Ville de Drobeta-Turnu Severin (Roumanie).

Drobeta-Turnu Severin (en langage courant Turnu Severin, en hongrois : Szörényvár) est une municipalité et le chef-lieu du județ de Mehedinți en Olténie, dans le sud-ouest de la Roumanie. C’est une ville portuaire sur le Danube. Sa population s’élevait à 86 475 habitants en 2011.


La ville est bâtie sur la rive gauche du Danube, le long de la rivière  Topolnița, en aval des Portes de Fer, face à la ville serbe de Kladovo.

Un passage frontière situé un peu plus en amont emprunte le pont construit sur le barrage roumano-serbe des Portes de Fer.

Turnu Severin est située à 353 km à l’ouest de Bucarest, à 113 km à l’ouest de Craiova et à 210 km à l’est de Timișoara.

La municipalité se compose de la ville de Turnu Severin elle-même et des villages de Dudașu Schelei (588 habitants en 2002), Gura Văii (1 652 habitants en 2002) et Schela Cladovei (5 458 habitants en 20021).

Dans l’Antiquité, un site dace du nom de Drobeta est mentionné ici, et un castrum romain de ce nom est établi en 105 pour défendre le pont construit sur le Danube par Apollodore de Damas sur ordre de l’empereur Trajan. La romanisation des Daces et des autres Thraces est à l’origine des langues romanes orientales, dont la plus parlée est le roumain.

Lors de la cession de la Dacie aux Goths en 256, le pont est détruit pour empêcher les invasions barbares de pénétrer dans l’Empire. Au ive siècle, le castrum est à son tour détruit par les Gépides et les Huns. Il est ensuite reconstruit par Justinien, mais au vie siècle, les Avars et les Slaves le ruinent définitivement. Les échanges entre les deux rives ne cessent pas pour  autant. La christianisation de l’Empire romain d’orient fait entrer la région dans la civilisation byzantine. Les éparchies du Danube assurent le lien avec le patriarche de Constantinople à travers des chorévêques (χωρεπισϰόποι : évêques itinérants), sous le contrôle de perichorètes (περιχωρέτοι : responsables des régions périphériques de l’Empire).

Au Moyen Âge, après avoir appartenu à la Bulgarie, la région des « Portes de fer » est conquise par les Hongrois qui, sous le règne de Ladislas Ier (1040-1095), bâtissent une nouvelle forteresse pour protéger leur royaume contre les Coumans et les Petchénègues. En 1186, celle-ci passe au « royaume des Bulgares et des Valaques », pour revenir en 1228 à la Hongrie qui crée sur sa frontière méridionale des « banats », marches frontalières spécifiques de l’expansion militaire et religieuse de la Couronne hongroise. Parmi ces banats, celui qui s’étend sur les actuelles régions du Banat de Timișoara, de la Kraïna des Portes de Fer et de l’Olténie, porte le nom de « Banat de Severin » : sa capitale est alors connue sous les noms de Szörényvár ou Severin. Les gouverneurs de la citadelle de Severin (Turnu Severin) portent alors le titre de Ban. En 1233, la citadelle est agrandie et transformée sous les règnes de André II (1205–1235) et de Bela IV (1235–1270).

À cette époque, les duchés roumains de Valachie sont vassaux de la couronne hongroise, mais en 1330, à la bataille de Posada, ils s’émancipent et la principauté de Valachie devient indépendante, incluant la citadelle de Severin que les voïvodes valaques agrandissent à leur tour, mais qu’ils se font reprendre, à plusieurs reprises, par les Hongrois. En 1364 le prince Vladislav Ier de Valachie fonde le monastère orthodoxe de Vodița. L’arrivée des Ottomans sur la rive sud du Danube en 1396 transforme la citadelle en un bastion clé de défense contre l’expansion turque dans la région danubienne. La cité de Severin a été le siège d’un évêché catholique (fondé en 1382) jusqu’en 1502.

En 1524 la forteresse de Severin est détruite par les Ottomans et n’est pas reconstruite ; les Turcs y obtiennent des droits commerciaux et d’escale. Le centre administratif de la région se déplace alors vers Craiova et  l’importance de Turnu Severin décroît sensiblement. Il reste néanmoins un port danubien utile de la principauté de Valachie et, à partir du XVIe siècle, un marché cosmopolite prospère aux frontières de la Valachie, de l’Empire des Habsbourg et de l’Empire ottoman.

En 1829, après que le Danube eut été libéré du contrôle ottoman par le Traité d’Andrinople, Turnu Severin peut se développer à nouveau et, en 1833, un plan rigoureux d’urbanisation en fait une ville moderne. En 1858, c’est la construction du port moderne sur le Danube qui entraîne un important développement industriel. Dans la seconde moitié du XIXe siècle la ville devient aussi une ville de garnison et une base navale fluviale.

Des combats navals et terrestres ont lieu durant la première Guerre  mondiale, et la ville, comme les deux-tiers de la Roumanie, est occupée par les armées allemandes du général Falkenhayn. Pendant la seconde Guerre mondiale, de nouveaux combats opposent la Wehrmacht et les troupes hongroises d’un côté, aux troupes roumaines et soviétiques de l’autre. Le port a souffert d’importants dégâts longs à réparer.

Comme toute la Roumanie, Turnu Severin a subi les régimes dictatoriaux carliste, fasciste et communiste de février 1938 à décembre 1989, mais connaît à nouveau la démocratie depuis 1990. Néanmoins, le retour à la prospérité a été ralenti par la crise financière des années 2010, due à la dérégulation mondiale, qui a frappé son économie.

En 1972, le régime communiste, qui promouvait le protochronisme (une doctrine historique nationaliste), a ajouté au nom de Turnu Severin, celui antique et dace de Drobeta. La ville a fêté le 1870e anniversaire de sa fondation en 1992.

Source : Wikipédia.

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