Philippe Auguste, roi de France.

Philippe II dit « Auguste », né le 21 août 1165 à Paris et mort à Mantes le 14 juillet 1223, est le septième roi (1180-1223) de la dynastie des Capétiens. Il est le fils héritier de Louis VII et d’Adèle de Champagne.

Le surnom d’« Auguste » lui fut donné par le moine Rigord après que Philippe II eut ajouté au domaine royal en juillet 1185 (traité de Boves) les seigneuries d’Artois, du Valois, d’Amiens et une bonne partie du Vermandois et également parce qu’il était né au mois d’août. Référence directe aux empereurs romains, ce terme signifie qu’il a accru considérablement le domaine.

Chapelain et biographe de Philippe II, Guillaume Le Breton le nomme « Philippe le Magnanime » dans sa chronique La Philippide rédigée entre 1214 et 1224. Cette chronique est une continuation de celle de Rigord que Philippe II lui avait demandé d’expurger, la jugeant moins laudatrice qu’il le souhaitait.

Philippe Auguste reste l’un des monarques les plus admirés et étudiés de la France médiévale, en raison non seulement de la longueur de son règne, mais aussi de ses importantes victoires militaires et des progrès essentiels accomplis pour affermir le pouvoir royal et mettre fin à l’époque féodale.

Philippe Auguste est le premier roi ayant fait porter sur ses actes, sporadiquement à partir de 1190, officiellement à partir de 1204, Rex Franciæ, « roi de France », au lieu de Rex Francorum, « roi des Francs »a. Il faut cependant relever que les traités et conventions de paix signés entre les vassaux ou alliés et le royaume de France mentionnent sans exception Philippus rex Francorum (« Philippe, roi des Francs »), à la différence, par exemple, de Richardus rex Angliæ (« Richard, roi d’Angleterre »), mais comme Henri, roi des Romains.

Philippe Auguste, carte maximum, Gonesse, 11/06/1955.

Après la répudiation d’Aliénor, Louis VII épousa successivement Constance de Castille et Adèle de Champagne. Cette dernière lui donne un unique héritier mâle : Philippe. En 1179, il le fait sacrer roi à Reims, et épuisé par la maladie, lui abandonne le pouvoir. Louis meurt en 1180 juste après avoir signé le traité de Gisors avec Henri II d’Angleterre. Philippe II n’est alors âgé que de 15 ans. Il était alors marié avec Isabelle de Hainaut, une descendante de Charlemagne. La dynastie carolingienne, si elle a cessé de régner est encore présente dans le cœur des Français qui l’appelle “la race des grands rois”. Les cinq premières années de son règne, Philippe réussit à triompher de ses encombrants protecteurs, les comtes de Flandre et de Champagne, et à agrandir le domaine royal. Mais la grande affaire du règne fut bien sûr la lutte avec les Plantagenets. Louis VII, conscient de ses faiblesses militaires et de la puissance de son adversaire avait préféré la ruse au combat ouvert. Il avait soutenu la Bretagne et le Poitou contre le roi anglais, et surtout, il avait aidé les fils d’Henri qui réclamaient une part d’héritage du vivant même de leur père. Ainsi Louis VII réussit-il peu à peu à user la force de son rival. Son fils, Philippe, choisira une voie différente, en cherchant l’affrontement sur le champ de bataille. Mais lorsque le grand Richard Cœur de Lion succéda à son père en 1189, Philippe se trouva face à un redoutable adversaire. Il accepta cependant de prendre avec lui la tête d’une croisade en Palestine.

Quarante années passèrent, pendant lesquelles chrétiens et musulmans vécurent souvent en bon voisinage. Beaucoup d’anciens croisés avaient épousé des femmes arabes et avaient adopté nombre de coutumes orientales. Les échanges commerciaux étaient très intenses entre les ports du Levant et ceux des côtes italiennes. Le plus important des personnages du monde musulman était alors le sultan d’Egypte, Salâh al-Dîn, dit Saladin, qui avait étendu sa domination sur une grande partie du Levant et établi de bons rapports avec les chrétiens. Mais la violation de ce statu quo par quelques seigneurs fanatiques ramena la guerre dans la région. Saladin battit les chrétiens à la bataille d’Attîn et entra en vainqueur à Jérusalem en 1187. La prise de la ville entraîna l’appel à la troisième croisade. Elle fut appelée la « croisade des rois » parce qu’à sa tête se trouvaient les souverains les plus prestigieux d’Occident : l’empereur Frédéric Barberousse, le roi de France Philippe Auguste et le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion. Les armées réunies étaient très importantes. Mais à peine arrivé en Asie Mineure, Frédéric Barberousse se noya pour avoir traversé une rivière avec son armure. Les deux souverains survivants reprirent la ville de Saint-Jean d’Acre. Puis les événements prirent une autre tournure. Le roi de France n’avait qu’une seule hâte : retourner dans sa patrie et profiter de l’absence de Richard pour mettre la main sur les possessions françaises de ce dernier. Resté seul, le roi anglais accomplit des prodiges, mais il n’est plus en mesure de battre Saladin. Aussi conclut-il, en 1192, une trêve avec son valeureux adversaire. L’accord stipulait que Jérusalem restait aux mains des musulmans, qui s’engageaient en retour à protéger les pèlerins chrétiens se rendant dans la ville Sainte. De plus, les Francs conservaient les ports du Levant, ainsi que Chypre.

La raison officielle du départ de Philippe Auguste de la troisième croisade était sa santé. Après la prise de Saint-Jean d’Acre, le roi tomba malade d’une sort de typhoïde (il planait alors une rumeur d’empoisonnement par les Anglais). Mais ce départ anticipé n’était pas pour déplaire les ambitions de Philippe. Une fois rentré, le roi capétien profite de l’absence de son rival pour occuper le Vexin normand. Richard Cœur de Lion décide alors de rentrer pour défendre sa terre. Mais il est capturé et fait prisonnier de 1192 à 1193, par l’empereur germanique Henri VI, fils de Frédéric Barberousse. Cependant une fois libre, Richard inflige une série de défaites au roi de France. Philippe manque même de tomber dans une embuscade près de la forêt de Fréteval où il perdit son trésor et les archives de la couronne. Mais il démontra sa grande valeur notamment à Gisors, où à la tête d’un régiment de cavalerie, Philippe se trouva face à toute l’armée anglaise, le roi charge à la tête de ses troupes et manque de se tuer, il aurait déclaré « Non, je ne fuirais pas devant mon vassal ». Le conflit s’enlisa et s’équilibra, la guerre contre Richard fut marqué par de réelles atrocités, le pape intervint à multiples reprises en tant que médiateur. Ce n’est qu’après la disparition de Richard, mortellement blessé devant le château de Chalus en 1199, que Philippe put réaliser son ambition de reconquête.

A la mort de Richard, Philippe profita des erreurs commises par le frère cadet de celui-ci : Jean Sans Terre (ainsi appelée car il n’avait reçu aucun domaine). Le roi de France parvient même à le faire condamner par une cour de grands seigneurs du royaume : celle-ci décida que tous les fiefs des Plantagenets en France devenaient être confisqués. La prise de la forteresse anglaise de Château-Gaillard, véritable point stratégique, permet le rattachement de la Normandie et la Bretagne. Philippe put ainsi occuper en 1204, la Normandie, l’Anjou, le Maine, la Touraine et le Poitou. Jean Sans Terre n’eut de cesse de récupérer ses biens. Il parvient même à former une coalition très dangereuse, unissant contre le roi de France, l’empereur d’Allemagne et le comte de Flandre. Mais Philippe devança ses ennemis et battit successivement l’armée anglaise à La Roche-aux-Moines et celle de ses alliés à Bouvines. Ce succès lui permit de priver définitivement les Plantagenets de leurs possessions continentales, à l’exception toutefois de l’Aquitaine. Dans l’Europe entière, Bouvines auréola la monarchie française d’un prestige nouveau. Tellement occupé, Philippe ne peut participer aux quatrièmes et cinquièmes croisades qui sont des désastres. Sur sa lancée, Philippe agrandit encore le domaine royal en y adjoignant l’Auvergne, l’Artois, le comté d’Evreux, tandis que son fils Louis traversait la Manche, occupait Londres et tout l’Est de l’Angleterre sans coup férir. La mort de Jean Sans Terre, survenue sur ces entrefaites sauva la monarchie anglaise, les barons anglais se ralliant à leur nouveau roi, le jeune Henri III. Malgré cet échec, Philippe mérita pleinement son surnom d’Auguste, du latin augeo, « celui qui augmente ».

Bataille de Bouvines en 1214, carte maximum, 10/11/1967.

La forteresse est construite par Richard Cœur de Lion en un an seulement : “Qu’elle est belle ma fille d’un an”. Le roi anglais s’est pour cela inspiré des châteaux syriens qu’il a vus au cours de la troisième croisade (Kraks de Terre-Sainte). Au bout de sept mois de siège, les Français provoquent l’écroulement d’une tour grâce à un ingénieux travail de sape (galerie souterraine). Les anglo-normands se regroupent alors dans la 1ère enceinte du château. Mais les soldats français parviennent à y pénétrer en passant … par la fenêtre des latrines. C’est avec l’appui d’une catapulte que les Français vont parvenir à s’emparer de la 2ème enceinte. Les assiégés seront pris avant d’avoir le temps de se réfugier dans le donjon.

Après la défaite de Jean Sans Terre à La Roche-aux-Moines, Philippe Auguste décida d’affronter l’empereur d’Allemagne Othon et le comte de Flandre. La rencontre des deux armées eut lieu en juillet 1215 sur le plateau de Bouvines, entre Valenciennes et Lille. Au cours d’une mêlée confuse, le

roi de France est désarçonné et manque d’être capturé par les Flamands. Il ne doit son salut qu’à l’intervention de quelques chevaliers. L’empereur, à son tour, est assailli et s’enfuit en abandonnant son étendard. Mais la fureur française eut raison des fantassins teutoniques. Lorsque la nuit tomba, l’armée impériale était en pleine retraite. Philippe fit alors sonner les trompettes pour rappeler ses troupes, « qui rentrèrent au camp avec une grande joie ». Malgré sa confusion, la bataille de Bouvines fut une victoire incontestable dont le retentissement fut énorme dans le royaume et dans tout l’Occident. Le retour de l’armée fut triomphal. Dans les villages, les cloches sonnaient. On tendait des tapisseries sur les façades. A Paris, les bourgeois, les étudiants et le clergé se portèrent au-devant du roi en chantant des hymnes. Durant sept jours et sept nuits, on dansa dans les rues de la cité. Pour la première fois, le peuple ressentait comme sienne une victoire remportée par le roi et son armée.

Philippe Auguste ne passa pas sa vie à batailler. Il organisa l’administration du royaume en créant un corps de fonctionnaires chargés de faire appliquer ses ordres : les baillis ou sénéchaux. Il institua ainsi une administration forte et centralisée. Il lève l’impôt avec zèle auprès des seigneurs et du clergé afin de mener ses campagnes (la dîme saladine avait été créée pour financer la troisième croisade). Il organise la Justice autour de Parlement, et limite le pouvoir des seigneurs, en attribuant des responsabilités de haut-niveau à la bourgeoisie des villes, classe ambitieuse et efficace. Il veilla à l’embellissement de sa capitale, qu’il fit entourer d’une nouvelle enceinte : commencée en 1190, celle-ci fut achevée à la veille de Bouvines. Il protégea l’université, à laquelle il accorda en 1215 des statuts officiels, et fit construire une nouvelle résidence royale au Louvre. Philippe est un protecteur des arts et des lettres, c’est l’un des hommes les plus instruit de son temps. Poursuivant la politique de ses prédécesseurs, il s’appuya sur les bourgeois des villes contre les féodaux, contribuant ainsi à l’essor du commerce. A sa mort en 1223, la France était devenue le plus puissant royaume de l’Occident chrétien. Marié trois fois, Philippe est le père d’un unique fils issu de son premier mariage avec Isabelle de Hainaut. Ce dernier lui succède sous le nom de Louis VIII.

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Sources : Wikipédia, Hisdtoire-france.net, Youtube.