Saparmyrat Nyýazow, homme d’état.

Saparmyrat Ataýewiç Nyýazow (ou en transcription française : Saparmourat Niazov, Saparmurat Niyazov, Saparmyrat Niyazow, Saparmurat Niyazov, etc.), dit Türkmenbaşy (Turkmenbachi), né le 19 février 1940 à Gypjak et mort le 21 décembre 2006 à Achgabat, est un homme politique turkmène.

Il a été successivement secrétaire général du Parti communiste de la R.S.S. du Turkménistan de 1985 à 1991, président du Soviet suprême de la R.S.S. du Turkménistan en 1990 et président de la République indépendante de 1990 à sa mort en 2006. Considéré comme l’un des dictateurs les plus autoritaires du monde (il cumulait les postes de chef de l’État, de chef du gouvernement, de commandant suprême de l’armée et de président du Parti démocratique du Turkménistan, le seul parti autorisé), il avait également l’habitude d’imposer à son pays ses excentricités personnelles.


Né à Gypjak, à quelques kilomètres d’Achgabat, capitale de la République socialiste soviétique turkmène, Nyýazow devient orphelin dès son plus jeune âge. Selon la version officielle, son père est mort en combattant les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale et le reste de sa famille est tué lors du violent tremblement de terre qui a dévasté Achgabat en 1948. Une autre version, officieuse, le dit fils d’un déserteur, toujours lors de la Seconde Guerre mondiale, et d’une prostituée[réf. nécessaire]. Il est ensuite élevé dans un orphelinat soviétique, avant d’être recueilli par un lointain parent. En 1962, Nyýazow rejoint le Parti communiste de l’Union soviétique au sein duquel il est rapidement promu, devenant en 1985 le chef du Parti communiste turkmène (renommé ultérieurement Parti démocratique du Turkménistan). Nyýazow, en tant que leader de la République socialiste soviétique turkmène, soutient le putsch de Moscou contre Mikhaïl Gorbatchev en 1991 et conserve le contrôle de son pays après la chute de l’Union soviétique. Il devient le premier président turkmène.

Le 22 octobre 1993, il change officiellement de nom et devient Türkmenbaşy, c’est-à-dire « Chef des Turkmènes », à l’instar de Mustafa Kemal devenu Kemal Atatürk, « Père des Turcs ». Le 28 décembre 1999, il est proclamé président à vie par le Majlis, décision confirmée en 2002 par le Conseil du peuple, qui est censé se réunir une fois par an mais qui ne l’avait plus fait depuis trois ans.

Il est décédé le 21 décembre 2006 d’un arrêt cardiaque. Les sources d’opposition ne sont pas sûres de la date de sa mort. Le gouvernement et le conseil de sécurité ont annoncé dans un communiqué commun que le vice-premier ministre turkmène Gurbanguly Berdimuhamedow a été nommé président par intérim, alors que ce rôle aurait dû revenir au président du Parlement, Öwezgeldi Ataýew. D’après la Constitution, une élection présidentielle doit avoir lieu dans les deux mois suivant la nomination du président par intérim.

Nyýazow était un dirigeant totalitaire, connu pour le fort culte de la personnalité qui lui était voué et auquel il associait le souvenir de sa mère disparue de longue date lors d’un séisme, Gurbansoltan Eje. Il a placé la renaissance de la culture turkmène parmi les principales priorités du développement du Turkménistan indépendant. Le « Mouvement de renaissance nationale », une organisation visant à promouvoir la culture turkmène (« Galkynish »), a également été fondé. Dès le début des années 1990, une politique de dérussification est instauré afin de supprimer toutes les influences russes datant des périodes impériale et soviétique. Il se considérait comme le « refondateur » du pays et le « redécouvreur » de l’identité turkmène. Il se comparait à Mustafa Kemal Atatürk, « le père des Turcs ». Nyýazow a exigé d’être déclaré « prophète » par le Conseil du peuple. Il se servit de la renaissance culturelle turkmène afin d’accroitre son pouvoir et son culte de la personnalité.

Il a rebaptisé la ville au nom russe de Krasnovodsk, sur la mer Caspienne, du nom de Türkmenbaşy. Il a, en outre, donné son nom, ou celui de membres de sa famille, à divers écoles, aéroports et même à une météorite. Le visage de Nyýazow orne tous les billets de banque, et de larges portraits du président sont affichés dans tout le pays, en particulier sur les bâtiments importants, et dans les principales avenues. Des statues à son effigie, ou à celle de sa mère, sont disséminées dans tout le Turkménistan. L’une d’entre elles est située au milieu du désert du Karakoum. Une autre, plaquée d’or, se trouve au sommet d’un des plus hauts bâtiments d’Achgabat, l’Arche de la Neutralité, et pivote sur elle-même afin d’être toujours orientée vers le soleil. Une autre encore, gardée par une sentinelle, orne le parvis du Monument de l’indépendance turkmène. Nyýazow a ordonné la construction d’un palais monumental à Achgabat pour commémorer la règle qu’il a édictée : « Personnellement, je suis opposé à ce que l’on voie des images ou des statues de moi dans les rues… mais c’est ce que veut le peuple. »

Les minorités ethniques (principalement Ouzbeks, Kazakhs et Russes) ont été forcés à adopter la culture turkmène. Ceux qui résistaient à l’assimilation culturelle parrainée par l’État ont été expulsés. La plupart des responsables gouvernementaux qui ne sont pas d’origine turkmène ont été licenciés. Pour obtenir un poste dans la fonction publique, les candidats ont du prouver qu’ils étaient issus d’au moins trois générations passées d’origine turkmène avant d’être acceptés. Un contrôle social informel a été utilisé pour garantir que tous les citoyens parlent turkmène et portent des vêtements traditionnels. Toute femme ouzbèke qui tente d’épouser un Turkmène est expulsée du pays avec ses enfants. Dans certains cas, les enfants ouzbeks scolarisés dans les écoles turkmènes ont reçu l’ordre de porter des vêtements turkmènes sous peine d’être expulsés de l’école. Toutes les écoles de langue russe ont été fermées, à l’exception d’une école destinée aux élites, et le gouvernement a commencé à exclure le russe du discours public, y compris des publicités en bordure de route.

Le système éducatif endoctrine les jeunes Turkmènes et fait l’apologie de Nyýazow. Les ouvrages scolaires sont presque exclusivement constitués de travaux ou de discours de Nyýazow. Le texte fondamental est le Ruhnama, ou Livre de l’Âme, une épopée nationale écrite par Nyýazow. Ce livre, un mélange d’histoire révisionniste et de lignes de conduites morales, a pour vocation d’être le « guide spirituel de la nation », et le socle des arts et de la littérature nationaux. En mars 2006, il déclare d’ailleurs : « Celui qui par trois fois lira le Ruhnama trouvera une richesse spirituelle, deviendra plus intelligent, reconnaîtra l’existence divine et ira directement au paradis ».

De plus, l’alphabet est changé : l’ancien alphabet cyrillique, proche de celui utilisé pour le russe, est remplacé par un nouvel alphabet turkmène basé sur l’alphabet latin, proche du turc. Les livres de la période soviétique dans l’ancien alphabet sont interdits sans être remplacés par de nouveaux ouvrages, les bibliothèques contiennent les seules œuvres de Nyýazow. En avril 2005, Nyýazow ordonne la fermeture de toutes les bibliothèques car, d’après lui, personne ne va à la bibliothèque pour lire des livres. Cette fermeture généralisée s’inscrit dans une vague d’interdictions touchant l’opéra, le cirque, la distribution de journaux étrangers et les cinémas. La plupart des observateurs occidentaux y voient là une volonté de maintenir le Turkménistan dans l’ignorance afin de mieux y régner.

À Gypjak, le village natal de Nyýazow, un complexe à la mémoire de sa mère a été construit en 2004. Il inclut une mosquée, la Mosquée de Gypjak, estimée à cent millions de dollars (construite par Bouygues) et conçue comme un symbole de la renaissance du peuple turkmène. Sur les murs de cet édifice sont inscrits des préceptes extraits du Ruhnama mêlés à des sourates du Coran. Cet état de fait est considéré comme blasphématoire par une partie des musulmans, la tradition islamique ne reconnaissant aucun égal au Coran.

Parmi les autres tentatives de Nyýazow pour transformer la culture turkmène, on peut citer la définition d’étapes de la vie et le changement de nom des jours et des mois de l’année, renommés en hommage à des héros ou symboles nationaux. Ainsi, janvier est devenu türkmenbaşy, avril gurbansoltan eje (nom de sa mère), septembre ruhnama et décembre bitaraplyk, c’est-à-dire « neutralité ». Tous les autres noms de mois sont concernés dans le même état d’esprit. L’année 2003 a d’ailleurs été proclamée année Gurbansoltan Eje (nom de sa mère). En 2002, il a rendu obsolète le mot traditionnel turkmène çörek, qui désigne le pain, pour le remplacer par gurbansoltan eje. En 2005, il a substitué au serment d’Hippocrate un serment au président. En 2006, une nouvelle variété de melon est baptisée türkmenbaşy. Il prétendait que son livre, le Ruhnama, a la même valeur que le Coran et la Bible.

Source : Wikipédia.

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