Les Apparitions mariales de Lourdes.

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Les apparitions mariales de Lourdes ou les apparitions de Notre-Dame de Lourdes sont des apparitions de la Vierge Marie manifestées en 1858 à une jeune fille âgée de quatorze ans, Bernadette Soubirous. Celle-ci a déclaré qu’elle avait assisté à dix-huit apparitions d’une jeune fille se présentant comme étant l’Immaculée Conception.

Selon son récit, ces apparitions interviennent pendant six mois, dont douze apparitions en l’espace d’une quinzaine de jours. Les déclarations de la jeune fille suscitent de vives polémiques et font rapidement l’objet  d’enquêtes et de contre-enquêtes des autorités civiles. Le commissaire Jacomet, puis le procureur l’interrogent et la menacent de prison si elle maintient ses dires ou continue de se rendre à la grotte. Malgré les pressions, Bernadette reste constante dans ses déclarations et ne parvient pas à être mise en défaut. Une foule de plus en plus importante se rend à la grotte avec elle pour assister aux « apparitions » (même si Bernadette est la seule « à voir ») et assister à ses extases. Le jeudi 4 mars 1858, on dénombre environ 8 000 personnes déjà pressées devant la grotte lorsque Bernadette s’y rend à son tour. L’attitude « étrange » de la voyante (lorsqu’elle boit de l’eau boueuse et mange de l’herbe), et l’absence « d’un grand miracle » (non annoncé, mais attendu des foules) désappointe et déçoit un certain nombre de fidèles et de curieux. Néanmoins, les autorités civiles, pour essayer de calmer la ferveur populaire autour de la grotte de Massabielle, font barricader le site (le 7 juin) et en interdisent par la force l’accès aux fidèles. La dernière apparition du 16 juillet, pour Bernadette, se fera depuis l’autre rive du Gave, derrière les barrières.

À partir de juillet, plusieurs personnes influentes de l’empire se rendent sur place et commencent à faire pression pour rouvrir l’accès à la grotte. Le 5 octobre, l’empereur Napoléon III autorise sa réouverture. En juillet également, plusieurs évêques se rendent sur place, certains interrogent la voyante, puis de concert, vont demander à l’évêque Bertrand-Sévère Laurence de faire ouvrir une enquête sur ces événements.

Le 18 janvier 1862, au nom de toute l’Église, l’évêque Bertrand-Sévère Laurence publie un mandement par lequel il reconnaît officiellement les apparitions de Lourdes : « Nous sommes […] convaincus que l’Apparition est surnaturelle et divine, et que, par conséquent, ce que Bernadette a vu, c’est la Très Sainte Vierge ». La Vierge y est depuis lors honorée sous le vocable « Notre-Dame de Lourdes ». Après cette déclaration, l’évêché de Tarbes achète les terrains et commence la construction de plusieurs églises : la Basilique de l’Immaculée-Conception (qui surplombe la Grotte de Massabielle) construite de 1862 à 1871, puis la basilique Notre-Dame-du-Rosaire (1883-1889), d’autres constructions suivront, faisant de ce lieu de pèlerinage marial, le plus grand site en France, et l’un des principaux dans le monde.

Ce sanctuaire fait partie d’une série de sanctuaires mariaux importants, comme celui de la rue du Bac à Paris (1830) ou le sanctuaire de La Salette (1846) qui apparaissent à la suite d’une série de mariophanies au XIXe siècle. Ces événements entraînent un renouveau local du culte marial.


Ces événements surviennent 12 ans après l’apparition mariale de La Salette qui a fortement agité le paysage politique et religieux français, par des publications « pro et anti-apparition » très nombreuses dans la presse, et virulentes. Cette apparition a été officiellement reconnue en 1851 par Philibert de Bruillard puis en 1855, à nouveau par Jacques Ginoulhiac.

Ces événements sont largement documentés, tant par les archives ecclésiastiques et civiles (qui ont mené des enquêtes), que par des témoignages, et écrits divers (dont ceux de la voyante), mais également par les publications de la presse dans les journaux contemporains : le cas de Lourdes « constituant sans doute la première apparition médiatique dans la dimension moderne du terme ». Plusieurs études historico-critiques des sources ont également été publiées.

La virulence et la rapidité des attaques anticléricales vis-à-vis des événements de Lourdes s’expliquent par la bascule des attaques déjà existantes contre les apparitions de La Salette sur celles de Lourdes, les critiques s’attachant encore plus à la personnalité de Bernadette qu’ils ne l’avaient fait pour Mélanie Calvat et Maximin Giraud (les voyants de La Salette), mais aussi à l’analyse critique des « miracles de Lourdes », qui y étaient plus nombreux qu’à La Salette. A noter que Lourdes était aussi beaucoup plus fréquentée que La Salette, dès la première année3, car plus facile d’accèsN 2. Il était également plus facile de se loger en ville, que dans un sanctuaire perdu en pleine montagne.

Les Pyrénées sont traversées depuis le Moyen Âge par d’importants  chemins de pèlerinage. Aussi, depuis cinq siècles, le culte marial y revient-il de façon sporadique. Les miracles de la Vierge font bon ménage dans  l’imaginaire local avec des traditions plus anciennes, mais qui restent très vivaces : grottes à maléfices, sorcières, diables, fées de sources curatives ou miraculeuses.

D’après Ruth Harris, la croyance dans les interventions surnaturelles est forte à Lourdes — même dans les classes aisées — et revendiquée. Si Bernadette a reçu, comme tous les enfants de Lourdes, une éducation religieuse traditionnelle, elle a certainement (pour Ruth Harris) été bercée de tous les récits merveilleux de sa région et, dans son expérience visionnaire, les Lourdais reconnaîtront sans peine leurs vieilles traditions.

Au XVIIIe siècle, le clergé n’a que mépris pour les traditions de piété régionales, souvent qualifiées de « superstitions ». Après la Révolution, apparaît une génération de prêtres d’origines plus modestes, à la sensibilité plus proche de celle de leurs ouailles. Bertrand-Sévère Laurence est de ceux-là. D’extraction paysanne, il favorise les sanctuaires chers au cœur des Pyrénéens (comme il l’a fait à Garaison). Sous le Second Empire, le  catholicisme accepte donc d’intégrer les formes de dévotion régionales en même temps qu’il redevient institutionnel. Et Bertrand-Sévère Laurence tire profit de cette double évolution : il peut continuer à jouer la carte d’un catholicisme populaire, tout en recevant l’appui de la bourgeoisie bonapartiste de Tarbes.

En effet, ce qui distingue les visions de Bernadette des autres apparitions de la Vierge dans la région, c’est l’allusion au dogme promulgué par le pape quatre ans plus tôt. Les mots « Immaculée Conception », renvoyés en écho d’une grotte du fond des Pyrénées, symbolisent le lien entre le saint-père et ses fidèles. La Vierge de la petite Bernadette va donner force à l’expansion internationale du catholicisme. Et les visions de la jeune fille vont puissamment contribuer à ancrer le culte de la Vierge dans le catholicisme moderne.

Pour Ruth Harris, une raison du phénoménal succès de Lourdes serait peut-être la fusion réussie du merveilleux pyrénéen traditionnel et d’une spiritualité catholique en plein renouveau.

Depuis cinq siècles, la Vierge est apparue très souvent dans les Pyrénées. Son pouvoir est lié à la grotte et à la source, et ses miracles donnent naissance à des sanctuaires que le clergé ne voit pas toujours d’un très bon œil.

Les deux lieux de pèlerinage les plus proches de Lourdes sont Bétharram et Garaison. En 1515, à Bétharram, la Vierge sauve une jeune fille de la noyade en lui tendant un rameau. Depuis, les miracles y sont nombreux. Bernadette s’est rendue là, plusieurs fois. C’est là qu’elle aurait acheté son chapelet. Vers 1520, à Garaison, Anglèze de Sagasan, bergère de douze ans, affirme avoir entendu la Vierge lui demander la construction d’une chapelle près de la source. La chapelle est construite et Garaison reste un lieu de dévotion et de tourisme religieux jusqu’à la Révolution. En 1797, bâtiments et terres sont vendus comme biens nationaux. Et c’est Bertrand-Sévère Laurence qui, 43 ans plus tard, s’emploie à les racheter.

A noter une autre apparition « locale », complètement oubliée : en 1848, dans le petit village de Nouilhan, à 30 km de Lourdes, se déroule une série d’apparitions de la Vierge à onze voyants (au total). Ces apparitions, dans une ancienne église détruite lors de la Révolution française, et en ruine lors des apparitions, amène la population locale à restaurer cette église (l’église est rebâtie en 1856) et y ramener la statue de la Vierge que l’on y vénérait jadis. Ces apparitions, qui n’ont pas donné lieu à une enquête canonique, ont réactivé un culte local, tombé ensuite dans l’ombre de celles de Lourdes, et dans l’oubli aujourd’hui. Et Yves Chiron de s’interroger : « pourquoi les apparitions de Lourdes, 10 ans plus tard ont eu un retentissement plus considérables (que celles-ci) ? », ou « pourquoi la Vierge est-elle apparue à si peu d’années d’intervalles dans des lieux aussi proches ? ». Sur ce point, l’auteur avance une hypothèse : « la finalité des apparitions est très différentes et il n’y a pas de répétition : à Nouilhan il s’agissait de faire revivre un sanctuaire, à Lourdes il s’agissait de créer un sanctuaire, et de délivrer un message de conversion et de pénitence ».

Quatre ans avant Lourdes, en 1854, le pape Pie IX proclame le dogme de l’Immaculée Conception dans la bulle Ineffabilis Deus, « une avancée décisive dans l’ordre dogmatique, nourrie de plus de 15 siècles de tradition de culte et de piété, et qui marque un apogée dans la ferveur mariale du xixe siècle catholique » écrivent Bouflet et Boutry. Pour ces auteurs, les événements de Lourdes s’inscrivent « dans une double affiliation attestataire de gestion dans la lignée du fait de La Salette et dogmatique dans la confirmation du dogme de l’Immaculée Conception ».

La jeune Bernadette Soubirous âgée de quatorze ans, est la fille d’un meunier ruiné et accusé récemment pour vol de deux sacs de farine (mais libéré après 8 jours de prison, faute de preuve). Sa famille est l’une des plus pauvres de la ville. Ils habitent dans « le cachot », un logement composé d’une unique pièce, au rez-de-chaussée d’un bâtiment ayant été une ancienne prison. La pièce est petite, « sombre et insalubre ». Son père doit chercher du travail au jour le jour. Bernadette, de santé fragile, ne sait toujours pas lire ni écrire à l’âge de 14 ans.

La jeune Bernadette Soubirous âgée de quatorze ans, sa sœur Marie Soubirous (1846-1892)|Marie Antoinette, dite Toinette, onze ans et son amie Jeanne Abadie, se rendent sur la rive gauche du Gave de Pau pour ramasser des os et du bois mort. Pour ce faire, les trois filles doivent traverser à pied le canal du Moulin. L’eau est glaciale. Marie et Jeanne s’y engagent courageusement, mais Bernadette, de santé précaire, craignant de tomber malade, hésite. « Fais comme nous ! » lui disent les deux filles qui sont passées sur l’autre rive. Bernadette est alors surprise par un bruit qu’elle décrira comme celui d’un coup de vent (« coumo u cop de bén »). Elle tourne la tête vers la grotte de Massabielle. Elle y aperçoit une « lumière douce ». Dans cette lumière, apparaît une très belle enfant, de petite taille, vêtue de blanc, souriante, qui fait le signe de la croix ; Bernadette fait de même. La demoiselle porte une ceinture bleue et, sur chaque pied, une rose jaune. Bernadette récite son chapelet. La vision lui fait signe d’approcher mais Bernadette n’ose pas. La vision disparaît, sans qu’aucune parole ait été prononcée. Bernadette raconte son aventure à ses deux compagnes, leur faisant promettre de garder le silence. Cependant “Toinette”, qui n’a que onze ans, rapporte tout à leur mère. Les deux sœurs reçoivent une volée de coups de bâton.

Ses parents interdisent à Bernadette de retourner à Massabielle. Elle insiste, ils cèdent. Bernadette revient à la grotte en compagnie d’une douzaine d’amies de son âge. Sur place, elle récite le chapelet et voit apparaître la jeune fille en blanc. Comme la fois précédente, elle est seule à la voir. Pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une créature du diable, elle lui lance de l’eau bénite. Aqueró sourit, incline la tête.

Bernadette a une extase et ses camarades appellent à l’aide le meunier Nicolas. Celui-ci essaie de porter Bernadette, toujours en extase, jusqu’à son moulin proche, mais il n’y parvient qu’à grand peine. Bernadette sort alors de son extase.

Le lendemain, les camarades de Bernadette n’ont pas tenu leur langue. Toute l’école est informée. La supérieure, mère Ursule, vient inspecter la classe où se trouve Bernadette et lui dit : « Tu as fini tes carnavalades ? ». Vers midi, Bernadette est attendue à la sortie de l’école par sœur Anastasie, qui voudrait savoir qui est celle dont tout le monde parle. Elle a demandé à Madame Pailhasson de la lui indiquer. Celle-ci donne une gifle à Bernadette tout en disant à sœur Anasthasie : « tenez, la voilà, la drôle ! ». La sœur attrape Bernadette par le bras et la secoue en lui disant : « Drôle ! drôle ! Si tu retournes encore à la grotte tu seras enfermée. » L’après-midi, lorsque Bernadette retourne à l’école pour les travaux de couture, ses récits commencent à inspirer quelques moqueries : « la va-nu-pied » à propos de l’objet de sa vision, tandis que la grotte se trouvant à proximité du lieu où était habituellement parqué le troupeau communal de porcs est appelée « la tute-aux-cochons ».

À midi, une domestique vient trouver Bernadette à la sortie de l’école pour lui dire que Madame Milhet veut lui parler. Excentrique et déterminée, Madame Milhet est une ancienne domestique qui avait épousé son maître. Devenue riche, elle est une des employeuses de la mère de Bernadette, mais Bernadette refuse.

Madame Milhet renvoie sa domestique le soir pour dire à Bernadette : « Ta mère te prie de passer chez Madame Milhet » ; elle est intriguée par le récit de Bernadette et elle a décidé, avec son amie Antoinette Peyret, la fille de l’huissier, de tirer cela au clair. Elle convainc Bernadette de les amener à la grotte. Antoinette Peyret et Madame Milhet ont fait des hypothèses. Selon leurs conjectures, la grotte pourrait être la porte du purgatoire tandis que celle qui apparaît à Bernadette pourrait être Élisa Latapie, la présidente des Enfants de Marie, morte l’année précédente, et dont la personnalité avait fortement marqué les esprits des paroissiens de Lourdes.

Bernadette demande à Aquero d’écrire son nom sur une feuille. Les deux dames et Bernadette partent toutes trois avant l’aube pour échapper aux curieux. Elles ont apporté un cierge, car il fait encore nuit, tandis qu’Antoinette a pris le nécessaire de l’huissier : papier, encre et plume. À l’approche de la grotte, Bernadette accélère le pas tandis que ces dames en robe à crinoline ont quelques difficultés à descendre le « casse-cou », ce chemin glissant et raviné qui est le seul accès à la grotte si l’on veut y arriver à pied sec. L’apparition commence. Bernadette dit le chapelet, après quoi, Antoinette fournit plume et papier à Bernadette qui, sur l’instance de Madame Milhet, demande à Aqueró : « Boulet aoue era bouentat de mettre voste noum per exriout ? » (« Voulez-vous avoir la bonté de mettre votre nom par écrit ? » Aqueró rit, et parle pour la première fois : « N’ey pas necessari » (« Ce n’est pas nécessaire.) » De même que Bernadette est seule à voir Aqueró, elle est seule à l’entendre. Aqueró demande : « Boulet aoue la gracia de bié aci penden quinze dias ». (« Voulez-vous avoir la grâce de venir ici pendant quinze jours ? ») Bernadette le promet, et l’apparition lui répond par une autre promesse : « Nous proumeti pas deb hé urousa en este mounde, mès en aoute. » (« Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais en l’autre ». Bernadette se déclarera touchée par le recours au vouvoiement et les paroles prévenantes de l’objet de sa visionL 3 : « Qu’em parlo en patouès et quem dits bous », (« Elle me parle patois et me dit vous. »)

À la suite de l’apparition du 18 février, Madame Milhet vient trouver Louise Soubirous et lui dit : « Je me charge de votre fille. Je la prends chez moi. » C’est donc de la maison de Madame Milhet que le vendredi 19 février 1858 vers six heures du matin Bernadette part pour ce qui sera la quatrième apparition. Cependant, la tante Bernarde, marraine de Bernadette, n’entend pas laisser Madame Milhet exercer seule son patronage sur sa filleule. Quelques membres de la famille de Bernadette se joignent donc à l’équipée que Madame Milhet aurait voulu pouvoir garder secrète ou au moins discrète. Bernadette vient ainsi à la grotte, accompagnée de sa mère, de sa marraine, de Madame Milhet et de quatre ou cinq autres femmes Aqueró lui apparaît brièvement et silencieusement. Bernadette, lorsqu’on l’interroge, ne parle toujours que d’Aqueró, d’« uo pétito damizélo » (« une petite demoiselle »), d’une « fille blanche », d’une « petite fille ». Au bourg, les suppositions vont bon train. S’agit-il de la très pieuse Élisa Latapie ou de la Sainte Vierge ?

L’idée qu’il pourrait s’agir de la Vierge fait son chemin.

Le samedi 20 février 1858, aux curieux qui accompagnent Bernadette à Massabielle, se mêlent cette fois des Enfants de Marie Immaculée. Une trentaine de personnes sont présentes lors de cette apparition. Elle est brève et silencieuse comme la veille.

Jeudi 4 mars 1858, c’est jour de marché. Environ 8 000 personnes sont présentes devant la grotte. L’attente du public qui s’est amassé durant la nuit sur le site est grande car c’est le dernier jour de la quinzaine. Les spéculations vont bon train sur les miracles ou phénomènes extraordinaires auxquels la foule pourrait assister. À la grotte les gens se sont entassés d’une façon indescriptible, accrochés aux rochers ou entassés sur les rives. Un service d’ordre a été organisé. Tarbes a construit une sorte de passerelle pour faciliter l’accès, tandis que le Commissaire assisté d’un gendarme fait passer Bernadette au travers de la foule. La vision est silencieuse, elle dure trois quarts d’heure.

Dans une ambiance pourtant « incandescente », selon René Laurentin, il ne se passe rien de remarquable, si ce n’est qu’au retour, Bernadette qui reste au centre de toutes les attentions, se montre sensible au sort d’une petite fille que son père a amenée et qui avait interpellé Bernadette à l’aller. Cette petite fille porte un bandeau sur les yeux, elle est presque aveugle et la lumière lui fait mal. Bernadette s’approche, lui prend les mains et  l’embrasse. La petite Eugénie (elle porte le prénom de l’impératrice) est touchée, elle rit, Bernadette aussi qui l’embrasse une seconde fois et repart. Eugénie veut alors voir celle qui l’a embrassée. Elle retire son bandeau et, remplie d’enthousiasme, tente d’apercevoir Bernadette. La foule qui est autour se met à crier au miracle. Joyeuse, Eugénie se persuade d’être guérie. Son père y croit aussi et Eugénie est amenée devant le procureur qui restera plus que perplexe. Il faudra plusieurs semaines pour dissiper l’illusion née de ce moment de bonheur, tandis que la petite Eugénie mourra le 5 juin 1859.

Le reste de la journée, au bourg, Bernadette est harcelée par la foule. Le cachot est pris d’assaut. On veut la toucher, lui faire toucher des objets de piété, lui donner de l’argent — qu’elle refuse. On la prie de guérir des enfants infirmes. Certains coupent subrepticement des fils dans la doublure de sa robe, d’autres réclament d’échanger son chapelet contre le sien. Lourdes bruisse de miracles.

Au lendemain du 4 mars 1858, le « grand jour » tant attendu, la foule est déçue. Ce qui paraissait hier être des miracles dans l’excitation générale se révèle être sans fondement. Le Lavedan écrit : « Quelle déception ! Que de pauvres crédules ont été humiliés… Combien de personnes ont compris alors, mais trop tard, hélas ! le ridicule de la démarche et déploré leur excessive crédulité. »

Une certaine affluence perdure à Massabielle mais Bernadette n’y va plus. Elle semble elle-même découragée. Elle récuse avoir fait ou vouloir faire croire à de quelconques miracles. Elle ne dit toujours pas avoir vu la Vierge, bien que plus personne n’envisage les choses autrement. Alors qu’elle continue d’aller à l’école chez les sœurs, elle a du mal à se mettre au travail. Enfin, elle se détourne des conversations sérieuses sur la grotte et les apparitions, préférant ostensiblement les gamineries et les jeux de son âge : la marelle, les cache-cache , etc. Bernadette a tenu sa promesse : aller quinze jours à la grotte, et semble maintenant se désintéresser de l’affaire.

Source : Wikipédia.

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