Jacques Chirac, homme d’état.

Jacques Chirac est un haut fonctionnaire et homme d’État français, né le 29 novembre 1932 à Paris et mort le 26 septembre 2019 dans la même ville. Il est Premier ministre de 1974 à 1976 puis de 1986 à 1988 et président de la République de 1995 à 2007.

Après des études à l’Institut d’études politiques de Paris et à l’École nationale d’administration (ENA), il rejoint en 1962 le cabinet du Premier ministre Georges Pompidou en qualité de chargé de mission.

Il est élu député de la Corrèze au sein de l’Union des républicains de progrès et nommé quatre fois secrétaire d’État et quatre fois ministre à partir de 1967.

Par la suite, Chirac est choisi comme Premier ministre par Valéry Giscard d’Estaing en 1974, notamment à la suite de l’appel des 43 et de l’affaire des plombiers. Deux ans plus tard, entretenant de mauvaises relations avec Giscard, il démissionne de Matignon et lance le Rassemblement pour la République (RPR), un parti politique se réclamant du gaullisme. Tout en poursuivant sa carrière d’élu en Corrèze, il devient maire de Paris en 1977 et se présente à l’élection présidentielle de 1981.

Après la victoire de la droite aux élections législatives de 1986, il est désigné par le président socialiste François Mitterrand pour exercer à nouveau la fonction de Premier ministre : il est ainsi le premier chef du gouvernement d’une cohabitation sous la Ve République et, par la même occasion, la seule personnalité politique ayant assumé par deux fois la charge de Premier ministre sous ce même régime. Il est battu au second tour de l’élection présidentielle de 1988 face au président sortant, puis prend la tête de l’opposition, bien que confronté par la suite à la popularité croissante d’Édouard Balladur.

En 1995, il est élu chef de l’État avec 52,6 % des voix au second tour, face au socialiste Lionel Jospin. Il gouverne d’abord avec la majorité de droite acquise en 1993. Le début de son premier mandat est marqué par une réforme des retraites et de la Sécurité sociale qui est massivement contestée et en partie abandonnée, et par la reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans la persécution et la déportation des Juifs au cours de l’Occupation. À la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale en 1997, il perd la majorité au Parlement et se voit contraint à une cohabitation avec Lionel Jospin, lors de laquelle a notamment lieu un référendum instaurant le quinquennat présidentiel : Jacques Chirac est ainsi le dernier président de la Ve République à avoir effectué un septennat.

Lors de l’élection présidentielle de 2002, il est réélu pour cinq ans avec 82,2 % des voix au second tour, bénéficiant d’un « front républicain » face au candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen. Pendant son second mandat, après avoir lancé l’Union pour un mouvement populaire (UMP), il prend en 2003 la tête de l’opposition internationale à la guerre d’Irak lancée par le président américain George W. Bush, et s’implique pour le « oui » dans le référendum de 2005 sur la Constitution européenne, qui se solde par la victoire du « non ». À la fin de sa présidence, confronté à une faible popularité ainsi qu’à une succession d’échecs électoraux et affaibli par un accident vasculaire cérébral en 2005, il renonce à briguer un troisième mandat.

Retiré de la vie politique, il siège jusqu’en 2011 au Conseil constitutionnel, dont il est membre de droit en tant qu’ancien président de la République. Mis en cause dans de nombreuses affaires judiciaires pendant sa carrière, il a bénéficié de son immunité présidentielle mais reste, après son départ de l’Élysée, poursuivi dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, pour laquelle il est condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis en 2011, ce qui fait de lui le premier chef de l’État français à être condamné en justice. Malade, il effectue sa dernière apparition publique en 2014.

Durant son parcours politique, il se montre changeant du point de vue idéologique. Engagé à gauche dans sa jeunesse, il est généralement considéré comme gaulliste et classé à droite de l’échiquier politique, bien que certains observateurs qualifient sa pratique du pouvoir de radicale-socialiste.


Jacques Chirac, carte maximum, France.

Envisageant finalement une carrière dans l’administration, il intègre, en septembre 1951, l’Institut d’études politiques de Paris (IEP). Durant cette période, brièvement, il milite dans la mouvance du Parti communiste avec notamment le futur éditeur Christian Bourgois. Il vend L’Humanité rue de Vaugirard, et participe au moins à une réunion de cellule communiste, comme il l’a raconté. Ayant signé l’année précédente l’appel de Stockholm, d’inspiration communiste, il se voit interrogé lorsqu’il demande son premier visa pour les États-Unis ; il est ainsi auditor (étudiant auditeur libre) de la Summer school de Harvard en 1953, et voyage dans la foulée pour parcourir les États-Unis. Il s’y fiance avec une jeune fille de Caroline du Sud dont il est tuteur de latin — Florence Herlihy — mais les jeunes gens doivent rompre sous la pression de leurs familles respectives.

De retour en France, il finit en 1954 son cursus à Sciences Po (section Service public) en soutenant un mémoire de géographie économique intitulé Le Développement du port de La Nouvelle-Orléans, dirigé par le professeur Jean Chardonnet. Il sort ainsi troisième sur les 139 de sa promotion, avec la mention « bien ». À l’automne de la même année, il est reçu à l’École nationale d’administrationd. Lors de l’ouragan Katrina d’août 2005, Jacques Chirac, qui se trouve à l’hôpital, s’intéresse à la catastrophe qui touche particulièrement le sud de la Louisiane, en écho à sa thèse mentionnant notamment les risques d’inondation de cette région.

Il commence son service militaire le 15 avril 1955 à l’École de Cavalerie de Saumur, dont il sort huitième sur 118. Le grade d’officier lui est refusé (il est affecté tout d’abord comme soldat de deuxième classe dans un régiment en Bretagne) en raison de son passé communisant et il faut l’intervention des relations de la famille Chodron de Courcel (le général Kœnig) pour l’obtenir. Il en sort donc finalement comme sous-lieutenant de cavalerie.

En tant qu’élève de l’ENA, il aurait pu éviter de faire la guerre d’Algérie (pendant 18 mois), mais il se porte volontaire et il est affecté, à partir du 1er avril 1956, au 11e puis 6e régiment de chasseurs d’Afrique, en poste à Souk-el-Arba dans le département de Tlemcen. Au cours de son service militaire, il est blessé au visage, puis promu lieutenant au début de l’année 1957. Il affirme n’avoir personnellement jamais supervisé d’actes de torture et en avoir contesté l’aspect « généralisé ». Il est libéré de son service militaire le 20 juillet 1957, le maintien sous les drapeaux ayant alors été porté à 27 mois. Partisan de l’Algérie française, Jacques Chirac explique qu’il n’est devenu gaulliste qu’en 1958.

Grâce à son mariage et à son ambition, il change complètement de milieu social. De retour de son service militaire, il reprend ses études à l’ENA dans la promotion Vauban. Il effectue son stage à la préfecture de l’Isère et sort dixième en 1959. Celle-ci étant détachée en Algérie par Charles de Gaulle entre le 17 avril 1959 et avril 1960, il est affecté en tant que « renfort administratif » auprès du directeur général de l’Agriculture en Algérie, Jacques Pélissier.

À son retour en France métropolitaine, Jacques Chirac est nommé auditeur à la Cour des comptes et devient maître de conférences à l’IEP de Paris. En juin 1962, il devient chargé de mission (pour la « construction, les travaux publics, et les transports ») auprès du secrétariat général du gouvernement, puis au cabinet du Premier ministre, Georges Pompidou, dont il devient rapidement un fidèle partisan et collaborateur. Un an plus tard, il retourne à la Cour des comptes en tant que conseiller référendaire, mais ne tarde pas à s’engager en politique.

En 1964, Pierre Juillet, proche conseiller du Premier ministre, incite « les jeunes loups de Pompidou », parmi lesquels, outre Chirac, se trouvent Jean Charbonnel, Bernard Pons et Pierre Mazeaud, à s’engager en politique et à battre la gauche dans ses bastions traditionnels, dans le centre et l’ouest de la France37,38. Pierre Juillet le fait entrer en novembre 1964 à la  commission de développement économique régional du Limousin ; le 14 mars 1965, Chirac est élu conseiller municipal de Sainte-Féréole, en Corrèze, berceau des grands-parents maternels de sa mère.

Lors des élections législatives de 1967, Georges Pompidou souhaite qu’il se présente dans une circonscription parisienne mais Jacques Chirac préfère Ussel (Corrèze), réputée être un bastion de gauche. Il est l’un des acteurs du « serment de Solignac », qui traduit l’engagement de « jeunes loups » gaullistes dans le Limousin et le Quercy, peu favorables à la droite. Il bénéficie du soutien de Marcel Dassault, ami de son père qui finance pour lui un hebdomadaire UDR ayant son siège à Limoges, L’Essor du Limousin et qui souhaite en faire un secrétaire d’État à l’Aviation civile. Il l’emporte de justesse au second tour, face à Georges Émon, candidat du Parti communiste français. Cette victoire est obtenue à l’arraché sur une gauche divisée : en effet, le candidat envoyé par la FGDS pour remplacer Marcel Audy, sénateur, maire et conseiller général de Meymac, un temps pressenti mais convaincu par Jacques Chirac de ne pas se présenter, n’est autre que le propre frère de François Mitterrand, Robert, lequel fait un score calamiteux ; Jacques Chirac bénéficie de la neutralité bienveillante de la gloire locale, Henri Queuille, et de l’appui de l’inamovible maire d’Égletons, Charles Spinasse, ancien ministre socialiste de Léon Blum exclu de la SFIO pour faits de collaboratione. Charles Spinasse affirme à cette occasion que Jacques Chirac est un type très « Front populaire ».

Le 8 mai 1967, Jacques Chirac — surnommé « mon bulldozer » par Georges Pompidou — est nommé secrétaire d’État à l’Emploi auprès du ministre des Affaires sociales Jean-Marcel Jeanneney, dans le troisième gouvernement Pompidou, entamant une longue carrière ministérielle qui continue dans tous les gouvernements successifs, dirigés par Maurice Couve de Murville, Jacques Chaban-Delmas et Pierre Messmer, jusqu’en 1974. Plus jeune membre du gouvernement en 1967, l’une de ses premières réalisations est la création de l’Agence nationale pour l’emploi. Durant Mai 68, il joue un rôle capital lors des accords de Grenelle et devient l’archétype du jeune énarque brillant, parodié dans un album d’Astérix, Obélix et Compagnie, en 1976.

Après Mai 68, il est secrétaire d’État à l’Économie et aux Finances, d’abord sous l’autorité du gaulliste François-Xavier Ortoli dans le gouvernement Maurice Couve de Murville, puis de celle du libéral Valéry Giscard d’Estaing, après l’élection à la présidence de la République de Georges Pompidou et la formation du premier gouvernement Chaban-Delmas, en juin 1969. Les deux hommes se méfient l’un de l’autre, comme en témoigne le fait que Jacques Chirac n’est pas mis dans la confidence de la dévaluation du franc de 11,1 % en 1969, mais finissent par travailler en bonne intelligence. À ce poste, il patronne notamment la « procédure d’agrément », législation d’exception dont bénéficient les groupes industriels jugés les plus méritants, par négociation à l’amiable directe de l’impôt sur les bénéfices. Ses adversaires l’accusent d’en avoir surtout fait profiter les groupes Dassault ou Bouygues, deux entreprises bien implantées en Corrèze, département où il a renforcé son assise locale en se faisant élire conseiller général pour le canton de Meymac le 27 février 1968 (réélu en 1970, 1976 et 1982) puis président du conseil général en 1970 (réélu en 1973 et 1976, il abandonne ce poste en mars 1979 après être devenu maire de Paris). De plus, le couple Chirac achète le château de Bity, sur le territoire de la commune de Sarran dans le département, le 3 mars 1969, et le restaure après classement comme monument historique par arrêté du 3 avril 1969. L’épouse de Jacques Chirac, Bernadette, complète sa présence en Corrèze en étant élue conseillère municipale de Sarran en 1971 (et deuxième adjointe au maire à partir de 1977) ainsi que conseillère générale pour le canton de Corrèze en 1979.

De plus en plus proche de Georges Pompidou, il est choisi en juillet 1969 par le couple présidentiel pour devenir le premier directeur général de la Fondation Claude-Pompidou. Il commence également, à cette époque, à se lier avec deux collaborateurs du président de la République qui deviennent ses deux principaux conseillers durant les années 1970, Pierre Juillet et Marie-France Garaud.

Le 7 janvier 1971, Jacques Chirac est nommé directement par l’Élysée, et sans l’aval du chef de gouvernement Jacques Chaban-Delmas, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des relations avec le Parlement.

Il obtient son premier poste gouvernemental d’importance le 5 juillet 1972, en étant nommé ministre de l’Agriculture et du Développement rural, dans le gouvernement Messmer. Il s’y fait remarquer en obtenant massivement les voix des agriculteurs, base électorale importante qu’il conservera tout au long de sa carrière politique. Dans la même logique, comme bon nombre de personnalités politiques, il assure chaque année, de 1972 à 2011 (sauf en 1979, à la suite de son accident de voiture), une sortie médiatisée et remarquée au salon de l’agriculture. Il devient notamment l’un des instigateurs de la première politique d’aide à l’agriculture de montagne, en lançant en 1973 l’indemnité spéciale de montagne (ISM). En novembre 1973, soutenu par le président, il revient sur des décisions de Valéry Giscard d’Estaing, alors en voyage, en annonçant le retrait du projet de loi de finance d’une nouvelle taxe sur la vente des fruits et légumes qui, dans un contexte de hausse des prix, s’était attirée la colère des détaillants. Une fois de retour, le ministre des Finances ne peut qu’avaliser les promesses faites par son homologue de l’Agriculture.

Le 27 février 1974, probablement à la suite de l’affaire des écoutes du Canard enchaîné, il « échange », lors d’un changement de gouvernement, son poste avec celui de Raymond Marcellin, jusque-là ministre de l’Intérieur. La mort de Georges Pompidou, le 2 avril suivant, l’affecte fortement ; il apparaît ému aux larmes lors de la messe des funérailles du président en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il milite alors pour une candidature à la Présidence de la République rassemblant l’ensemble de la majorité, face à l’union de la gauche derrière François Mitterrand, et est hostile à Jacques Chaban-Delmas qu’il n’estime pas capable d’affronter la gauche. Il choisit de soutenir tout d’abord le Premier ministre sortant, Pierre Messmer, un temps candidat, puis Valéry Giscard d’Estaing. Il rallie en la faveur de ce dernier, avec son « appel des 43 », 39 parlementaires et 4 ministres gaullistes et contribue ainsi à la victoire du ministre des Finances à l’élection présidentielle. Il bénéficie aussi d’une bonne connaissance du terrain et des élus locaux, acquise en moins de deux ans au ministère de l’Agriculture et surtout de par sa position au sein d’un ministère « stratégique » dans lequel il a la haute main sur les préfets, avec les Renseignements généraux, entre autres.

Le 27 mai 1974, en raison de son rôle décisif dans son élection, Valéry Giscard d’Estaing nomme Jacques Chirac Premier ministre. Il expose le 5 juin son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale qui lui accorde le lendemain sa confiance par 297 voix contre 181. Il conserve l’appui de l’Union pour la défense de la République (qui ne compte que cinq ministres sur quinze, alors qu’ils étaient dix sur seize dans le précédent gouvernement), dont il devient le secrétaire général, en dépit de l’opposition des barons du gaullisme, sans même en avoir été membre précédemment, par 57 voix contre 27 au député-maire de Cambrai, Jacques Legendre, le 14 décembre. Il ne fait toutefois pas l’unanimité au sein du camp gaulliste. Ainsi, le ministre sortant des Relations avec le Parlement, Robert Boulin, qualifie son arrivée à la tête du parti de « hold-up » et rend sa carte de militant tandis que le député-maire de Brive-la-Gaillarde Jean Charbonnel avait déjà saisi, dès le 25 juin 1974, le tribunal administratif pour « violations graves, répétées, délibérées des statuts de l’UDR ». Jacques Chaban-Delmas, quant à lui, estime que : « M. Chirac n’a découvert le gaullisme qu’en comptant les sièges de l’Assemblée ».

Jacques Chirac prend toutefois rapidement en mains l’UDR, notamment les fédérations du parti, et il est réélu à la tête du parti avec 92,56 % des voix des membres du conseil national. La journaliste Michèle Cotta mentionne « un enthousiasme inouï manifesté dans la salle ultra-moderne du palais des Congrès. Quel contraste par rapport à sa désignation houleuse en décembre dernier ».

À Matignon, il instaure un style détendu et studieux, travaillant souvent en bras de chemise et les pieds sur la table, tout en entamant un bras de fer avec le président. Tous deux désirent gouverner le pays et possèdent un caractère très différent : leur rivalité est la même depuis leurs tensions au ministère des Finances. De plus, Jacques Chirac se voit imposer par le président un grand nombre de ministres qu’il n’apprécie pas. C’est notamment le cas de Michel Poniatowski qui lui succède à l’Intérieur et obtient en plus le titre de ministre d’État (ce qui en fait le no 2 du gouvernement derrière Chirac) et Jean-Jacques Servan-Schreiber, tous deux fermement antigaullistes. Jacques Chirac se débarrasse rapidement du cofondateur de L’Express sur la question des essais nucléaires. « JJSS » y est opposé et le fait savoir, ce qui le pousse à la démission dès le 9 juin 1974. Pour le remplacer, Valéry Giscard d’Estaing impose à Jacques Chirac le second cofondateur de L’Express en la personne de Françoise Giroud, qui devient secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargée de la Condition féminine le 16 juillet.

D’un autre côté, les réformes entreprises par Valéry Giscard d’Estaing surprennent puis agacent les gaullistes. Si Jacques Chirac s’investit personnellement dans la défense des plus symboliques d’entre elles, telles la majorité à 18 ans, la loi sur l’avortement, l’extension de la couverture de sécurité sociale ou la réforme de l’audiovisuel (avec l’éclatement de l’ORTF en sept entités autonomes, comprenant les trois chaines et Radio France, tout en conservant le monopole d’État), celles-ci, ainsi que certaines actions du président telles la « poignée de main » à des détenus en prison, rendent sceptiques l’UDR et vont, selon eux, à l’encontre des idéaux de l’électorat de droite. Beaucoup de « barons du gaullisme » lui reprochent alors d’être trop proche de l’Élysée, le contraignant à la démission du secrétariat général de l’UDR le 15 juin 1975 au profit d’un de ses proches, André Bord puis, à partir de 1976, Yves Guéna. Espérant être reconnu par le président de la République comme chef de la majorité, l’emploi par l’Élysée du terme de « majorité présidentielle » fait que les relations se tendent entre les deux têtes de l’exécutif. Les deux conseillers personnels de Jacques Chirac, Pierre Juillet et Marie-France Garaud, le poussent même à la rupture avec Valéry Giscard d’Estaing.

À ces difficultés d’ordre politique s’ajoute une mauvaise situation  économique et sociale. Il est en effet le premier chef du gouvernement à être réellement confronté aux effets du premier choc pétrolier de 1973 : la France connaît alors sa première récession économique (le PIB se rétracte de 1,6 % au quatrième trimestre 1974 et de 1,5 % en 1975) depuis 1945, ainsi qu’une forte inflation (celle-ci atteint 13,8 % en 1974, soit la plus forte hausse depuis 1958), tandis que le nombre de demandeurs d’emploi passe de 200 000 à 1 million de personnes de 1974 à 1976. Dans un premier temps, le gouvernement s’efforce de lutter contre l’inflation née de la hausse du prix du baril de pétrole en adoptant le 12 juin 1974 un plan de « refroidissement » préparé par le ministre de l’Économie et des Finances « giscardien » Jean-Pierre Fourcade (il comprend notamment l’opération « frein sur les prix » qui passe par des accords de programmation de hausse avec les producteurs et les distributeurs, la loi du 30 décembre 1974 instaurant un prélèvement exceptionnel contre l’inflation assis sur les accroissements excessifs de marge et la revalorisation du rôle du comité national des prix par décret du 7 août 1975). Cette action déflationniste permet à la hausse des prix d’être moins importante les années suivantes (+ 11,9 % en 1975 et + 9,5 % en 1976) et de réduire le déficit commercial du pays, mais fait chuter dans le même temps le taux d’investissement, fragilisant d’autant la production notamment dans le secteur industriel (celle-ci baisse de plus de 10 % en quelques mois).

Jacques Chirac et les gaullistes s’opposent à ce plan, étant favorables à des mesures de relance de l’économie par l’investissement. Le Premier ministre déclare ainsi en juillet 1975 : « Le plan de refroidissement a assez duré. Il ne faut pas écouter les technocrates imbéciles qui veulent freiner les investissements. Les entreprises ont besoin d’une relance ». Sa vision s’impose alors progressivement au président de la République et, après un premier programme « timide » de 6 milliards de Francs complété d’un emprunt de 15 milliards redistribué aux petites et moyennes entreprises au début de l’année 1975, un véritable virage dans la politique économique du gouvernement a lieu en septembre 1975 avec l’abandon du « refroidissement », l’allégement des restrictions de crédits (que sont l’encadrement, les réserves obligatoires et le taux d’intervention de la Banque de France), la mise en place d’un plan de relance de 30,5 milliards de Francs et l’adoption d’un report d’impôt sur les bénéfices pour les entreprises. Cette rupture permet à la production industrielle de repartir à la hausse tout en conservant une inflation stable autour de 10 %, mais entraîne un déficit de la balance commerciale de 40 milliards et déstabilise le Franc qui se déprécie d’environ 4,5 % et doit sortir du Serpent monétaire européen le 15 mars 1976.

À ceci s’ajoute une politique commerciale offensive, le Premier ministre se faisant le défenseur des industries et technologies françaises à l’étranger. Le 24 juin 1974, à l’occasion de la visite du chah d’Iran Mohammad Reza Pahlavi, celui-ci signe pour 20 à 22 milliards de contrats d’armement, l’achat de cinq centrales nucléaires et l’obtention par des entreprises françaises de la construction du métro de Téhéran et l’électrification des chemins de fer. Plus tard dans l’année, le 20 décembre, Jacques Chirac se rend en retour en Iran et obtient cette fois-ci la signature pour 35 milliards de francs, dont l’adoption par Téhéran du procédé de télévision en couleur français SÉCAM. Il fait de même avec l’État Baasiste d’Irak, encore  considéré comme respectable par l’Occident à cette époque (car laïc et en apparence moderniste) : il se rend à Bagdad le 30 octobre 1974 pour obtenir des promesses d’achat pour l’industrie française à hauteur de 15 milliards de francs, dont une fois de plus le procédé SÉCAM. Mais surtout, un accord de coopération énergétique est signé entre les deux pays le 18 novembre 1975, avec l’obtention pour des compagnies pétrolières françaises d’avantages, le partage à 23 % du pétrole irakien et le projet d’installation d’un réacteur nucléaire expérimental de 1 500 MW destiné à la recherche atomique civile en Irak (vite abandonné pour des raisons techniques, il préfigure un second accord signé le 26 août 1976 à l’origine de la construction du réacteur de 70 MW d’Osirak, surnommé « Ô Chirac » par les Israéliens et une partie de la presse francophone et utilisé par les milieux néo-conservateurs et certains médias américains à partir de 2002 afin de critiquer la position de Jacques Chirac et de la France vis-à-vis de la guerre d’Irak). Cette attitude de « VRP » du « savoir-faire à la Française » lui vaut d’être parodié en bande dessinée, par le scénariste René Goscinny (qui le croque à nouveau dans l’album d’Astérix Obélix et Compagnie deux ans plus tard) associé au dessinateur Jean Tabary, dans une courte histoire d’Iznogoud paru dans Le Journal du dimanche du 8 décembre 1974.

Le 11 janvier 1976, le président effectue un remaniement ministériel contre l’avis du Premier ministre : les ministres dont ce dernier souhaitait le départ, à savoir Michel Poniatowski, Jean-Pierre Fourcade et Françoise Giroud, sont maintenus, et l’équipe gouvernementale est augmentée de six secrétaires d’État dont un seul de l’UDR, alors que le Premier ministre voulait la restreindre et augmenter le nombre de gaullistes en son sein. Il dénonce le pouvoir exercé par Valéry Giscard d’Estaing et, après la défaite de la droite aux élections cantonales de mars 1976 (neuf départements passent alors à gauche), il demande l’organisation d’élections législatives anticipées au cours desquelles son rôle de coordinateur de la majorité serait reconnu et une refonte complète de l’action gouvernementale : abandon de certaines réformes comme la taxation sur les plus-values et une politique plus axée sur le plan social et la défense des libertés.

Après une rencontre au fort de Brégançon le 6 juin 1976, Jacques Chirac se laisse convaincre par ses collaborateurs, considérant qu’il est devenu l’« huissier de la présidence », et décide de quitter son poste. Il remet sa lettre de démission au président de la République le 26 juillet 1976, mais il accepte de ne la rendre officielle que le 25 août à 11 h 40. Il se justifie avec éclat lors d’une conférence de presse tenue à l’Hôtel Matignon le jour de son départ : « Je ne dispose pas des moyens que j’estime aujourd’hui nécessaires pour assumer efficacement mes fonctions de Premier ministre et dans ces conditions, j’ai décidé d’y mettre fin ». Il aurait affirmé à Valéry Giscard d’Estaing « qu’il voulait quitter la vie politique […] et qu’il s’interrogeait sur sa vie, et qu’il parlait même de monter une galerie d’art ».

Quoi qu’il en soit, remplacé par Raymond Barre, il est dénoncé dès le soir du 25 août par Valéry Giscard d’Estaing dans un entretien donné à TF1. Le chef de l’État reproche à son ancien Premier ministre d’être incapable de résoudre le problème de l’inflation et d’informer clairement l’opinion publique des buts poursuivis par le gouvernement, et considère qu’il manque d’autorité et est inapte à donner aux débats politiques la sérénité nécessaire. L’opposition porte un jugement beaucoup moins dur sur son passage à Matignon, car si Georges Marchais considère Jacques Chirac comme « le Premier ministre le plus antisocial » qu’il ait jamais rencontré, François Mitterrand dit de lui qu’il a été « le meilleur Premier ministre » que la majorité ait eu à son service.

En effet, Jacques Chirac critique de plus en plus ouvertement  le gouvernement de son successeur Raymond Barre et multiplie les actions de déstabilisation à l’égard de Valéry Giscard d’Estaing, selon une stratégie élaborée par Pierre Juillet et Marie-France Garaud. C’est ainsi qu’il annonce le 19 janvier 1977 sa candidature à la mairie de Paris, fonction ressuscitée après plus de 105 ans d’absence par le nouveau statut de la ville voté au Parlement en décembre 1975 (et auquel Jacques Chirac s’était opposé), contre celle de Michel d’Ornano, ministre RI en exercice proche du président de la République et soutenu directement par l’Élysée, déjà en course depuis le 12 novembre 1976. Ce que les médias qualifient alors de « bataille de Paris » donne lieu, à coup de sondages « trafiqués » fournis par les deux camps toutes les semaines et de petites phrases, à une campagne acharnée entre les listes « Union pour Paris » du président du RPR et celles « Protection et Renouveau pour Paris » du giscardien, qui s’affrontent dans 17 des 18 secteurs de vote créés par le statut de 1975g (seul dans le 7e arrondissement la majorité réussit à s’unir derrière le député RI et conseiller sortant Édouard Frédéric-Dupont). Michel d’Ornano, maire sortant de Deauville, est présenté par ses adversaires et perçu par beaucoup de Parisiens comme un « parachuté » et un aristocrate « élevé dans un pantalon de flanelle ». Les partisans de Jacques Chirac, lui aussi élu d’un autre département, présentent en revanche ce changement de fief électoral comme un « retour aux sources », étant né et ayant fait l’essentiel de sa scolarité dans la capitale. De plus, il n’est tête de liste dans aucun secteur de vote, n’étant présent qu’en seconde position sur celle du 5e arrondissement, derrière Jean Tiberi.

Le 26 novembre 1978, Jacques Chirac est victime d’un accident sur une route de la Corrèze et est transporté à l’hôpital Cochin à Paris. De là, il lance l’« appel de Cochin », écrit par Pierre Juillet et apporté dans sa chambre d’hôpital par Marie-France Garaud : il y dénonce le « parti de l’étranger », c’est-à-dire l’UDF, en accusant le parti de Valéry Giscard d’Estaing d’agir au nom de l’Europe et contre les intérêts de la France dont il « prépare l’inféodation » et « consent à l’idée de son abaissement ». La réaction au sein des « giscardiens » du RPR ne se fait pas attendre : Lucien Neuwirth décide de ne plus voter aux conseils nationaux, Hélène Missoffe et Alexandre Sanguinetti démissionnent tandis que le garde des Sceaux Alain Peyrefitte écrit une lettre à tous les parlementaires du parti dans laquelle il condamne « ces propos outranciers ». Pour cela, il est exclu du mouvement pour six mois, mais tous les membres RPR du gouvernement se solidarisent avec lui. C’est au tour d’Yves Guéna, premier de la « bande des quatre » à rompre avec lui, de marquer son mécontentement au début de l’année 1979 pour protester contre le fait qu’il n’ait pas été mis au courant au préalable de l’annonce faite par Jacques Chirac aux journées parlementaires du parti à la Guadeloupe qu’il allait demander la mise en place de deux commissions d’enquête (dont une sur l’information à la radio et à la télévision, où il estime que son image y est malmenée) et la convocation d’une session extraordinaire du Parlement pour remettre en cause la politique  économique et sociale du gouvernement. Pourtant, lors de la tenue de cette dernière, obtenue grâce à la même demande de la gauche, du 14 au 16 mars 1979, Jacques Chirac n’intervient pas et empêche que le RPR vote la motion de censure déposée par l’opposition socialiste (le parti néo-gaulliste choisit alors l’abstention).

Sa candidature à l’élection présidentielle de 1981 semble pourtant être remise en question : sa position est en effet particulièrement instable au sein du RPR, s’étant attiré la méfiance tant de la vieille garde orthodoxe du mouvement gaulliste, groupée autour de Michel Debré, qui annonce sa propre candidature le 30 juin 1980, mais aussi de l’aile la plus « giscardienne » (Jacques Chaban-Delmas, Olivier Guichard, Jean Foyer ou Yves Guéna) opposée à l’attitude d’opposition à peine voilée adoptée par Jacques Chirac à l’égard du gouvernement et du président de la République (ainsi, le RPR pousse le gouvernement à recourir à l’Article 49.3 et donc à engager sa responsabilité sur une série de projets de loi lors de la session d’automne 1979, tandis que le 9 décembre Jacques Chirac évoque devant le comité central du parti « l’incapacité de ceux qui ont mission de guider le pays »). De plus, certains de ses proches, dont Bernadette Chirac, Jean de Lipkowski ou Alain Juppé estiment qu’il serait prématuré pour lui de se lancer déjà dans la bataille pour la présidentielle, tandis que d’autres (Charles Pasqua ou Bernard Pons) le poussent au contraire à s’engager.

Jacques Chirac hésite ainsi, estimant qu’une « bonne candidature » doit représenter « le refus de ce qui semble inévitable », « symboliser le  renouveau et l’espérance qui sont l’essence même du gaullisme » et ne doit être déposée que si l’on a la volonté « de gagner, donc d’être présent au second tour ». Toutefois, le 25 octobre 1980, il déclare : « Longtemps j’ai attendu un changement de la part du président » et compare la situation politique du moment avec la fin de la IVe République. Beaucoup estiment alors que l’annonce de sa candidature n’est plus qu’une question de temps.

Il annonce finalement sa candidature le 3 février 1981, depuis l’Hôtel de ville de Paris, en se présentant comme le seul légitime à pouvoir se poser en « rassembleur des gaullistes » et en se fixant pour objectif d’« arrêter le processus de dégradation de la France » qu’il attribue « au comportement des responsables de l’État ». Il installe son quartier général rue de Tilsitt à Paris, tandis que Charles Pasqua est nommé coordonnateur de sa campagne. Il expose son programme le 10 février, en l’axant sur les thèmes de la réduction des impôts — suivant l’exemple de Ronald Reagan — du retour à une politique étrangère volontariste et du « changement sans risque », effectuant ainsi un virage à droite depuis son discours du « travaillisme à la française » de la fin des années 1970, entamant ce que certains politologues, dont Jean Baudouin, ont appelé le « moment néo-libéral du RPR ». Il attaque tout particulièrement le président sortant dont il dénonce « l’irrésolution » en politique étrangère (reprenant alors le thème du « parti de l’étranger »), le « manque de fermeté » dans le maintien de l’ordre républicain et une tendance au « collectivisme rampant ». Il mène une campagne dans les plus importants groupes de médias français, avec le soutien des industriels Jacques Dauphin et Marcel Dassault. Il est également soutenu par certaines personnalités des lettres, du spectacle ou du monde sportif, tels l’accordéoniste Aimable, les acteurs Jean Marais et Moustache, la romancière Juliette Benzoni, le comédien Roger Carel, le peintre Bernard Buffet et son épouse l’écrivaine Annabel, la meneuse de revue et chanteuse Line Renaud et son époux et compositeur Loulou Gasté, la présentatrice de télévision Sophie Darel, l’athlète médaillé olympique de 110 mêtres haies Guy Drut ou encore le judoka lui aussi champion olympique Thierry Rey. Sa chanson de campagne Jacques Chirac, maintenant, aux accents disco, est a posteriori moquée.

Il obtient au premier tour, le 26 avril, 18 % des suffrages exprimés, soit un peu plus de cinq millions de voix, et se retrouve largement distancé par Valéry Giscard d’Estaing (28,32 %) et François Mitterrand (25,85 %). Toutefois, il confirme son statut de chef naturel de la famille politique gaulliste, puisqu’il fait mieux que Jacques Chaban-Delmas en 1974 (15,10 %), tandis que les scores cumulés des deux autres candidatures gaullistes, celles de Michel Debré et de Marie-France Garaud, sont de 3 %.

Jacques Chirac annonce, au lendemain du scrutin, que chacun doit « voter selon sa conscience » et déclare, qu’« à titre personnel », il ne peut que voter pour le chef de l’État sortant. Ses militants retiennent le peu de conviction du message et votent massivement pour le candidat de l’opposition. Une lettre de Philippe Dechartre est même envoyée aux adhérents pour appeler à la mobilisation pour Mitterrand. Selon Valéry Giscard d’Estaing76, Raymond Barre et Christian Bonnet, la permanence du RPR conseille de voter pour François Mitterrand entre les deux tours ; Valéry Giscard d’Estaing explique que François Mitterrand lui aurait confirmé avoir rencontré Jacques Chirac chez Édith Cresson à cette occasion. Toujours selon Valéry Giscard d’Estaing, la stratégie de Jacques Chirac est alors de faire élire François Mitterrand puis d’essayer d’obtenir une nouvelle fois la majorité au parlement, le dirigeant socialiste étant obligé de dissoudre la chambre issue de 1978. Pour Jacques Chirac, la présence de ministres communistes créerait chez les Français un tel sentiment de peur, comparable à celui de mai 1968, qu’il provoquerait un nouveau raz-de-marée gaulliste. Jean-François Probst, Charles Pasqua et Raymond Barre confirment ultérieurement cette stratégie venant de l’état-major du RPRh. Pierre Messmer confirme cette version des faits. Édith Cresson et d’autres personnalités confirmeront l’accord secret alors que Chirac niera toujours son existence. Toutefois, une majorité des parlementaires RPR appellent à voter VGE, tandis que Jacques Chirac met en garde le 6 mai les électeurs contre François Mitterrand qui, selon lui « persiste à s’inspirer de principes économiques qui ont échoué partout où ils ont été appliqués ». Au second tour, le 10 mai, le candidat socialiste est élu, avec 51,76 % contre 48,24 % au président sortant.

Le 16 mars 1986, lors des élections législatives à la proportionnelle, l’union RPR-UDF obtient deux sièges de plus que la majorité absolue (291 députés sur 577). Le RPR-UDF recueille 41 % des voix, le FN 10 %, tandis que le PS baisse (mais à un niveau moindre que prévu) à 31 % et que le PCF obtient 10 %. Le RPR est le premier groupe de la majorité avec 155 membres et apparentés, mais le deuxième de l’hémicycle, derrière le PS. L’UDF compte 129 députés.

Le même jour que les législatives, les élections régionales, les premières, confirment mais bien plus nettement, la décrue de la gauche. La droite obtient la présidence et la majorité dans 20 régions sur 22.

Jacques Chirac, président du plus important parti de la majorité à l’Assemblée nationale, est nommé Premier ministre le 20 mars. C’est la première cohabitation entre un président de gauche et une majorité parlementaire de droite. Outre lui-même, le gouvernement Chirac compte initialement 37 membres, nombre porté à 40 cinq jours plus tard, à savoir : un ministre d’État (un de ses plus proches alliés au sein du RPR, Édouard Balladur, chargé de l’Économie, des Finances et des Privatisations), 13 ministres (6 RPR, 5 UDF se répartissant entre 2 PR, 2 CDS et 1 radical, et 2 indépendants), 10 ministres délégués (8 RPR et 2 UDF-PR) et 16 secrétaires d’État (9 UDF dont 4 CDS, 3 PR, 1 radical et 1 PSD, 6 RPR et 1 indépendant). Les trois personnalités issues de la société civiles qui font leur entrée dans son ministère sont le diplomate Jean-Bernard Raimond (jusque-là ambassadeur en URSS) au ministère des Affaires étrangères, le président de la FNSEA François Guillaume à l’Agriculture et le French doctor Claude Malhuret (directeur général de Médecins sans frontières) comme secrétaire d’État aux droits de l’Homme.

Dans son discours de politique générale prononcé devant l’Assemblée nationale le 9 avril, il déclare : « Notre nouvelle frontière, ce doit être l’emploi »97. Le lendemain, il obtient la confiance des députés par 292 voix (l’ensemble des groupes RPR et UDF, 5 non inscrits sur 9 et un député  d’extrême droite sur 35) contre 285.

Il continue toutefois à exercer ses fonctions de maire de Paris, et à habiter dans son logement de fonction de l’Hôtel de Ville plutôt qu’à Matignon : chaque matin, il donne ainsi tout d’abord ses directives sur les grands dossiers municipaux avant de rejoindre son bureau de chef de gouvernement. Ce cumul de mandats lui permet alors notamment d’être le principal défenseur de la candidature de la capitale française pour l’organisation des Jeux olympiques d’été de 1992, et il mène ainsi la délégation parisienne à la 91e session du CIO à Lausanne le 17 octobre 1986 : Paris y est battu au troisième tour par Barcelone, arrivant en seconde position avec 23 voix contre 47 à la capitale catalane, mais se déclare quand même satisfait de la victoire d’Albertville pour les Jeux olympiques d’hiver la même année.

L’une de ses premières mesures, dès le 20 mai, est de revenir sur la proportionnelle et de rétablir le scrutin uninominal majoritaire à deux tours dans le cadre de 577 nouvelles circonscriptions établies par une commission présidée par Charles Pasqua.

Le 16 janvier 1988, Jacques Chirac annonce depuis l’hôtel de Matignon qu’il se présente à l’élection présidentielle. Son directeur de campagne est à nouveau Charles Pasqua, et Alain Juppé son porte-parole. Confronté à la remontée spectaculaire de François Mitterrand dans les sondages, et à une « primaire » à droite qui l’oppose au premier tour à Raymond Barre, investi par l’UDF, il se lance dans une tournée dans toute la France pour expliquer sa politique. Son équipe de communication, toujours menée par Bernard Brochand et Jean-Michel Goudard, mais incluant désormais également sa fille Claude Chirac, tente de le réconcilier avec le grand public : il apparaît ainsi pour la première fois sans ses éternelles lunettes sur ses affiches électorales et monte une campagne d’affichage dans toute la France grâce à l’appui de l’afficheur et industriel français Jacques Dauphin115, en simple chemise, l’air décontracté et bienveillant116, avec pour slogan un seul mot, « la volonté ». Il reçoit également, de manière plus active qu’en 1981, l’appui de personnalités du spectacle, du cinéma ou de la chanson, comme en témoigne le « On a tous en nous quelque chose de Jacques Chirac » de Johnny Hallyday, qui reprend ainsi son Quelque chose de Tennessee en faveur du candidat du RPR lors d’un concert de soutien à l’hippodrome de Vincennes, le 20 mars, avec plusieurs personnalités.

Au premier tour, le 24 avril, il obtient seulement 19,9 % des suffrages exprimés (soit un score à peine supérieur à celui de 1981), étant talonné à droite par Raymond Barre, qui recueille 16,5 %. Les deux candidats de droite se trouvent largement distancés par François Mitterrand (34,1 %), même si leurs scores cumulés placent la droite en tête du premier tour de scrutin. Immédiatement, l’ancien Premier ministre sous Valéry Giscard d’Estaing appelle à voter pour Jacques Chirac au second tour. Mais surtout, avec 14,4 % des voix, Jean-Marie Le Pen confirme l’ascension électorale connue par l’extrême droite depuis le début des années 1980 et le report de ses électeurs devient l’un des enjeux de cette élection. Le journaliste Éric Zemmour a rapporté que Jacques Chirac aurait eu une entrevue secrète avec le président du Front national entre les deux tours, ce qu’il a toujours nié. En fait, il y aurait eu deux rencontres selon Franz-Olivier Giesbert. La première se serait déroulée un mois avant le premier tour par l’intermédiaire d’un ami commun, le général Pierre de Bénouville. Il s’agissait d’une prise de contact afin que les deux hommes puissent se jauger. Une seconde rencontre aurait eu lieu entre les deux tours. Cette fois, Charles Pasqua fut l’intermédiaire qui organisa l’entrevue chez un ami armateuri. L’attitude qu’adopte alors Jacques Chirac vis-à-vis de Jean-Marie Le Pen fait l’objet de récits contradictoiresj. Lors de son allocution du 1er mai 1988, Jean-Marie Le Pen ne pouvait plus que déclarer : « Pas une voix pour Mitterrand ! » laissant ses électeurs libres de choisir entre le vote blanc et le bulletin Chirac. Depuis cette date, Jean-Marie Le Pen nourrit une rancune envers Jacques Chirac.

Le 28 avril, lors d’un débat télévisé particulièrement rugueux, François Mitterrand, qui a déjà l’expérience de deux de ces faces-à-faces, prend l’ascendant sur son Premier ministre (les médias retiendront sa répartie cinglante et ironique à un Jacques Chirac insistant à l’appeler M. Mitterrand et non M. le président : « Mais vous avez tout à fait raison, M. le Premier ministre »), et lui affirme « dans les yeux » qu’il l’avait informé de l’implication dans les attentats de Paris de 1986 du diplomate iranien Wahid Gordji, pourtant libéré en novembre 1987 et renvoyé dans son pays, apparemment dans le cadre des tractations concernant les otages au Liban.

Les derniers jours de la campagne sont marqués par deux évènements, en outre-mer et au Proche-Orient, qui vont fortement marquer l’opinion. Ainsi, le 4 mai, le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua se rend personnellement au Liban pour ramener les trois otages français, retenus en captivité dans ce pays du Proche-Orient depuis trois ans, pour les ramener en France où ils sont accueillis, le 5, par Jacques Chirac. Officiellement, le gouvernement français n’a payé aucune rançon, mais Matignon doit admettre le 6 qu’un accord a été signé avec l’Iran, lequel, en contrepartie de la libération des otages, prévoit le rétablissement du statut d’actionnaire de l’Iran dans Eurodif et la livraison « sans restriction » d’uranium enrichi à Téhéran. À la même période, l’affaire de la prise d’otages d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie, commencée deux jours avant le premier tour (le 22 avril, des indépendantistes kanaks du FLNKS ont attaqué la gendarmerie de Fayaoué sur l’île d’Ouvéa, tuant quatre gendarmes et prenant les vingt-sept autres en otages, dont la plupart sont emmenés dans la grotte de Gossanah), se termine dans le sang le 5 mai par l’opération Victor (la grotte est prise d’assaut par des membres des forces spéciales sur ordre de Matignon et avec l’accord de l’Élysée, entraînant la mort de dix-neuf preneurs d’otages et de deux militaires, mais tous les otages sont libérés).

Au soir du second tour de l’élection le 8 mai 1988, Jacques Chirac subit une défaite assez importante en n’obtenant que 45,98 % des voix. Son camp est démoralisé, et son épouse va jusqu’à affirmer : « Les Français n’aiment pas mon mari. » Lui-même souhaite : « Bonne chance à la France et bonne chance aux Français. » Même s’il le nie, il traverse une période de dépression, à la suite de cet échec et aussi à cause de la maladie de sa fille Laurence qui s’aggrave, envisageant un temps d’arrêter sa carrière politique.

Le 12 mai, il cède l’Hôtel de Matignon au grand rival de François Mitterrand au sein du PS, Michel Rocard, et le 15, l’Assemblée nationale, toujours majoritairement à droite, est dissoute.

Édouard Balladur, devenu très populaire (65 % d’opinions favorables au début de l’année 1995 selon le baromètre Sofres), décide de se présenter à l’élection présidentielle (candidature officiellement annoncée le 18 janvier 1995) : les partisans du président du RPR crient à la trahison, d’autant que le Premier ministre entraîne avec lui une large partie des chiraquiens du premier cercle, la plupart membres de son gouvernement, dont Nicolas Sarkozy et Charles Pasqua. Philippe Séguin, un temps hésitant, se lance dans la bataille auprès du candidat « légitime », et devient avec Alain Juppé et Alain Madelin un des principaux soutiens de Jacques Chirac. Celui-ci, espérant devancer Édouard Balladur, annonce sa candidature tôt, le 4 novembre 1994 et résume sa vision politique à travers deux livres programmes parus à quelques mois d’intervalle : Une nouvelle France, Réflexions 1 en juin 1994 et La France pour tous (qui devient son slogan) en janvier 1995.

Il entame une campagne dynamique, centrée sur le thème de la « fracture sociale », et comble progressivement l’écart le séparant du Premier ministre dans les intentions de vote en développant une stratégie de communication (développée par Jean-Michel Goudard ou Claude Chirac) tendant à le rendre plus humain et plus proche des Français que son adversaire. A posteriori, l’émission satirique Les Guignols de l’info est considérée comme ayant influé significativement sur les résultats de l’élection présidentielle du fait du traitement accordé à Jacques Chirac, transfiguré par les auteurs en personnage de anti-héros sympathique, devenant l’une des marionnettes les plus populaires (la phrase « Mangez des pommes », développée à partir du logo de la campagne chiraquienne figurant un pommier, est vite reprise dans les médias et au sein de la population). À ce sujet, Benoît Delépine, l’un des auteurs de l’émission, explique : « On détestait Balladur. Il était d’une prétention hallucinante avec un côté aristo qui faisait penser à l’époque giscardienne. Les Guignols ont sans doute participé à le déstabiliser. Cela dit, il s’est surtout déstabilisé tout seul. Chirac, lui, avait ce côté un peu loser sympa. Il s’était fait discret pendant quelques années et bénéficiait de l’image d’un homme neuf. Jospin n’était pas prêt. Il paraissait même surpris d’être là. On connaît la suite130… »

Jacques Chirac réussit à éliminer Édouard Balladur (qui se classe troisième avec 18,58 % des suffrages) au premier tour, au terme d’une lutte féroce et marquée par la sortie de plusieurs affaires politico-financières (telles que l’affaire Schuller-Maréchal), en obtenant la deuxième place (avec 20,84 % des voix) derrière Lionel Jospin, candidat socialiste (23,30 %). Jacques Chirac est élu président de la République au second tour face à Lionel Jospin, le 17 mai 1995, avec 52,64 % des voix.

La cérémonie d’investiture lors de laquelle il prend ses fonctions de président de la République a lieu le 17 mai 1995. Jacques Chirac est accueilli par François Mitterrand sur le perron de l’Élysée, après quoi s’ensuit le traditionnel entretien entre le président élu et le président sortant. Roland Dumas annonce ensuite les résultats définitifs de l’élection présidentielle et proclame Jacques Chirac président de la République. Le nouveau chef de l’État se rend dans l’après-midi à l’Arc de Triomphe, où il dépose une gerbe de fleurs en mémoire du Soldat inconnu. Le même jour, il nomme Alain Juppé Premier ministre. Lors des premiers jours de son mandat, le nouveau président de la République décide de ne pas dissoudre l’Assemblée nationale, préférant s’appuyer sur la majorité parlementaire élue deux ans plus tôt et qui compte 472 députés (257 du RPR et 215 de l’UDF). Le gouvernement formé s’appuie sur des chiraquiens comme Jacques Toubon ou Jean-Louis Debré — le président de la République ayant donné comme consigne de ne pas nommer des « traîtres » — et sur des personnalités ayant une expérience politique limitée. Nicolas Sarkozy et Charles Pasqua affirmeront a posteriori que la composition de ce gouvernement a constitué une des causes de l’échec de la droite aux élections législatives de 1997.

Face à la pression de ses soutiens, les sondages lui étant peu favorables, Jacques Chirac décide d’annoncer plus tôt que prévu sa candidature pour l’élection présidentielle, le 11 février 2002 lors d’un meeting à Avignon, devançant ainsi Lionel Jospin (ce dernier annonce sa propre candidature le 20 février).

S’appuyant sur la jeune garde des députés RPR, mais aussi sur les anciens balladuriens (dont surtout Nicolas Sarkozy) et sur certains centristes et libéraux (tels Jean-Pierre Raffarin ou Philippe Douste-Blazy), il favorise la formation progressive d’un nouveau parti qui doit voir la fusion du RPR, de l’UDF et de DL : l’Union en mouvement (UEM) est créée le 4 avril 2001 par les partisans de cette solution, préfiguration de la future Union pour la majorité présidentielle. Les futurs éléments de ce nouveau parti (que l’UDF, dirigée par François Bayrou, refuse de rejoindre) développent les thèmes de la sécurité et de la baisse des impôts.

Après un début de campagne jugé moyen, Jacques Chirac profite des erreurs de Lionel Jospin (la phrase « un président vieilli et usé » choque). Fort de sa grande expérience des campagnes présidentielles, Jacques Chirac mène alors une campagne dynamique, notamment sur les thèmes de la baisse des impôts (promesse de baisse de 33 % de l’impôt sur le revenu) et de  l’insécurité, très largement relayés et diffusés par les médias (les Guignols de l’info de Canal+ accusent TF1 et son journal de 13 h d’amplifier le mouvement ; la gauche parle de « sentiment d’insécurité ») qui multiplient le temps d’audience sur le sujet et celui de la violence urbaine. Lionel Jospin voit dans le même temps sa campagne s’essouffler et pâtir de l’éclatement de la gauche plurielle entre plusieurs candidatures.

Le 21 avril, Jacques Chirac arrive en tête du premier tour avec 19,88 % des suffrages, soit le plus faible score historique pour un président sortant. À la surprise générale, Lionel Jospin est éliminé. Jacques Chirac se voit opposé au président du Front national, Jean-Marie Le Pen (16,86 %), qu’il déteste et dont il considère le parti comme une création de François Mitterrand (référence à la stratégie assumée de favoriser le FN pour affaiblir le RPR dans les années 1980). Il refuse de débattre avec son adversaire, déclarant que « face à l’intolérance et à la haine, il n’y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible ». Des journalistes rappellent à cette occasion leurs entrevues authentifiées de 1988 et évoquent sa crainte d’affronter un orateur de talent.

Il laisse alors la gauche et la jeunesse manifester en appelant à voter pour lui afin de faire barrage à Jean-Marie Le Pen et non par adhésion à sa personne, le slogan de ses opposants les plus farouches étant « Votez escroc, pas facho » ou encore l’opération « Voter avec des gants ». Le 5 mai, il est réélu avec 82,21 % des suffrages exprimés. Il bat ainsi plusieurs records à cette élection : il est, sous la Ve République, le président élu avec la plus large majorité au second tour et avec le plus grand écart de score entre le premier et le second tour (62,3 points). Raymond Barre et Michel Rocard déclarent que son score du second tour est un leurre car constituant un vote anti-FN : selon eux, seulement 20 % des Français l’apprécient et Chirac commit une erreur d’interprétation en croyant à un triomphe politique.

Le 16 mai 2007, Jacques Chirac quitte le palais de l’Élysée pour un appartement quai Voltaire à Paris, prêté par la famille de l’ancien Premier ministre libanais Rafiq Hariri, assassiné dans un attentat à Beyrouth en 2005. Comme tous les anciens présidents de la République, il devient membre de droit et à vie du Conseil constitutionnel, où il côtoie Valéry Giscard d’Estaing. En tant que tel, il touche une indemnité mensuelle de 11 000 €. Selon l’association 1901 « Sauvegarde retraites », il est de plus éligible à une retraite cumulée estimée en juin 2007 à 18 781 €, répartie de la manière suivante : 3 500 € pour 5 ans à la Cour des comptes, 5 000 € pour 30 ans de mandats locaux en Corrèze et à Paris, 5 031 € pour ses 19 ans en tant que député et enfin 5 250 € pour ses 12 ans à la présidence de la république.

Dans les mois qui suivent son départ de l’Élysée, il se rend dans plusieurs pays d’Afrique pour inaugurer des projets d’accès à l’eau, aux médicaments, à l’éducation et à deux reprises en Russie, à l’invitation personnelle de Vladimir Poutine188. Toutefois, il refuse de donner des conférences pour lesquelles il est fréquemment sollicité par diverses universités dans le monde188. Il accepte l’invitation de Nicolas Sarkozy à se rendre, le 16 juin 2009, aux obsèques nationales du président gabonais Omar Bongo.

Son état de santé, ainsi que ses ennuis judiciaires, le poussent à se mettre en retrait du Conseil constitutionnel, où il ne participe plus aux séances depuis le 9 décembre 2010. Il indique, dans une lettre envoyée en mars 2011 au président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, qu’il met ses fonctions entre parenthèses « jusqu’à nouvel ordre ». Son indemnité de 11 000 euros par mois est alors suspendue.

À partir d’avril 2009, le baromètre IFOP pour Paris Match le consacre chaque mois « personnalité politique préférée des Français ». En décembre suivant, il atteint la cote inédite, dans l’histoire du baromètre, de 78 % d’opinions positives.

Le premier tome de ses mémoires, consacré à sa vie politique avant la présidence et intitulé Chaque pas doit être un but, paraît le 5 novembre 2009. Il remporte un certain succès, s’écoulant, selon sa maison d’édition, entre 15 000 et 18 000 exemplaires par jour la première semaine de sa publication. Deux semaines après sa sortie, au 18 novembre, il aurait été réimprimé trois fois pour s’établir à un tirage global de 390 000 exemplaires (contre 260 000 initialement le jour de sa publication).

En 2014, il fait connaître sa préférence pour Alain Juppé en vue de la primaire de la droite pour l’élection présidentielle de 2017, tandis que son épouse apporte son soutien à Nicolas Sarkozy.

Victime d’un accident vasculaire cérébral en 2005, Jacques Chirac est dès lors frappé par des moments d’absence, des pertes de mémoire et est également atteint de forte surdité. En septembre 2011, les avocats de l’ancien président indiquent qu’il n’est pas « en capacité » d’assister au procès des emplois fictifs de la mairie de Paris en fournissant au président de la 11e chambre du tribunal correctionnel, Dominique Pauthe, un rapport médical établi par le neurologue Olivier Lyon-Caen faisant état de la vulnérabilité de Jacques Chirac, qui souffre en outre de « troubles de la mémoire » et présente une anosognosie. Ses apparitions publiques se font de plus en plus rares.

Il est hospitalisé à plusieurs reprises dans les années 2010, notamment en décembre 2015 pour affaiblissement et en septembre 2016 à la suite d’une infection pulmonaire. Il se déplace avec une canne puis en fauteuil roulant, tandis que sa surdité et ses difficultés pour communiquer s’accroissent. Ainsi, il ne peut aller voter à l’élection présidentielle de 2012 et effectue sa dernière apparition publique le 21 novembre 2014, lors de la remise annuelle des prix de sa fondation.

Sa santé continue de se détériorer au fil des années. Sa famille contrôle la communication et fait cesser toute apparition ou photographie en public, le tenant pour quasiment reclus à son domicile. En mars 2019, Jean-Louis Debré et Erwan L’Éléouet (biographe de Bernadette Chirac) indiquent qu’il ne reconnaît plus que quelques personnes (sa femme, sa fille et ses auxiliaires de vie) et qu’il ne parle presque plus. Jacques Chirac meurt d’une insuffisance rénale à son domicile parisien du 4, rue de Tournon, le 26 septembre 2019 à 7 h 45, à l’âge de 86 ans. Sa famille annonce que l’ancien président « s’est éteint au milieu des siens, paisiblement ».

Les anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande ainsi que de nombreux élus et responsables politiques de tous bords lui rendent hommage, de même que de nombreuses personnalités politiques étrangères ; Valéry Giscard d’Estaing exprime son émotion et adresse ses condoléances à sa famille216. Une minute de silence est observée à l’Assemblée nationale et au Sénat le jour de sa mort, ainsi qu’aux Nations unies. Un deuil national est déclaré en France le 30 septembre 2019 et une minute de silence est observée dans les administrations et les écoles ce jour-là à 15 heures. Plusieurs hommages lui sont également rendus en Corrèze, où un hommage officiel, à la demande de la famille et du département, se tient le 5 octobre 2019.

Source : Wikipédia.

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