Lamborghini, constructeur automobile.

Lamborghini est un constructeur automobile fondé en 1963 par l’industriel Ferruccio Lamborghini et installé à Sant’Agata Bolognese en Italie.

L’entreprise est d’abord spécialisée dans la construction de tracteurs agricoles destinés à répondre à une demande croissante d’une Italie dévastée par la guerre et en pleine reconstruction.

Ayant fait fortune en à peine dix ans, Ferruccio Lamborghini décide d’assouvir sa passion pour les « belles mécaniques » et les GT italiennes. Désireux de produire des automobiles plus performantes, plus sophistiquées et plus fiables que les Ferrari et Maserati, il fonde, le 30 octobre 1963, la firme Automobili Lamborghini spécialisée dans la production de voitures sportives de prestige.

En 1971, la société de construction de matériel agricole Trattori Lamborghini est vendue au groupe Same Deutz-Fahr Group, Lamborghini se consacrant alors uniquement à la conception d’automobiles. De nombreuses entreprises vont acquérir la firme italienne jusqu’en 1998, date à laquelle Lamborghini est repris par l’Allemand Audi (groupe Volkswagen), le propriétaire actuel.

Malgré l’absence de références en compétition, les Lamborghini — de la 350 GT à l’Huracan — ont réussi à se hisser aux côtés des automobiles d’exception. Fort du génie du carrossier Nuccio Bertone et du talent de l’artiste Marcello Gandini, les Lamborghini ont fait preuve d’« un esprit avant-gardiste, d’une grande capacité d’innovation et d’un design d’exception ».


L’histoire du constructeur italien débute avec son fondateur éponyme, Ferruccio Lamborghini, enfant de vendangeur de la commune de Cento, en Émilie-Romagne, province du nord de l’Italie. Après avoir réalisé des études à l’institut technique Fratelli Taddia près de Bologne, Ferruccio Lamborghini s’engage en 1940 dans l’armée de l’air italienne où il œuvre en tant que mécanicien dans la garnison basée sur l’île de Rhodes, avant de devenir le superviseur de l’unité de maintenance véhicule.

La guerre terminée, Ferruccio Lamborghini ouvre un garage à Pieve di Cento, sa ville natale. Alors qu’il découvre d’énormes stocks de matériels militaires à l’abandon lors de son voyage de noces, il a l’idée de construire des tracteurs avec des pièces de récupération issues des surplus. Ses connaissances en mécanique et la forte demande d’une Italie dévastée par la guerre en pleine reconstruction lui permettent d’entrer rapidement dans l’industrie de construction de tracteurs. En 1948, Ferruccio Lamborghini fonde « Trattori Lamborghini » et, dès le milieu des années 1950, il produit près de 1 000 tracteurs par an, devenant ainsi l’un des principaux acteurs du marché.

Propriétaire de plusieurs Ferrari 250, Lamborghini les trouvait certes performantes mais trop peu confortables.

Désormais fortuné, Ferruccio Lamborghini peut enfin s’adonner à sa passion pour les automobiles de prestige. En 1958, il fait notamment l’acquisition de plusieurs Ferrari 250 GT. Il considère que les Ferrari sont des automobiles performantes mais trop bruyantes et peu confortables, marquées par des intérieurs dépouillés, pour devenir des automobiles prospères. Mais le plus ennuyeux concernait l’embrayage ; Ferruccio Lamborghini devait constamment retourner à Maranello, ville où est installée Ferrari, pour remplacer l’embrayage défectueux de ses 250 GT. Frustré par la nature récurrente des problèmes, il n’hésite pas à s’en plaindre auprès d’Enzo Ferrari.

Selon le magazine Thoroughbred & Classic Cars de 1991, relatant une interview de Ferruccio Lamborghini, ce dernier aurait adressé à Enzo Ferrari des conseils sur la manière d’améliorer ses automobiles. Ferrari, furieux, lui aurait alors répondu : « Tu sais conduire un tracteur, mais tu ne sais pas conduire une Ferrari10. » Ferruccio Lamborghini, conscient que personne ne serait capable de lui offrir la voiture parfaite, se décide alors à la concevoir lui-même. Quelques années plus tard, il avoua « Si Enzo Ferrari ne m’avait pas asséné cette mesquinerie un jour où je me plaignais d’insolubles problèmes sur ma propre Ferrari, je n’aurais peut-être jamais construit mes voitures. »

Selon l’industriel italien, une automobile de grand tourisme se doit de procurer à son conducteur de hautes performances sans compromis en termes de motricité et de tenue de route mais également sur la qualité de l’habitacle. Confiant en sa capacité à surclasser Ferrari, de retour dans son garage à Pieve di Cento, Ferruccio Lamborghini et ses ouvriers décident de « décortiquer » sa Ferrari 250 GT. La culasse du moteur est remplacée par une culasse conçue par l’industriel tandis que six carburateurs double corps sont installés sur les 12 cylindres en V. Selon Ferruccio Lamborghini, les essais réalisés ont démontré que l’automobile modifiée était capable d’atteindre une vitesse d’au moins 25 km/h supérieure à celle de la Ferrari sortie d’usine.

Selon certaines sources, il serait entré sur le marché des automobiles exotiques dans le but de prouver qu’il était capable de surclasser la marque Ferrari. Pour d’autres sources, il aurait vu à cette époque une opportunité financière de produire des automobiles. Dans tous les cas, ce fut la naissance d’une rivalité historique entre Enzo Ferrari et Ferruccio Lamborghini.

En juillet 1963, un panneau de signalisation est érigé au 12 via Modena, dans la commune de Sant’Agata Bolognese, située à moins de 30 km de Pieve di Cento, annonçant « Qui Stabilimento Lamborghini Automobile » (L’usine automobile Lamborghini). Le 30 octobre 1963, Automobili Lamborghini est officiellement fondé4. Les raisons qui ont amené Ferruccio Lamborghini à fonder son entreprise de construction automobile à Sant’Agata Bolognese sont nombreuses. Ayant signé un accord financier avec la majorité communiste de la ville, il n’aura pas à payer de taxe sur les profits réalisés par l’entreprise pendant les dix premières années de production. En contrepartie, les ouvriers auront la possibilité de se syndiquer. Par ailleurs, la ville est ancrée au cœur d’une région dont l’histoire est marquée depuis longtemps par l’industrie automobile, si bien que Lamborghini aura aisément accès aux industriels et carrossiers automobiles expérimentés.

Peu avant que ne soit fondée l’entreprise, Lamborghini sollicite les services de Giotto Bizzarrini, ingénieur italien ayant notamment participé à la réalisation de la Ferrari 250 GTO. Travailleur indépendant, il est chargé de réaliser le dessin d’un moteur V low de 3,5 L ; 4,5 millions de Lires lui seront offerts pour son travail, ainsi qu’un bonus pour chaque cheval-vapeur développé de plus par rapport au moteur V12 Colombo de Ferrari. Inspiré par un V12 de Formule 1 de 1,5 L, le moteur réalisé par Bizzarrini, à quatre arbres à cames en tête et lubrifié par carter sec, développe 360 ch à 8 000 tr/min. Lamborghini est ravi du résultat.

Il possède donc un moteur mais pas encore d’automobile dans laquelle l’installer. En 1963, Lamborghini fait alors appel au brillant ingénieur Gian Paolo Dallara, âgé de seulement 24 ans, ayant œuvré à ses débuts pour Ferrari et Maserati. Mandaté pour mener à bien la conception d’une automobile de tourisme, Dallara réunit une équipe dont prend part son adjoint Paolo Stanzani, âgé de 25 ans, ainsi que le Néo-Zélandais Bob Wallace, connu dans le monde du sport automobile pour avoir travaillé avec les meilleurs mécaniciens de course dans des écuries privées. Pour la réalisation de la carrosserie, Lamborghini s’adresse à Franco Scaglione, designer « de très grand talent et ancien responsable du style de la carrosserie Bertone ». Les réalisations de Scaglione ont toujours été marquées par des formes non conventionnelles et la future Lamborghini ne dérogera pas à la règle.

L’automobile est conçue en à peine quatre mois, pour être présentée en avant-première au Salon de l’automobile de Turin 1963. Le prototype, dénommé 350 GTV, ne fait pas l’unanimité, la finition laissant à désirer. L’automobile sera d’ailleurs entreposée dans un entrepôt et disparaitra de la circulation durant les vingt années qui suivent jusqu’à ce qu’un passionné l’acquierre et la restaure.

Lors du salon, Lamborghini fait la connaissance de Felice Bianchi Anderloni, fondateur de la Carrozzeria Touring à qui il confie le design de la future automobile de série. Dallara tente de son côté de rendre compatible la 350 GTV avec les impératifs de la production, si bien que le carter sec est abandonné et le moteur voit sa puissance diminuée à 270 ch pour en accroitre la fiabilité. Dénommée « 350 GT », elle est présentée au salon de Genève 1964. À la fin de l’année 1964, treize clients se sont portés acquéreurs d’une 350 GT, ces dernières étant vendues à perte par Lamborghini dans le but de concurrencer Ferrari. La production de la 350 GT se termine en 1966 après s’être vendue à 120 exemplaires.

Par la suite, une version réalisée portant la cylindrée à quatre litres ainsi que sa déclinaison 2+2 — les 400 GT et 400 GT 2+2 — sont développées ; c’est un franc succès puisque 270 exemplaires seront vendus et le nombre d’ouvriers travaillant dans l’usine de Sant’Agata Bolognese est porté à 170. Malgré le succès du design de Touring, Lamborghini préfèrera toujours confier la réalisation de ses automobiles à ses usines. Il est en effet particulièrement attentif à offrir à ses clients un service capable de réaliser aussi bien des modifications mineures que majeures sur ses automobiles. Durant l’année 1965, Dallara, Stanzani et Wallace mettent en commun leurs efforts pour la conception d’un prototype, dénommé P400. Les trois ingénieurs imaginent une automobile de route au « pedigree » de compétition, capable de remporter des courses et d’être conduite sur route. Travaillant de nuit en espérant faire vaciller l’idée de Lamborghini selon laquelle une telle voiture serait trop chère et écarterait l’entreprise de son but, l’industriel leur accorde finalement le droit de poursuivre leur projet, considérant que la P400 serait dans tous les cas un potentiel outil marketing, à défaut de mieux. Le prototype de la Miura sera présenté au salon de l’automobile de Turin fin 1965. Elle est propulsée par un moteur V12 transversal placé en position centrale arrière. Plus inhabituel encore, le moteur, développant 350 ch, (puis, plus tard, 385 ch) est directement associé aux transmissions et au différentiel en raison d’un manque d’espace. Le design du prototype est quant lui réalisé par la Carrozzeria Bertone. L’enthousiasme suscité par la P400 au salon de Genève 1966 incite Lamborghini à entamer sa production sous le nom de Miura. Produite entre 1966 et 1973, c’est la première voiture de série et de route au monde à franchir les 300 km/h.

La fin des années 1960 n’est pas une période gratifiante pour Lamborghini. Désireux de trouver une remplaçante à la 400GT 2+2, il fait appel au carrossier Mario Marazzi. Avec l’aide des ingénieurs de la société Lamborghini, il réalise une automobile quatre places dénommée Marzal. Construite sur un châssis allégé semblable à celui de la Miura et propulsée par un moteur 6 cylindres en ligne qui n’était rien d’autre que la moitié du V12 de Bizzarrini, l’industriel n’apprécie guère ce design novateur. Marazzi ajuste alors le dessin. Le résultat, la Lamborghini Islero, n’est finalement qu’une version restylée de la 400GT 2+2. Jugé trop classique, l’Islero ne connait pas le succès escompté et, malgré l’arrivée d’une version S, elle ne sera produite que durant un peu plus d’un an.

En 1968, le carrossier Bertone convainc Lamborghini de lui confier la réalisation d’une nouvelle automobile quatre places. Dessinée par Marcello Gandini, elle présentait de grandes portes papillon peu appréciées par Lamborghini qui jugea plus sage les remplacer par des portes conventionnelles. Le résultat de la collaboration entre Bertone et Lamborghini aboutit finalement à l’apparition au Salon de l’automobile de Genève 1969 de l’Espada, propulsée par une évolution du moteur V12 de 3,9 litres, développant alors 325 ch. L’Espada est un énorme succès commercial puisque 1 217 exemplaires seront produits sur 10 ans.

En août 1968, Dallara, frustré par le refus de Ferruccio Lamborghini de participer en compétition automobile, quitte l’entreprise pour prendre la tête du département Formule 1 du constructeur De Tomaso. L’industriel a en effet toujours rétorqué : « Je désire construire des automobiles de Grand Tourisme sans défauts — certes classiques voire conventionnelles mais parfaites — et non pas une bombe technique ». L’adjoint de Dallara, Paolo Stanzani, est désormais titulaire du poste de directeur technique.

En 1969, Lamborghini doit faire face à de premières difficultés avec les ouvriers syndiqués, ces derniers s’octroyant des heures d’arrêt dans le cadre d’une campagne nationale engagée en raison des tensions entre l’union des travailleurs métallurgistes et l’industrie italienne. Néanmoins, l’industriel qui, souvent, s’est retroussé les manches et joint aux travailleurs de l’usine, est capable de motiver son personnel à continuer de travailler pour atteindre leur but commun, et ce malgré les perturbations.

Durant l’année 1969, la gamme Lamborghini se constitue de l’Islero, de l’Espada et de la Miura, chacune ayant reçu une amélioration : la Miura s’offre quelques chevaux supplémentaires, l’Islero est vendue dans une version « S » mieux finie, tandis que l’Espada gagne en confort et en performances pour lui permettre d’atteindre la vitesse de 250 km/h.

Alors que la remplaçante de l’Islero, une version plus courte de l’Espada dénommée Jarama, est dévoilée au Salon de l’automobile de Genève 1970, Stanzani travaille sur la conception d’une nouvelle automobile, conçue à partir d’une feuille blanche et ne reprenant aucun élément des précédents modèles. En raison du changement de la législation, il opte, comme Ferrari et sa Dino 246 ou Porsche et sa 911, pour la réalisation d’une sportive propulsée par un moteur V8. L’Urraco ainsi née conservait une carrosserie 2+2 pour son aspect pratique, Ferruccio Lamborghini considérant que les clients de l’Urraco auraient probablement des enfants.

Comme la plupart des constructeurs automobiles dans cette période marquée des tensions internationales, Lamborghini rencontre des difficultés financières. Dès 1971, Trattori Lamborghini doit faire face à une forte chute de ses ventes ; l’importateur sud africain Cento annule toutes ses commandes tout comme la Bolivie — dont le gouvernement vient d’être renversé par un coup d’État — alors qu’une partie des tracteurs était prête à quitter Gênes. C’est d’ailleurs cet épisode qui provoqua dans l’urgence la cession de 51% de Lamborghini Automobili par Ferruccio Lamborghini à des investisseurs, pour couvrir la mévente de 5000 tracteurs à destination de la Bolivie, provoquant de facto la faillite de l’usine des tracteurs Lamborghini si rien n’était fait. Ce fait est relaté par Stanzani, ancien directeur de Lamborghini Automobili.

En 1972, Ferruccio Lamborghini décide de vendre sa filière Trattori Lamborghini au groupe italien SAME, également constructeur de tracteurs. Rapidement, Automobili Lamborghini se trouve également en difficultés, le développement de dernières automobiles s’en trouvant fortement ralenti. Ferruccio Lamborghini se voit dans l’obligation de trouver des investisseurs. Il entame ainsi des discussions avec l’un de ses amis, Georges-Henri Rossetti, un homme d’affaires suisse fortuné30 qui aboutissent à la cession de 51 % de la société pour 600 000 $. Devenu actionnaire majoritaire, Rossetti n’interviendra cependant que rarement dans les décisions de Lamborghini.

En 1973 survient le premier choc pétrolier, pénalisant fortement les constructeurs automobiles. Lamborghini — tout comme les autres constructeurs de sportives exotiques — est particulièrement touché par l’augmentation rapide des prix du pétrole. Les automobiles Lamborghini furent en effet conçues pour leurs performances avec peu de considérations pour leur consommation. En 1974, Ferruccio Lamborghini vend sa participation restante de 49 % à la société de René Leimer, un ami de Georges-Henri Rossetti. Après avoir rompu tous liens avec les voitures qui portaient son nom, il se retire dans un lotissement sur les rives du Lac Trasimène, dans la frazione de Panicarola à Castiglione del Lago, une ville située dans la province de Pérouse en Ombrie, où il restera jusqu’à ses derniers jours.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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