Ryūichi Sakamoto, musicien, compositeur et acteur.

Ryūichi Sakamoto (坂本 龍一, Sakamoto Ryūichi), né le 17 janvier 1952 à Tokyo et mort le 28 mars 2023 dans la même ville, est un musicien, compositeur, producteur de musique et acteur japonais.

Connu initialement pour avoir fait partie du groupe de musique électronique Yellow Magic Orchestra (YMO), il devient célèbre internationalement pour la composition de ses musiques de films, notamment celles de Furyo et du Dernier Empereur, qui lui valent respectivement un BAFTA en 1984 et un Oscar en 1988.


Fils d’un célèbre éditeur (Kazuki Sakamoto), Sakamoto a commencé très tôt le piano et la composition. Il est inspiré à la fois par la musique impressionniste, notamment celle de Claude Debussy, et par le pop rock des Beatles et des Rolling Stones en vogue à l’époque. Il suit des cours à l’Université des beaux-arts et de musique de Tokyo où il étudie la composition ainsi que la musique électronique et ethnique. Il se spécialise dans l’ethnomusicologie marquant son intérêt pour les musiques du monde et tout particulièrement la musique d’Okinawa, la musique indienne et africaine.

Il s’intéresse aussi à l’essor de la musique électronique via les synthétiseurs Buchla, Moog, et ARP disponibles à l’université.

Il publie en 1975 un premier album en collaboration avec le percussionniste Tsuchitori Toshiyuki Disappointment-Hateruma. À la fin des années 1970, il travaille comme claviériste pour plusieurs autres musiciens, s’occupe de l’arrangement des premiers albums de Taeko Ōnuki avant de collaborer avec Haruomi Hosono, proposant des compositions pour les albums Paraiso et Pacific.

Le premier album solo de Sakamoto, co-réalisé avec Hideki Matsutake et Hosono, Thousand Knives est enregistré entre avril et juillet 1978. L’album expérimente plusieurs styles de musiques comme la musique électronique sur les morceaux Thousand Knives et The End of Asia où celle-ci est fusionnée avec de la musique japonaise traditionnelle ou la musique minimaliste sur le morceau Grasshoppers. Une nouvelle version de Thousand Knives sortira sur l’album de 1981 de Yellow Magic Orchestra, BGM.

À la même époque, Sakamoto co-fonde le trio japonais Yellow Magic Orchestra (YMO, synth-rock/synth, J-Pop), avec Haruomi Hosono et Yukihiro Takahashi. Leur musique, beaucoup influencée par Kraftwerk, aura un rôle pionnier dans l’essor de l’electropop de la synthpop, de la musique dite cyberpunk de l’ambient house, de l’electronica, et influencera d’autres genres comme la musique hip hop la techno ou l’acid house. Le groupe connaîtra un immense succès au Japon et fera parler de lui à l’international, notamment pour le single Computer Game/Firecracker qui finira dans le Top 20 britannique au début des années 1980.

Au sein du groupe, Sakamoto compose un certain nombre de hits comme Tong Poo (1978), Technopolis (1979), Nice Age (1980), Ongaku (1983) et You’ve Got to Help Yourself (1983) tout en jouant du clavier sur la plupart des autres morceaux. On peut l’entendre chanter sur certaines chansons comme Kimi ni mune kyun. Officiellement mis en pause en 1983, le groupe ressortira un nouvel album dix ans plus tard nommé Technodon.

En 1980, pendant sa carrière au sein de YMO, Sakamoto sort l’album B-2 Unit. L’album, parmi les plus nerveux de la carrière du musicien, contient le morceau Riot in Lagos qui sera une influence significative dans le développement de la musique electro et du hip hop, notamment par Afrika Bambaataa. La sortie de ce morceau sera citée en 2011 par le journal The Guardian comme l’un des cinquante événements clés de l’histoire de la dance music. Pour certaines pistes de l’album, Sakamoto travaille avec le producteur anglais de reggae Dennis Bovell et incorpore des éléments issus de l’afrobeat et du dub.

La même année, tout en participant à YMO, Sakamoto sort War Head/Lexington Queen, un disque expérimental de synthpop13 et collabore avec Kiyoshiro Imawano sur le titre Ikenai Rouge Magic, qui se placera en numéro un dans le top Oricon des singles. Il entama aussi une collaboration avec le musicien britannique David Sylvian en co-écrivant et en jouant sur le morceau Taking Islands In Africa de son groupe Japan. L’année suivante, Sakamoto collabore avec les guitaristes Adrian Belew et Robin Scott pour un album nommé Left-Handed Dream. Après la séparation du groupe Japan, Sakamoto continuera à collaborer aux productions de Sylvian, notamment sur le titre Bamboo House en 1982.

Après la mise en pause de Yellow Magic Orchestra, Sakamoto continue de collaborer avec David Sylvian sur plusieurs de ses albums.

En 1983, Sakamoto joue un rôle majeur dans le film Furyo, dont il compose la bande originale. Il demande à Sylvian de chanter dans le thème du film, le morceau Forbidden Colours, qui remportera un grand succès à l’international. Dans une interview, Sakamoto raconte son expérience de cinéma, expliquant qu’il a passé beaucoup de temps avec David Bowie, alors acteur principal du film, sans jamais avoir osé lui demander de l’aider pour la bande sonore du film, considérant que cela risquerait de déconcentrer Bowie de son jeu d’acteur.

Durant le reste des années 1980, Sakamoto sort de nombreuses bande originales de films, mais aussi des albums solos. Si ses premiers albums restent dans le style de YMO, avec une utilisation importante de synthétiseurs et de sampleurs (Illustrated musical encyclopedia ou Futurista), sa musique évolue avec un recours de plus en plus fréquent à des instruments acoustiques comme des sons de violons, de Sanshin, de guitare acoustique, de erhu. Celui-ci fait aussi appel à des chanteuses de musique traditionnelle d’Okinawa. Il publie aussi deux albums de musique médiévale avec le groupe Danceries.

En 1988, Sakamoto se lance dans une série de concerts où sont jouées en live les musiques de ses films, notamment Furyo et Le Dernier Empereur. Avec l’album Beauty, de 1989, Sakamoto propose de nombreux morceaux mélangeant la musique traditionnelle japonaise et la pop moderne, avec des collaborations de Jill Jones, Robert Wyatt, Brian Wilson, Youssou N’Dour et Robbie Robertson. Sakamoto alterne entre l’exploration de style musicaux différents et la création d’albums à thèmes.

Durant cette période, Sakamoto travaille également avec David Sylvian, David Byrne, Thomas Dolby, Nam June Paik ou Iggy Pop.

Au début des années 1990, Sakamoto se tourne vers de nouveaux genres de musique comme le rap et la house music. Sur les albums Heartbeat (1991) et Sweet Revenge (1994), celui-ci collabore avec des artistes comme Roddy Frame, Dee Dee Brave, Marco Prince, Arto Lindsay, Youssou N’Dour, David Sylvian et Ingrid Chavez. Celui-ci continue aussi de composer de la musique classique, notamment pour la bande originale du film Un thé au Sahara. En 1994, la Fédération japonaise de football demande à Ryūichi Sakamoto de composer un hymne, nommé “Japanese Soccer Anthem” qu’il diffusent au début de chaque événements sponsorisés.

En 1995, sur l’album Smoochy, celui-ci s’aventure sur le terrain de la bossa nova et des rythmes latins. En 1996, dans l’album 1996, il reprend des morceaux de son répertoire pour ne garder que trois instruments : piano, violon, violoncelle20. Un travail qu’il prolongera avec l’album BTTB (acronyme de Back to the Basic), où il reprend d’autres morceaux et les arrange pour le piano et la guimbarde. Le single qui en découle, Energy Flow, atteint alors le sommet de classement des singles japonais (Oricon chart) en mai et juin 1999.

En décembre 1996, Sakamoto compose une pièce orchestrale nommée “Untitled 01” qu’il sort en 1998 sur l’album Discord et qu’il divise en quatre parties : “Grief”, “Anger”, “Prayer” et “Salvation”.Dans le prolongement de cette sortie, le label Ninja Tune sort l’album Prayer/Salvation Remixes dans laquelle des artistes d’electronica comme Ashley Beedle et Andrea Parker remixent les parties “Prayer” et “Salvation” de l’album Discord. L’album Discord sera joué en live lors de neuf performances avec le guitariste David Torn et l’artiste DJ Spooky.

La même année, l’ethnomusicologue italien Massimo Milano publie Ryuichi Sakamoto. Conversazioni, un livre d’entretien avec Sakamoto. En 1999, Sakamoto sort son opéra intitulé LIFE en collaboration avec Shiro Takatani (direction visuelle). Pour ce projet ambitieux qui traite de la symbiose, il fait participer plus de 100 artistes dont Pina Bausch, Bernardo Bertolucci, José Carreras, le dalaï-lama et Salman Rushdie.

En 2001, il compose un nouveau trio, M²S, avec Jaques Morelenbaum (violoncelle) et sa femme Paula Morelenbaum (chant) pour produire deux albums dédiés aux chefs-d’œuvre du compositeur de la bossa nova Antônio Carlos Jobim. Le premier Casa est enregistré principalement dans le studio de Jobim à Rio de Janeiro, Sakamoto jouant sur le piano du compositeur brésilien. L’album est bien reçu et est inclus par le journaliste Ben Ratliff sur la liste des meilleurs albums de 2002 du The New York Times. Le projet est suivi d’un album live Live in Tokyo[source secondaire souhaitée] et d’un second album A Day in New York en 2003. Sakamoto et le couple Morelenbaum participent aussi à l’album No More Landmine, un album caritatif au profit de la lutte pour l’interdiction des mines anti-personnelles. Le trio compose le morceau Zero Landmine avec la participation de David Sylvian, Brian Eno et DJ Krush.

En 2002, il collabore avec Alva Noto (un des avatars de Carsten Nicolai) pour sortir l’album Vrioon. Sakamoto joue du piano et sa musique est retraitée par Nicolai qui y ajoute des manipulations numériques et des bruitages. Sorti sur le label allemand Raster-Noton, il est élu album de l’année par le magazine anglais The Wire. S’ensuivent plusieurs albums du duo Nicolai et Sakamoto : Insen (2005), Utp (2008) avec le Modern Ensemble et Summvs (2011).

En 2005, l’entreprise de téléphone portable suédoise Nokia demande à Ryūichi Sakamoto de composer les musiques pour les sonneries de leur téléphone Nokia 8800. Après avoir rejoint Haruomi Hosono et Yukihiro Takahashi sur le projet Human Audio Sponge vers 2004 ils reforment le Yellow Magic Orchestra en 2007 et sortent le single Rescue accompagné d’un remix de leur tube de 1979 Rydeen. Ils redonnent quelques concerts jusqu’en 2012.

En juillet 2009 il est fait Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres à l’ambassade française de Tokyo.

Durant une grande partie des années 2000, Sakamoto collabore avec le créateur visuel Shiro Takatani notamment pour ses installations comme LIFE – fluid, invisible, inaudible… (de 2007–2013) puis collapsed et silence spins au musée des arts contemporains de Tokyo en 2012 et à la biennale de Sharjah en 2013. Il compose une musique pour LIFE-WELL une exposition de 2013 et 2014 qui s’accompagne d’une performance de l’acteur nô/kyōgen Mansai Nomura et sonorise une dernière performance de Shiro Takatani, ST/LL en 2015.

En 2013, Sakamoto est membre du jury de la 70e édition de la Mostra de Venise sous la présidence de Bernardo Bertolucci.

En 2014, Sakamoto devient le premier directeur artistique invité du festival artistique international de Sapporo. Toutefois, le 10 juillet on lui diagnostique un cancer de la gorge qui le force à suspendre des activités. Le 3 août 2015, Sakamoto donne de ses nouvelles sur son site Internet et explique qu’il est en grande forme et qu’il reprend le travail. Il compose avec Alva Noto la bande sonore du film The Revenant d’Alejandro González Iñárritu56 pour lequel il reçoit une nomination aux Golden Globes.

Le 29 mars 2017 Sakamoto sort son nouvel album async sur le label Milan Records En février 2018, il fait partie du jury de la 68e édition du festival du film de Berlin.

Le 14 juin 2018, la vie et le travail de Sakamoto est consacré par un film documentaire de Stephen Nomura Schible intitulé Coda qui suit sa vie depuis le moment où il récupère de son cancer et se penche sur son travail de création de morceaux portant sur l’accident nucléaire de Fukushima.

En 2021, il est artiste associé au Holland Festival à Amsterdam, où il présente la première mondiale de TIME, sa dernière collaboration avec l’artiste visuel Shiro Takatani. Cet ” opéra sans paroles “, qui met en scène le danseur et acteur Min Tanaka et la joueuse de shô Mayumi Miyata, s’inspire du premier récit du recueil de nouvelles Dix nuits, dix rêves de Soseki Natsume.

En 2022, il participe à la création de la nouvelle installation du collectif Japonais Dumb Type, 2022, en tant que nouveau membre, pour le Pavillon Japonais à la 59e exposition internationale d’art – La Biennale di Venezia

La même année, Sakamoto collabore avec un jeune violioniste ukrainien, Illia Bodarenko pour créer le morceau Piece for Illia pour la compilation Ukraine (volume 2) au profit des victimes de invasion de l’Ukraine par la Russie de 2022 Au début de l’année 2023, il sort l’album 12, dans lequel chaque titre correspond au jour lors duquel il a été enregistré. Le magazine The Quietus y voit « un portrait sonore franc et diaristique ».

On doit à Sakamoto la composition d’une quarantaine de musiques de films. C’est en 1984 que son nom commence à avoir une renommée internationale avec ses compositions pour le film Furyo, pour lequel il reçoit le BAFTA de la meilleure musique de film en 1984, puis Le Dernier Empereur, pour lequel il obtient l’Oscar de la meilleure musique de film en 1988. Dans Furyo, il tient par ailleurs l’un des rôles principaux, celui d’un capitaine japonais qui, durant la Seconde Guerre mondiale, entretient une relation ambigüe avec un major britannique joué par David Bowie. Il tient aussi un rôle secondaire dans le film Le Dernier Empereur pour lequel il signe aussi la bande originale. Ne se jugeant « pas très bon » comédien, Sakamoto préfère cependant ne pas poursuivre dans cette voie.

Après le succès de la bande originale de Furyo il compose pour des films occidentaux et japonais, dont Un thé au Sahara (The Sheltering Sky) de Bernardo Bertolucci80, Talons aiguilles de Pedro Almodóvar, Snake Eyes et Femme Fatale de Brian De Palma, Tabou de Nagisa Oshima, Soie de François Girard ou The Revenant d’Alejandro González Iñárritu. En plus de la composition de bande originales, certains de ses morceaux, créés à l’origine pour ses albums solos ont été réutilisés dans des bandes originales de film76, comme Chinsagu no hana (issue de l’album Beauty réutilisé dans le film Babel ou Bibo no aozora (issue de l’album 1996 et réutilisé dans le film Japanese Story). En 1992, il reçoit la commande de composer et de diriger le thème de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’été de 1992 de Barcelone Mar Mediterraneo.

En 2014, il lui est diagnostiqué un cancer de la gorge qui l’oblige à arrêter temporairement sa carrière musicale. Le cancer soigné, Sakamoto entre en rémission et revient, en 2015, pour signer la musique du film The Revenant du réalisateur Alejandro González Iñárritu, avec Leonardo DiCaprio dans le rôle principal. En janvier 2021, il annonce sur son site Internet être atteint d’un cancer colorectal.

Ryūichi Sakamoto meurt le 28 mars 2023 dans un hôpital de Tokyo. Sa mort est annoncée le 2 avril.

Source : Wikipédia.

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