Charles-Michel Lespée, dit l’Abbé de l’Épée, inventeur du langage des sourds-muets.
Charles-Michel Lespée, dit l’Abbé de l’Épée, est à l’origine de la première école pour les sourds(-muets). Il la destine à des enfants pour la plupart issus de familles pauvres ou indigentes.
C’est à la suite d’une rencontre fortuite avec des sœurs sourdes, vers 1760, que l’abbé s’est intéressé à leur instruction. Il élabore pour ses élèves une pédagogie alors inédite, qui repose non sur l’articulation et la parole vocale mais sur la langue des signe utilisée par les sourds pour communiquer entre eux.
Forgées dès le Moyen Âge, notamment dans les monastères où l’on faisait vœu de silence, les langues des signes ne sont pas des copies de la langue orale. Ce sont des langues visuelles dont la grammaire se structure selon un ordre objet-sujet-verbe ! L’action s’énonce à la fin de la « phrase » (rien à voir avec l’ordre propre à la langue française orale : sujet-verbe-complément).
D’autre part, la langue des signes ne se structure pas avec des mots mais selon l’ordre de la pensée, ce qui permet de dire plusieurs choses en même temps.
L’Abbé de l’Épée organise son enseignement de façon collective alors que, jusque-là l’éducation d’un enfant sourd était individuelle et dispensée par un percepteur, puisque centrée sur l’apprentissage de la parole.
L’abbé est donc à l’origine d’une double « révolution » : il accorde une validité à la parole gestuelle et non plus seulement vocale ; il met l’instruction à la portée des enfants dont les parents n’ont pas les moyens de s’offrir les services d’un précepteur. Sa méthode bénéficie rapidement d’une consécration internationale. Le roi Louis XVI en personne lui accorde sa reconnaissance en 1778 et le monde entier évoque avec admiration la « méthode française ».