Antoine Drouot, Général d’artillerie.

Le comte Antoine Drouot, né le 11 janvier 1774 à Nancy et mort le 24 mars 1847 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), est un général d’artillerie français du Premier Empire, pair de France. Napoléon Ier dira de lui :

« Il n’existait pas deux officiers dans le monde pareils à Murat pour la cavalerie et à Drouot pour l’artillerie. »

Il entre le 1er juin 1793 à l’école d’artillerie de Châlons-en-Champagne en qualité d’élève sous-lieutenant. En raison du manque de cadres dans les armées révolutionnaires en guerre, les dix premiers de la promotion, dont les résultats ont été remarquables, sont, au bout d’un mois, envoyés directement dans les régiments d’artillerie en qualité d’officiers. Antoine Drouot est nommé lieutenant en second au 1er régiment d’artillerie basé à Metz.

Arrivé à son poste depuis à peine deux mois, il prend part à la bataille de Hondschoote le 8 septembre 1793. En l’absence de ses supérieurs, il commande seul sa batterie de canons et fait tomber une des redoutes qui défendait le village de Hondschoote près de Dunkerque, ce qui lui vaut les éloges publics des généraux Hoche, Moreau et Houchard. Par la suite, le général Moreau devait déclarer, en s’adressant au général Macdonald : « J’ai vu des choses fort surprenantes ; mais ce qui m’a frappé, c’est une batterie placée dans une redoute par un enfant ; et cet enfant, c’était le brave Drouot que vous voyez. »

Participant à de nombreux combats, il est nommé lieutenant en premier le 22 février 1794. Affecté à l’armée de Sambre-et-Meuse, il participe à la bataille de Fleurus le 26 juin 1794. Nommé capitaine le 25 février 1796, il est envoyé à Bayonne à la fin de la même année en tant que directeur de l’artillerie. C’est à cette occasion qu’il est victime de l’inflammation accidentelle de la charge de poudre d’un canon qu’il inspectait. Atteint aux yeux, il reste aveugle durant deux mois et sa vue demeure délicate par la suite et sera la cause de la cécité définitive qui le frappe en 1847. Nommé à l’armée de Naples en décembre 1798, il participe à la Bataille de la Trebbia le 19 juin 1799 en couvrant, avec ses canons, la retraite de l’armée du général Macdonald.

Après son retour en France, il est nommé à l’état-major du général Eblé commandant l’artillerie de l’armée du Rhin. À ce titre, il prend part à la bataille de Hohenlinden, le 3 décembre 1800. En 1804, après s’être rendu à Nancy au chevet de son père mourant, Antoine Drouot se rend à Toulon, où il participe à la préparation de l’expédition vers les Antilles. Bien que souffrant terriblement du mal de mer, il participe à des croisières de surveillance. Il embarque, en qualité de responsable de l’artillerie, à bord de la frégate Hortense de la flotte de l’amiral de Villeneuve composée de 11 vaisseaux de ligne,6 frégates et 2 bricks, quitte Toulon le 29 mars 1805. Au large du cap d’Alger, un premier combat opposant l’Hortense à trois vaisseaux anglais, occasionne de nombreux dégâts à son bord. Le 12 mai 1805, l’Hortense capture le HMS Cyane au large de la Martinique et participe, le 23 juillet 1805, aux combats contre la flotte anglaise de l’amiral Robert Calder. Il échappe de peu au désastre de Trafalgar en recevant, au moment d’une ultime escale à Cadix, l’ordre de rejoindre la Grande Armée.

De retour en France, Antoine Drouot est nommé chef de bataillon au 4e régiment d’artillerie le 20 septembre 1805. Le général Gassendi l’affecte à la surveillance de la manufacture d’armes de Maubeuge, puis, en septembre 1807, à celle de Charleville. Dans ces deux postes, il se fait remarquer par son sérieux, ses compétences et son souci de mettre fin à certaines corruptions. Bien que nommé major (lieutenant-colonel) le 10 janvier 1807, il ne peut quitter les manufactures que le 24 février 1808, date à laquelle il est affecté à l’armée d’Espagne, commandée par le général Lariboisière, en qualité de directeur du parc d’artillerie à Madrid. Il échappe de peu à la mort au cours de l’insurrection populaire du 2 mai à Madrid. Après avoir protégé ses canons et ses munitions durant la retraite qui suivit le 1er août, Drouot participe à la bataille de Burgos (10 novembre), à celle de Somosierra (30 novembre) et à la reprise de Madrid, offensive durant laquelle il dirige le tir de barrage dévastateur des batteries d’artillerie (4 décembre). À la suite de cette brillante action, Antoine Drouot est nommé colonel-major de l’artillerie à pied de la Garde impériale le 18 décembre 1808.

C’est en juin 1809, au cours d’une revue au château de Schönbrunn en Autriche, que Napoléon remarque Drouot. L’attitude du colonel-major et ses réponses précises et pertinentes, tant sur le matériel que sur la stratégie le stupéfient. Peu de temps après, pendant la bataille de Wagram, la terrible canonnade commandée par Drouot au cours de la journée du 6 juillet 1809 est déterminante et lui vaut d’être élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur.

Il participe à la campagne de Russie et à la bataille de la Moskova (7 septembre 1812) pendant laquelle son comportement lui vaut d’être élevé au grade de commandeur de la Légion d’honneur. Pendant la tragique retraite de Russie qui s’ensuit, son courage et sa détermination le font à nouveau remarquer par l’empereur. Durant une nuit glaciale du début de décembre 1812, Napoléon remarque un point lumineux dans l’obscurité du bivouac. Un officier envoyé se renseigner sur son origine vient lui faire son rapport : « Sire, c’est le colonel Drouot qui travaille et prie Dieu ». Quelques semaines après, le 26 janvier 1813, Antoine Drouot est nommé général de brigade et aide de camp de l’empereur.

Le mois de mai 1813 est particulièrement chargé : le 1er il participa au combat de Poserna, le 2 à la bataille de Lützen, le 19 au combat de Weissig, les 20 et 21 à la bataille de Bautzen (ou de Wurschen). Le 3 septembre 1813, il est nommé général de division.

Général Drouot, carte maximum, Nancy 20/05/1961.

Le 16 octobre 1813, au début de la bataille de Leipzig, il chasse le 2e corps d’infanterie russe de la ville de Wachau puis, à la demande de Napoléon, il installe sur la colline de Gallows une batterie de cent canons qui balayent le 2e corps russe et forcent les bataillons prussiens qui les soutenaient à se mettre à couvert, ouvrant une brèche dans le camp ennemi.

L’empereur lui accorde de plus en plus sa confiance, au point qu’il reçoit de sa main, le 16 juillet 1813 à Dresde, l’ordre suivant :

« Pendant l’absence du duc de Vicence vous prendrez commandement de ma maison, savoir du service du grand maréchal et du service du grand écuyer. Vous prendrez mes ordres et les donnerez à ma maison. »

Au cours de la bataille de Hanau (30 septembre 1813), il trouve un accès à travers la forêt pour déployer ses cinquante canons, sur la gauche des positions de Wrede. Il doit affronter, sabre à la main, une charge de la cavalerie bavaroise qui manque de le balayer, puis fait avancer ses canons dans la plaine, réduisant ainsi au silence les 28 canons de Wrede et ouvrant la route à la charge décisive de la cavalerie lourde de la Garde impériale.

Pendant la campagne de France, il défend pied à pied le territoire français. Il participe à la bataille de La Rothière (1er février), à celles de Champaubert (10 février), Vauchamps (14 février), de Mormant (17 février), de Craonne (7 mars), de Laon (9 et 10 mars) et d’Arcis-sur-Aube (20 et 21 mars). Il est aux côtés de l’empereur au moment de son abdication à Fontainebleau. Le traité de Fontainebleau autorisant Napoléon à s’entourer de 400 officiers, sous-officiers et soldats durant son exil, il choisit trois généraux : Drouot, qu’il nomme gouverneur de l’île d’Elbe, Cambronne pour commander sa garde et Bertrand pour diriger le Palais et l’administration.

Il accompagne l’empereur à son retour en France en 1815, bien qu’il désapprouve l’entreprise. Il fait à la bataille de Waterloo des efforts incroyables, se retire après le désastre au-delà de la Loire à la tête de la garde impériale, sait contenir cette troupe qu’on craignait encore et aide à la licencier.

Il ne s’en voit pas moins proscrit par Louis XVIII, et traduit devant un conseil de guerre, mais il est acquitté. Il a été compris ensuite dans l’ordonnance du 24 juillet 1815 et acquitté.

Drouot refuse alors tout service et tout traitement, et il se retire de la vie publique. Retourné dans sa ville natale, il refuse constamment toute fonction publique. Son refus est dicté par sa fidélité à Napoléon. En 1824, il accepte une pension de retraite offerte par le gouvernement en récompense de ses services.

Le 19 novembre 1831, il est créé pair de France avec les trente-six pairs viagers nommés afin de permettre l’adoption à la Chambre haute du projet de loi abolissant l’hérédité de la pairie. En 1833, le duc d’Orléans (Louis-Philippe Ier) lui offre la place de gouverneur des princes, ses fils. Drouot croit devoir refuser.

Il commence à écrire les mémoires de son temps, mais les infirmités puis une cécité complète interrompent son travail.

Antoine Drouot meurt à Nancy, le 24 mars 1847. Son éloge funèbre est prononcé par le père Lacordaire. Il est enterré au cimetière de Préville à Nancy.

Source : Wikipédia.