Ville de Diyarbakır (Turquie).

Diyarbakır (en turc ottoman transcrit Diyarbekir, en kurmandji Amed, en zazaki Diyarbekir, en arabe ديار بكر Diyār Bakr (« les foyers des Bakr »), en syriaque ܐܡܝܕ Āmîḏ « Omid », en arménien Տիգրանակերտ, Dikranagerd1) est une ville du sud-est de la Turquie, préfecture de la province du même nom (autrefois Arménie occidentale). Elle était également appelée Amida à l’époque hellénistique et sous l’Empire romain.

La ville, qui concentre la majorité de la population de la province, comptait 855 389 habitants en 2008, mais le nombre a ainsi doublé en sept ans, passant à 1 600 000 en 2015.

Les Kurdes constituent la majeure partie de la population de la ville. La ville est considérée comme la capitale historique, symbolique et culturelle de l’ensemble de la nation kurde.


Appelée Amida dans l’Antiquité, ce qui lui vaut son nom de Kara Amid, la « Noire Amida », elle fut la capitale du royaume araméen de Bet-Zamani à partir  du XIIIe siècle av. J.-C., puis d’un royaume arménien appelé Corduène ou Cardyène.

La région devint par la suite une province de l’Empire romain ; Amida était au ive siècle la principale place forte de Mésopotamie, dans la haute vallée du Tigre. Ammien Marcellin, au livre XIX, raconte en détail le siège et la prise d’Amida par les Perses de Shapur II (ou Sapor), du 25 juillet au 5 octobre 359.

َAprès sa conquête par les musulmans en 639, la tribu arabe des Bakr bin Wael s’y installa et c’est ainsi que l’appelation Diyar Bakr, turcisée Diyarbakir, s’imposa jusqu’à ce jour.

Amida fut un centre religieux lié au patriarcat syriaque-orthodoxe d’Antioche. De cette époque, jusqu’au génocide arménien de 1915, la région est fortement peuplée d’Arméniens. La région comportait également une minorité chaldéenne. La ville d’Amid fut le siège du patriarcat chaldéen de 1681 à 1828.

La dynastie kurde des Marwanides dirigea la région de Diyarbakır du XIe au XIIe siècles. Après la bataille de Manzikert, la ville passa sous l’autorité des Turcs oghouzes.

Elle fut disputée par les Houlagides et les Ayyoubides pendant plus d’un siècle avant d’être prise par les États turkmènes de Kara Koyunlu (le Mouton Noir), puis de Ak Koyunlu (le Mouton Blanc).

Diyarbakır fut intégrée à l’Empire ottoman en 1534. Elle est annexée à l’empire perse Séfévide sous Abbas Ier le Grand, en 1620, avant de repasser sous le contrôle de la Sublime Porte. Elle devint en 1864 le chef-lieu du vilayet de Diyarbekir.

En 1895, les massacres hamidiens font environ 25 000 morts parmi les Arméniens.

Pendant la Première Guerre mondiale en Orient, entre les mois de mai et juin 1915, dans le cadre du génocide arménien, la ville fut vidée de ses populations syriaque, assyrienne et arménienne (environ 60 000 fidèles, soit 30 % des habitants) sous le prétexte qu’elles étaient trop proches du front russe. Elles furent déportées vers les camps d’extermination de Rasalayn puis du désert du Deir ez-Zor.

À la chute de l’Empire ottoman, la ville fut occupée par les troupes françaises pendant la campagne de Cilicie avant de revenir sous contrôle de la nouvelle République turque.

En 1925, la ville fit l’objet d’un siège de la part d’insurgés kurdes menés par Cheikh Saïd qui visait à réinstaller le Califat dissous un an plus tôt. Les insurgés échouèrent cependant à prendre la ville avant l’arrivée massive de renforts de l’armée gouvernementale qui réprima l’insurrection.

En 1956, les États-Unis installent une base militaire de l’OTAN à Pirinçlık près de Diyarbakır. Celle-ci abrite des radars anti-missiles, dont le AN/FPS-17 développé à Rome dans l’État de New-York. La base fut fermée, en même temps que des bases en Allemagne, en septembre 1997.

Le pénitencier de Diyarbakir, inauguré quelques jours à peine avant le coup d’État militaire du 12 septembre 1980, a été désigné bien des années plus tard par le quotidien britannique The Times comme étant l’une des dix pires prisons au monde. Les milliers de prisonniers politiques étaient systématiquement soumis à la torture dans les années 1980.

D’abord sous l’effet de l’exode rural, puis en raison de réfugiés internes fuyant le conflit kurde, la population de Diyarbakır a explosé, passant de 30 000 dans les années 1930, à 65 000 en 1956, 140 000 en 1970, et 400 000 en 1990. En 1997, sa population totale s’élevait à 641 616 habitants et 851 902 en 2008. Cette rapide augmentation démographique s’est accompagnée de constructions précaires (80 % insalubres), les gecekondu, bâtis sans permis de construire et estimés à 4 000.

L’importance de la population kurde explique les conflits récurrents et les manifestations pro-kurdes à Diyarbakır3. Le maire, Osman Baydemir, était kurde et membre du Parti de la société démocratique. En 2016, le gouvernement turc limoge les autorités élues de la ville et les remplace par un administrateur judiciaire.

Une grande partie du centre historique de la ville est détruite durant les répressions militaires de 2016 et 2017. La moitié ouest de Diyarbakır est détruite à 70 % et la population soumise à un couvre-feu. Le géographe Matthieu Gosse parle, à propos de la destruction matérielle et symbolique de la vieille ville, d’un « urbicide ».

Le co-maire HDP (Parti démocratique des peuples) de Diyarbakir élu en 2019, Adnan Selçuk Mizrakli, est démis de ses fonctions le 18 août 2019.

Le 6 février 2023, la ville est touchée par le tremblement de terre de magnitude 7,8 qui frappe le sud de la Turquie et le nord de la Syrie et fait de nombreuses victimes.

Source : Wikipédia.

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