Ville de Kherson (Ukraine).

Kherson (ukrainien : Херсон ; russe : Херсон,) est une ville du sud de l’Ukraine. Elle est la capitale administrative de l’oblast de Kherson. Sa population s’élevait à 279 131 habitants au 1er janvier 2022. La ville, qui a été fondée sur la rive droite du Dniepr par Catherine II Impératrice de Russie en 1778 sur un territoire qui faisait partie du khanat de Crimée, a abrité dès ses débuts un chantier naval, puis a développé une industrie de transformation des produits agricoles fournis par la région.

Durant l’ère soviétique (1922-1991) l’industrie se développe fortement, en particulier le secteur de la construction et de la réparation navale, celui de la métallurgie et de la mécanique légère ainsi que l’industrie alimentaire. La population croit rapidement passant de 70 000 à 355 000 habitants durant cette période.

Les forces russes capturent la ville le 2 mars 2022, à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ce contrôle revêt une dimension symbolique forte puisqu’il s’agit de la seule capitale régionale ukrainienne que l’armée russe soit parvenue à conquérir depuis le début de l’invasion. Le 9 novembre 2022, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou ordonne le retrait des troupes russes de la rive droite du Dniepr et donc par voie de conséquence de la ville de Kherson. Le 11 novembre, l’armée ukrainienne reprend la ville.


Le territoire sur lequel se situe Kherson est occupé par des populations principalement guerrières et nomades d’origine orientale (Pectchenègues, Coumans) lorsqu’au XIIIe siècle les Mongols envahissent la région et l’intègrent à la Horde d’Or. À la suite de l’éclatement de cet empire mongol, la région est rattachée en 1441 au khanat de Crimée. Certaines cartes indiquent qu’une agglomération, baptisée Belkhovichi, aurait existé au XVIe siècle et XVIIe siècle sur l’emplacement actuel de Kherson. Au XVIIIe siècle l’Empire russe en pleine expansion s’empare progressivement de l’ensemble du territoire du khanat.

Sur les cartes du XVIIe siècle, et jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, la ville de Bilehowisce (Біліховичі, Білховичі) probablement en situation de déclin, était située à l’emplacement de la future ville de Kherson. Durant la guerre austro-russo-turque de 1735-1739 les Russes construisent en 1737 un fort sur la rive droite du Dniepr avant le delta du fleuve à l’emplacement de la future ville de Kherson. La victoire définitive de la Russie sur le khanat de Crimée (Guerre russo-turque de 1768-1774) donne aux Russes un accès à la mer Noire. Ils décident de construire au pied de la forteresse un chantier naval qui doit permettre de constituer une flotte de guerre. L’impératrice Catherine II décide en 1778 de faire construire outre le chantier naval, une forteresse et une ville qui est baptisée Kherson en l’honneur de la colonie grecque de l’Antiquité Chersonèse (Khersones en russe). Le favori de l’impératrice, Grigori Potemkine, est chargé de la colonisation des régions conquises (la Nouvelle-Russie) et joue un rôle central à ce titre dans la conception et la réalisation de la ville. L’officier de marine Ivan Hannibal dirige la construction de la forteresse, baptisée Alexanderschatz, et celle de la ville. Un des premiers bâtiments construits est la cathédrale Sainte-Catherine où Potemkine sera enterré par la suite. Dès 1783 un navire de ligne de 66 canons est lancé par le chantier naval. Kherson restera jusqu’en 1827 le siège de l’amirauté russe de la Mer Noire.

Kherson devient un centre de commerce important grâce à ses liaisons maritimes avec les ports des autres pays méditerranéens. Cette activité est favorisée par l’annexion de la Pologne par la Prusse en 1772 (premier partage de la Pologne) qui isole le bassin de la Vistule de la mer. Faute de débouchés, les régions céréalières du sud de la Pologne se tournent vers la mer Noire pour écouler leur production via les fleuves du Dniestr et du Boug méridional. Mais le transfert du siège de l’amirauté au port de Mykolaïv et la fondation d’Odessa en 1794 réduisent progressivement l’activité du port et du chantier naval. En 1803 Kherson devient le chef-lieu de la Nouvelle-Russie, région rassemblant les nouvelles conquêtes de la Russie au sud de l’Ukraine qui comprend notamment les oblasts actuels d’Odessa, de Kherson et Kirovograd). Armand-Emmanuel du Plessis de Richelieu, devenu gouverneur de la ville en 1805, consacre une partie des taxes perçues sur le territoire de la province à l’extension de la ville.

Jusque dans les années 1850 la principale activité de Kherson est la transformation des produits agricoles. Mais à partir des années 1860 l’industrie se développe rapidement. La population de la ville atteint près de 60 000 habitants en 1897 dont 47 % de Russes, 29 % d’Ukrainiens et 20 % de juifs. En 1907 la première ligne de chemin de fer reliant Kherson aux principales villes du pays est inaugurée. Le port de commerce reprend de l’importance grâce au creusement d’un chenal qui permet aux navires ayant jusqu’à sept mètres de tirant d’eau d’y accéder. Le trafic du commerce atteint ainsi 1,1 million de tonnes en 1913. En 1914 la ville comprend deux chantiers navals, trois fonderies de fer, quatre grandes scieries, cinq tanneries, une usine de tabac, neuf imprimeries et deux brasseries qui emploient 8 500 ouvriers en tout. Durant la révolution russe de 1905 la ville est le siège de grèves ouvrières et d’une mutinerie d’un bataillon disciplinaire.

À la suite de la révolution russe de 1917, qui renverse le régime impérial, Kherson change de main à plusieurs reprises au cours de la guerre civile russe. Le pouvoir est détenu initialement par des représentants de la République populaire ukrainienne avant d’être chassé en janvier 1918 par les troupes bolchéviques qui sont elles-mêmes expulsées de la ville par les troupes austro-allemandes en avril 1918. En 1919 la ville est occupée quelques mois par les Français et les Grecs venus soutenir les Armées blanches. Cette intervention donne lieu à de violents combats en mars 1919 entre les Franco-Grecs et les forces ralliées à l’Armée rouge venues les chasser.

La population de la ville est décimée par la famine entre 1921 et 1923 passant de 75 000 à 41 000 habitants mais elle reprend sa croissance par la suite et en 1939 la population atteint 97 000 habitants. Sous le nouveau régime sont inaugurés la ligne de chemin de fer reliant Kherson aux régions de l’est de l’Ukraine et un premier barrage sur le Dniepr (DniproHES) facilitant la navigation sur le fleuve. Ces deux réalisations contribuent à favoriser l’activité portuaire de Kherson. Plusieurs grands établissements industriels sont créés dont une conserverie, une usine de fabrication de moteurs, une autre de fabrication de machines électrique et une raffinerie de pétrole.

Le massacre des officiers et de l’intelligentsia polonaise perpétré par le NKVD à la suite de l’Invasion soviétique de la Pologne (1939) se déroule en partie à Kherson. À la suite de l’entrée en guerre de l’Allemagne contre l’Union soviétique en 1941, la ville est occupée par les troupes nazies après un affrontement qui dure trois jours et s’achève le 18 août 1941. Durant l’occupation les allemands sont confrontés aux mouvements de résistance organisés d’une part par les nationalistes ukrainiens (OUN) et d’autre part par l’Armée rouge.

Vers la fin du mois de septembre 1941, les troupes d’occupation ont transféré quelques milliers d’habitants à la prison municipale puis quelques jours après, ils les ont exécutés dans les sites entre le village de Zélénivka et Kherson même. Les exécutions ont duré deux jours. Selon Youri Karapouline plus de dix mille personnes ont été tuées.

À partir de la bataille de Stalingrad, les troupes soviétiques font reculer progressivement les armées allemandes. Entre le 2 novembre et le 21 décembre 1943 elles détruisent la tête de pont que les Allemands tentent de maintenir sur la rive gauche du Dniepr face à Kherson. Deux mois plus tard elles franchissent le fleuve vers Antonivka et libèrent la ville à la suite de combats qui ont lieu entre les 11 et 13 mars 1944. Durant le conflit Les habitants de Kherson ont payé un lourd tribut. De nombreux civils ont péri et la communauté juive qui représentait 26 % de la population a été exterminée en majeure partie par les nazis. Elle ne représente plus que 6 % de celle-ci en 1959.

Au cours des décennies qui suivent la Seconde Guerre mondiale, Kherson voit son activité industrielle se renforcer. Sont notamment construits durant cette période deux grands chantiers navals, une des plus grandes usines textiles d’Union soviétique et une raffinerie. Le port joue un rôle croissant dans l’exportation des produits agricoles de l’Ukraine. La population atteint 261 000 habitants en 1970. L’exode rural, qui touche les campagnes du fait de la collectivisation des terres et de la mécanisation des travaux agricoles, fait passer la proportion des Ukrainiens de 36 à 63 % entre 1926 et 1959. Au cours des années 1960, un réseau de lignes de trolleybus ainsi qu’une liaison maritime régulière avec Odessa par hydroptère sont créés. En 1977 est inauguré le pont d’Antonivka, premier pont routier à franchir le Dniepr sur cette partie du fleuve (et le seul existant en 2022).

La population de l’oblast de Kherson se prononce massivement (90,1 % de votes favorables avec une participation de 83,4 %) en faveur de l’indépendance de l’Ukraine lors du référendum national organisé le 1er décembre 1990.

À la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, Kherson devient la capitale du gouvernement en exil de la république autonome de Crimée.

La Russie déclenche l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022 et dès le premier jour les forces russes en provenance de Crimée au sud parviennent à s’emparer du pont routier d’Antonivka situé à la périphérie nord-est de Kherson, seul ouvrage permettant le franchissement du Dniepr sur une longueur de 100 kilomètres. Les forces ukrainiennes parviennent à reprendre possession du pont le lendemain matin mais perdent à nouveau son contrôle au cours de la même journée. Les combats dans Kherson et autour de la ville s’achèvent le 2 mars 2022 par la victoire des troupes russes. Dans les jours suivants les troupes russes tentent d’élargir leur tête de pont sur la rive droite du Dniepr en poursuivant leur offensive en direction de Mykolaïev à 60 kilomètres au nord-ouest avec comme objectif final de s’emparer d’Odessa et de l’ensemble de l’Ukraine du sud. Mais leurs troupes qui sont parvenues à pénétrer dans la ville de Mykolaïev sont repoussées. L’offensive s’arrête le 8 avril et au cours des mois suivants la tête de pont sur la rive droite du Dniepr est pratiquement cantonnée au territoire de l’oblast de Kherson situé sur cette rive du fleuve.

À compter de juillet 2022, les troupes ukrainiennes lancent une contre-offensive visant à reprendre possession des territoires situés sur la rive droite du Dniepr et de Kherson. L’artillerie est utilisée pour détruire les ponts permettant de franchir le Dniepr (en particulier le pont routier d’Antonivka) qui permettent le ravitaillement des troupes russes. Néanmoins les gains territoriaux sont minimes et se font au prix de pertes sensibles côté ukrainien. Cette offensive a toutefois comme résultat de déclencher le renforcement des troupes russes en dégarnissant le front nord vers Kharkiv ce qui facilitera une percée ukrainienne dans cette région.

Prélude à l’annexion, les autorités d’occupation annoncent fin septembre l’octroi de passeports russes aux habitants, ainsi que le passage au rouble. Début octobre, deux jours après la proclamation russe, les Ukrainiens parviennent à percer au nord de la zone occupée par les Russes le long du Dniepr et parviennent à reprendre dans le cadre d’une offensive éclair plus de 2 400 km2. Les troupes russes se replient toutefois en bon ordre et l’avancée ukrainienne marque le pas au cours des semaines suivantes. Le 22 octobre les autorités d’occupation russes demandent aux habitants de Kherson de quitter la ville en prenant comme prétexte la situation militaire tendue.

Le 9 novembre 2022 Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense, ordonne le retrait des forces russes de la rive droite du fleuve Dniepr de la ville et de la région ukrainienne de Kherson. Le 11 novembre 2022, après 254 jours d’occupation russe, la ville de Kherson est libérée par l’armée ukrainienne. Après le retrait russe de la ville de Kherson, Alexandre Fomine déclare le 12 novembre que la capitale provisoire de l’oblast sera Henitchesk, près de la flèche d’Arabat.

Toutefois, après le départ des russes, leur vengeance s’abat sur Kherson fin novembre 2022. Le 28 novembre 2022, les habitants fuient la ville de plus belle et seulement 17% des points d’accès électriques ont été restaurés.

Source : Wikipédia.

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