Abbatiale Sainte-Foy de Conques (Aveyron)

L’abbatiale Sainte-Foy de Conques est une église abbatiale située à Conques, dans le département de l’Aveyron.

En raison de sa vocation à l’accueil des pèlerins et au culte des reliques de sainte Foy, elle est qualifiée d’église de pèlerinage et constitue même le prototype d’autres grandes églises de pèlerinages, l’abbatiale Saint-Martial de Limoges, l’église Saint-Sauveur de Figeac, la basilique Saint-Sernin de Toulouse et la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle. Considérée comme un chef-d’œuvre de l’art roman du sud de la France, elle reste surtout célèbre pour son tympan et son trésor comprenant des pièces d’art uniques de l’époque carolingienne, dont la statue-reliquaire de sainte Foy.

Cette abbaye a été construite à partir de 1041 par l’abbé Odolric à l’emplacement de l’ancien ermitage de Dadon, datant de la fin du VIIIe siècle. Depuis 1994, l’intérieur est décoré avec des vitraux de Pierre Soulages, un enfant du pays.

Abbaye bénédictine jusqu’en 1537, elle fut ensuite placée sous la responsabilité de chanoines séculiers. Depuis 1873, l’abbatiale est confiée aux frères de l’ordre de Prémontré. Elle est actuellement un prieuré de l’abbaye Saint-Martin-de-Mondaye.

L’abbatiale de Conques a fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840. Elle est également inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France depuis 1998.


Les origines de Conques sont relatées dans des textes qui datent, pour les plus anciens, du IXe siècle. Il s’agit des chartes de 801, de 813, de 817, accordant donations et faveurs, et surtout d’un diplôme du 8 avril 819 signé par Louis le Pieux, ou encore d’un poème d’Ermold le Noir qui a écrit une épopée en l’honneur de ce souverain. Le Livre des miracles de sainte Foy et la Chronique de Conques sont datés du XIe siècle. Selon cette chronique en partie légendaire, des chrétiens se seraient réfugiés dans les montagnes rouergates pour y fonder un ermitage avant d’être massacrés par les païens en 371. Diverses communautés cénobitiques auraient suivi, mais elles sont tourmentées par les Francs au VIe siècle, puis par les Sarrasins en 730.

Abbatiale de Conques, épreuve d’artiste.

Selon les récits magnifiés du poème d’Ermold le Noir et de la Chronique de Conques, l’ermite Dadon s’installe vers 790 dans un lieu désert et il y fonde un ermitage qui évolue en monastère en 800. La communauté monastique élève une église dédiée à Saint-Sauveur (Conques I). L’empereur Louis le Pieux, par le capitulaire de 817, impose la règle bénédictine à tous les monastères et place celui de Conques sous sa protection en 819, lui donnant une dizaine d’églises.

En ce neuvième siècle, les reliques revêtent une importance considérables dans la culture de l’Église, nécessaires à la consécration d’une église, elles garantissent une protection de la communauté et peuvent assurer sa prospérité si le culte du saint est important. Deux récits du XIe siècle racontent qu’un moine de Conques, Aronisde (nommé aussi Ariviscus) passa dix ans à Agen pour endormir la méfiance de la population et, un soir d’Épiphanie, vole les restes de sainte Foy, une martyre enfant, dans l’église Sainte-Foy d’Agen dont il avait la garde (pieux larcin connu sous l’appellation pudique de « translation furtive »). Après un voyage miraculeux, il ramène les reliques, le 14 janvier entre 866 et 887, dans son abbaye de Conques où elles sont accueillies solennellement. Vers 900, l’ensemble du corps de Foy est placé dans une châsse. La partie la plus noble, le crâne, est logée dans une majesté. Les miracles obtenus à l’invocation des reliques intensifient rapidement le pèlerinage à Conques, si bien que l’abbé Étienne Ier fait construire au milieu du Xe siècle une basilique plus grande à trois nefs (Conques II). Le culte de la sainte s’étend même dans toute l’Europe où des prieurés sont fondés en son nom.

L’afflux de pèlerins incite l’abbé Odolric (1039-1065) à construire l’abbatiale romane actuelle (Conques III). L’abbaye est alors un but de pèlerinage. Elle deviendra au XIIe siècle une grande étape sur la via Podiensis, route de pèlerinage du Puy-en-Velay à Saint-Jacques-de-Compostelle. L’édifice bénédictin est commencé, entre 1041 et 1052. Son chevet est certainement achevé avant le décès d’Odolric en 1065. Ensuite, les travaux traînent quelque peu et la nef n’est terminée qu’au début du XIIIe siècle. Il est, en outre, possible que le monument ait été modifié en cours de chantier. Ainsi, le chevet débute-t-il par une série de quatre chapelles échelonnées pour n’adopter qu’ensuite le système à déambulatoire et chapelles rayonnantes.

Elle est construite suivant un plan en croix classique, mais à cause de la configuration du terrain (en pente) le transept est plus long que la nef. Les deux tours de façade datent du XIXe siècle.

Sainte-Foy a été une des principales sources d’inspiration pour les églises romanes d’Auvergne. Par son architecture, l’église abbatiale se rattache à une série de cinq édifices dont elle constitue le prototype, Saint-Martin de Tours, Saint-Martial de Limoges, Saint-Sernin de Toulouse et Saint-Jacques-de-Compostelle, tous situés sur la route du pèlerinage de Saint-Jacques et présentant des caractéristiques communes : plan à déambulatoire et chapelles rayonnantes, transept pourvu de bas-côtés pour faciliter la circulation des pèlerins. Ces traits communs s’étendent également à l’élévation et au système de contrebutement.

Abbatiale de Conques, épreuve de luxe avec surcharge 11F CFA (Réunion).

Après la période des grands abbés bâtisseurs de Sainte-Foy, le déclin s’amorce pour la communauté monastique au début du XIIIe siècle. La sainte passe de mode et l’abbaye, pénalisée par sa situation marginale, perd de son rayonnement. En 1537, l’abbaye connait une grave crise avec l’évêque de Rodez qui ordonne sa sécularisation. Ce sont des lors, et jusqu’à la Révolution française, des chanoines séculiers qui ont en charge l’abbatiale.

Pendant les guerres de Religion, l’édifice est pillé, endommagé par un incendie (1568). L’abbaye connaît un sursaut au XVIIe siècle avant qu’elle ne subisse de sérieux dommages pendant la Révolution française : les chanoines sont dispersés et l’édifice est laissé à une municipalité appauvrie, le cloître abandonné est exploité en carrière par les villageois. Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques, impose la réhabilitation du site en 1837.

Abbatiale de Conques, carte maximum du 9/12/1947.

Entre 1836 et 1849, Étienne-Joseph Boissonnade a remis en état l’abbatiale Sainte-Foy de Conques en faisant les réparations les plus urgentes. Cette remise en état se limite d’abord à des opérations d’entretien : assainir l’édifice, enlever les terres accumulées au pied du mur nord, réouverture de certaines fenêtres, restauration de la couverture de la nef. À l’extérieur, il a repris la maçonnerie de la base des contreforts du côté nord et il a procédé à un rejointement général au chevet et à la façade sud du transept qui avaient souffert de l’incendie de 1568. À l’intérieur, il a fait gratter les nombreuses couches de badigeon sur les murs et les sculptures et a démoli la clôture du chœur en 1840.

L’abbatiale conquoise retrouve son statut de centre religieux et culturel actif en 1873 lorsque l’évêque de Rodez Joseph Bourret y installe les Pères prémontrés de Saint-Michel de Frigolet.

Source : Wikipédia