Alexandre II (empereur de Russie).

Alexandre II (en russe : Александр II Николаевич) (Moscou, 29 avril 1818 – Saint-Pétersbourg, 13 mars 1881), empereur de Russie (3 mars 1855 – 13 mars 1881), dit « le Libérateur », est également grand-duc de Finlande et roi de Pologne jusqu’en 1867, date à laquelle la Pologne est formellement annexée par l’Empire russe.

Il est principalement connu pour ses réformes, notamment l’abolition du servage. Malgré les grandes réformes libérales mises en place, il est assassiné, le 1er mars 1881 (13 mars dans le calendrier grégorien), lors d’un attentat organisé par le groupe terroriste russe Narodnaïa Volia.


À la mort de son père le 2 mars 1855, il monte sur le trône sous le nom d’Alexandre II. Il est couronné ainsi que son épouse Maria Alexandrovna le 26 août / 7 septembre 1856 dans la cathédrale de la Dormition située dans le Kremlin de Moscou.

Après la guerre de Crimée en 1856, où la Russie est vaincue par la France, le Royaume-Uni et l’Empire Ottoman, il tente d’adapter la monarchie russe en faisant de grandes réformes.

Après la défaite de la Russie lors de la guerre de Crimée et face à la multiplication des révoltes paysannes locales, le jeune empereur Alexandre II pense que la force et la tranquillité de l’Empire dépendent du règlement de la question agraire et en particulier de la fin du servage.

La politique menée par le tsar rencontre de grandes résistances du côté de la noblesse et six années de débats au sein de multiples commissions et  comités sont nécessaires pour aboutir à l’établissement d’un nouveau statut : le 19 février 1861, Alexandre II proclame par un oukase la liberté personnelle des serfs (les paysans des domaines de l’État la possèdent déjà depuis 1858).

L’oukase règle tout d’abord le statut juridique des paysans : ces derniers deviennent des « sujets ruraux libres ». Ils ne peuvent plus être vendus, achetés ou échangés ; ils sont libres dans leur vie privée (ils obtiennent le droit d’exercer un métier, de posséder un bien, de choisir de se marier) mais, durant les deux années qui suivent l’acte de libération, les paysans restent assujettis aux anciennes corvées et obligations économiques dues au seigneur et ne peuvent se déplacer sans l’accord du pomiechtchik pendant deux ans puis sans l’accord de la commune (mir) par la suite.

Le problème le plus délicat concerne la propriété de la terre. Le paysan libéré ne devient pas propriétaire de la terre qu’il cultive. La moitié des terres revient aux paysans, le reste aux propriétaires. Chaque paysan reçoit un lot de 3,5 déciatines (environ 4 ha) mais cette concession n’est pas gratuite : il doit racheter la terre, payable en 49 annuités à l’État qui, de son côté, avance la somme aux propriétaires. L’évaluation des terres réalisée par l’administration est très favorable aux propriétaires.

Par ailleurs, les terres ne sont pas attribuées directement à chaque paysan mais à la commune paysanne (mir) qui les répartit ensuite entre les paysans.

En janvier 1864 sont créées dans les provinces et les districts des  assemblées (zemstvos) élues au suffrage indirect qui reçoivent la responsabilité du budget local, de l’instruction publique, de la construction des routes et des ponts et de la création de dispensaires. En 1870, la gestion des villes est confiée à des doumas suivant à peu près le même principe que pour les zemstvos.

Ces institutions sont très imparfaites sur le plan démocratique mais, pour la première fois, une part non négligeable de la population russe est appelée à participer à la gestion des affaires au moins locales. Toutefois, après les premiers décrets, l’influence du parti conservateur conduit à la publication de nouveaux décrets restreignant l’autonomie accordée initialement, faisant monter le mécontentement dans la population.

À la fin de 1864 est promulguée la réforme de la justice. « Vérité et clémence régissent la justice », tel est le sens de cette réforme8. Le système judiciaire russe, qui était fort en retard, se rapproche des autres modèles européens.

La justice est désormais séparée de l’administration : l’instruction est confiée à des juges inamovibles, les débats deviennent publics et contradictoires, des avocats défendent les accusés et, pour les procès criminels, des jurys sont institués.

Des procédures d’appel sont organisées aux différents échelons : au Congrès des juges de paix pour les districts, à la Cour d’appel pour les affaires les plus graves, au Sénat pour les pourvois en cassation.

L’arbitraire ne disparaît pas pour autant : internements et déportations en Sibérie continuent à se faire sur simple décision administrative.

La guerre de Crimée a exposé les grandes lacunes de l’Empire russe sur le plan industriel. Selon l’historien Georges Sokoloff, cela s’est manifesté sur le champ de bataille par un manque flagrant de navires à vapeur, mais aussi sur le plan de l’armement : en pleine apogée du fusil à canon rayé, aussi nommé Stutzen, l’armée britannique disposait d’un Stutzen pour deux soldats, un pour trois soldats pour l’armée française, et seulement un pour vingt-trois soldats chez les Russes.

Dans ce contexte, une des ambitions majeures du nouveau tsar est de rattraper ce retard industriel, et en premier lieu dans le domaine ferroviaire. Par un oukaze de 1857, Alexandre II fonde la Société principale des chemins de fer russes, chargée de la supervision de la construction de lignes de chemin de fer dans l’empire. Mais en raison d’un manque de ressources financières, bancaires et techniques, le pouvoir impérial est contraint de faire appel au savoir-faire d’entreprises européennes. Ainsi, toujours en 1857, une concession ferroviaire de 4000 km de chemin de fer est concédée aux frères Pereire, permettant un accroissement majeur du réseau ferroviaire sur un temps court, passant de 350 km de voie ferrée en 1857 à 2000 en 1860.

À l’échelle de l’ensemble du règne d’Alexandre II, les progrès en la matière sont également considérables : de 1864 à 1867, le réseau s’allonge de 12 600 kilomètres environ. En 1883, soit seulement deux ans après la mort du tsar, il s’évalue 24 000 kilomètres de longueur. Mais cette croissance du réseau ferroviaire russe est encore très largement insuffisante à l’échelle de l’ensemble de l’empire. En effet, les territoires situés dans l’Arctique et la Finlande sont très peu desservis, et les chemins de fer sont quasi inexistants dans les terres d’Asie Centrale. L’essentiel des voies ferrées sont concentrées dans la partie occidentale de l’empire, surtout en Russie d’Europe.

Alexandre II se montre incapable de résoudre le problème que pose toute politique de changement : où s’arrêter ? Il reste très attaché à la structure impériale russe : entre 1855 et 1880, aucun progrès n’est enregistré dans la voie du constitutionnalisme et du parlementarisme ; alors que les monarchies européennes se posent la question à l’image du Royaume-Uni, principale puissance européenne.

Ainsi, après un début de règne réformateur, accueilli chaleureusement par toutes les couches de la population (le tsar est acclamé à l’Opéra le soir de la publication du décret de l’abolition du servage), on assiste ensuite à un repli sur des positions de plus en plus conservatrices qui viennent réduire  fortement les ébauches de libéralisation du début du règne, ainsi qu’une forte répression envers les « esprits nouveaux » (étudiants et nihilistes) qui s’intéressent aux mouvements réformateurs venus d’Europe. Les arrestations arbitraires menées par la Troisième section de la Gendarmerie se multiplient, de nombreux intellectuels réformateurs se retrouvent emprisonnés dans la célèbre forteresse Pierre-et-Paul.

Ce n’est que vers la fin du règne que le ministre de l’Intérieur Mikhaïl Loris-Melikov, sans être vraiment libéral, estime qu’il faudrait modifier la façon de gouverner : il est hostile à tout projet constitutionnel mais estime qu’il conviendrait d’écouter l’opinion d’individus éclairés. Les projets qu’il soumet à l’empereur consistent à créer un Conseil d’Empire où siègeraient de 10 à 15 membres élus mais cet organe ne serait que consultatif. Alexandre II est décidé à accepter ce projet quand il est assassiné le 13 mars 1881.

D’autre part, le peuple demande de meilleures conditions de travail et les minorités plus de libertés. Lorsque les radicaux se forment en sociétés secrètes, il prend de sévères mesures répressives pour faire face à l’agitation révolutionnaire qui commence à gagner le pays et adopte une politique plus répressive.

Un noyau de populistes fonde en 1876 l’organisation Zemlia i Volia (Terre et Liberté), organisation strictement centralisée dont le but affirmé est d’abattre l’autocratie. Les plus radicaux se regroupent en 1879 dans Narodnaïa Volia (Volonté du Peuple) et se lancent à corps perdu dans une offensive terroriste contre le gouvernement : ils sont convaincus qu’étant donné l’extrême centralisation de l’État russe, quelques assassinats judicieux peuvent causer au régime des dommages incalculables. Commence alors une « chasse à l’empereur » : à l’issue de sept tentatives ratées ou déjouées par la police, Alexandre II trouve la mort le 13 mars 1881 à Saint-Pétersbourg dans un attentat à la bombe.

Cette victoire est sans lendemain : l’organisation est dissoute par la police et les auteurs de l’attentat pendus, le régime impérial renforce la réaction.

Alexandre II fut la cible de onze tentatives d’assassinat.

Le 16 avril 1866, au cours d’une promenade dans le jardin d’été de Saint-Pétersbourg, Dmitri Karakozov tire un coup de pistolet sur le tsar. Le coup est miraculeusement dévié par un passant, Ossip Komissarov. Ce dernier est anobli. Karakozov est un étudiant russe lié à des cercles révolutionnaires. Il est pendu le 15 octobre suivant. C’est le premier attentat visant un souverain russe perpétré par un simple sujet. Cet événement incita Alexandre II à plus de prudence dans ses ambitions de réformes et à adopter des solutions autoritaires (nomination de Pierre Chouvalov comme chef de la police secrète – section III).

Le 6 juin 1867 à Paris, Napoléon III et Alexandre II essuient deux coups de feu dans le bois de Boulogne alors qu’ils reviennent ensemble d’une revue militaire. L’auteur, Antoni Berezowski, exilé polonais, fut condamné aux travaux forcés à perpétuité au bagne de Nouvelle-Calédonie, dans un climat très favorable à la cause polonaise, ce qui refroidit les relations franco-russes.

Le 14 avril 1879, près du palais à Saint-Pétersbourg, Alexandre Soloviev tire à plusieurs reprises sur le tsar sans l’atteindre. Il est condamné à mort et pendu le 9 juin.

L’organisation terroriste Narodnaïa Volia (la Volonté du Peuple) échoue par deux fois, en novembre et décembre 1879 dans des attentats à l’explosif contre le train impérial.

Le 17 février 1880, le même groupe révolutionnaire place une charge d’explosif dans les sous-sols du palais, au-dessous de la salle à manger. Alexandre II étant en retard par rapport au service échappa à l’attentat, qui fit de nombreuses victimes (morts et blessés) parmi les soldats de la Garde impériale.

Il succombe le 13 mars 1881 à Saint-Pétersbourg avant d’avoir pu octroyer une constitution à son peuple. Il est victime d’un attentat au retour d’une visite au manège où il assista à une parade militaire. Les conjurés étaient conduits par la révolutionnaire Sofia Perovskaïa, qui avait pris le relais de son compagnon Andreï Jeliabov, lequel venait de se faire arrêter. Ils  s’organisèrent en plaçant plusieurs lanceurs de bombes sur les deux itinéraires possibles. La première bombe est lancée par Nikolaï Ryssakov. Elle fait plusieurs victimes dont deux cavaliers et un jeune commis pâtissier, mais l’empereur étant dans un coupé fermé, n’est pas atteint et s’en sort indemne. Refusant de fuir, il sort voir qui est le poseur de bombe et, très calme et gérant toute émotion comme lors des attentats précédents, il remercie Dieu de l’avoir épargné une fois de plus. Le coupable ricane et lance ce défi au Tsar “N’est ce pas trop tôt pour rendre grâce à Dieu ? “. Quelques secondes plus tard une deuxième bombe explose, lancée par Ignati Grinevitski. L’empereur est mortellement blessé, les jambes et le bas-ventre déchiquetés, le visage mutilé, l’hémorragie est épouvantable, l’empereur ne peut plus bouger, il perd connaissance bredouillant “Portez-moi au palais… et là mourir…” Ce sera son dernier ordre. Ramené au palais d’Hiver, Katia accourt, son mari est inerte, le pied gauche arraché, un œil fermé, l’autre sans vie. Les chirurgiens s’affairent pour le sauver, Katia psalmodie des mots tendres qu’il ne peut entendre. Elle avait eu un pressentiment et avait supplié le Tsar de ne pas se rendre à la cérémonie. Il succombe quelques heures plus tard. Son assassin est également victime de son acte. Nikolaï Ryssakov est arrêté. Interrogé par les agents de la sécurité, il dénonce ses camarades, espérant ainsi sauver sa tête. Mais il est pendu le 3 avril 1881 avec les autres membres des Pervomartovtsi (littéralement : Ceux du 1er mars), Andreï Jeliabov, Sofia Perovskaïa, Timofeï Mikhaïlov et Nikolaï Kibaltchitch, pour régicide. La population est traumatisée par cet évènement.

Katia est brisée, elle ne deviendra jamais impératrice. Après l’inhumation de son mari, elle quitte la Russie avec ses enfants et n’y reviendra jamais. Elle mourra à Nice en 1922 où elle avait acheté quelques années auparavant une belle demeure. Elle assistera de très loin à la fin tragique des Romanov durant la révolution Russe.

Source : Wikipédia.

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