Les Îles Marquises (Polynésie française).

Les îles Marquises (en marquisien : Te Fenua Ènata / Te Henua Ènana, soit « la terre des hommes ») forment un des cinq archipels de la Polynésie française.

Elles sont ainsi nommées par l’Espagnol Álvaro de Mendaña, qui les approche en 1595. Il leur donne ce nom en l’honneur de l’épouse de son protecteur, le vice-roi du Pérou, García Hurtado de Mendoza, marquis de Cañete. Mendaña visite d’abord Fatu Hiva, puis Tahuata, avant de rejoindre les îles Salomon.


Selon l’archéologue américain Amau Debail, les Marquises sont habitées par des Polynésiens dès 150 av. J.-C. à 100 ap. J.-C.. Les observations ethnologiques et les liens de parenté linguistiques laissent à penser qu’ils venaient des Samoa et des Tonga.

Avant les contacts européens, la société marquisienne comprenait cinq classes : les familles nobles hakaiki parmi lesquelles chaque tribu avait sa lignée royale héréditaire (hérédité pas forcément patrilinéaire), les taua ou prêtres, les kaïoï ou clans libres ordinaires (chacun ayant ses propres affiliations initiatiques totémiques), les tuhuna (artisans, artistes, conteurs) et les kikino (serfs et serviteurs, pouvant être des captifs de guerre, ou bien des personnes punies pour avoir enfreint des tabous ou pour dettes).

Chaque vallée était le territoire d’une tribu, voire de deux (amont et aval) et des conflits pouvaient les opposer. Un des rôles des taua était de pratiquer la divination pour « lire » la volonté des esprits ou des dieux et trancher le litige. Si cela échouait, les guerriers procédaient à un haka (parade d’intimidation) pour éviter la confrontation physique si l’un des deux clans se retirait. À l’issue d’une guerre et dans un cadre religieux, le sacrifice  humain et le cannibalisme rituel pouvaient parfois être pratiqués aux dépens des prisonniers de guerre, ce qui a beaucoup impressionné les commentateurs européens, alors que le plus souvent les captifs devenaient des kikino ou bien étaient rendus contre rançon.

Selon la tradition orale de l’île de Pâques, le premier souverain de cette île, Hotu Matu’a, serait venu, avec sa tribu, de « Hiva », peut-être Nuku Hiva ou bien Hiva Oa aux Marquises.

Les pétroglyphes sont nombreux, ainsi que les habitats troglodytiques.

Le premier Européen qui les découvre est l’Espagnol Álvaro de Mendaña en 1595. Au cours de son voyage du Pérou aux îles Salomon, il rencontre les îles du sud qu’il nomme : Magdalena (Fatu Hiva), Dominica (Hiva Oa), Santa Cristina (Tahuata) et San Pedro (Moho Tani). Deux siècles passent avant qu’un autre Européen, James Cook, ne revienne en avril 1774. Il y reste une semaine pour se réapprovisionner au retour de son exploration du sud de l’océan Pacifique.

En juin 1791, l’Américain Joseph Ingraham reconnaît les îles du groupe nord : Federal (Ua Huka), Washington (Nuku Hiva) et Adams (Ua Pou). Il les nomme « les îles Washington ». Deux mois plus tard, le Français Étienne Marchand prend possession de l’archipel au nom de la France, et le nomme « îles de la Révolution ». Les îles reçoivent son nom et celui de ses seconds : Marchand (Ua Pou), Masse (Eiao) et Chanal (Hatutu), de ses  commanditaires Baux (Nuku Hiva) et d’une particularité  géomorphologique, Deux Frères (Motu Iti). En 1792, Richard Hergest, ancien officier de Cook, commandant du Daedalus, y fait escale et nomme les îles Sir Henry Martin (Nuku Hiva), Robert (Eiao, Trevenans (Ua Pou) et Riou (Ua Huka). Il est alors considéré, à tort, comme le véritable découvreur des Marquises mais en réalité il n’a fait qu’établir la première carte fiable des îles.

Johann Adam von Krusenstern, capitaine de la marine impériale russe, visite en 1804 les îles Marquises lors de son voyage de circumnavigation (1803-1806). Il découvre sur la côte sud-occidentale de Nuku Hiva une baie (actuelle baie d’Hakaui) pouvant faire un excellent port, à laquelle il donna le nom de Tchitchagov, nom du ministre de la Marine russe, Pavel  Tchitchagov. Il rencontre le marin français Joseph Kabris (1780-1822) et le marin gallois Edward Robarts (1770-1832).

En 1813, au cours de la guerre anglo-américaine, l’Américain David Porter établit une base navale à Nuku Hiva, qu’il rebaptise île Madison en l’honneur du président américain James Madison. Mais après la guerre, les États-Unis ne ratifient pas cette possession.

Les visites annuelles de bateaux seraient de 5 dans les années 1810, 10 pour les années 1820, 25 pour les années 1830.

En 1845, le chef marquisien Pākoko Teikivaeoho est exécuté.

En 1842, le Français Aubert du Petit-Thouars prend possession de l’archipel, qui est intégré aux Établissements français de l’Océanie. Dès cette époque, Du Petit-Thouars, ainsi que François Guizot, envisagent de créer là un lieu accueillant les condamnés à la peine de déportation, prévue pour les crimes politiques mais pas encore appliquée à cette date.

En 1849, les premières condamnations à cette peine sont prononcées par la Haute Cour de justice de Bourges, qui condamne Armand Barbès, l’ouvrier Albert et Louis Blanc. Peu de temps après, la loi du 8 juin 1850 détermine l’île de Nuku Hiva, la plus grande de l’archipel, comme lieu de déportation. En 1852, ont lieu les premières, et uniques, déportations aux Marquises : Louis Langomazino, Alphonse Gent et Albert Ode, des opposants au coup d’État du 2 décembre 1851, sont condamnés et sont exilés avec leurs familles. Mais l’établissement de Taiohae, très isolé, est abandonné dès 1854 et transféré en Nouvelle-Calédonie.

Les îles Marquises sont incorporées au territoire d’outre-mer de la Polynésie française en 1958, après la victoire du « oui » au référendum. En 2018, les Marquises adoptent un nouveau dessin du drapeau de la  communauté de communes et notamment du matatiki.

Les 25 et 26 juillet 2021, les îles reçoivent, dans le cadre d’un voyage officiel en Polynésie française, la première visite d’un président de la République française avec le passage d’Emmanuel Macron à Hiva Oa et Ua Pou qui donne lieu à de grandes festivités culturelles et des annonces de la part du président dans les domaines écologiques et patrimoniaux avec notamment une volonté de faire inscrire l’archipel des Marquises au Patrimoine mondial de l’Unesco.

Les îles ont une superficie totale de 997 km2, elles constituent un des archipels les plus étendus de la Polynésie française. Elles se situent dans le Nord de l’océan Pacifique Sud et elles sont distantes de 975 km de  l’équateur (depuis Nuku Hiva, mais il faut compter 1 159 km depuis Fatu Hiva). Les îles se trouvent d’autre part à environ 1 000 km au nord-nord-est des îles Tuamotu. Depuis Nuku Hiva, où se situe le centre administratif de l’archipel, il est nécessaire d’effectuer un parcours de 1 398 km pour rejoindre Tahiti, dans l’archipel de la Société.

Les îles sont réparties en deux groupes distincts :

  • le groupe septentrional, centré autour de la grande île de Nuku Hiva, les trois plus petites îles d’Ua Pou au sud, d’Ua Huka à l’est, et de Motu Iti à l’ouest, et au nord les petites îles situées sur le même massif corallien d’Eiao, Hatutu et Motu One ;
  • le groupe méridional, centré autour de l’île principale de Hiva Oa, et les plus petites îles très proches de Tahuata, Moho Tani (ou Motane) et Fatu Huku, et plus au sud l’île de Fatu Hiva et le rocher Motu Nao.

Les îles Marquises sont d’origine volcanique, à l’exception de Motu One : elles ont été formées par le point chaud des Marquises. Elles ont un relief escarpé et ne sont pas protégées par un récif corallien (sauf Fatu Hiva et quelques vallées comme Anaho à Nuku Hiva). Les sommets peuvent  atteindre les 1 100 m d’altitude. Les falaises plongent dans la mer jusque dans les fonds marins et sont constamment érodées par les courants du Pacifique-Sud. Les côtes ont l’aspect d’une muraille coupée de profondes crevasses et de quelques plages. Quelques vallées profondes et isolées coupent les chaînes de montagnes.

Les paysages volcaniques sont à l’origine de nombreux noms de lieux2 : Hiva Oa, La Grande Crête ; Nuku Hiva, La Crête des Falaises ; Fatu Iva, Les Neuf Roches ou la Neuvième Île ; Fatu Huku, Morceau de Pierre ; Ua Pou, Les Deux Piliers, sans oublier la « Baie des Verges » que les missionnaires changèrent en « Baie des Vierges ».

La pluviosité est très variable d’une île à l’autre et d’une année sur l’autre. La température est modérée par les alizés. Les côtes au vent sont beaucoup plus arrosées que les côtes sous le vent, plus sèches et plus inhospitalières.

L’archipel constitue une écorégion terrestre dans la classification du Fonds mondial pour la nature sous le nom de « forêts humides tropicales des Marquises ». Elle appartient au biome des forêts de feuillus humides  tropicales et subtropicales de l’écozone océanienne.

La grande distance qui sépare les îles du continent est à l’origine des principales caractéristiques de l’écosystème. Celui-ci a souffert des activités humaines et de l’introduction d’espèces étrangères. La faune marine est riche, la faune terrestre est nettement plus pauvre : oiseaux, insectes (papillons), araignées, mille-pattes. L’homme a également introduit des chiens, des chevaux, des chèvres, des ovins ainsi que les rats, les moustiques et les scorpions. La flore est variée et originale. On cultive l’arbre à pain, le cocotier, le tabac, la vanille et même le coton.

Source : Wikipédia.

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