Reza Chah, Empereur de Perse.

Reza Chah Pahlavi (en persan رضاشاه پهلوی, aussi écrit Rizā Shāh Pahlevi ou plus rarement Reza Ier, Reza Chah Ier ou Pahlavi Ier, né à Alasht le 15 mars 1878 et mort à Johannesburg le 26 juillet 1944, est l’empereur de Perse (Iran) de 1925 à 1941 et le fondateur de la dynastie Pahlavi. À différentes époques, il est également connu sous les noms de Reza Pahlavan1, Reza Savad-Koohi, Reza Khan, Reza Khan Mir-Panj, Reza (Khan) Sedar Sepah, Reza (Khan) Pahlavi, ayant d’abord été militaire, chef des armées, ministre de la Guerre puis Premier ministre avant d’être empereur entre 1925 et 1941.

Officier cosaque issu d’une lignée de militaires, il passe son enfance dans une relative pauvreté, natif du village montagneux d’Alasht, dans le Mazandaran. Orphelin de père à huit mois et de mère à sept ans, il est recueilli par un de ses oncles avant d’intégrer la brigade cosaque. Sa grande taille et sa force de caractère lui permettent de grimper les échelons de la hiérarchie militaire. Il mène le coup d’État de 1921 et devient successivement commandant suprême des corps armés et chef du gouvernement de l’Empire perse sous le règne d’Ahmed Chah, dernier souverain Qadjar. La Constituante ayant voté la déchéance du jeune monarque le 31 octobre 1925, le 12 décembre 1925, Reza Khan est aussitôt élu et intronisé par le Parlement (Majles). Proclamé empereur  (Chāhanchāh), il est couronné le 25 avril 1926. Contrairement aux Qadjar, la nouvelle dynastie n’est pas turcophone mais persanophone ; elle a également un caractère non-clanique marqué.

Son règne, extrêmement séculier et souverainiste, est marqué par une modernisation à grande échelle dans son pays, qui se trouve alors dans un état de « sous-développement abyssal », selon les mots de l’ambassadeur britannique de l’époque Percy Cox, avant l’arrivée au pouvoir de Reza Shah. Cependant, c’est un règne à deux aspects : d’un côté il modernise à grands pas la société pour la doter de services modernes, d’infrastructures correctes puis clairement bonnes, de codes de lois et de société inspirés de leurs équivalents européens, avec une égalité des sexes, de la recherche d’une promotion de la culture ancienne iranienne ; de l’autre, il impose tous ces changements avec fermeté et parfois autoritarisme, son attitude notamment vis-à-vis des religieux et des traditions locales lui valant quelques ressentiments dans la population. Il œuvre par exemple pour supprimer le féodalisme et une grande partie du tribalisme iranien, ce qui bouleverse et divise la société et les masses paysannes, et qui a – dit-on – laissé un assez mauvais souvenir chez les Iraniens. On lui doit également le changement du nom « Perse » en « Iran » en 1935.

En 1941, l’Iran, suspecté de progermanisme en pleine Seconde Guerre mondiale, est envahi par les troupes alliées, qui l’occupent pendant quatre ans et déposent le vieil empereur. Son fils Mohammad Reza lui succède, tandis qu’il est exilé par les Britanniques qui l’envoient à l’île Maurice, puis à Johannesburg, en Afrique du Sud, où il mourra. Son fils qui lui succède est renversé par la Révolution iranienne en 1979. Son petit-fils est actuellement un des meneurs de l’opposition à la République islamique. Le bilan de Reza Chah reste discuté et assez difficile à évaluer du fait que, contrairement à Mustapha Kemal (son modèle), son successeur a été renversé par une révolution qui aboutit à la mise en place d’un régime théocratique en totale contradiction avec les principaux aspects de son règne. L’Iran actuel, où l’information est assez contrôlée, ne laisse transparaître de lui qu’une image extrêmement négative.


En 1891, suivant les traces de son père, Reza se lance dans la carrière militaire : il intègre à 15 ans la brigade cosaque persane, seule institution nationale jugée efficace et inspirant le respect en 1893-94. Il est ensuite très difficile de savoir, même en fouillant les documents administratifs, ce qu’a fait Reza entre 1894 et 1911. Quelques écrivains indiquent qu’il fut garde en faction devant l’ambassade allemande, belge ou néerlandaise, ou devant la demeure du prince Abdol Hossein Mirza Farmanfarma, mais ces écrits sont sujets à caution, la plupart ayant été écrits après l’avènement de la  République islamique. « À cette époque, “l’armée perse” en général est, comme le reste du pays, dans un état de désorganisation avancée : la corruption règne, les soldats s’équipent eux-mêmes, on leur fournit parfois un cheval. La brigade cosaque est le seul corps à peu près organisé et discipliné, et c’est probablement pour cela que Reza choisit de l’intégrer. On dit que Reza était froissé de ce que cette armée théoriquement iranienne fût commandée par des officiers russes et que l’on s’y exprimât en russe.

Contrairement à Mustapha Kemal, son futur modèle politique avec lequel il devait entretenir de bons rapports, Reza était relativement peu instruit. Il ne maîtrise aucune langue véhiculaire ou diplomatique (Mustapha Kemal parlait le français). Contrairement à ce qu’affirmait la propagande britannique dans les années 1920, Reza était semi-analphabète et apprit très tard à écrire. S’il savait quelques rudiments de turc (ce qui lui sera utile en 1934), il n’était pas vraiment cultivé mais il avait un autre atout : il se remarquait par son allure, son autorité et ses qualités militaires qui faisaient de lui un exemple de bravoure et de détermination. Ce sont ces qualités qui lui permirent de grimper rapidement les échelons militaires.

C’est le même prince que celui dont il aurait été le garde, Farman Farma, qui, en 1911, le fit combattre dans les soulèvements de la fin de la Révolution constitutionnelle, dans les tentatives infructueuses de Mohammad Ali Qâdjar de recouvrer son trône. Malgré tout, le prince l’élève au grade de lieutenant en 1911, avant qu’il n’atteigne l’équivalence du grade de capitaine en 1912. C’est un homme de grande taille, environ 1,90 m, une véritable force de la nature, également très au fait de l’emploi des mitrailleuses, dont il s’occupe en 1915. Lesdites mitrailleuses sont des Maxim, et Reza, qui n’a pas de vrai nom ou de patronyme officiel est surnommé Reza Khan Maxims. Cette année-là, il aurait été promu colonel. En 1918, il est général de brigade (Sartip), dans une campagne des cosaques contre la troupe du bandit Na’eb Hosein dans le Kashan6.

Selon l’avis du général Ironside, officier britannique chargé par le gouvernement de Téhéran de la réorganisation de la brigade cosaque, il devient ainsi le premier officier persan à commander ce corps armé en remplacement des Russes. En 1920, le précédent commandant, le général Vsevolod Starosselski, avait quitté la Perse, comme une bonne partie des officiers russes de la brigade cosaque, pour aller combattre les Rouges aux côtés des Blancs dans la guerre civile russe (1918-1924). Recherchant à l’époque un appui en Perse (voir plus bas), les Britanniques essaient de nommer à la tête de la Brigade un officier anglophile, mais ils y renoncent devant la popularité de Reza et l’hostilité de la troupe face à cette éventualité. Reza Khan devient donc le commandant de la brigade.

Profitant d’une situation confuse et complètement désordonnée, il entreprend un coup d’État dans la nuit du 20 au 21 février 1921. Il entre à Téhéran, fort d’environ 2 000 hommes et sans effusion de sang. Il est nommé Sardar Sepah (« chef de l’armée ») par Ahmad Chah. Il devient très rapidement l’homme fort du pays et se consacre à réformer l’armée, l’ordre et la sécurité. Il donne aussi un nouvel élan au nationalisme iranien.

En octobre 1923, Ahmad Chah le nomme Premier ministre avant son départ pour l’Europe pour raisons de santé.

Les Britanniques, depuis le XIXe siècle, avaient maintenu la Perse dans un très mauvais état, avec une certaine aide des Russes qui avaient grignoté tout au long du siècle passé des territoires perses, dont ceux dans le Caucase d’où sont originaires la famille de la mère de Reza ainsi que celle de sa femme Tadj ol-Molouk. La Perse servait pour les deux puissances d’État-tampon entre les empires des Indes et russe – sans parler des zones d’influence établies10, évitant aux alliés d’entrer en conflit pour des problèmes frontaliers. Mais la révolution russe, puis l’incertitude que les Blancs puissent emporter la victoire dans la guerre civile (qui se terminera finalement en 1924 et sera gagnée par les Rouges) poussent le  gouvernement de Londres à agir : la Russie bolchevique représente un danger pour le Raj britannique, car susceptible d’absorber la frêle Perse et de rejoindre directement les frontières indiennes, une action qui aurait de très nombreuses conséquences. Le Royaume-Uni tente alors de s’implanter en Perse. Par le traité anglo-persan de 1919, il souhaite établir une zone tampon sur les parties de l’empire Perse touchant la Russie, et imposer un protectorat de fait aux Perses, s’immisçant officiellement et fortement dans les affaires internes. Conspué par l’opinion perse, le traité est signé à contrecœur par Ahmad Chah, mais le Parlement refuse de ratifier le traité.

Devant cet échec, Londres met en place une autre stratégie : imposer de force à la tête du gouvernement un homme qui leur sera dévoué et qui permettra d’agir indirectement. Le choix se porta sur un ambitieux journaliste, Seyyed Zia’eddin Tabatabai (aussi transcrit Seyyed Zia’eddin Tabatabai) ; mais il lui manquait un « bras armé ». Les Britanniques pensent alors au nouveau chef de la brigade cosaque, Reza Khan, premier perse depuis fort longtemps à réussir à reprendre en main un organisme de son pays, fut-il militaire.

Reza voit là sa chance : ce rôle dans ce coup d’État ne lui permettait-il pas d’approcher de très près le pouvoir et qui sait, peut-être plus ? Il ne cautionne cependant ni le traité de 1919 ni le complot britannique : il a toujours imputé aux Britanniques (et aux Russes, dans une moindre mesure) la déchéance de son pays. Il laissait cependant croire à tous, notamment à l’espion britannique Ardeshir Reporter et surtout à Tabatabaï (ainsi que, selon certaines versions, à des personnes comme le franc-maçon bahai Ayn ol-Molk Hoveyda, qui l’auraient découvert), qu’ils pouvaient compter sur lui.

Avec tous ceux qui lui sont dévoués (une grande partie de la brigade), il prend le contrôle de la capitale dans la nuit du 20 au 21 février 1921. Au lendemain, dans tous les édifices publics de Téhéran, on voit placardé aux murs la proclamation suivante, connue sous le nom de « Moi, j’ordonne… »

Le 28 octobre 1923, Reza est appelé aux plus hautes fonctions, en  remplacement de Hassan Pirnia, par le Majiles, chambre basse des institutions persanes. Le 5 novembre 1923, Ahmad Chah quitte le pays pour Nice, en France, à cause de soucis de santé, a-t-on dit. En fait, Reza Khan lui a plutôt forcé la main. Le souverain ne revint jamais dans son pays, laissant le pouvoir effectif à Reza. Depuis Nice, bien qu’impopulaire, il tenta d’influencer la vie politique persane, préconisant de se méfier de Reza – bien que le reconduisant plusieurs fois au poste de Premier ministre.

Reza Chah, impressionné par les réformes modernistes d’Atatürk en Turquie, pense un moment à établir un système présidentiel, une idée mal reçue dans les milieux religieux et traditionnels.

Le 31 octobre 1925, en l’absence d’Ahmad Shah Qajar, et alors que le pays nécessitait la restauration d’une autorité centrale et d’un gouvernement fort, le majles (le parlement persan) approuve à une grande majorité la déchéance de la dynastie Qajar. Le 12 décembre suivant, le Parlement se prononce pour le changement de dynastie. Reza Khan devient empereur de Perse sous le nom de Reza Chah Pahlavi le 15 décembre 1925, avant d’être couronné le 25 avril 1926.

Depuis l’affaire du cheikh, l’arrivée officielle de Reza au pouvoir, qui a déjà toutes les cartes en main, n’est plus qu’une question de temps. Seul Ghavam, qui aurait pu s’opposer à son ascension, trempe dans une sombre histoire de tentative d’assassinat – « étrangement » au moment opportun et est envoyé en exil, après intervention d’Ahmad Chah qui fait cesser la brimade que le gouvernement Pahlavi inflige à l’ancien Premier ministre ; Ahmad Chah lui-même, pas plus que le reste de sa famille – le prince héritier Mohammad Hassan Mirza, surtout – ne représente un réel danger pour le pouvoir de Reza Pahlavi. Déjà admiratif de Mustapha Kemal, il pense alors à établir une république ; mais le clergé, peu enclin à cette idée, vient lui proposer de plutôt « prendre la couronne » : une idée qui séduira l’ancien officier cosaque, quand on connaît la suite.

À cette époque, les partisans et détracteurs de Reza s’affrontent dans la rue7, ses partisans se divisant ensuite entre partisans de la république et ceux de l’avènement d’une nouvelle dynastie. Par une proclamation, le 4 avril 1925, le Premier ministre leur demande de cesser de se déchirer, expliquant que le développement du pays est ce qui compte.

Après l’accession au pouvoir de Reza, Mossadegh resta en fonction au Parlement, menant dans les premières années un groupe d’opposition. Malgré tout, il eut toujours de bonnes relations avec Reza Chah, qui lui proposa même plusieurs fois plusieurs postes ; une idée qu’infirment d’autres sources.

Pour l’instauration de cette nouvelle dynastie, de nouveaux symboles sont mis en place. Le ministère de la Cour, dont le maître est depuis peu Abdol-Hossein Teymourtash, passe commande auprès d’un joaillier Haj Seraj ol-Din31 pour la création d’une nouvelle couronne, pouvant remplacer la couronne Kiani utilisée par les Qadjar.

Le design de la nouvelle couronne, appelée Couronne Pahlavi, s’inspire des reliefs représentant les couronnes sassanides (224 – 651). Elle comporte 3 380 diamants, totalisant 1 144 carats, avec au centre d’une composition en rayons de soleil, un diamant taillé en brillant jaune de 60 carats. Elle pèse 2,08 kg.

Les nouvelles armoiries sont presque les mêmes que celles de la dynastie qadjare : un lion-et-soleil entouré de chêne et de laurier ; seule la couronne Kiani du dessus est remplacée par la couronne Pahlavi. Seront plus tard créées de nouvelles armoiries impériales, représentant deux lions entourant un soleil où est représenté le mont Damavand, avec en dessous la devise des Pahlavi « Mara dad farmud va Khod Davar Ast (Il m’a donné le pouvoir de commander, et Il est le seul juge) », le tout étant chapeauté par la couronne Pahlavi.

Reza Chah est couronné le 25 avril 1926. La cérémonie est assez fastueuse, presque calquée sur celle des Qadjars.

Soucieux de prendre son indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne, Reza Chah se rapproche économiquement de l’Allemagne au point que celle-ci devient son premier partenaire commercial en 1939. Ce rapprochement inquiète les Britanniques d’autant plus qu’entre temps, en 1933, l’Allemagne est devenue nazie. Quand la guerre éclate, les  Britanniques demandent à Reza Chah d’expulser les citoyens allemands du pays, ce qu’étant neutre, il refuse.

Reza Chah, ayant déclaré la neutralité de l’Iran, refuse à nouveau une demande des Alliés de se servir du pays pour faire passer des munitions, ce qui pousse la Grande-Bretagne et l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) à monter l’opération « Countenance » qui se traduit par une Invasion anglo-soviétique de l’Iran le 25 août.

Reza Chah est forcé d’abdiquer en faveur de son fils Mohammad Reza Pahlavi et il est envoyé en exil par les Britanniques, d’abord à l’île Maurice puis à Johannesburg, où il meurt en 1944.

Son fils, Mohammad Reza Pahlavi, lui succède jusqu’à la révolution islamique de 1979.

Source : Wikipédia.

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