Bernadette Soubirous, religieuse.

Marie-Bernarde Soubirous, connue aussi comme sainte Bernadette (en religion sœur Marie-Bernard), née le 7 janvier 1844 dans le département des Hautes-Pyrénées à Lourdes (en Bigorre) et morte le 16 avril 1879 dans le département de la Nièvre à Nevers, est une jeune fille française qui a affirmé être témoin de dix-huit apparitions mariales à la grotte de Massabielle entre le 11 février et le 16 juillet 1858. Devenue religieuse, elle est canonisée en 1933.

Bernadette restait prudente pour désigner l’objet de sa vision, employant surtout, dans sa langue qui était le gascon de Bigorre, les pronoms démonstratifs « aquerò » (c’est-à-dire « cela ») ou « aquèra » (c’est-à-dire « celle-ci »). Elle ne dira pas avoir vu la Vierge avant d’affirmer l’avoir entendue dire « Que sòi era Immaculada Concepcion », c’est-à-dire, « Je suis l’Immaculée Conception ». Au cours d’une de ses apparitions, Bernadette a creusé le sol pour y prendre de l’eau. L’eau de cette source est rapidement réputée miraculeuse et il commence à être question de guérisons. S’en tenant à ce qu’elle avait vu et entendu, Bernadette niera avoir été témoin de guérisons ou y avoir contribué : « On m’a dit qu’il y avait eu des miracles, mais à ma connaissance, non », déclare-t-elle en septembre 1858.

Dans un contexte post-révolutionnaire de vives polémiques sur les questions religieuses et, quelques années après les apparitions mariales de la rue du Bac et de La Salette, celles de Lourdes suscitent un engouement populaire important et croissant. La presse nationale commence à s’y intéresser, durant l’été 1858, notamment avec la publication, par Louis Veuillot, d’un article très remarqué dans L’Univers du samedi 28 août 1858. Le préfet de Tarbes, suivant les consignes du ministère des Cultes, maintient une interdiction d’accès à la grotte jusqu’en octobre 1858, tandis qu’une commission d’enquête, mise en place par l’évêque de Tarbes, en juillet 1858, se prononce en faveur de ces apparitions en 1862. L’aménagement de la grotte et la construction d’une basilique sur le rocher qui la surplombe commencent alors.

En l’espace de quelques mois, Bernadette Soubirous, alors âgée de 14 ans, est devenue une célébrité internationale, tandis que la vie dans cette bourgade des Pyrénées commence à être transformée par l’affluence de pèlerins, de curieux et de journalistes. Entre 1858 et 1866, Bernadette continue de vivre à Lourdes, où sa situation devient, cependant, de moins en moins tenable. Sans cesse sollicitée, tout en refusant de percevoir quoi que ce soit en rapport aux apparitions ou à sa célébrité, elle se pose la question d’une vie religieuse. En 1864, suivant la recommandation de l’évêque de Nevers, elle se décide à entrer chez les sœurs de la Charité. Deux ans plus tard, alors que la construction de la basilique est en cours, Bernadette a 22 ans et quitte Lourdes pour entrer au couvent Saint-Gildard, à Nevers. Elle y mène treize années d’une vie de « religieuse ordinaire », ayant néanmoins la particularité de recevoir la visite de nombreux évêques, parmi ceux qui souhaitent se faire une opinion sur elle et sur les apparitions. Souvent malade et de santé fragile, elle s’occupe de l’infirmerie, quand elle n’y est pas soignée. Elle fait ses vœux perpétuels en 1878, puis meurt d’une pneumonie le 16 avril 1879, à l’âge de 35 ans.

Soubirous, carte maximum, Monaco, 1958.

En 1868, paraît le livre de Henri Lasserre, intitulé Notre-Dame de Lourdes, qui connaît un grand succès et est traduit en 80 langues. En 1869, le pape Pie IX écrit une lettre à l’auteur pour l’en féliciter, reconnaissant ainsi implicitement ces apparitions. À la fin du XIXe siècle, la foule qui afflue à Lourdes intéresse nombre d’intellectuels. Parmi eux, Émile Zola (Lourdes), Joris-Karl Huysmans (Les Foules de Lourdes), François Mauriac (Les Pèlerins de Lourdes) ou encore Paul Claudel L’ensemble des archives et des témoignages sur Bernadette Soubirous fait l’objet d’un travail de recensement et d’édition critique par René Laurentin, dans les années 1960-1970.

Bernadette Soubirous est béatifiée le 14 juin 1925, puis canonisée le 8 décembre 1933 par le pape Pie XI. Sa fête est commémorée le 18 février (jour de la 3e apparitions, une semaine après Notre-Dame de Lourdes), et le 16 avril selon le Martyrologe romain.

Le sanctuaire de Lourdes accueille environ six millions de personnes chaque année.


Le 11 février 1858, Bernadette se rend à la grotte de Massabielle avec sa sœur et une amie pour y chercher du bois. C’est là qu’elle est témoin d’une première apparition silencieuse. Lors des apparitions du 15 et 16 février, Bernadette commence à être accompagnée par des personnes proches, car l’information sur sa « vision » a été diffusée par ses camarades, contre sa volonté.

Lors de la troisième apparition, le 18 février, la dame demande à Bernadette de venir à la grotte pendant quinze jours, et Bernadette promet. Il s’en suivra ce qu’il est convenu d’appeler « la quinzaine des apparitions », du 19 février au 4 mars 1858, au cours desquelles Bernadette ira tous les jours à la grotte. L’apparition ne se produit cependant que douze fois au cours de cette quinzaine. Ce temps devient celui du début d’une affluence grandissante de pèlerins et de curieux vers la grotte, ce qui provoque quelques articles dans la presse locale, l’ouverture d’enquêtes par le commissaire puis par le procureur impérial de Lourdes, ainsi que l’embarras du conseil municipal et du curé. À la suite de cette quinzaine, Bernadette reste un long temps sans revenir à la grotte. Elle y retournera ponctuellement les 25 mars, 7 avril et 16 juillet pour les trois dernières apparitions. Pendant cette période, de mars à juillet 1858, la police, le procureur et le préfet tentent de mettre fin à l’affluence des pèlerins vers la grotte en y installant des barrières, et en verbalisant les personnes qui s’y rendent, tandis que le conseil municipal se demande quelle attitude adopter et que le clergé reste sur la réserve.

Jusqu’en juin 1860, Bernadette vit dans sa famille. Les Soubirous ont quitté le “cachot” vers septembre 1858 pour vivre dans une pièce plus grande de la maison Deluc. Peu après, début 1859, l’abbé Peyramale s’étant porté caution, François Soubirous peut louer le moulin Gras et reprendre son métier de meunier. Durant cette période, Bernadette travaille comme garde d’enfants, elle tente de combler son retard scolaire avec l’aide d’Augustine Tardhivail qui l’instruit bénévolement, et elle joue son rôle d’aînée à la maison dans les tâches ménagères et vis-à-vis de ses frères et de sa sœur. Enfin, elle répond aux innombrables questions sur les apparitions, rencontrant des visiteurs même lorsqu’elle est malade et alitée.

Un an après les apparitions, environ 30 000 personnes sont passées à Lourdes. Seules ou en groupe, la plupart ont voulu rencontrer ou du moins apercevoir Bernadette car ils viennent pour elle plus que pour la grotteR 2. Bernadette fait l’objet d’un culte populaire qui tourne à la « foire d’empoigne ». Dans un premier temps, il n’existe aucune restriction pour rencontrer Bernadette. Si la plupart des rencontres se passent sans problème, Bernadette doit souvent faire face à d’embarrassantes effusions affectives, à des pressions pour obtenir des reliques (mèche de cheveux, chapelet, fils de ses vêtements, etc.), et parfois à de l’agressivité ou de la bizarrerie. L’abbé Peyramale et le maire cherchent un moyen de mettre fin à ce tumulte.

L’idée selon laquelle Bernadette pourrait vivre à l’hospice tenu par les sœurs est née dès l’automne 1858, mais Bernadette souhaitait rester chez ses parents. La proposition en reste donc là, tandis que l’on indique avec plus ou moins de succès aux pèlerins qu’ils doivent d’abord passer au presbytère pour obtenir l’autorisation d’aller voir Bernadette. Au printemps 1860, avec l’augmentation saisonnière du nombre de visiteurs, l’entrée de Bernadette en pension à l’hospice des sœurs de la Charité se décide. C’est le maire Anselme Lacadé, qui trouve la solution administrative et financière. L’hospice est un lieu d’accueil des malades en même temps qu’une école. Le maire qui subventionne cette institution propose que Bernadette y soit admise gratuitement comme malade indigente en raison de sa santé fragile tandis que tous les aménagements nécessaires à la poursuite de son éducation scolaire et ménagère pourront être pris au sein de cette institution. Désormais, il n’est plus possible de voir Bernadette sans en faire préalablement la demande au presbytère, et Bernadette ne peut plus sortir de l’hospice sans l’accord du curé. Cette interdiction de sortie visant surtout à encadrer les demandes faites pour « voir la voyante », une exception permanente est prévue pour qu’elle puisse librement visiter ses parents, mais elle doit toujours être accompagnée d’une sœur. Lorsque les visites de Bernadette dans sa famille poseront des difficultés aux sœurs, Bernadette leur rappellera avec ténacité la promesse qu’elle pourrait y aller librement.

La décision de placer Bernadette à l’hospice a été l’objet de longues négociations et de désaccords entre ceux qui en furent partie prenante. Dominiquette Cavenaze, le maire et le curé y ont poussé ; les parents Soubirous y ont consenti malgré leurs réticences, de même que les sœurs de Nevers ; le docteur Dozous, qui s’était autoproclamé médecin attitré et bénévole de Bernadette, s’est élevé contre cette décision : « Quoi ! Confier Bernadette à cette supérieure, une incrédule ! […] Bernadette est en de mauvaises mains. À tout prix, il faut qu’elle en sorte ! » Néanmoins le docteur Dozous perdait peu à peu toute crédibilité, à mesure qu’il perdait son discernement de médecin lorsqu’il s’agissait de constater des guérisons et des miracles. Anne Bernet, considère que ce placement visait à soustraire Bernadette à son milieu familial, celui des Soubirous et des Castérot, qui reste très défavorablement considéré pour sa moralité et ses mœurs par les notables locaux. René Laurentin insiste pour sa part sur la nécessité qu’il y avait de protéger Bernadette des visites incessantes, tout en permettant aux nombreux pèlerins de la rencontrer. Bernadette reste en effet, selon un avis largement partagé, « la meilleure preuve des apparitions ». Le placement de Bernadette à l’hospice, loin de mettre fin aux visites, les pose dans un cadre réglé par les horaires de l’école et de l’hospice. On obtient facilement l’autorisation de la rencontrer au parloir tandis qu’il n’est plus question de venir voir Bernadette à n’importe quelle heure, ou encore de l’emmener à l’improviste pour la monter à Cauterets ou à Bagnères comme que cela s’était fait.

Bernadette n’a pour sa part pas fait de difficultés pour entrer en pension : elle a obéi. Elle le vécut cependant comme une forme de déracinement. Selon l’expression de René Laurentin : « Bernadette, plante de pleine terre, est repiquée en serre. » Ce qu’elle perd notamment à ce moment-là, c’est son rôle d’aînée. Un rôle important dans son milieu social et familial qui lui donnait autorité et responsabilités. Chez les Soubirous, la « grande sœur » avait à s’occuper des plus jeunes au quotidien ; à l’hospice, elle devient celle dont on s’occupe.

Au sein de l’hospice, l’école fonctionne avec deux systèmes. La classe gratuite pour les indigents est externe. Les élèves y viennent  irrégulièrement et ils ne peuvent accéder aux autres parties de l’hospice. Les classes payantes sont quant à elles intégrées au reste de la maison. Vivant à l’hospice, Bernadette doit rejoindre l’une des deux classes payantes : celle des « demoiselles de la bourgeoisie » ou la « seconde classe », celle des filles de familles plus modestes. Bernadette qui aurait souhaité rester avec les indigents, rejoint la « seconde classe ». Peu après l’entrée de Bernadette à l’hospice, l’abbé Bernadou réalise les premiers clichés. Il le fait sans aucune intention commerciale, avec le souhait de fixer l’extase de Bernadette.

Bernadette a seize ans lorsqu’elle entre à l’hospice. Bien que son retard scolaire soit important, elle fait des progrès rapides en lecture et en écriture, apprenant ainsi le français. Elle est douée pour la couture et la broderie. Du point de vue des sœurs, sa piété est irréprochable bien qu’elle ne fasse pas preuve d’un zèle particulier à cet égard. Tous les quinze jours, elle participe à la réunion des Enfants de Marie, et, comme le veulent les instructions de ce mouvement, elle dit personnellement le chapelet deux ou trois fois par jour. Sur l’insistance des sœurs, elle essaie de se mettre à l’oraison. Bernadette refuse de parler des apparitions quand ce n’est pas au parloir dans le cadre des fréquentes séances de témoignage prévues à cet effet. Selon les témoignages de ses amies, c’est une excellente camarade de classe. Elle fuit les conversations et les ambiances trop sérieuses, elle rit facilement et bruyamment. Petite pour son âge, elle se plaît à jouer avec les plus jeunes qu’elle. À dix-sept ans elle fait quelques coquetteries. En somme, c’est une élève ordinaire, elle a l’air heureuse, les sœurs en sont contentes et tout se passe bien. En 1863, Bernadette a passé l’âge d’être en classe. Néanmoins, elle semble se trouver bien chez les sœurs et, à Mgr Forcade qui l’interroge sur son avenir, elle répond qu’elle n’envisage rien d’autre pour son avenir que de rester là, à faire des travaux ménagers ou à soigner les malades de l’hospice, ce qui est impossible si elle ne devient pas elle-même religieuse. En fait Bernadette cherche sa vocation religieuse, mais elle n’a encore rien décidé.

À partir de 1875, elle est constamment malade. Elle est atteinte de tuberculose et souffre de son asthme chronique. Elle prononce ses vœux perpétuels le 22 septembre 1878. Après avoir fait ôter toutes les images pieuses de sa chambre pour ne conserver qu’un crucifix, elle meurt à l’infirmerie Sainte-Croix le 16 avril 1879, à 15 h 30, à l’âge de 35 ans.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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