Thomas d’Aquin, religieux.

Thomas d’Aquin, né en 1225 ou 1226 au château de Roccasecca près d’Aquino, dans la partie péninsulaire du royaume de Sicile (Latium), et mort le 7 mars 1274 à l’abbaye de Fossanova près de Priverno dans les États pontificaux (dans le Latium également), est un religieux italien de l’ordre dominicain, célèbre pour son œuvre théologique et philosophique.

Considéré comme l’un des principaux maîtres de la philosophie scolastique et de la théologie catholique, le “prince des scolastiques” a été canonisé le 18 juillet 1323 par Jean XXII, puis proclamé docteur de l’Église par Pie V, en 1567 et patron des universités, écoles et académies catholiques, par Léon XIII en 1880. Il est également l’un des patrons des libraires. Il est aussi qualifié du titre de « Docteur angélique » (Doctor angelicus). Son corps est conservé sous le maître-autel de l’église de l’ancien couvent des dominicains de Toulouse.

En 1879, le pape Léon XIII, dans l’encyclique Æterni Patris, a déclaré que les écrits de Thomas d’Aquin exprimaient adéquatement la doctrine de l’Église. Le concile Vatican II (décret Optatam Totius sur la formation des prêtres, no 16) propose l’interprétation authentique de l’enseignement des papes sur le thomisme en demandant que la formation théologique des prêtres se fasse « avec Thomas d’Aquin pour maître ».

Thomas d’Aquin a proposé, au xiiie siècle, une œuvre théologique qui repose, par certains aspects, sur un essai de synthèse de la raison et de la foi, notamment lorsqu’il tente de concilier la pensée chrétienne et la philosophie d’Aristote, redécouverte par les scolastiques à la suite des traductions latines du XIIe siècle.

Il distingue les vérités accessibles à la seule raison, de celles de la foi, définies comme une adhésion inconditionnelle à la Parole de Dieu. Il qualifie la philosophie de servante de la théologie (philosophia ancilla theologiæ) afin d’exprimer comment les deux disciplines collaborent de manière « subalternée » à la recherche de la connaissance de la vérité, chemin vers la béatitude.


Fils du comte Landulphe d’Aquino et de la comtesse Théodora Caracciolo Rossi, d’origine napolitaine, Thomas naît en 1225 ou 1226 au château de Roccasecca, dans le royaume de Sicile3. La famille d’Aquin, d’origine lombarde et installée au nord de l’actuelle Campanie, est une grande famille d’Italie, partisane du parti pontifical.

De 1230 à 1239, il est oblat à l’abbaye bénédictine du Mont-Cassin. Il y demeure neuf ans, durant lesquels il apprend à lire et à écrire, ainsi que les rudiments de la grammaire et du latin, associés à une formation religieuse élémentaire.

À partir de 1239, Frédéric II, en lutte contre Grégoire IX, expulse les moines de l’abbaye. Sur le conseil de l’abbé, les parents de Thomas l’avaient déjà envoyé à Naples pour y poursuivre ses études au Studium regni (qui n’est pas une université, mais une académie locale), fondé par Frédéric II en 1220. Il y étudie auprès des maîtres les disciplines classiques du trivium et du quadrivium. Ce faisant il rencontre des frères prêcheurs dont la vie et la vitalité apostolique l’attirent.

Son père meurt le 24 décembre 1243, rendant le jeune Thomas un peu plus libre de son destin. Il décide d’entrer dans l’ordre des dominicains en avril 1244, à l’âge de dix-neuf ans, contre l’avis de sa famille qui veut en faire l’abbé du Mont-Cassin. Sa mère le fait alors enlever et l’assigne à résidence à Roccasecca où il demeure un an. Thomas ne changeant cependant pas d’avis, sa famille finit par accepter son choix.

Il est ensuite étudiant à l’université de Paris de 1245 à 1248, sous le règne de Louis IX. Puis il suit son maître Albert le Grand (dominicain commentateur d’Aristote) à Cologne jusqu’en 12526, où ses confrères d’étude l’affublent du sobriquet de « bœuf muet » en raison de sa stature et de son caractère taciturne. De retour à Paris, il suit le cursus universitaire classique des étudiants en théologie : il est bachelier biblique (lectures commentées des Écritures) de 1252 à 1254, puis bachelier sententiaire.

Il rédige durant cette période un commentaire des livres d’Isaïe et de Jérémie (Super Isaiam et Super Ieremiam), ainsi que le De ente et essentia (1252). Comme bachelier sententiaire, il commente le Livre des Sentences de Pierre Lombard, devenu le manuel des études théologiques à l’université de Paris depuis le début du XIIIe siècle. Thomas d’Aquin en fait le commentaire, en deux ans, durant son enseignement de bachelier sententiaire. Ce commentaire (Scriptum super libros Sententiarum) est énorme : plus de 600 pages in-folio, écrites de 1254 à 1256, tout en suivant certains des cours dispensés dans les écoles parisiennes et au Studium dominicain de Saint-Jacques (collège des Jacobins).

Au printemps 1256, avec l’appui du Souverain Pontife qui doit intervenir auprès de l’université, dans le contexte conflictuel de l’opposition des mendiants et des séculiers, il soutient sa maîtrise en théologie et est nommé Maître-Régent (magister in sacra pagina ou docteur en Écriture sainte) — avec Bonaventure de Bagnoregio. Il commence aussitôt à enseigner et rédige les Questions disputées : De veritate (1256-1259), les Quodlibet (7 à 11) ; commente le De Trinitate de Boèce (1257-1258)… Son activité consiste principalement en disputes théologiques (disputatio), en commentaires de la Bible et en prédications publiques. Les commentaires sur Aristote de Thomas d’Aquin n’ont jamais fait l’objet d’un enseignement public.

En 1259, Thomas a trente-quatre ans lorsqu’il part pour l’Italie où il enseigne la théologie jusqu’en 1268, tout en jouissant déjà d’une grande réputation.

Il est d’abord assigné à Orvieto, comme lecteur conventuel, c’est-à-dire responsable de la formation permanente de la communauté. Il trouve toutefois le loisir d’achever la rédaction de la Somme contre les Gentils (commencée en 1258) et de l’Expositio super Iob ad litteram (1263-1265). Il rédige notamment une explication continue des évangiles, appelée par la suite la Chaîne d’or (Catena aurea), un florilège de citations patristiques organisées de manière à constituer un commentaire continu des Évangiles, verset par verset. Cet ouvrage, d’importance considérable du point de vue de l’histoire de la réception des auteurs chrétiens grecs, est rédigé de 1263 à 1264 à la demande du pape Urbain IV auquel Thomas dédie la Chaîne sur Matthieu.

Thomas est envoyé à Rome entre 1265 et 1268 comme maître régent. Durant ce séjour, affecté à la formation intellectuelle des jeunes dominicains, Thomas rédige également De potentia Dei (1265-1266), la première partie du Compendium de théologie, et commence en 1266 la rédaction de la Somme théologique. Il entame ses commentaires sur Aristote par le Commentaire « De l’âme » (1267-1268), en adoptant la méthode d’explication mot à mot propre aux sententiæ en vigueur dans les écoles9. C’est également en Italie qu’il compose l’Office du Saint-Sacrement au moment de l’instauration de la Fête du Corpus Christi. Il rédige aussi plusieurs opuscules, en réponses aux questions de personnes particulières ou de supérieurs, portant sur des questions diverses : économiques, canoniques ou morales.

Durant cette période, il eut l’occasion de côtoyer la cour pontificale (qui ne résidait pas à Rome). Assigné à des couvents dans lesquels il remplissait une tâche particulière, rien ne dit qu’il suivit le pape dans ses déplacements continuels. La curie n’avait pas alors de siège fixe.

C’est probablement durant cette période qu’il eut l’occasion de prêcher les sermons sur le Credo, le Pater et l’Ave Maria, puisque ceux-ci furent prêchés durant le carême dans la région de Naples et que Thomas n’était plus en mesure de le faire en 1273.

Thomas revient de 1268 à Pâques 1272 à Paris dont l’Université est en pleine crise intellectuelle et morale provoquée par la diffusion de l’aristotélisme et par les querelles entre les ordres mendiants, les séculiers et les réguliers. Le théologien Rémi de Florence a suivi ses cours lors de son second enseignement parisien. Il a quarante-quatre ans lorsqu’il rédige la seconde partie (Secunda Pars, abrégée IIa) de la Somme théologique et la plus grande partie des Commentaires des œuvres d’Aristote. Il doit faire face à des attaques contre les ordres mendiants, mais aussi à des rivalités avec les franciscains et à des disputes avec certains maîtres des arts (en particulier Siger de Brabant, dont la mort mystérieuse est racontée par Dante évoquant également la rivalité entre Thomas et Siger dans le Paradis de la Divine Comédie). Il écrit le De perfectione spiritualis vitæ (1269-1270) et les Quodlibets I-VI et XII contre les séculiers et les traités De æternitate mundi (1271) et De unitate intellectus (1270) contre l’averroïsme des maîtres de la faculté des arts.

Après le long travail accompli à la fois pour l’enseignement et la rédaction de son œuvre, et les luttes continuelles qu’il dut mener au sein même de l’Université, Thomas est envoyé par ses supérieurs à Naples pour y organiser le studium generale des frères dominicains (fondé en 1269), destiné à la formation des jeunes frères dominicains de la province de Rome, et pour y enseigner en qualité de maître régent en théologie. Les raisons de ce rappel à Naples ne sont pas connues. On peut supposer que ce fut sur les instances du roi Charles Ier d’Anjou, le frère de Louis IX de France. Quoi qu’il en soit, il est certain que ce fut malgré les supplications de l’Université de Paris. Thomas est à pied d’œuvre entre fin juin et septembre 1272. Il poursuit la rédaction de la troisième partie (Tertia Pars, IIIa) de la Somme théologique, à partir de la question 7 ; il rédige notamment les questions sur le Christ et les sacrements, qu’il n’achèvera jamais. Il y reprend son enseignement sur les épîtres de Paul (Épître aux Romains), le commentaire des Psaumes (1272-1273), et certains commentaires d’Aristote.

À partir du 6 décembre 1273, après avoir eu une expérience spirituelle bouleversante pendant la messe, il cesse d’écrire, parce que, dit-il, en comparaison de ce qu’il a compris du mystère de Dieu, tout ce qu’il a écrit lui paraît « comme de la paille ». Sa santé décline alors de manière rapide. Quasiment aphasique, il se rend néanmoins au concile de Lyon où il aurait été convoqué par le pape Grégoire X. Il meurt en chemin, le 7 mars 1274, âgé de 49 ans, au monastère cistercien de Fossanova. Il y reposera jusqu’à la translation de sa dépouille en 1369 à Toulouse, aux Jacobins, où il repose toujours aujourd’hui.

Source : Wikipédia.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.