Louis de Buade de Frontenac, militaire et administrateur.

Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau, né le 12 mai 1622 au château de Saint-Germain-en-Laye (France) et mort le 28 novembre 1698 à Québec (Nouvelle-France), est un militaire et administrateur français. Nommé à deux reprises gouverneur de la Nouvelle-France par le roi de France Louis XIV, il développe la colonie et la défend contre les attaques anglaises, notamment lors de la bataille de Québec en 1690.


L’origine de sa famille se situe très certainement dans le Sud-Ouest de la France. L’historien William John Eccles rappelle que les Buade « appartenaient à une vieille famille de la noblesse d’épée, connue en Périgord depuis la fin du XIIIe siècle. Ils tiraient le titre de Frontenac d’un fief situé en Guyenne, entre Agen et Castillones. » (Froutana à Cahuzac semble-t-il ; Buade peut évoquer un lieu-dit de Ginestet en Périgord, au nord de Bergerac ; en tout cas, la branche aînée des Buade avait Saint-Cernin-de-la-Barde, au sud de Bergerac et au nord de Castillonnès).

L’incertitude plane sur les années de formation de Frontenac. Il semble qu’il aurait fréquenté un des collèges des Jésuites, très réputés à l’époque.

À l’âge de dix-sept ans, il se joint à l’armée française. Il participe à plusieurs campagnes lors de la guerre de Trente Ans. En février 1643, on lui décerne le brevet de maître de camp (colonel) au régiment de Normandie. Au siège d’Orbitello en 1646, il est blessé au bras droit, blessure dont il ne guérira jamais. On l’élève alors au grade maréchal de camp, correspondant à celui de général de brigade dans les armées actuelles.

Le 28 octobre 16485, en l’église Saint-Pierre-aux-Bœufs à Paris, Frontenac épouse en secret Anne de La Grange-Trianon, célèbre pour sa beauté  physique et dont le portrait se trouve à Versailles. Elle est l’héritière d’une immense fortune. Le père d’Anne s’oppose violemment à ce mariage et quand il apprend que les noces ont quand même eu lieu, il déshérite sa fille. Le 7 mai 1651, à Clion-sur-Indre (Indre), Anne donne naissance à François-Louis, le seul enfant du couple Frontenac. L’une des sœurs de Louis, Henriette-Marie, est l’épouse de l’érudit et homme de lettres, Henri Louis Habert de Montmor.

Frontenac et la comtesse allèrent demeurer à Paris pour passer leur temps à la cour, où ils vivaient bien au-dessus de leurs moyens. La comtesse fut, avec Gilonne d’Harcourt, comtesse de Fiesque, qui demeurera sa grande amie, l’une des deux maréchales de camp de Mademoiselle de Montpensier pendant la Fronde, puis accompagna celle-ci dans son exil au château de Saint-Fargeau.

Les dettes furent une constante préoccupation de Frontenac au cours de sa vie. En 1653, pour cette raison, il vendit la charge de colonel de son régiment. En 1664, ses dettes dépassaient de beaucoup les 350 000 livres. Au cours de cette dernière année, il s’engagea à rembourser cette partie de ses dettes en quatre ans, mais il ne fit rien pour s’acquitter de cette  obligation. Le moyen qu’il trouva d’échapper à ses créanciers fut plutôt d’accepter la charge de lieutenant général des troupes de Venise, en Crète, qui défendaient cette île contre les Turcs.

Le roi Louis XIV était sans doute pressé de le voir quitter la France pour une autre raison. Madame de Montespan ne laissa pas indifférent Frontenac, et il eut même une relation adultère avec elle avant qu’elle soit la favorite du Roi-Soleil. Mademoiselle de Montpensier relate avoir par inadvertance intercepté un billet doux de Frontenac à Madame de Montespan, où il dit qu’il en était « fort amoureux ». Le scandale éclata.

Le 7 avril 1672, Louis de Frontenac obtient de Louis XIV la charge de  gouverneur général de la Nouvelle-France. Les revenus qu’il tirait de cette charge étaient assez modestes. (24 000 livres). Toutefois, il améliorait sa situation car il avait réussi à obtenir une ordonnance du Conseil d’État qui levait la saisie dont ses biens avaient été frappés et lui accordait un sursis pour rembourser ses dettes.

Le 28 juin, il embarque (sans sa femme) à La Rochelle à destination de sa nouvelle mission nord-américaine. Il est assermenté le 23 octobre. À cette époque, la Nouvelle-France est gérée comme une province métropolitaine, même si l’éloignement rend nécessaires des aménagements importants. Frontenac, en sa qualité de gouverneur, a alors pouvoir absolu sur les affaires militaires, il possède même le droit de véto à l’égard des décisions des autres dirigeants. C’est l’intendant qui a la responsabilité des questions touchant à la justice, aux finances et à l’administration en général. Mais, alors qu’arrive Frontenac en Nouvelle-France, Jean Talon vient d’en partir. Le ministre des Colonies Jean-Baptiste Colbert ne lui ayant pas donné d’instructions relativement à la délégation des pouvoirs de l’intendant, Frontenac supposait que ces pouvoirs lui revenaient. Mais la manière dont il en usa le brouilla avec le Conseil souverain, avec le gouverneur de Montréal et avec plusieurs des principales familles de la colonie. Bon nombre de ces conflits étaient en rapport avec la traite des fourrures.

Frontenac comprit très vite ce que pouvait apporter la traite des fourrures dans l’Ouest. Une des premières initiatives du nouveau gouverneur suscita du mécontentement dans la colonie. Sans en informer le ministre, il établissait, un an après son arrivée, un poste de traite sur le lac Ontario, nommé fort Frontenac (ou Cataracoui) à l’embouchure de la rivière Cataracoui, là où se trouve aujourd’hui la ville de Kingston. Les traitants de fourrures et les habitants de Montréal en furent très mécontents.

Les abus d’autorité de Frontenac se multiplièrent au cours de ce premier gouvernement et finirent par être connus de la Cour. Le gouverneur fut sévèrement blâmé. Colbert nomma un intendant de la colonie, Jacques Duchesneau, qui eut le pouvoir d’agir en qualité de président du Conseil souverain et de remplir toutes les autres fonctions d’un intendant de province. L’autorité de Frontenac était restreinte à ce qu’elle aurait dû être, à savoir les affaires militaires et la surveillance des autres fonctionnaires, mais sans intervenir dans l’exécution de leurs fonctions. Était également aboli le pouvoir du gouverneur général de désigner les membres du Conseil souverain, de concert avec l’évêque. Frontenac conçut une grande  amertume de cette restriction imposée à son autorité. Bientôt, les conflits reprirent. Au cours de l’hiver 1678-1679, « il tenta de réduire à la soumission l’intendant et le Conseil souverain. La querelle éclata parce que Frontenac voulait s’arroger un des pouvoirs que lui déniait expressément la déclaration royale de 1675, c’est-à-dire celui de présider les séances du conseil. Quand, en juillet 1679, le Conseil souverain refusa d’accéder à cette demande, il exila de Québec le procureur général Ruette d’Auteuil et deux conseillers. » Mis au courant, Louis XIV et Colbert en conclurent que Frontenac avait tort. Il s’en fallut de peu qu’il ne fut rappelé.

Le Conseil souverain l’avait emporté sur Frontenac. La Cour lui avait donné raison contre le gouverneur. En position de force, il poursuivit certains associés de Frontenac à cause de violations des édits royaux régissant le commerce des fourrures.

Au terme de son premier mandat, la situation de la colonie devenait préoccupante. En s’étendant vers l’ouest, celle-ci entra en conflit avec les Iroquois qui étaient décidés à se rendre maîtres de la vallée de l’Ohio. Jusqu’en 1675, les Iroquois n’avaient pu s’opposer à l’établissement de postes français dans des territoires qu’ils convoitaient, à cause de leur guerre avec d’autres tribus amérindiennes. Mais, en 1675, la paix ayant été conclue avec celles-ci, ils se trouvaient en position de s’en prendre aux Français et à leurs alliés. Ce qu’il firent3. Pour Eccles, la faute la plus grave de Frontenac a été de ne rien faire pour écarter la menace iroquoise. « Frontenac avait négligé de prendre quelque précaution que ce fût contre ce danger ; la colonie restait virtuellement sans défense. »

C’est dans ce contexte périlleux que, en 1682, Frontenac fut rappelé en France. Ses querelles avec l’intendant et le Conseil souverain excédaient les autorités royales. « En 1680, le ministre [Colbert] l’informa que tous les corps publics et de nombreux particuliers se plaignaient de sa tyrannie. » Mais Frontenac, une fois de plus, n’en tint pas compte.

Les Anglais conçoivent donc un plan de campagne par terre et par mer contre la Nouvelle-France. Un corps de milice considérable de New York, de la Nouvelle-Angleterre et du Maryland s’unirait aux Iroquois pour attaquer Montréal, tandis qu’une expédition maritime partirait de Boston sous le commandement de Sir William Phips pour attaquer Québec par la voie du Saint-Laurent. Une mauvaise organisation et une épidémie de petite vérole font avorter l’attaque contre Montréal.

La flotte de Phips remonte le Saint-Laurent et vient assiéger Québec le 16 octobre 1690. Frontenac, qui a pu regrouper toutes les forces militaires de la colonie, organise la défense de la ville. Le 16 octobre, l’amiral anglais envoie au gouverneur un émissaire portant une sommation rédigée par avance. Frontenac ruse pour faire croire au délégué qu’il y a beaucoup plus de soldats à Québec qu’il n’y en avait en réalité. Le délégué présente à Frontenac un ultimatum « au nom de leurs majestés Guillaume III et Marie, roi et reine d’Angleterre » où il invite les Français à se rendre sans combat et termine en disant : « Votre réponse positive dans une heure, rendue par votre trompette avec le retour du mien, est ce que je vous demande sur le péril qui pourra s’ensuivre ». Là, le parlementaire anglais tire une montre de sa poche et fait voir l’heure au gouverneur.

Frontenac répond sans délai : « Je ne connais pas le roi Guillaume, usurpateur qui a violé les droits les plus sacrés du sang en voulant détrôner Jacques II, son beau-père ; quant à votre général, qu’il sache que je n’ai point de réponse à lui faire que par la bouche de mes canons et à coups de fusils ».

Le lendemain, des renforts dirigé par M. de Callières arrivent de Montréal. Mais le 18 octobre, les Anglais de Phips débarquent à Beauport, pendant que quatre de leurs navires bombardent Québec. L’attaque dure trois jours, elle est un échec et Phips quitte définitivement la Nouvelle-France.

En 1672, peu avant son départ pour le Canada, Frontenac reçoit instruction de publier une ordonnance punissant sévèrement les habitants qui iraient pêcher ou chasser hors des confins de la colonie, sauf avec sa permission écrite et visée par l’intendant. Quelques semaines après son arrivée, il  promulgue une ordonnance interdisant de vendre des marchandises aux coureurs des bois non autorisés, ou de leur acheter des pelleteries : quiconque pris à commercer sans permis sera puni de confiscation et d’une amende minimale de 150 livres ; pour une deuxième offense, le  contrevenant sera fouetté et envoyé aux galères.

En 1674, douze coureurs des bois furent arrêtés et amenés à Montréal devant Frontenac. Il fait exécuter un de ceux-ci « pour encourager les autres ».

À l’automne 1698, sa santé se dégrade rapidement. Il souffre d’asthme et ne peut dormir qu’assis dans un fauteuil. À la mi-novembre, sentant sa fin proche, il fait la paix avec l’intendant et l’évêque, et meurt le 28 novembre 1698. Il est inhumé en l’église des Récollets de Québec.

Source : Wikipédia.

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