Boule et Bill, la bande déssinée…

Le célèbre petit garçon et son cocker fêtent leur soixante ans cette année. Retour sur leur histoire et celle de leur créateur, Jean Roba.

Avec Le Petit Nicolas et Astérix, Boule et Bill est une des créations majeures de l’année 1959. Imaginées par Jean Roba (1930-2006), les aventures de Boule et Bill ont connu un succès mondial. Traduits dans une quinzaine de langues, les recueils des gags du garçon et de son cocker se sont vendus à plus de 30 millions d’exemplaires dans le monde.

Tout commence le 24 décembre 1959 dans les pages du Spirou. Sous l’impulsion du scénariste Maurice Rosy, “donneur d’idées” du journal, Roba publie Boule et Bill contre les mini-requins, dont les personnages lui ont été inspirés par son fils et son cocker. Bienveillante, drôle et offrant une vision idyllique de la réalité, l’histoire plaît d’emblée aux lecteurs. La machine est lancée.

Destiné à la jeunesse, Boule et Bill met en scène un héros irréprochable. Le cocker hérite, contrairement à son maître, d’un prénom humain et devient le réceptacle de toutes les pulsions que Boule ne peut pas exprimer. Bill incarnera ainsi la paresse, la vanité, la gourmandise, etc. Dans une histoire publiée à la fin de sa vie, Roba imagine la rencontre entre le chien et un cambrioleur. L’animal le laissera pénétrer chez lui avant de le convaincre de dérober ses produits de nettoyage pour échapper à son bain hebdomadaire !

L’humour de Roba, “qui trouve son subtil équilibre entre une véritable gentillesse et une intelligence malicieuse”, est selon le Dictionnaire de la BD de Larousse la clef du succès d’une série qui “témoigne d’un sens aigu de l’observation, décrivant avec humour et tendresse les mille et une péripéties de la vie quotidienne.” La publication loue aussi le graphisme “tout en rondeur et en harmonie, d’une lisibilité totale” – comme Les Schtroumpfs ou Tintin.

Interrogé sur le succès de la série, Roba confiait quelques mois avant sa mort: “Je n’en sais rien. J’imagine ou je suppose [que Boule et Bill] sont arrivés au bon moment. A l’époque il n’y avait pas tellement d’histoire d’un petit garçon et de son chien, il n’y avait pas d’histoire où l’on voyait le papa, la maman. Il y avait un côté gentil, frais, familial […] J’ai besoin d’un monde gai comme celui-là !”

Le monde de Boule et Bill ne connaît en effet ni la guerre ni la maladie, ni la mort. Boule se rend rarement à l’école et passe la majorité de ses journées à jouer dans son jardin ou à se promener en forêt avec son meilleur ami Pouf ou Caroline la tortue. Dessinateur de l’insouciance et la joie de vivre, Roba met en scène des balades, des vacances. Même les voleurs sont gentils. “Je rêve parfois d’un gag avec une feuille morte qui tombe. C’est tout. Une feuille morte qui tombe dans un jardin, c’est le prototype de l’événement familial. Un instant d’émotion, de rêverie”, disait-il en 1978.

Boule & Bill, carte maximum, Dinant, 1991.

Toute sa vie, Roba s’est amusé avec cet univers destiné aux enfants et à leurs parents: “Boule et Bill s’adresse d’abord à moi, puis aux enfants. En général, les adolescents décrochent, mais je les attends au tournant: ils reviennent quand ils sont mariés, avec des enfants et un cocker”, s’est-il amusé en 1999 dans le quotidien belge Le Soir. Fidèle aux enfants qui ont assuré son succès, il a toujours poursuivi dans cette voie: “J’ai envie de faire sourire, de permettre l’oubli des tracas, d’offrir un peu de bonheur. Pourquoi devrais-je parler des malheurs de l’existence ?”

Boule et Bill, c carnet de 8 timbres.

Cette version idyllique n’est pas exempte de défauts. Il a reçu quelques critiques pour sa vision de la femme dans le couple: “Cette notion de la famille est de mon époque”, s’était-il justifié en 2001. “Il m’est arrivé, assez rarement d’ailleurs, notamment dans un article du Ligueur [journal bimensuel belge de la Ligue des familles, NDLR] écrit par une sociologue assez vindicative, d’avoir certaines remarques sur ma vision de la famille. Mais dans l’ensemble, le public ne s’y trompe pas et, souvent, c’est le public qui prend ma défense, face à ces journalistes.”

Contrairement à son autre série, La Ribambelle, dont il n’écrivait pas le scénario, Roba signait chaque gag de Boule et Bill. Accaparé par le succès de la série, il s’est fait aider pendant trois ans à l’encrage par le dessinateur Laurent Verron. Après 28 albums de Boule et Bill, Roba lui a cédé la main en 2003. Roba ne pouvait plus suivre le rythme de publication en raison d’un problème à la main.

Il était ravi de voir ses personnages poursuivre leur vie sans lui: “J’ai toujours dit que je ne voulais pas que Boule et Bill soient enterrés avec moi”, avait-il indiqué dans une interview accordée en 2003 à BD Zoom. Depuis le départ de Laurent Verron en 2014, le dessinateur Jean Bastide et le scénariste Christophe Cazenove ont pris le relais.

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Sources : BFMTV, YouTube.

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