Le Massacre de Babi Yar (Ukraine, 1941).

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Le massacre de Babi Yar est le plus grand massacre de la Shoah ukrainienne par balles mené par les Einsatzgruppen en URSS : 33 771 Juifs furent assassinés par les nazis et leurs collaborateurs locaux, principalement le 201e bataillon Schutzmannschaft, les 29 et 30 septembre 1941 aux abords du ravin de Babi Yar à Kiev.

D’autres massacres eurent lieu au ravin de Babi Yar dans les mois suivants, faisant entre 100 000 et 150 000 morts (Juifs, prisonniers de guerre soviétiques, communistes, Tziganes, Ukrainiens et otages civils) jusqu’à la mise en place en 1942 du camp de concentration de Syrets.

Babi Yar (en français, le « ravin des bonnes femmes » ; en russe : Бабий Яр ; en ukrainien : Бабин Яр, Babyn Yar ; en polonais : Babi Jar) est un lieu-dit de l’ouest de la ville de Kiev (Ukraine) entre les quartiers de Louk’ianivka (Лук’янівка) et de Syrets’ (Сирець).

Au fur et à mesure des massacres, les corps ont été progressivement ensevelis dans cette immense fosse commune. Ils ont été exhumés par les Allemands à l’été 1943 et brûlés avant l’arrivée de l’Armée rouge qui regagnait du terrain.

Après la guerre, les Soviétiques ont comblé le ravin pour y placer des aménagements urbains divers (routes, immeubles, tour de télévision…). Ainsi, ce massacre a longtemps été occulté par l’URSS par souci de cohésion de la république socialiste soviétique d’Ukraine. Néanmoins, un poème ukrainien en a rappelé l’existence en 1961 et vingt ans plus tard, à l’époque de la perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev, les victimes juives du nazisme ont été à nouveau ouvertement évoquées ; il faut attendre les années 1990 et la dislocation de l’URSS pour qu’un mémorial soit implanté sur le lieu des massacres, mémorial qui ouvre en 2001.


C’est la pendaison publique de deux Juifs suivie de la fusillade de quatre cents autres et d’autres civils qui marque le début réel de l’extermination. Aucun secret n’entoure les massacres, contrairement à la discrétion qui prévaut par la suite.

Le 19 septembre 1941, la Wehrmacht entre dans Kiev, qui compte 900 000 habitants dont environ 120 000 Juifs.

Les Panzergruppen allemands ont encerclé Kiev pour enfermer une forte concentration de soldats russes. Le 26 septembre 1941, Kiev est prise et plus de 665 000 soldats soviétiques sont faits prisonniers. À ce moment, une grande partie des Juifs ont pu quitter la ville.

Les forces spéciales du NKVD présentes à Kiev, connaissant la tactique d’occupation des Allemands, ont préparé un gigantesque piège. L’armée allemande a pour habitude d’utiliser les installations officielles comme postes de commandement, symbolisant leur prise officielle de pouvoir en s’établissant dans les bâtiments du gouvernement soviétique mais aussi dans les locaux du Parti communiste. Ce faisant, le NKVD a dissimulé plus d’une dizaine de milliers de charges explosives et de mines dans la plupart des bâtiments publics et laissé un commando sur place chargé de les faire sauter une fois les Allemands en position dans l’espoir de décimer le commandement de la Wehrmacht de la zone, renouvelant ainsi la longue tradition russe de politique de la terre brûlée.

Après les attentats de l’avenue Krechtchatik perpétrés par les agents du NKVD en plein cœur de Kiev à la suite de l’arrivée des troupes allemandes dans la ville, ce sont les Juifs qui sont officiellement tenus pour responsables et qui vont être massacrés à Babi Yar.

Blobel prépare dès le 25 septembre la « grande action », soit la liquidation des Juifs de Kiev. L’enquête de Michaël Prazan dans le chapitre XII de son livre Einsatzgruppen permet de comprendre comment l’extermination des Juifs de Kiev a été à la fois un projet porté par l’administration nazie et un événement contingent qui s’est adapté aux circonstances particulières de l’invasion des nazis en Ukraine, et notamment à l’entrée de la Wehrmacht à Kiev.

Le 28 septembre, un communiqué ordonne à tous les Juifs de Kiev et des environs de se présenter le lendemain, jour de Yom Kippour.

Les tueurs sont des SS ou des policiers allemands membres du Sonderkommando, dirigé par Paul Blobel, mais aussi des membres de la Waffen-SS, et principalement le 201e bataillon Schutzmannschaft composé en grande partie d’Ukrainiens nationalistes recrutés par les Allemands. Babi Yar est un ravin aux abords de Kiev creusé par une rivière qui devient en deux jours le lieu d’anéantissement par les nazis de la population juive de la ville, dans sa totalité, à l’exception des hommes jeunes recrutés par l’Armée rouge avant l’invasion, et des rares évacués. Des colonnes de Juifs y sont ainsi amenées, brutalisées par les Allemands, forcées de se déshabiller et de s’allonger contre la paroi du ravin de 150 mètres de longueur, 30 mètres de largeur et 15 mètres de profondeur.

Ils furent conduits à travers un corridor formé de soldats, roués de coups de crosse, puis forcés à se déshabiller et conduits au bord du ravin et exécutés. « […] ils pénétrèrent dans un long passage ménagé entre deux rangées de soldats et de chiens. Ce couloir était étroit, d’un mètre cinquante environ. Les soldats se tenaient épaule contre épaule, les manches retroussées, et tous étaient armés de matraques en caoutchouc ou de grands bâtons. Et les coups se mirent à pleuvoir ».

Entre le 29 et le 30 septembre 1941, 33 771 Juifs sont mitraillés à Babi Yar au bord d’un ravin. Environ vingt-deux mille personnes sont tuées dès le premier jour, plus de onze mille le deuxième jour. Les corps sont ensuite recouverts de terre par des prisonniers de guerre soviétiques.

Après les deux jours de massacres, ceux-ci reprennent sur le même site dans les mois qui suivent. Environ 100 000 personnes (Juifs, Tziganes, résistants ou encore prisonniers de guerre) y sont tuées au cours des deux années suivantes.

En août et septembre 1943, Paul Blobel à la tête du Kommando 1005 fait exhumer les corps pour les brûler et les faire ainsi disparaître.

Dans les mois qui suivirent, 60 000 exécutions eurent lieu au même endroit de Juifs, Polonais, Tsiganes, Ukrainiens. Parmi eux se trouvait la poète et militante nationaliste ukrainienne Olena Teliha.

Après les exécutions de masse, le camp de concentration de Syrets fut créé près de Babi Yar. Les communistes, résistants et prisonniers de guerre y ont été enfermés. Le nombre de victimes du camp est estimé à 30 000.

Durant les deux années qui suivirent, avant que l’Armée rouge ne reprenne Kiev, Babi Yar continua d’être le lieu d’un massacre obstiné de la part des nazis ; près de cent quarante mille personnes de nationalités variées y furent abattues à la mitrailleuse ou enterrées vivantes : Juifs, Polonais, Tsiganes, opposants aux nazis, malades mentaux, prisonniers de guerre et tous les habitants de Kiev que le hasard des rafles ou les dénonciations destinaient à une disparition sans trace et sans mémoire. Avant leur retraite, les nazis se hâtèrent de brûler les cadavres et de disperser les cendres avant l’arrivée de l’Armée rouge, afin d’anéantir la sépulture des hommes. D’autres ravins eurent d’ailleurs la même fonction à travers les territoires occupés.

Babi Yar est unique dans la Shoah du fait de son échelle : environ vingt-deux mille victimes en moins de douze heures, presque trente-quatre mille en trente-six heures. Ni avant ni après, même à Auschwitz ou Treblinka, les nazis n’ont pu exterminer autant de Juifs en si peu de temps.

Si Auschwitz désigne, à l’Ouest, le symbole de la catastrophe pour les Occidentaux, c’est Babi Yar qui pourrait être, à l’Est, le symbole de l’extermination des Juifs soviétiques.

Source : Wikipédia.

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