La Cathédrale de Canterbury (Grande-Bretagne).

La cathédrale de Canterbury située à Canterbury (Cantorbéry en français) dans le comté du Kent est l’une des plus anciennes et des plus célèbres églises chrétiennes d’Angleterre. Classée au Patrimoine mondial, c’est la cathédrale de l’archevêque de Cantorbéry, primat de toute l’Angleterre et chef religieux de l’Église anglicane. Siège du diocèse de Cantorbéry (Kent est), elle est le centre de la Communion anglicane. Son titre formel est cathédrale et église métropolitaine du Christ de Cantorbéry.

L’ensemble de l’église Saint-Martin de Canterbury, des ruines de l’abbaye Saint-Augustin de Canterbury et de la cathédrale Christ church marque les différentes étapes de la chrétienté en Grande-Bretagne, illustre l’adaptation des édifices romains, le développement des styles anglo-saxon, roman et gothique parallèlement au développement du monachisme bénédictin qui naît à Canterbury. Le scriptorium de l’abbaye fut l’un des plus grands centres de production de livres de l’île mais aussi l’un des plus grands lieux d’enseignement du pays.

Le pèlerinage de Thomas Becket attirait des pèlerins de l’Europe entière qui, par la richesse qu’ils apportaient permet après l’incendie de 1174  l’agrandissement de la cathédrale et la construction du chœur et du transept avec d’exceptionnels vitraux qui constituent l’un des plus beaux exemples de gothique primitif. Le riche panorama d’architecture romane, gothique primitif et gothique tardif de la cathédrale de Canterbury est exceptionnel.


La conversion au christianisme de l’Angleterre est l’œuvre des  missionnaires des pays celtes et de Rome. Les celtes ont formé une église nationale indépendante de l’église romaine et dans les pays neufs, le pape Grégoire le Grand choisit pour la prédication des moines bénédictins dont Augustin de Cantorbéry en 597 pour évangéliser l’Angleterre. Le pape a aussi besoin des femmes pour convertir les païens et Augustin avec ses quarante moines s’adresse à la fille chrétienne du roi de Paris, épouse du roi du Kent.

Ils sont reçus à Cantorbéry, capitale du Kent. Le pape demande de ne pas détruire les temples, s’ils sont bien bâtis, afin de garder les habitudes de fréquentation et de les faire passer du culte du Démon à celui de Dieu. Cette méthode réussit et le roi du Kent se convertit.

Grégoire le Grand donne à Augustin le pallium, symbole d’autorité et lui conseille de placer l’archevêché d’abord à Cantorbéry, avant que Londres ne soit converti. Cantorbéry demeurera finalement la capitale religieuse de l’Angleterre.

Augustin restaure, avec l’aide du roi, une église bâtie jadis par les fidèles romains. Il la consacre au nom du saint Sauveur, notre Dieu et Seigneur Jésus Christ, et établit au même endroit un lieu d’habitation pour lui et tous ses successeurs. Il fait construire en outre non loin de la même ville, à l’Est, un monastère.

Le remplacement en 1993 du dallage de la nef a donné lieu à des fouilles qui ont mis au jour les traces romano-britanniques d’une rue avec des bâtiments en bois et une structure de maçonnerie.

À une vingtaine de centimètres au-dessous du plancher de 1786 qui avait remplacé le dallage normand, on trouve une cathédrale anglo-saxonne presque aussi grande que celle du premier archevêque  normand Lanfranc construite à partir de 1070. Avec une longueur de 75 m, elle serait, au xie siècle, une des plus grandes d’Europe du Nord. Elle est presque parallèle à celle de 1070 qui a été décalée d’environ cinq mètres vers le sud pour éviter les massifs de fondations.

On trouve quatre grandes phases de construction :

  • Des fondations avec réutilisation de pierres romaines peuvent faire partie de l’église primitive de Saint Augustin construite peu après 597. Elle comprend une nef et peut-être un narthex qui par ses dimensions rappellent l’église primitive Saint-Pierre et Saint-Paul de l’abbaye Saint-Augustin de Cantorbéry.
  • Au sud-ouest de cette première phase, une structure de maçonnerie et un sol carrelé 1,20 m sous la surface peuvent appartenir à un mausolée.
  • Aux ixe et xe siècles, l’église primitive est démolie et remplacée par un bâtiment avec tour centrale de 49 × 23 m. Elle peut être datée des archevêques Wulfed (805-832) et Oda (942-958).
  • Après 1011 et l’incendie de la ville de Canterbury et de sa cathédrale, sous les archevêques Lyfing (1013-1020) et Aethelnoth (1020-1038), le carré Ouest est remplacé par une abside polygonale avec des tours à escaliers hexagonales pour former l’important oratoire Saint-Marie. Cette organisation d’une abside accompagnée de deux tours est caractéristique du massif occidental (Westwerk) de l’architecture ottonienne que l’on rencontre à cette époque au Nord-Est de la France, en Allemagne et en Suisse. Un exemple est encore existant en Normandie à l’abbatiale Notre-Dame de l’abbaye de Jumièges. Cette phase donne un bâtiment bipolaire avec des absides à l’Ouest et à l’Est de 58,50 m de longueur × 30 m de largeur. Une crypte avec les restes de Saint Dunstan est possible.

La communauté de la cathédrale devient un monastère bénédictin avec les réformes de l’archevêque saint Dunstan.

Avant la conquête de l’Angleterre de 1066, dans le litige entre le roi Harold et Guillaume le Bâtard, le pape donne raison à Guillaume car il s’engage à réformer l’Église d’Angleterre. En 1070, Guillaume le  Conquérant nomme Lanfranc abbé de l’abbaye Saint-Étienne de Caen, archevêque de Canterbury pour restructurer l’Église d’Angleterre. Pendant les absences du roi,  Lanfranc et Odon de Bayeux dominent le conseil qui administre le royaume.

Dans les premières années après la conquête normande de l’Angleterre, tout est normand, l’esthétique d’ensemble, les plans, les décors, tout est  importé massivement, même la pierre de Caen envahit les chantiers. Les constructions normandes sont limitées à un petit nombre de sites stratégiques tandis que l’art saxon poursuit sa carrière dans les campagnes. La cathédrale de Canterbury construite par Lanfranc est une œuvre de cette première phase comme la chapelle de la Tour de Londres.

Les données normandes sont progressivement remodelées sous l’influence du milieu anglais qui fournit la main-d’œuvre, le style reste commun au duché et au royaume. Les Anglais commencent à préférer certaines formes de plans. Sous le roi Henri Ier de 1100 à 1135, les Normands se sentent clairement normands mais prennent conscience des possibilités de l’Angleterre. Sa richesse autorise des expériences, la main-d’œuvre anglaise s’adapte aux goûts et besoins des Normands et même interprète leurs désirs avec une certaine autonomie. Le mariage du roi Henri Ier avec Édith, fille du roi d’Écosse, favorise la fusion des deux peuples.

Cette époque se caractérise par le mépris des coûts, les dimensions impressionnantes des édifices, la splendeur du décor, la qualité technique et la diffusion en Angleterre du chevet plat qui remplace l’abside et le décor.

Après le règne d’Henri Ier, les facultés créatives du roman anglais  s’épuisent. Les cadres religieux n’apportent guère de contributions importantes à l’architecture avant l’avènement du gothique. La collaboration entre l’Angleterre et la Normandie prend fin. Les Anglais assimilent les apports extérieurs de l’Empire Plantagenet et on note des références à l’Aunis, la Saintonge et le Poitou vers 1140-1160.

Dans le troisième quart du xiie siècle, l’Angleterre s’intéresse aux nouveaux apports d’Île-de-France et accepte le style gothique sans passer par  l’intermédiaire du vieux duché de Normandie6. L’influence des croisades et les contacts avec l’Orient est grande en Angleterre comme en Europe qui prennent conscience de la nature originale et des résistances de l’esprit occidental.

Bien avant la rupture des liens politiques en 1204, l’Angleterre cesse de se placer dans le sillage tracé par Guillaume le Conquérant et dans les dernières années de l’État normand, ce sont les Anglais descendants en grande partie de normands qui tiennent les commandes de la Normandie.

Le cœur de la ville constitue au Moyen Âge une véritable cité ecclésiastique centré sur la cathédrale (Christ Church). Après la conquête de l’Angleterre de 1066, Lanfranc le premier archevêque nommé par Guillaume le Conquérant entoure ce quartier d’une enceinte particulière à l’intérieur du périmètre urbain. Ainsi la cathédrale, le monastère bénédictin et le palais épiscopal forment une entité close et autonome.

En 1070, il fait reconstruire l’église saxonne qui était tombée en ruine après l’incendie de 1067 à environ 5 m au sud de l’ancienne église. Il veut faire de la nouvelle cathédrale un manifeste architectural du changement imposé à l’Angleterre. De style, de plan, d’élévation, elle est toute normande, très voisine de l’église Saint-Étienne de Caen qu’il termine et dédicace lui-même en 1077. Il donne à la façade les dispositions novatrices de Saint-Étienne: deux tours symétriques, implantées sur la première travée des bas-côtés, une nef à neuf travées non voûtées, un transept avec une tour-lanterne, une tribune à l’extrémité des croisillons avec chapelles orientées et un chœur de deux travées terminé par une abside. Le chantier est terminé en 1077.

Les vicissitudes subies font que des périodes pré-romanes et romanes il ne reste que des débris d’un grand intérêt mais qui ne donnent que des impressions ponctuelles. Trois lieux sont importants: la petite église Saint-Martin pour les souvenirs du vie siècle, les ruines de l’abbaye de Saint-Augustin où des fouilles ont mis en évidence les plans d’églises romanes et pré-romanes du premier intérêt, la cathédrale et certains bâtiments monastiques romans et surtout gothiques. Il reste de la cathédrale de Lanfranc le plan de la partie Est, tour, nef et collatéraux, le transept Ouest, quelques maçonneries dans les parties basses de la nef, sous un rhabillage, le transept Ouest et une partie des cryptes.

Dans la génération suivante, le nouvel archevêque saint Anselme ancien abbé de l’abbaye du Bec avec les prieurs Ernulf (1086-1107) et Conrad (1108-1126) fait agrandir le chœur vers l’est pour permettre d’accueillir les moines du monastère qui avait été rétabli. Toute la partie Est est reconstruite, prolongée avec un déambulatoire et trois chapelles rayonnantes qui double la longueur de l’édifice. Les travaux sont terminés en 1130. La crypte de cette église reste aujourd’hui la plus grande de cette sorte. Un relevé de 1832 de la tour Nord deux ans avant sa démolition montre que si le plan rappelle l’église Saint-Étienne de Caen, le parti suivi dans l’élévation est différent. La tour compte sept niveaux de moins en moins larges et étayés par de puissants contreforts d’angles. Le décor se limite à des arcatures géminées inscrites dans des arcs en plein cintre. Des constructions de 1096 à 1130. Il reste les deux tiers du nouveau chœur.

En 1170, l’assassinat de l’archevêque Thomas Becket modifie profondément la notoriété, la richesse et l’architecture de la cathédrale. Il est tué dans le transept au nord-est le mardi 29 décembre 1170 par quatre chevaliers normands qui ont entendu les mots du roi Henri II d’Angleterre : « Qui va me débarrasser de ce prêtre turbulent ? » alors qu’il est en conflit avec Becket. Les gardes prennent cette expression au pied de la lettre et blessent mortellement l’archevêque dans sa propre cathédrale.

L’assassinat de Thomas Becket est le résultat de tensions entre les pouvoirs spirituels et temporels voire politiques qui s’affrontent au sein de la société médiévale. Ce conflit entre l’archevêque et le roi d’Angleterre divise  l’Angleterre où une partie du clergé, les petites gens et la majorité du Royaume de France soutiennent Thomas Becket. C’est aussi la rivalité entre les deux métropoles anglaises de York et Canterbury et la primatie de Canterbury affirmée depuis Guillaume le Conquérant et Lanfranc contre la volonté d’intégrer une Église d’Angleterre dont le roi serait la clé de voûte.

Acclamé comme un martyr et canonisé le 21 février 1173, saint Thomas Becket connaît une gloire inouïe qui culmine en 1220 par l’élévation de ses restes mortels dans une châsse précieuse dans le chœur reconstruit de la cathédrale. Pendant trois siècles, les pèlerins se rendent dans la crypte où il repose. Des miracles se multiplient près de sa tombe et au contact des ampoules contenant le sang de son martyre.

Le pèlerinage de Canterbury attire des personnages illustres, le roi d’Angleterre Henri II vient s’y recueillir et faire pénitence, les rois de France Louis VII et Philippe-Auguste, le futur pape Innocent II avec des étudiants parisiens. Les Plantagenet Henri III, Edouard Ier et le Prince Noir qui veut être inhumé près de la châsse du saint ont une grande déférence pour le martyr qui devient le patron de l’Angleterre. Les premiers Lancastre dont Richard II redoublent de ferveur et de générosité puis, en 1520, le roi d’Angleterre Henri VIII accompagné de Charles Quint s’inclinent devant la châsse.

En 1538, ce même roi d’Angleterre Henri VIII, au nom de la suprématie royale donne l’ordre de démolir la châsse et de disperser les ossements de saint Thomas Becket.

Au XIVe siècle, les Contes de Canterbury écrits par Geoffrey Chaucer sont une série d’histoires dites par un groupe de pèlerins faisant route de Southwark à Canterbury pour visiter le sanctuaire de Thomas Becket.

Au début du XIVe, sous le prieurat d’Eastry est construit un jubé de pierre dans le chœur de la cathédrale et la salle capitulaire est reconstruite. Oxenden insère une grande verrière de cinq vitraux dans la chapelle Saint Anselme.

En 1390, un tremblement de terre endommage gravement la cathédrale qui perd ses cloches et son campanile.

La tour normande nord-ouest est démolie dans la fin des années 1700 à cause de soucis de structures. Elle est remplacée pendant les années 1830 dans le style gothique perpendiculaire, le même que la tour sud-ouest appelée Arundel Tower. C’est là le dernier changement majeur dans la structure de la cathédrale.

Les ruines du dortoir du monastère de style roman sont remplacées par une bibliothèque et des archives de style néo-gothique construites au XIXe siècle. Ce bâtiment est ensuite détruit par une bombe explosive qui vise la cathédrale elle-même lors de la Seconde Guerre mondiale. Elle est reconstruite à l’identique plusieurs années plus tard.

Source : Wikipédia.

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