture vers l’Europe occidentale et font venir à Saint-Pétersbourg des artistes et des architectes. Les prestigieux bâtiments qui ont forgé l’image de la ville sont construits sous le règne d’Élisabeth : elle fait ainsi édifier le palais d’Hiver et le monastère Smolny. Elle fait reconstruire le palais Catherine, en ayant recours à l’architecte baroque d’origine italienne Bartolomeo Rastrelli qui réalise plusieurs des grands bâtiments de la ville.

Catherine II a joué le rôle décisif dans le destin urbanistique de Saint-Pétersbourg : trouvant le style « Baroque Rastrelli » trop vieillot, elle le limoge et recrute de jeunes architectes et sculpteurs au style néo-classique comme Jean-Baptiste Vallin de La Mothe, Étienne Maurice Falconet, Nicolas-François Gillet et Antonio Rinaldi. C’est une représentante du siècle des Lumières, au moins jusqu’à la Révolution française, et Catherine fait fortement progresser la culture et l’art. Catherine II crée 25 établissements académiques ainsi que l’institut Smolny, la première école publique russe pour les filles. La statue équestre de Pierre le Grand, monument emblématique de la ville, date également de son règne.

À la fin du XVIIIe siècle et durant la première moitié du XIXe siècle, la ville connaît un épanouissement, d’abord culturel, puis scientifique et technique. La première école de ballet russe est créée en 1738. En 1757, c’est au tour de l’Académie impériale des beaux-arts dans laquelle sont formés encore aujourd’hui peintres, sculpteurs et architectes. Des universités et des  bibliothèques sont créées : en 1783 s’ouvre le théâtre Mariinsky, dans lequel seront joués les premiers opéras russes de Mikhaïl Glinka. En 1804, l’Académie du génie Nicolas est ouverte puis, en 1819, l’université d’État de Saint-Pétersbourg.

L’abolition du servage de 1861 par Alexandre II fait affluer dans la ville un grand nombre de paysans qui ne peuvent se nourrir sur les terres qui leur ont été attribuées. La population (en particulier ouvrière) augmente très rapidement en quelques années.

Les écrivains et les intellectuels se réunissent dans des cercles littéraires et publient des dictionnaires et des revues. Parmi les principales revues, l’Étoile polaire de Ryleïev et Bestouchev et Le Contemporain d’Alexandre Pouchkine.

Le 22 janvier 1905, l’armée mitraille la foule assemblée devant le Palais d’hiver (reconstitution). Appelé « Dimanche rouge », l’événement lance la révolution de 1905.

Les principales grèves, révoltes et révolutions de la période moderne de l’histoire russe, depuis l’insurrection décabriste en décembre 1825 jusqu’à la révolution russe, ont lieu à Saint-Pétersbourg. À la fin du XIXe siècle, les troubles et les petits soulèvements sont un phénomène fréquent dans la ville.

Celle-ci est le théâtre d’un grand nombre d’attentats contre des représentants de l’empereur et de l’administration russes, le plus connu étant l’assassinat d’Alexandre II en mars 1881. Port et ville industrielle importante, sa population ouvrière est nombreuse et sensible aux idées socialistes dès la fin du XIXe siècle.

Des partis et associations révolutionnaires sont créés à Saint-Pétersbourg et réprimés de manière sanglante par la police. Le 20 janvier 1905, le pont égyptien s’effondre lors du passage d’un escadron de cavalerie. La révolution de 1905 se déclenche à Saint-Pétersbourg durant l’épisode du Dimanche rouge. À la suite de cette révolution, la deuxième douma de l’histoire de Russie est convoquée dans la ville. La révolution de février 1917 a également lieu pour l’essentiel à Saint-Pétersbourg. Le signal de départ de la révolution d’Octobre, la même année, est un coup de canon tiré par le croiseur Aurore ancré dans le port de Pétrograd. Lénine transfère la capitale à Moscou peu après.

En 1921, le port voisin de Kronstadt est le centre d’une révolte armée de marins qui contestent le pouvoir bolchevik. Ce soulèvement est durement réprimé puis écrasé par l’armée rouge dirigée par Léon Trotski.

Lénine et Trotski au milieu des soldats de l’Armée rouge ayant combattu à Kronstadt, le 22 mars 1921 à Moscou.

La population de la ville qui avait atteint plus de 2 millions d’habitants avant la révolution est divisée par trois : l’émigration (et l’élimination) de la noblesse, d’une grande partie de l’intelligentsia ainsi que des classes moyenne et aisée libèrent des milliers d’appartements au cœur de la ville qui sont rapidement transformés en appartements communautaires par les familles ouvrières venues de la périphérie. La famine due à la guerre civile (1917-1923) chasse les habitants. La perte du statut de capitale entraîne le transfert de beaucoup d’emplois vers Moscou.

Après la mort de Lénine en 1924, la ville est rebaptisée Léningrad. Le centre du pouvoir soviétique se déplace à Moscou. Staline écarte les dirigeants du parti communiste de Léningrad qui exercent encore une influence sur la direction de l’État soviétique : en décembre 1934, le responsable du parti à Léningrad, Sergueï Kirov, est assassiné à l’Institut Smolny. L’assassinat sert de prétexte au déclenchement d’une féroce répression dans la région de Léningrad d’abord, puis dans toute l’URSS (Grandes Purges), qui va décimer l’élite historique du parti et la population soviétique et permettre à Staline d’asseoir sa dictature : l’ancien président du soviet de Léningrad Grigori Zinoviev est, avec Lev Kamenev, l’une des victimes les plus connues.

L’opposition entre Moscou et Léningrad se manifeste également à cette époque à travers la stratégie de développement de la ville. Le nouveau plan d’urbanisme de Léningrad prévoit de déplacer le centre de la ville autour de la nouvelle place de Moscou et de l’avenue de Moscou (Moscou Prospekt), au sud des quartiers historiques. La forme et les noms choisis sont destinés à nier le rôle historique de la ville et à la faire rentrer dans le rang des villes soviétiques. Le centre-ville hérité de l’ancien régime est laissé à l’abandon, les monuments religieux sont fermés ou reconvertis, et de nombreuses appellations sont modifiées (la perspective Nevski devient l’« avenue du 25 octobre »).

La campagne de collectivisation des terres (1929-1933) entraîne l’arrivée de centaines de milliers de paysans qui se font embaucher dans les usines locales. La population remonte à près de 3 millions d’habitants à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la prise de Léningrad fait partie des objectifs stratégiques assignés par Hitler aux armées allemandes. L’avance des troupes en territoire russe leur permet d’encercler presque complètement Léningrad à compter du 8 septembre 1941 avec l’aide des troupes finlandaises, qui sont revenues sur leur ancienne frontière en Carélie. Les Allemands renoncent à prendre d’assaut la ville, bien défendue par des lignes de tranchées et des obstacles antichars préparés dès juin 1941 et par des troupes placées sous le commandement de Joukov. Les Allemands décident de mettre le siège en coupant toutes les lignes  d’approvisionnement en vivres et munitions en espérant ainsi affamer les trois millions d’habitants et les défenseurs. Le siège dure 900 jours, mais la ville résiste jusqu’à son dégagement par les troupes russes en 1944. Les pertes sont colossales : 500 000 victimes militaires, mais surtout 1,2 million de civils, morts de faim pour la plupart. Durant le siège, 150 000 obus d’artillerie et 100 000 bombes aériennes tombent sur la ville. Les objectifs visés sont les grandes entreprises, mais également les principaux monuments de la ville, les écoles, les dépôts de tramway ainsi que les quartiers résidentiels pour tenter de démoraliser la population. L’unique lien avec l’extérieur est assuré par la voie aérienne (mais les Allemands ont la maîtrise des airs) et par le sud du lac Ladoga dont les Soviétiques conservent la maîtrise. Sur ce dernier, durant l’hiver 1941, une route est tracée (en russe : Дорога жизни la route de la vie) et une voie de chemin de fer est posée, mais une partie du parcours est sous le feu de l’artillerie allemande : sur trois camions tentant de forcer le blocus, un seul parvient en moyenne à Léningrad. Plus d’un million de personnes sont évacuées par ce chemin, pour la plupart des enfants. La première année, la famine est terrible et fait près de 500 000 victimes. Les autorités de la ville sont mal préparées au siège et l’évacuation comme le ravitaillement sont  désorganisés. Les attaques aériennes anéantissent une partie du stock de nourriture. Dès octobre 1941, les rations tombent à 400 grammes de pain par travailleur, 200 grammes pour les enfants et les femmes. Cette ration est à nouveau réduite en novembre respectivement à 200 grammes et 125 grammes. L’hiver est particulièrement froid avec des températures de −40 °C et les habitants manquent de combustible pour se chauffer. En janvier 1942, la famine est à son comble. Les gens tombent et meurent dans la rue sans que personne n’intervienne. Les morts ne sont plus enterrés. Le nombre de victimes civiles culmine en janvier 1942 avec près de 100 000 décès. Le blocus est total jusqu’à ce que l’opération Iskra desserre l’étau en janvier 1943 : les troupes soviétiques de Léningrad et celles du front de Volkhov réussissent après des combats acharnés à ouvrir un corridor au sud du lac Ladoga, par lequel peut passer le ravitaillement à partir du 18 janvier 1943. En janvier 1944, une offensive soviétique sur le front sud permet de lever le blocus : une route terrestre est enfin ouverte. Durant l’été 1944, les troupes finlandaises sont à leur tour repoussées.

Léningrad se retrouve après la Seconde Guerre mondiale dans une situation paradoxale. D’un côté, la ville devient le symbole de la résistance soviétique aux envahisseurs et des souffrances endurées par le pays, d’un autre côté, cette période est marquée jusqu’aux années 1950 et au-delà par les luttes de pouvoir entre les fonctionnaires de Moscou et de Léningrad. La  reconstruction de la ville est une question de prestige pour l’Union soviétique. Aussi en très peu de temps, un million d’ouvriers se mettent à reconstruire la ville avec la volonté de restaurer les édifices les plus prestigieux. En 1945, Léningrad se voit décerner le titre de « ville héroïque ».

Après-guerre, de nouveaux quartiers sont édifiés : le volume de logements construits culmine en 1963. Par contre, le 250e anniversaire de la ville en 1953 est repoussé car à cette époque, la lutte de pouvoir avec Moscou est toujours en cours et une célébration de ce type aurait pu être mal interprétée. Par ailleurs, la mort récente de Staline s’accommodait mal d’une fête. La célébration a finalement lieu en 1957 sous Nikita  Khrouchtchev sans mentionner qu’il s’agit en fait du 254e anniversaire.

Au cours des années suivantes, la ville conserve son rôle de grande ville industrielle et de centre scientifique majeur de l’Union soviétique. Mais il est clair à cette époque que le centre politique et culturel se trouve  désormais à Moscou. La population avait été marquée par les événements de la guerre et une grande partie de ses habitants s’y étaient installés après-guerre, aussi leur attachement à Léningrad était de plus en plus faible.

En 1988, un incendie à l’Académie des sciences détruisit près d’un million d’ouvrages stockés dans la bibliothèque. En 1989, le centre-ville est déclaré zone protégée.

Le 12 juin 1991, les habitants de la ville se sont prononcés par référendum pour que la ville retrouve son nom originel ce qui devient effectif le 6 septembre 1991. Toutefois, la région a gardé son nom soviétique (l’oblast de Léningrad).

Durant la tentative de putsch contre le président Boris Eltsine en octobre 1993, le maire de Saint-Pétersbourg Anatoli Sobtchak rassemble les partisans de la démocratie pour manifester devant le palais d’Hiver contre les putschistes.

En 1991, la superficie de la ville de Saint-Pétersbourg augmente  considérablement par intégration des villes satellites de Kolpino, Krasnoïe Selo, Pouchkine, Lomonossov, Pavlovsk, Kronstadt, Peterhof, Sestroretsk et Zelenogorsk. Ces villes sont désormais considérées comme des quartiers de Saint-Pétersbourg et ne font plus partie du territoire de l’oblast de  Léningrad.

Le 27 mai 2003, les fêtes du 300e anniversaire de la fondation de la ville sont célébrées. À cette occasion, des quartiers de la vieille ville et plusieurs palais sont restaurés. La ville se retrouve pour la première fois depuis longtemps au centre de l’attention du monde entier. Comme les rénovations avaient surtout concerné les façades et certains édifices prestigieux, des critiques soulignèrent qu’il s’agissait d’une restauration à la manière des villages de Potemkine. Toutefois, ces critiques cessèrent par la suite, car les travaux se poursuivirent après le jubilé et continuent encore aujourd’hui en partie grâce à des investisseurs privés.

Le 3 avril 2017, une attaque terroriste kamikaze à la bombe dans le métro de Saint-Pétersbourg fait 14 morts et 51 blessés.

Source : Wikipédia.

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