L’Homme de Néandertal.

L’Homme de Néandertal (Homo neanderthalensis), ou Néandertalien, est une espèce éteinte du genre Homo, qui a vécu en Europe, au Moyen-Orient et en Asie centrale, jusqu’à environ 30 000 ans avant le présent. Selon une étude génétique publiée en 2016, il partage avec l’Homme de Denisova un ancêtre commun remontant à environ 450 000 ans. Cet ancêtre partage lui-même avec Homo sapiens un ancêtre commun remontant à environ 660 000 ans. Les plus anciens Néandertaliens fossiles reconnus comme tels sont ceux de la Sima de los Huesos, datés de 430 000 ans.

Depuis sa découverte en 1856, son statut a varié : un temps considéré comme une sous-espèce d’Homo sapiens et nommé en conséquence Homo sapiens neanderthalensis, il est aujourd’hui considéré comme une espèce à part entière.

Particulièrement bien adapté pour vivre dans un climat froid, l’Homme de Néandertal était physiquement plus robuste, plus lourd et plus trapu qu’Homo sapiens. La forme oblongue de son crâne se distingue nettement de celle de l’Homme moderne, plus globulaire. Néandertal avait un cerveau un peu plus volumineux en moyenne, mais avec un coefficient  d’encéphalisation légèrement moindre.

Premier homme fossile identifié, contemporain d’Homo sapiens, l’Homme de Néandertal a longtemps pâti de jugements négatifs par rapport à  l’Homme moderne. Les progrès de l’archéologie préhistorique depuis les années 1960 ont en fait révélé une espèce humaine d’un certain développement culturel. Il maitrisait différentes techniques avancées comme le collage au brai de bouleau, et certains vestiges fossiles datés de moins de 70 000 ans sont considérés comme des sépultures témoignant de rites funéraires.

De nombreux points restent encore à élucider, comme son ascendance précise ainsi que la date et les conditions de son extinction après plus de 400 000 ans d’existence. Les derniers vestiges fossiles ou archéologiques néandertaliens connus sont datés de moins de 30 000 ans, dans le sud de la péninsule Ibérique, en Crimée, et dans le Caucase. Toutefois, ces datations restent débattues au sein de la communauté scientifique.

Le séquençage de l’ADN nucléaire néandertalien réalisé depuis 2006 et publié à partir de 2010 a montré un « flux de gènes » ancien entre les  hommes de Néandertal et les hommes modernes d’Eurasie. Les humains actuels non africains possèdent entre 1,8 et 2,6 % de gènes néandertaliens, acquis par hybridation il y a environ 50 000 ans peu après leur sortie d’Afrique, et plus de 30 % du génome de Néandertal survit dans l’ensemble de la population actuelle à différents endroits de notre génome6. Certains gènes néandertaliens auraient été fixés chez l’Homme moderne en raison de leur caractère adaptatif.


Deux fossiles de Néandertaliens ont été découverts avant celui auquel on a donné ce nom. En 1829, un crâne d’enfant, Engis 2, fut mis au jour par Philippe-Charles Schmerling à Flémalle (Belgique) ; nommé comme la commune voisine parce que Schmerling a pensé qu’il se trouvait sur la commune d’Engis. En 1848, un crâne d’adulte fut trouvé à Gibraltar, dans le site de la carrière de Forbes. Si le premier appartenait à un jeune individu sur lequel les traits caractéristiques des Néandertaliens sont moins évidents, le deuxième aurait pu conduire à reconnaître l’existence d’une espèce humaine fossile. Sans doute était-il trop tôt, comme le prouvent d’ailleurs les difficultés pour faire admettre que les os recueillis en 1856 à Neandertal, en Allemagne, correspondaient bien à un homme fossile.

Le mot « Néandertalien » est tiré de Neandertal, nom d’une petite vallée située sur le territoire des villes d’Erkrath et de Mettmann, entre Düsseldorf et Wuppertal (Allemagne). Au mois d’août 1856, dans le cadre de  l’exploitation d’une carrière, des ouvriers vidèrent une petite cavité de cette vallée, la grotte de Feldhofer. Ils y découvrirent des ossements et un fragment de crâne qu’ils remirent à Johann Carl Fuhlrott, un enseignant d’Elberfeld passionné d’histoire naturelle.

Par un heureux hasard, le toponyme Neandertal signifie « vallée de l’homme nouveau ». En effet le nom de Neander a été donné à cette vallée (en allemand tal, anciennement thal) en l’honneur de Joachim Neumann (1650-1680), appelé aussi Joachim Neander, car, suivant un usage familial datant de son grand-père et très courant à l’époque, il avait traduit en grec ancien son patronyme allemand, qui signifie littéralement « homme nouveau ». Ce pasteur et compositeur, auteur de cantiques religieux encore populaires dans le protestantisme allemand, aimait chercher son inspiration dans cette vallée, jadis idyllique.

Comme, à l’époque, le nom de la vallée s’écrivait encore Neanderthal, l’homme qui y fut découvert reçut le nom latin d’Homo neanderthalensis. Ultérieurement, une réforme orthographique de l’allemand a supprimé les h superflus, mais, la nomenclature évitant de revenir sur les formes latinisées, on a continué à écrire Homo neanderthalensis. La graphie française la plus courante, proposée par Henri Vallois en 1952, est Homme de Néandertal, même si l’on trouve parfois Homme de Neandertal, Homme de Néanderthal ou Homme de Neanderthal. En anglais, la forme ancienne Neanderthal est encore très répandue, ce qui peut induire pour la séquence thal une prononciation incorrecte du nom allemand originel.

Fuhlrott comprend rapidement l’intérêt de la découverte et se rend sur place pour tenter en vain de découvrir d’autres ossements ou des vestiges qui leur seraient associés. Il se rend compte qu’il s’agit d’ossements anciens mais surtout incroyablement primitifs, correspondant à un homme nouveau, d’une « conformation naturelle jusqu’ici inconnue ».

L’Homme de Néandertal est effectivement le premier homme fossile distinct d’Homo sapiens, et il est découvert avant l’Homme de Cro-Magnon (1868). L’idée même qu’une espèce d’homme distincte de la nôtre ait existé par le passé (et ait disparu) fut d’ailleurs particulièrement difficile à admettre. On se souviendra par exemple que Charles Darwin ne publiera L’Origine des espèces par la sélection naturelle qu’en 1859 et qu’il n’élargira explicitement sa théorie à l’homme qu’en 1871 dans La Filiation de l’homme et la sélection liée au sexe.

Malgré des différences importantes avec les os d’hommes modernes, Fuhlrott reconnait dans ses trouvailles des os humains et les soumet à Hermann Schaaffhausen pour un examen complémentaire. Ce dernier présente ses premières conclusions en 1857. Il estime que les ossements datent d’une période antérieure aux Celtes et aux Germains, et sont ceux d’un individu appartenant à l’une des races sauvages du nord-ouest de l’Europe dont parlent les auteurs latins. Tous les chercheurs n’acceptent pas cette interprétation : pour certains, les os ont appartenu à un genre différent du nôtre, sans doute plus proche du singe ; pour d’autres, ils renvoient à un individu pathologique ou frappé de crétinisme ; d’autres encore évoquent même un cosaque ayant déserté les armées russes en 1814.

Peu à peu les découvertes se multiplient. Viennent d’abord celles de fossiles d’Homo sapiens associés à des vestiges lithiques et à des animaux disparus (dont l’Homme de Cro-Magnon en 1868) ; puis d’autres Homo neanderthalensis, encore en place dans les sédiments (mandibule de la grotte des Fées d’Arcy-sur-Cure en 185913), complets et présentant les mêmes spécificités anatomiques, mais souvent hors contexte archéologique (pas d’ossements d’animaux ou d’outils associés), ce qui rend difficile leur datation et leur interprétation. Parmi les plus spectaculaires, il faut citer les deux squelettes de la Grotte de Spy (région wallonne de Belgique) en 1886 puis la sépulture de l’Homme de la Chapelle-aux-Saints (Corrèze) en 1908. Elles contribuent à faire définitivement accepter l’existence d’une nouvelle espèce d’humain par la communauté scientifique.

Le nom scientifique Homo neanderthalensis est proposé en 1864 par William King, professeur au Queen’s College de Galway en Irlande et ancien élève de Charles Lyell14. En 1866, Ernst Haeckel propose le nom surprenant d’Homo stupidus, qui n’est pas retenu en vertu des règles de nomenclature donnant priorité à l’appellation antérieure. Les partisans du rattachement à une sous-espèce parleraient sinon d’Homo sapiens stupidus !

Les premières études (et les reconstitutions qui en découlaient) donnèrent de l’Homme de Néandertal une image déformée, accentuant les traits primitifs, voire simiesques. Ce fut le cas de l’étude de l’Homme de la Chapelle-aux-Saints publiée par Marcellin Boule en 1911 : même s’il s’agissait d’une étude très complète, qui fit référence pendant de nombreuses années, elle présentait un Homme de Néandertal voûté, la colonne vertébrale courbée (comme chez les gorilles) et les membres inférieurs semi-fléchis. Il fallut presque un siècle à la communauté scientifique pour corriger cette perception influencée par des a priori peu scientifiques.

Au début du xxe siècle, certains furent scandalisés par le fait que ces découvertes se détachaient d’une lecture littérale de la Bible16. Ils reprochaient au prêtre catholique Jean Bouyssonie, qui découvrit le squelette d’un Néandertalien à la Chapelle-aux-Saints, de soutenir la théorie de l’évolution. Le 22 décembre 1908, la légende d’une caricature de La Lanterne indique : « Les savants prétendent que c’est le crâne du plus ancien homme du Monde. C’est une malveillante insinuation destinée à faire croire que les hommes du Monde descendent du singe ». La caricature montre Jean Bouyssonie en soutane, présentant sa découverte à un savant.

Le statut phylogénétique de l’homme de Néandertal provoque encore quelques débats. Il s’agit d’un simple problème de définition de l’espèce. Deux sous-espèces peuvent se croiser et avoir une descendance fertile, mais c’est beaucoup plus variable pour deux espèces différentes (par exemple le cheval et l’âne, le tigre et le lion) : certaines le peuvent et d’autres pas. L’infertilité de la descendance prouve l’existence de deux espèces distinctes, mais l’inverse n’est pas vrai (s’il y a deux espèces, la  descendance n’est pas nécessairement infertile). On peut rappeler ici qu’il existe une vingtaine de définitions de l’espèce, et que l’isolement reproductif n’est que l’une d’entre elles.

Lors de sa dénomination en 1864, l’hypothèse d’une espèce distincte avait été privilégiée. Dans les années 1960, certains spécialistes ont considéré les Néandertaliens comme une sous-espèce d’Homo sapiens, comme le généticien Theodosius Dobzhansky ou encore le biologiste Ernst Mayr, qui déclarait que « jamais plus d’une seule espèce d’homme n’a existé au même moment ». Aujourd’hui, l’idée d’espèces distinctes est à nouveau  dominante, notamment grâce aux apports de la génétique.

Les multiples études paléoanthropologiques effectuées sur les ossements ne permettaient pas de se prononcer clairement sur la classification de  l’homme de Néandertal. Des analyses comparées d’ADN nucléaire, extrait d’ossements de Néandertaliens et d’Homo sapiens anciens et modernes, publiées depuis 2010, ont largement contribué à forger un nouveau consensus.

En 2006, le projet génome de Néandertal, un programme de séquençage de l’ADN nucléaire de l’homme de Néandertal, a été lancé par l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste, à Leipzig en Allemagne, en  collaboration avec la société 454 Life Sciences fabriquant des séquenceurs de gènes à haut débit. L’objectif était de connaitre l’étendue du lien de parenté avec l’homme moderne et d’évaluer l’interfécondité de l’homme de Néandertal et de l’homme moderne. Ce projet a permis d’achever le séquençage du génome néandertalien dès 2009 et de publier les premières études en 2010.

Une étude de 2016 exploitant le séquençage de l’ADN nucléaire de spécimens de la Sima de los Huesos (Espagne), datés de 430 000 ans, comparé avec le génome de spécimens d’Homo sapiens, d’Homme de Néandertal et d’Homme de Denisova, a attribué les fossiles de la Sima de los Huesos à l’espèce Homo neanderthalensis, et indiqué que la séparation entre la lignée des hommes modernes et celle des humains archaïques, Dénisoviens et Néandertaliens, a eu lieu entre 550 000 et 760 000 ans avant le présent. La séparation entre Dénisoviens et Néandertaliens est quant à elle estimée entre 381 000 et 473 000 ans. Les fossiles de la Sima de los Huesos étant datés de 430 000 ans, on peut estimer cette dernière séparation à un âge d’environ 450 000 ans. Pour la première fois, les liens entre différents représentants du genre Homo ont pu ainsi être établis.

En 2018, le génome de cinq nouveaux Néandertaliens ayant vécu il y a 39 000 à 47 000 ans a pu être étudié (le nombre de Néandertaliens dont on a séquencé le génome a ainsi doublé). Ces cinq personnes avaient un génome très similaire à ceux des Néandertaliens tardifs déjà connus, conformément à ce que prédisait leur situation géographique. Et bien que quatre de ces Néandertaliens aient été contemporains des premiers humains modernes en Europe, aucune trace d’apport génétique des hommes modernes n’a pu être décelée.

Les apports de gènes néandertaliens chez les humains modernes outrafricains proviennent de contacts, peu après leur sortie d’Afrique, avec des Néandertaliens représentatifs des fossiles européens tardifs (leur dernier ancêtre commun datant d’environ 80 000 ans). Mais ces lignées sont sensiblement plus éloignées de celle d’un Néandertal de l’Altaï, qui a divergé il y a environ 140 000 ans et des Dénisoviens qui se sont séparés il y a au moins 400 000 ans.

Une étude de Johannes Krause de l’Institut Max Planck datant de 2022 précise que Néandertal avait des prédispositions génétiques au langage. Les généticiens ont isolé chez des Néandertal la variante humaine du gène FOXP2, responsable du développement des zones cérébrales liées au langage.

En 2017, une étude de Cosimo Posth, analysant un fémur de Néandertalien vieux de 124 000 ans, a montré que cet os contenait déjà des gènes caractéristiques d’Homo sapiens. L’étude concluait que les premiers croisements entre Sapiens et Néandertal ont dû avoir lieu il y a 276 000 ans.

Une étude identifie une transmission de gènes d’Homo sapiens vers des Néandertaliens, probablement il y a plus de 100 000 ans au Moyen-Orient lors d’une première sortie d’Afrique.

Une étude publiée en 2020 analyse les chromosomes Y de Néandertaliens récents. Cette étude nous renseigne donc sur les lignées agnatiques. Le signal renvoyé par ces chromosomes Y diffère grandement de celui de l’ADN autosomal. Les chromosomes Y des Dénisoviens auraient divergé il y a environ 700 000 ans d’une lignée partagée par les chromosomes Y humains néandertaliens et sapiens alors que l’on sait que ce sont les Néandersoviens qui ont divergé de la lignée d’Homo sapiens vers cette date. Les lignées Y néandertalienne et sapiens se seraient séparées il y a environ 370 000 ans. On retrouve des résultats similaires avec l’ADN mitochondrial et donc la lignée cognatique, alors que les Néandertaliens anciens de la Sima de los Huesos, datés de 430 000 ans, avaient un ADN mitochondrial plus proche de celui des Dénisoviens. Ces résultats suggèrent un remplacement, chez les Néandertaliens moyens, des gènes néandertaliens ancestraux par des gènes en provenance de la lignée d’Homo sapiens, et ceci seulement pour les gènes uniparentaux, tant mitochondriaux (lignée maternelle) que du chromosome Y (lignée paternelle). Ce résultat montre des hybridations anciennes avec des Homo sapiens archaïques.

L’apparition de l’homme de Néandertal est une question complexe qui dépend notamment de la définition qu’on choisit d’adopter. Avant les Néandertaliens classiques, les fossiles deviennent beaucoup plus rares et les datations moins précises, encourageant de nombreuses théories concurrentes. Cependant l’analyse d’ADN nucléaire de la Sima de los Huesos en 2016 a permis de consolider une première affirmation sur les origines de Néandertal : sa lignée se sépare d’avec Homo sapiens il y a environ 660 000 ans et ses premiers fossiles seraient justement ceux de la Sima datés de 430 000 ans. Ceux-ci présentent de nombreux caractères intermédiaires mais leur dentition est déjà clairement néandertalienne, suggérant une spécialisation initiale de l’appareil masticatoire. Les débats se poursuivent sur l’attribution des autres fossiles de cette période du Pléistocène moyen : Aroeira 3 montre des caractères néandertaliens, mais d’autres fossiles sont d’une attribution moins claire. Jean-Jacques Hublin avance un modèle d’accrétion, où des populations successives auraient accumulé progressivement des caractères dérivés pour donner naissance au jeu de caractères commun aux Néandertaliens classiques.

L’Homme de Néandertal est une espèce dont l’apparition et l’évolution sont connues principalement sur le continent européen. Les Néandertaliens découverts au Moyen-Orient, sur les territoires actuels de l’Irak, de la Syrie (grotte de Dederiyeh), du Liban (Ksar Akil) et d’Israël, ainsi qu’en Asie centrale (Techik-Tach, en Ouzbékistan) et en Sibérie sont à ce jour moins nombreux et plus tardifs, ce qui pourrait être dû à des fouilles moins avancées. En 2007, la répartition géographique des Néandertaliens a été repoussée de 2 000 km vers l’est par rapport au site de Teshik-Tach, le plus oriental connu jusqu’alors. Des fragments osseux de la grotte Okladnikov, dans l’Altaï, jusqu’alors mal référencés, sont désormais attribués à des Néandertaliens après une analyse génétique de leur ADN mitochondrial par l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutionniste de Leipzig. D’après les chercheurs, l’ADN mitochondrial des Néandertaliens de l’Altaï est d’ailleurs plus proche de celui des Néandertaliens de la grotte Scladina, en Belgique, que de celui de l’Ouzbékistan, suggérant plusieurs vagues de migrations et de peuplements de la région. L’équipe du généticien Svante Pääbo a suggéré que la présence de Néandertaliens dans l’Altaï rendait envisageable une extension plus orientale, en Mongolie, voire jusqu’en Chine.

Les estimations du nombre total de néandertaliens par les paléodémographes présentent une très grande variabilité. L’effectif maximal est évalué à 70 000 néandertaliens. La densité des populations était très faible, de l’ordre de 100 individus pour 10 000 km2, se répartissant en 2 à 3 000 clans de 20 à 35 personnes.

L’homme de Néandertal était nomade mais pas errant, ce qui signifie qu’il se déplaçait entre des points connus et qui comportaient un intérêt (zone de chasse, carrière de silex).

Il y a plus d’un million d’années, quelques groupes humains sont arrivés en Europe et ont laissé des traces sous forme de fossiles et de galets taillés de type oldowayen. Les plus anciens fossiles humains européens datent de 1,2 à 1,5 million d’années et ont été mis au jour en Espagne (Sima del Elefante et Homme d’Orce) et en Bulgarie (Kozarnika). Ils sont cependant trop fragmentaires pour avoir pu être attribués à une espèce précise.

À partir de −700 000 ans, le peuplement de l’Europe se renouvelle avec probablement l’arrivée d’Homo heidelbergensis, porteur de l’industrie acheuléenne. À cette époque, plusieurs espèces appartenant au genre Homo coexistaient en Europe et en Asie. L’une d’elles a évolué pour donner les Néandertaliens.

Les fossiles européens de cette période sont généralement attribués à Homo heidelbergensis : c’est le cas de l’Homme de Tautavel (−450 000 ans), trouvé dans les Corbières en France, de la mandibule de Mauer (−610 000 ans), trouvée près de Heidelberg en Allemagne, ou du crâne de Petralona trouvé dans la grotte de Petralona en Chalcidique (Grèce) (environ −700 000 ans).

L’évolution qui conduit au développement d’Homo neanderthalensis, parfois appelée « néandertalisation », est un processus lent et progressif. Elle peut être suivie depuis différents fossiles, qualifiés de « pré-Néandertaliens », jusqu’aux Néandertaliens récents.

Un crâne daté de 400 000 ans, Aroeira 3, découvert en 2014 dans la Grotte d’Aroeira au centre du Portugal, présente un mélange de caractéristiques jamais observé jusqu’alors chez les humains fossiles ; cet individu présente des traits le rendant proche des Néandertaliens mais aussi certains traits plus primitifs évoquant d’autres espèces humaines éteintes en Europe. Il pourrait contribuer à mieux comprendre les lignées d’Europe ayant évolué vers les Néandertaliens.

Les fossiles de Swanscombe (Kent, Angleterre, 400 000 ans), de Steinheim (Allemagne, 300 000 ans) et de la Sima de los Huesos à Atapuerca (Espagne, 430 000 ans) sont plus clairement attribués aux Prénéandertaliens.

Les restes de trois os longs (humérus, radius, cubitus) du bras gauche d’un individu adulte, de sexe indéterminé, datés d’environ 210 000 ans ont été découverts en septembre 2010 sur une fouille de l’Inrap à Tourville-la-Rivière (Normandie, France). Leur étude a été publiée en octobre 2014.

Les plus anciens fossiles de morphologie néandertalienne presque complète ont des âges compris entre – 250 000 et – 110 000 ans. Parmi eux, on peut citer le crâne de Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), vieux de 180 000 ans, les restes de La Chaise à Vouthon (Charente), la mandibule de Montmaurin (Haute-Garonne), les crânes de Saccopastore près de Rome en Italie (250 000 ans), ou les nombreux restes de Krapina en Croatie.

Les Néandertaliens les plus typiques, dont les caractères dérivés sont les plus marqués, ont des âges compris entre −100 000 et −30 000 ans, date de leur disparition.

Parmi les fossiles de Néandertaliens classiques, outre les vestiges de Néandertal même (environ −42 000 ans), il faut mentionner les squelettes de La Chapelle-aux-Saints, du Moustier, de La Ferrassie, de La Quina, de Saint-Césaire dans le Sud-Ouest de la France ou de Spy en Belgique pour ne citer que les plus complets.

Les derniers Néandertaliens connus ont été découverts notamment au Portugal, en Espagne (Zafarraya, −30 000 ans), en Croatie (Vindija, −32 000 ans) et dans le Nord-Ouest du Caucase (Mezmaiskaya, −29 000 ans). Toutes ces dates sont toutefois à considérer avec précaution, les réévaluations successives ayant tendance à vieillir les résultats obtenus par le carbone 14 pour le Paléolithique moyen.

Des recherches conduites de 1999 à 2005 dans la grotte de Gorham à Gibraltar suggèrent que les Néandertaliens y ont vécu jusqu’à −28 000 ans, voire −24 000 ans. Ils auraient donc longuement cohabité avec les Homo sapiens, présents dans la région depuis 34 000 ans. Ces résultats sont toutefois fortement critiqués, par exemple par le paléoanthropologue Joao Zilhão, de l’université de Bristol.

En 2011, une équipe internationale publia des travaux concernant le site de Byzovaya, près du cercle Arctique en Russie, où ont été découverts des bifaces taillés typiques de la culture moustérienne, classiquement associée aux Néandertaliens en Europe occidentale. Ces outils datent d’il y a 34 000 à 31 000 ans et sont situés plus de mille kilomètres au nord du site le plus septentrional connu pour l’homme de Néandertal, remettant en question la distribution maximale de celui-ci. Ces conclusions ont toutefois été vivement contestées dans une publication ultérieure. Les auteurs considèrent qu’en l’absence de restes fossiles constituant une preuve directe de la présence néandertalienne à cette latitude et à une date aussi récente, l’hypothèse d’un rattachement de l’industrie lithique de Byzovaya au Paléolithique supérieur demeure la plus parcimonieuse.

Source : Wikipédia.

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