Le centre national d’art et de culture Georges Pompidou (Paris).

Le centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC) – communément appelé « centre Georges-Pompidou », « centre Pompidou » ou « centre Beaubourg », et familièrement « Beaubourg » – est un établissement polyculturel né de la volonté du président Georges Pompidou, grand amateur d’art moderne, de créer au cœur de Paris une institution culturelle originale entièrement vouée à la création moderne et contemporaine où les arts plastiques voisineraient avec les livres, le dessin, la musique ainsi que le cinéma.

Il est situé dans le quartier Saint-Merri, à Paris 4e, entre le quartier des Halles, à l’ouest, et le Marais, à l’est.

Il emploie un millier de personnes et a un budget annuel de cent millions d’euros dont soixante-cinq millions de subventions de l’État.

Inauguré le 31 janvier 1977, le centre Pompidou a accueilli, en 2016, plus de 3,3 millions de visiteurs (plus de 8,2 millions en 2013). Au sein du musée national d’Art moderne / centre de création industrielle (MNAM / CCI), il conserve l’une des trois plus importantes collections d’art moderne et contemporain au monde avec celle du Museum of Modern Art (MoMA) de New York et de la Tate Modern de Londres, et la première d’Europe avec 100 313 œuvres de 6 396 artistes au 1er janvier 2014.

Il abrite également d’importantes galeries d’expositions temporaires, des salles de spectacles et de cinéma, et la BPI, première bibliothèque publique de lecture en Europe. De part et d’autre de la piazza, deux bâtiments annexes accueillent l’IRCAM et l’atelier Brancusi.

Depuis le 12 mai 2010, la ville de Metz est dotée d’une antenne décentralisée du centre, le centre Pompidou-Metz. Entre octobre 2011 et septembre 2013, le centre Pompidou lance une annexe mobile qui se déplace entre les villes de Chaumont, Cambrai, Boulogne-sur-Mer, Libourne, Le Havre et Aubagne. En mars 2015, le centre Pompidou de Malaga, premier « centre Pompidou provisoire » situé à l’étranger, sera accueilli pour cinq ans renouvelables sur 6 300 m2 par « El Cubo » de Málaga en Andalousie, où seront présentées soixante-dix œuvres du musée contre un montant d’un million d’euros par an.

Le centre Pompidou s’est associé à la région de Bruxelles-Capitale pour créer dans la capitale belge, Bruxelles, en 2020, un musée consacré à l’art moderne et contemporain ainsi qu’à l’architecture moderne et contemporaine. Cet espace de 30 000 m2 occupera un vaste et lumineux bâtiment Art déco de quatre étages qui abrite depuis les années 1930 un garage Citroën, racheté par la région bruxelloise, qui ne dispose pas de pôle culturel emblématique consacré à l’art contemporain, pour 20,5 millions d’euros au constructeur automobile français. Le centre Pompidou mettra une partie de ses collections d’environ 120 000 œuvres, dont seuls 10 % sont montrées au public, à la disposition du futur musée. Le nom du musée n’a pas encore été fixé mais « centre Pompidou » devrait figurer dans la future appellation.

Centre national d’art et de culture Georges Pompidou, carte maximum, 5/02/1977.

En 1969, Georges Pompidou, devenu président de la République, décida de construire un nouveau musée d’Art moderne et choisit le plateau Beaubourg comme le seul emplacement disponible après la démolition de l’îlot insalubre no 1. Mais ce terrain étant également le seul susceptible d’accueillir la grande bibliothèque publique, il fut décidé, en février 1970, de réunir les deux projets au sein d’un même équipement culturel. Dans la conception du président Pompidou, la bibliothèque devait attirer des visiteurs qui pourraient ensuite découvrir les autres activités proposées. « Je voudrais passionnément, expliqua-t-il, que Paris possède un centre culturel comme on a cherché à en créer aux États-Unis avec un succès jusqu’ici inégalé, qui soit à la fois un musée et un centre de création, où les arts plastiques voisineraient avec la musique, le cinéma, les livres, la recherche audiovisuelle, etc. Le musée ne peut être que d’art moderne, puisque nous avons le Louvre. La création, évidemment, serait moderne et évoluerait sans cesse. La bibliothèque attirerait des milliers de lecteurs qui du même coup seraient mis en contact avec les arts. »

La décision de construire « un ensemble monumental consacré à l’art contemporain sur l’emplacement du plateau Beaubourg » à Paris fut prise officiellement par le président de la République Georges Pompidou lors d’un conseil restreint tenu le 11 décembre 1969, sur la base d’un document programmatique qui avait été rédigé par Sébastien Loste, alors chargé de mission à la Présidence de la République. Le Conseil de Paris donna son accord le 23 décembre.

À l’origine, le centre devait comprendre un musée d’art moderne, une bibliothèque publique et le centre de création industrielle (CCI) créé par François Mathey, conservateur en chef du musée des Arts décoratifs. Mais, en 1971, sous l’impulsion directe de Georges Pompidou, il fut décidé d’y inclure également un centre de création musicale confié à Pierre Boulez, qui acceptait de rentrer en France, où il avait cessé toutes ses activités depuis 1966, et qui devait devenir l’IRCAM (Institut de recherche et coordination acoustique/musique).

D’emblée, le projet fut extrêmement mal accueilli par l’administration. Il réunissait en effet un équipement relevant du ministère des Affaires culturelles (le musée), un autre relevant à l’époque du ministère de l’Éducation nationale (la bibliothèque), et un troisième (l’IRCAM), qui s’affirmait comme indépendant, voire rival, de la direction de la musique, de l’art lyrique et de la danse dont le directeur nommé par André Malraux, le compositeur Marcel Landowski, était en guerre ouverte avec Pierre Boulez. Dans l’esprit de ses concepteurs, le centre se voulait une réponse à un certain nombre de faillites de la politique culturelle française : l’incapacité à créer un musée d’art moderne digne de ce nom, le retard de la lecture publique par rapport notamment à l’Europe du Nord, le dédain dans lequel les autorités avaient tenu la musique contemporaine. Au lendemain de mai 1968, la fondation du centre Pompidou apparaissait ainsi comme un nouveau défi lancé à l’académisme des institutions culturelles d’État.

Centre national d’art et de culture Georges Pompidou, essais de couleurs.

Le 26 août 1970, Robert Bordaz, conseiller d’État, fut nommé en conseil des ministres « délégué pour la réalisation du centre du plateau Beaubourg ». Il constitua une équipe d’une dizaine de personnes, chargée de préparer le concours international d’architecture lancé en décembre 1970 et de mettre en place l’établissement public qui devait être chargé de la construction et de la préfiguration du Centre.

Le 15 juillet 1971, le jury du concours international d’architecture, présidé par Jean Prouvé, décida de retenir, parmi les 681 projets présentés, celui des architectes Renzo Piano, Richard Rogers et Gianfranco Franchini. Parmi les autres projets, on peut citer celui d’André Bruyère, qui proposait un immeuble en forme d’œuf de 38 étages, sur 80 000 m2, qui aurait rompu drastiquement avec le rectiligne des voies parisiennes. Les architectes, auxquels était adjoint le bureau d’ingénieurs Ove Arup & Partners conduit par Peter Rice, s’installèrent à proximité immédiate des locaux de la mission Bordaz, puis dans les locaux mêmes de celle-ci en 1973.

En janvier 1972, Robert Bordaz fut nommé président de l’établissement public du centre Beaubourg (EPCB), chargé de la construction du Centre. Il réunit autour de lui les futurs responsables des activités culturelles du Centre, les « utilisateurs », qu’il constitua, dès 1971, en un « conseil des utilisateurs » qui devint, une fois le Centre achevé, le « conseil de direction » :

  • Pontus Hulten, un Suédois arrivé en France en septembre 1973, fut nommé directeur du musée national d’Art moderne avec un contrat de trois ans. Avec son adjoint, Germain Viatte, il fut chargé de concevoir le nouveau musée dans une optique résolument contemporaine et internationale.
  • Jean-Pierre Seguin, qui fut le premier directeur de la Bibliothèque publique d’information, fut chargé de mettre en œuvre ce projet auquel il travaillait depuis 1967.
  • François Mathey devint directeur du Centre de création industrielle, qu’il avait créé en 1968 au sein de l’Union centrale des arts décoratifs mais qui y végétait sans grands moyens.
  • Le 20 mars 1973, le Conseil des ministres arrêta le programme de la construction et les moyens financiers nécessaires, programmés sur plusieurs années et alloués sous forme de dotations exceptionnelles hors des crédits ordinaires du ministère des Affaires culturelles.

Le statut définitif de la nouvelle institution fut fixé par la loi du 3 janvier 1975 portant création du centre national d’art et de culture Georges-Pompidou. Entre-temps, le Premier ministre Jacques Chirac avait dû batailler ferme contre le nouveau président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, qui envisageait d’arrêter le projet. À sa demande, un conseil restreint tenu en août 1974 avait décidé la poursuite des travaux.

Le 31 janvier 1977, le centre national d’art et de culture Georges-Pompidou est inauguré par Valéry Giscard d’Estaing en présence du Premier ministre, Raymond Barre, de Mme Claude Pompidou et de nombreuses personnalités. Le 2 février, il est ouvert au public.

L’architecture du centre suscite une vive polémique : canalisations, escaliers électriques, passerelles métalliques, tout ce qui est traditionnellement dissimulé est ici ostensiblement montré à la vue de tous. On surnomme le centre « Notre-Dame de la Tuyauterie », ou encore « le Pompidolium ». On raille un « hangar de l’art », une « usine à gaz », une « raffinerie de pétrole », un « fourre-tout culturel » ou une « verrue d’avant-garde ». On stigmatise un équipement dispendieux qui absorbe, l’année de son inauguration, cent vingt millions de francs, soit un septième du budget de la Culture.

Mais le centre et son architecture controversée remportent un large succès public. Renzo Piano déclara « avoir voulu démolir l’image d’un bâtiment culturel qui fait peur. C’est le rêve d’un rapport extraordinairement libre entre l’art et les gens, où l’on respire la ville en même temps ». Le centre, prévu pour cinq mille visiteurs quotidiens, en accueillera finalement cinq fois plus. La plupart des visiteurs viennent pour voir les grandes expositions sur l’art, mais la Bibliothèque publique d’information et sa médiathèque bat aussi des records d’affluence.

En 1992, le CCI fusionne avec le MNAM. Les directeurs successifs du musée renouvellent profondément l’accrochage et font procéder à d’importants travaux.

Fin 1997, après avoir célébré son vingtième anniversaire, le centre ferme ses portes pour être rénové en profondeur. Le chantier dure vingt-sept mois et coûte près de 576 millions de francs (88 millions d’euros) financés à hauteur de 482 millions par l’État. Conduit par Renzo Piano, il permet d’accroître la superficie totale de 8 000 m2 et de reconfigurer les surfaces et les volumes. Pendant la fermeture, le centre se décentralise en organisant en province 34 expositions « hors les murs » qui rencontrent un vif succès, attirant plus de 2 500 000 visiteurs.

Jusqu’en 1997, une grande horloge du millénaire appelée “Le Génitron” a été montée au centre Pompidou,  qui a décrémenté les secondes jusqu’à l’an 2000.

Dès sa réouverture, le 1er janvier 2000, le succès est au rendez-vous avec 80 000 visiteurs lors du premier week-end. Les visiteurs découvrent de nouveaux services, une nouvelle organisation des salles, des pièces plus vastes. Ces changements permettent notamment d’exposer davantage d’œuvres et de proposer plus de spectacles de danse, de théâtre et de musique. L’espace consacré aux jeunes est aussi développé avec la nouvelle galerie des enfants où sont présentées deux expositions chaque année.

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Sources : Wikipédia, YouTube.