Ville de Košice (Slovaquie).

Košice, allemand : Kaschau, hongrois : Kassa, appelée parfois Cassovie  en français sur la base du nom latin Cassovia, est la deuxième ville de Slovaquie par sa population et était la cinquième de l’ancienne Tchécoslovaquie.

Située sur la rivière Hornád, carrefour routier et ferroviaire, Košice est la capitale régionale de la région de Košice (Košický kraj) mais elle étend son influence au-delà des frontières régionales à toute la Slovaquie orientale. La ville est le siège de plusieurs universités, de la Cour constitutionnelle de Slovaquie et des diocèses catholique romain (depuis 1995 archidiocèse) et catholique grec.

Le centre-ville s’articule autour de la rue Hlavná, rendue piétonne depuis 1986. Celle-ci comprend de nombreuses maisons, palais aristocratiques et églises mêlant les architectures gothiques, baroques ou art nouveau avec en son centre la plus grande église de Slovaquie, la cathédrale Sainte-Élisabeth. Le tout constitue le plus grand centre historique protégé de Slovaquie.

Ville royale, chef-lieu historique du comitat de Abaúj, c’est la première ville d’Europe à s’être vu attribuer des armoiries.

Košice démontre actuellement son regain d’attractivité en devenant pour un an capitale européenne de la culture en 2013 avec Marseille.


Le 7 mars 1369, le roi Louis Ier de Hongrie conféra à Košice dans une bulle des armoiries qui deviendront les plus anciennes conférées à une villek. En 1423, le roi Sigismond Ier du Saint-Empire conféra à la ville ses deuxièmes armoiries et ses premiers privilèges en ajoutant au chef trois fleurs de lysk. Les seconds privilèges furent accordés en 1453 par le roi Ladislas Ier de Bohême en y apposant une couronne d’ork. Les troisièmes et derniers privilèges furent ceux du roi Vladislas IV de Bohême en 1502 qui compléta les armoiries et ajouta dans la pointe les armes de son épouse Anne de Foix.

Les armes de Košice se blasonnent ainsi : « Fascé de gueules et d’argent de huit pièces chargé d’un demi-aigle d’argent becquée, languée, membrée, liée et couronnée d’or dans la moitié senestre, au chef d’azur à trois fleurs de lis d’or et à la champagne d’azur à la bande componée d’or et de gueules de huit pièces ».

Le drapeau de la ville est composé de deux bandes horizontales jaune et bleu avec au centre les armoiries de la ville.

La patronne de la ville est Sainte Élisabeth de Hongrie. Il apparaît dans un écrit du pape Martin IV de 1283 que la paroisse lui est déjà dédiée.

Les archéologues ont trouvé de nombreuses traces, notamment à Barca, montrant que la région était habitée à l’âge de la pierre et l’âge du bronze. Selon toute vraisemblance, les Celtes auraient commencé à s’installer dans la région vers 300 av. J.-C., les Germains autour du IIIe siècle apr. J.-C., les Avars au IVe siècle apr. J.-C. et les Slaves à partir du Ve siècle apr. J.-C.. Des tombes slaves et avares des vie – VIIIe ont été trouvées dans les localités de Barca, Kechnec, Šebastovce et Valaliky. Les slaves occidentaux bâtirent dans la région plusieurs villages fortifiés gravitant autour de la Grande-Moravie aux IXe siècle et Xe siècle sans qu’il soit possible de déterminer si la cuvette de Košice en était une partie intégrante ou seulement sous influence culturelle de celle-ci. On a retrouvé ces forts dans les localités de Seňa, Barca et à Krásna, actuellement Krásna nad Hornádom, sur le futur site d’un monastère bénédictin.

Le nom du comitat hongrois Abaújvár, organisation administrative qui perdure en Hongrie sous le nom de Borsod-Abaúj-Zemplén, est lié à l’implantation progressive des Hongrois dans la région. En effet, újvár, à proximité du village de Abaújvár, signifie « nouveau fort », par opposition au Óvár, ancien fort slave situé à Seňa, et fut construit durant le court règne de Samuel Aba entre 1041 et 1044. Cette époque est aussi marquée par la christianisation des slaves et des hongrois qui abandonnent alors leurs croyances antérieures, respectivement pravoslave et tengriste. Une première organisation en diocèse date de la Grande Moravie, organisation renouvelée par le roi Étienne Ier peu après l’an mil. Dans la région, le monastère de Krásna, fondé en 1143, marque l’implantation définitive du christianisme.

À partir de la seconde moitié du XIIe siècle, Košice fut sous la domination de la dynastie hongroise des Árpád. La ville fut fortifiée à la fin du XIIe siècle par le roi Émeric de Hongrie.

Les invasions mongoles n’épargnèrent pas la région : en 1241, une bataille eut lieu à Jasov à 22 km de Košice. Le roi Béla IV de Hongrie, après ces invasions, repeupla le pays dévasté en faisant appel à des colons allemands établis comme hôtes (hospites), qui jouissaient déjà d’un statut particulier daté du 13 juin 1249. En 1250, les dominicains installèrent leur premier couvent sur le territoire de l’actuelle Slovaquie. L’église qui fut construite à l’époque est le plus ancien bâtiment de la ville encore visible de nos jours et le couvent qui jouxte l’église est toujours occupé par l’ordre des Prêcheurs. De nouvelles fortifications furent entreprises vers 1270 sous le règne d’Étienne V et en 1290, André III était en possession d’une place forte de 21 ha, ce qui en fit la localité fortifiée la plus orientale de l’Europe catholique. C’est cette année-là que fut conféré le statut de ville.

En 1301, à la mort d’André III et à l’extinction de la dynastie des Árpád, la ville connut une période d’instabilité. La ville prit d’abord le parti de Ladislas V dans la guerre de succession qui l’opposait à Charles Robert d’Anjou. Cependant, en 1307, la ville changea de camp et soutint Charles Robert d’Anjou qui fut nommé roi en 1308. Le 15 juin 1312, Máté Csák qui contestait toujours le pouvoir royal engagea une bataille à Rozhanovce avec Charles Robert d’Anjou qui ne fut sauvé que par un renfort venant de Košice.

La paix revenue sous la dynastie des Anjou, le centre urbain a continué à prendre de l’importance et en 1342 et 1347 les privilèges de ville royale lui furent accordés. La ville se développa au XVe siècle sous les rois Sigismond Ier du Saint-Empire (1386-1437), avec notamment la construction de la cathédrale, et Matthias Ier de Hongrie (1458-1490). La population atteignit un maximum de 10 000 habitants vers la fin de son règne (vers 1480) dans une Europe encore très peu urbanisée. En Autriche-Hongrie, seules deux villes en 1400 et cinq en 1500 dépassaient 10 000 habitants.

Aux XVIe et XVIIe siècles, à la suite des menaces d’invasions turques et aux troubles religieux de la réforme et de la Contre-Réforme, la ville a vu ralentir son expansion.

La défaite des Hongrois à la Bataille de Mohács en 1526 fit remonter la frontière turque vers le nord. De nombreux Hongrois fuyant les Turcs s’installèrent dans la région à cette époque. En 1556, un incendie affaiblit la position des catholiques en faveur des protestants, nombreux parmi les populations d’origines allemandes (luthériens) et hongroises (calvinistes) en détruisant de nombreux édifices religieux. Néanmoins, à la suite de l’occupation de la ville d’Eger, l’évêché est déplacé à Košice en 1597 dans une ville à grande majorité protestante. C’est l’Empereur autrichien Rodolphe II qui entama la reconquête catholique. En 1603, un coup de force de ce dernier pour reprendre la cathédrale aux mains des protestants mena à la révolte de Étienne II Bocskai, la première des Hongrois contre les Habsbourg. Plus tard, Košice a joué un rôle de bastion pendant les soulèvements de la noblesse hongroise contre les Habsbourg, en particulier durant le soulèvement mené par François II Rákóczi qui éclata en 1703 pour se terminer par la paix de Satu Mare (hongrois : Szatmár) en 1711.

Pour lutter contre la Réforme, l’université de Košice fut fondée en 1657 par les jésuites. Celle-ci fut la seconde dans le royaume de Hongrie de l’époque après celle de Trnava fondée en 1635.

Les XVIIIe et XIXe siècles ont vu un nouvel essor de la ville, les champs de bataille de cette époque étant éloignés de la cité. L’aristocratie vint s’y installer ; fleurirent alors l’architecture baroque, néo-classique et romantique.

En 1755, la ville est la dernière ville libre royale à accepter les réformes de l’impératrice Marie-Thérèse visant à uniformiser leurs privilèges. Grâce au domaine de la ville constitué de forêts, moulins et vignobles, les excédents de revenus lui permirent de prêter la somme de 63 600 florins à  l’impératrice pour financer la guerre de Sept Ans. En 1773, la Compagnie de Jésus est expulsée et ses écoles sont reprises par d’autres ordres ; l’université est depuis lors gérée par l’État, devenant l’académie royale de Kaschau. Sous le règne de Joseph II la ville perdit définitivement sa fonction militaire en 1783 par l’annulation de son statut de forteresse et par l’ouverture d’une troisième porte dans des remparts en mauvais état.

L’industrialisation fit ses débuts à Kaschau (Košice) en 1791 avec l’implantation de la première manufacture de chapeaux mais la véritable modernisation de la ville ne se réalisa qu’après la révolution hongroise de 1848. La première machine à vapeur commença à fonctionner en 1852, le premier train arriva en gare en 1860, en 1891 les premiers trams à traction chevaline firent leur apparition jusqu’en 1914 où le réseau fut électrifié. Cependant, le développement de la ville a souffert de la concurrence de Miskolc plus proche de la capitale Budapest et en 1910, Kaschau (Košice), avec 34 entreprises industrielles et 3 230 ouvriers, ne représentait pas 1 % de la production industrielle du Royaume de Hongrie.

Après le compromis austro-hongrois de 1867 une forte magyarisation de la société est entreprise. Le pouvoir hongrois, dominé par l’aristocratie, tenta de faire de Kaschau (Košice), depuis des siècles ville bilingue (slovaque – hongrois), voire trilingue (allemand), un lieu de rayonnement de la culture hongroise en Haute-Hongrie. Promue chef-lieu du comitat d’Abaúj-Torna, on y rénova la cathédrale Sainte-Élisabeth, on bâtit le Théâtre d’État, les restes de François II Rákóczi furent transférés à Kaschau/Košice le 29 octobre 1906. Cette politique eut pour conséquence un nombre croissant de citoyens se déclarant hongrois dans les recensements (voir le paragraphe : Minorités ethniques).

Le 28 octobre 1918, l’indépendance de la Première république  tchécoslovaque fut proclamée à Prague, mais jusqu’au 29 décembre 1918 Košice resta sous administration hongroise. La frontière fut tracée début 1919 par la commission internationale Lord où des géographes Alliés comme Robert Seton-Watson ou Emmanuel de Martonne et l’historien Ernest Denis, grand défenseur de la cause tchécoslovaque, jouèrent un rôle important. Košice fut alors détachée de la Hongrie qui contesta cette décision en affirmant que « les observateurs américains censés être neutres étaient en fait des Tchèques récemment naturalisés américains, qui ont falsifié la commission d’enquête et déclaré qu’il n’y avait aucun Hongrois à Košice ». Le 14 février 1919 éclata une grève générale contre le tracé de la frontière et l’État tchécoslovaque : les fonctionnaires déclarèrent qu’ils ne reconnaissaient pas la souveraineté tchécoslovaque, démissionnèrent en bloc et on dut faire venir des fonctionnaires de la région d’Orava pour les remplacer. En mars, une révolution communiste éclata à Budapest, la République des conseils de Hongrie fut proclamée le 17 mars 1919 et les troupes hongroises communistes réoccupèrent Košice et l’Est de la Slovaquie, proclamant le 6 juin 1919 à Prešov la République slovaque des conseils. Cet état éphémère s’effondra rapidement et le 5 juillet 1919 les troupes tchécoslovaques reprirent Košice et Prešov.

La frontière hungaro-tchécoslovaque fut finalement officialisée 4 juin 1920 par le Traité de Trianon48 mais lors du premier arbitrage de Vienne le 2 novembre 1938, l’administration tchécoslovaque reçut l’ordre de quitter la ville pour le 9 novembre 1938. Le 10 novembre 1938 à 9 heures du matin les premiers soldats hongrois entraient dans la ville et le 11 novembre 1938, l’amiral Horthy, régent du royaume de Hongrie, fit célébrer son entrée dans la Première ville royale de Haute Hongrie par un défilé militaire. Les habitants d’origine hongroise l’accueillirent avec des drapeaux hongrois. Le discours de l’amiral Horthy en partie en slovaque promettait à la minorité slovaque une liberté linguistique et culturelle absolue.

C’est le bombardement de Košice (Kassa) en 1941 par des avions encore non-identifiés à ce jour qui servit à la Hongrie de prétexte pour déclarer la guerre à l’Union soviétique et participer à l’opération Barbarossa. Un second bombardement eut lieu durant l’été 1943 par les forces alliées et visait les casernes et l’aéroport. La dernière année de la Seconde Guerre mondiale a été la plus meurtrière pour la ville. Après l’occupation allemande de la Hongrie, la communauté juive fut déportée en quatre convois du 15 mai 1944 au 2 juin 1944. La prise de pouvoir le 15 octobre 1944 du Parti des Croix fléchées dirigé par Ferenc Szálasi, originaire de Košice, fut une période de terreur durant laquelle on pendit « pour l’exemple » 12 personnes sur des arbres et des poteaux d’éclairage de la rue principale le 5 janvier 1945 et l’on fusilla 17 autres personnes le 17 janvier 1945 près de Ťahanovce.

Le 18 janvier 1945, les troupes allemandes se retirèrent sans livrer bataille de la ville qui fut occupée le lendemain par les armées soviétiques et roumaines du 4e front ukrainien dirigées par les généraux Ivan Iefimovitch Petrov et Nicolae Rădescu sous le commandement de Fiodor Tolboukhine. Le 20 janvier 1945, le gouvernement national provisoire de Hongrie établi à Debrecen annula le premier arbitrage de Vienne et Košice fut ainsi rendue à la Tchécoslovaquie reconstituée. Le 30 janvier 1945 elle devint pour trois mois le siège du gouvernement provisoire tchécoslovaque car Prague était toujours sous occupation allemande.

Le 5 avril 1945, le programme du gouvernement de Košice dominé par les communistes fut publié à Košice. L’épuration de Košice fut effectuée par les commissaires politiques soviétiques du NKVD qui firent la chasse aux collaborateurs, ou supposés tels, des régimes hongrois de Miklós Horthy et de Ferenc Szálasi, du Parti des Croix fléchées ou du Troisième Reich, qui furent déportés en Union soviétique, suppliciés et fusillés avec leurs familles. Le 22 avril 1945 le communiste Július Mauer fut élu président du comité national de la ville. Le 1er juillet 1945, les rues aux noms hongrois furent renommées.

Les résultats des élections parlementaires de 1946 correspondirent aux résultats des autres régions slovaques et virent la victoire des démocrates sur les communistes. Durant la période gouvernement de crise d’union nationale, les communistes se préparèrent au coup de force de février 1948. Le 21 février 1948 fut créée la première milice populaire de Slovaquie et le 25 février 1948, plus de 6 000 personnes manifestèrent leur soutien au gouvernement de Klement Gottwald. Le 11 avril 1960, la ville devint le chef-lieu de la région de Slovaquie Orientale qui comprenait les régions actuelles de Košice et de Prešov. Dans le début des années 1960, on bâtit un complexe sidérurgique à Šaca au sud de la ville. Ce fut le début d’une croissance importante du nombre d’habitants et de la construction des cités périphériques. Quand, le 21 août 1968, les troupes du pacte de Varsovie mirent fin au printemps de Prague en occupant la Tchécoslovaquie, des habitants tentèrent d’arrêter un convoi militaire. Celui-ci répliqua en tirant dans la foule en causant la mort de sept personnes.

Les étudiants de l’université technique se joignirent à la révolution de velours, le 22 novembre 1989 l’université se mit en grève et tous les cours furent suspendus. Le 27 novembre 1989, ils furent des dizaines de milliers à manifester sur la rue Hlavná. En 1992, la ville recouvra ses droits de propriété sur les forêts nationalisées en 1948.

Au niveau de la Tchécoslovaquie, la ville occupait la cinquième place par sa population.

Depuis le 1er janvier 1993, la ville est la seconde ville de Slovaquie.

Source : Wikipédia.

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