Les fantômes.

Un fantôme est une apparition, une vision ou une illusion, interprétée comme une manifestation surnaturelle d’une personne décédée.

Les fantômes sont également appelés revenants, spectres ou, plus rarement, ombres. Toutefois les termes ne sont pas rigoureusement synonymes : un revenant est l’apparition d’un mort connu, dans une apparence identique à celle qu’il avait de son vivant et qui se comporte comme un vivant, tandis qu’un fantôme est une image floue, lumineuse, brumeuse et inconsistante, qui paraît flotter au-dessus du sol. Les fantômes peuvent prendre un nom spécifique en raison de leurs origines et de leurs caractéristiques, tels les lémures romains ou les wilis slaves.

On qualifie souvent de « fantôme » le phénomène connu sous le nom de poltergeist, ou « esprit frappeur », qui se manifeste par des bruits et des déplacements inexplicables d’objets, et qui est généralement lié à la présence d’un enfant perturbé, mais n’implique pas de lien avec un défunt.

Le terme « fantôme » est fréquemment associé à d’autres formes d’apparitions, telles qu’auto-stoppeuse fantôme, vaisseau fantôme ou dirigeable fantôme. Par extension, le terme est souvent ajouté à des noms de choses matérielles abandonnées (ville fantôme, stations fantômes du métro de Paris), disparues (membre fantôme, île fantôme), ou échappant à la perception directe (cabinet fantôme, énergie fantôme, alimentation fantôme), clandestines (détenus fantômes). Dans les archives et les bibliothèques, on laisse une « fiche fantôme » à la place d’un document retiré d’un fonds jusqu’à son retour.


Selon le professeur Charles Richet : « les fantômes, sauf de rarissimes apparitions d’animaux, ont une forme humaine, vêtus des vêtements qu’ils portaient à l’époque de leur vie terrestre. Tantôt ils ont l’apparence parfaite de la vie, tantôt ils sont transparents et nuageux comme des ombres ; généralement ils semblent entrer par une porte, et poursuivre leur route jusqu’à une autre chambre, où ils disparaissent. Souvent ils naissent à l’improviste et se résolvent en vapeur, en passant à travers les murs et les portes closes. Tantôt ils marchent, tantôt ils sont comme suspendus dans l’air. L’arrivée du fantôme se révèle presque toujours par un vague  sentiment d’horreur, la sensation d’une présence, coïncidant avec un souffle glacé : presque toujours ils semblent être totalement indifférents aux personnes vivantes qui sont là à les regarder. Parfois ils se livrent à quelque occupation domestique, parfois ils font des gestes désespérés. On observe de grandes différences dans leur allure. »

La tradition voudrait que les apparitions soient vêtues de blanc, au motif probable que les défunts reviennent, assez logiquement, enveloppés dans le linceul dans lequel ils ont été inhumés. En fait, toutes les tenues ou presque sont recensées, à l’exception notoire de la nudité qui est rarissime. Les revenants revêtent le plus souvent le costume qu’ils portaient  habituellement de leur vivant. Pour expliquer ce fait, Frank Podmore, membre du comité directeur de la Society for Psychical Research d’Angleterre (Société pour la recherche psychique ou SPR), a avancé que les apparitions, n’existant que dans l’esprit du visionnaire, celui-ci leur faisait porter la tenue qui lui paraissait convenir au personnage.

La classique image du fantôme traînant des chaînes est due à l’antique description de Pline le jeune (voir ci-dessous) et ne figure pratiquement jamais dans les récits ultérieurs. Le linceul blanc n’est apparu dans l’iconographie médiévale qu’à partir du XIIIe siècle et s’est répandu au XIVe siècle.

Selon divers sondages effectués dans le monde depuis 1980, il apparaît que la croyance à l’existence des fantômes est largement répandue dans la population, tout en variant fortement selon les pays : 13 % en France (2000), 21 % au Québec (2001), 50 % chez les Chinois de Hong Kong (1981), 51 % aux États-Unis (2009) (18 % disent en avoir déjà rencontré), 52 % au Royaume-Uni (2013).

Un sondage réalisé en 1991 chez les jeunes français âgés de 8 à 16 ans indiquait que 16 % estimaient « que les fantômes peuvent exister ». Dans certains pays, tel la Thaïlande, la croyance aux fantômes est quasi générale. Il semble que l’opinion de nombre de personnes pourrait se résumer à la savoureuse réponse de Madame du Deffand : « Est-ce que je crois aux fantômes ? Non, mais j’en ai peur ! ».

Depuis la nuit des temps, la plupart des traditions, des religions et des philosophies considèrent que l’être humain est composé d’un corps mortel et d’une âme immortelle ou encore, d’un corps, d’un esprit et d’une âme. l’Égypte antique avait une conception de l’être beaucoup plus complexe, mais distinguait entre autres le corps (djet) et l’âme (bâ). On retrouve une pensée analogue dans la plupart des civilisations du monde, avec des liens plus ou moins établis entre les notions d’âme, d’esprit, d’ombre ou de double.

Le thème de morts revenant hanter les vivants est aussi ancien qu’universel. Le bâ égyptien possède la faculté de se manifester sur le plan terrestre pour venger le défunt.

En 2021, le docteur Irving Finkel, conservateur du département du Moyen-Orient au British museum, a déchiffré une tablette d’argile datant d’il y a 35 siècles, acquise par le musée au XIXe siècle. Au recto, on y voit une femme entravée tirée par un jeune homme, qui serait son jeune amant, chargé de la guider dans l’au-delà. Au verso, en écriture cunéiforme, figurent des rituels et des incantations censées permettre de libérer son fantôme. Pour le docteur Finkel, les Babyloniens estimaient que les défunts risquaient de revenir hanter les vivants s’ils n’avaient pas été inhumés en suivant les rituels appropriés.

En occident, on trouve la trace du mythe des fantômes dès  l’antiquité : Ulysse dialogue avec eux dans le chant XI de l’Odyssée à la fin du VIIIe siècle av. J.-C., et ils ont un rôle dans les tragédies Électre et Ajax, écrites par Sophocle au IVe siècle av. J.-C. : « Je vois bien que nous ne sommes, nous tous qui vivons ici, rien de plus que des fantômes ou que des ombres légères. »

Un des plus anciens récits concret qui nous soit parvenu, est dû à Pline le Jeune (61-114). Pour demander son avis à son ami Sura sur l’existence des fantômes, il relate dans une de ses Lettres l’incident survenu au philosophe Athénodore le Cananite, dans une maison qu’il venait de louer à très bon marché car elle était hantée par un terrible spectre qui faisait fuir ses habitants : « dans le silence de la nuit, on entendait un froissement de fers, et, en écoutant avec attention, le retentissement de chaînes agitées. Le bruit semblait d’abord venir de loin, et ensuite s’approcher ; bientôt apparaissait le spectre : c’était un vieillard maigre et hideux, à la barbe longue, aux cheveux hérissés; ses pieds et ses mains étaient chargés de fers qu’il secouait. »

Athénodore s’installe dans la maison et attend l’arrivée du fantôme. Celui-ci ne tarde pas à se manifester bruyamment et l’invite à le suivre : « le fantôme marchait d’un pas lent ; il semblait accablé par le poids des chaînes. Arrivé dans la cour de la maison, il s’évanouit tout à coup aux yeux du philosophe. Celui-ci marque le lieu où il a disparu par un amas d’herbes et de feuilles. Le lendemain, il va trouver les magistrats et leur demande de faire fouiller en cet endroit. On trouve des ossements encore enlacés dans des chaînes, le corps, consumé par le temps et par la terre, n’avait laissé aux fers que ces restes nus et dépouillés. On les rassemble, on les ensevelit publiquement et, après ces derniers devoirs, le mort ne troubla plus le repos de la maison. »

Hantises et apparitions sont des évènements qui sont signalés en tous temps et en tous lieux, non seulement chez les grecs et les romains de l’antiquité, mais aussi dans toute l’Europe médiévale, et ce jusqu’à nos jours.

Les poltergeists, ou esprit frappeurs, sont souvent qualifiés de « fantômes », bien qu’ils constituent une catégorie particulière. « On regroupe traditionnellement toutes ces manifestations sous le terme générique de petite hantise, qui diffère de la grande en ce quelle exclut les apparitions, les revenants, les fantômes. ».

Il s’agit essentiellement de mouvements d’objets inexplicables, de jets de pierres, de bruits sans cause physique apparente, de perturbations des appareillages électriques, de lumières, de départs de feux, etc. Les apparitions de formes floues sont très rares, ainsi que la référence possible à un ou plusieurs défunts. Ces phénomènes seraient le plus souvent liés à la présence d’un ou d’une adolescent(e) perturbé(e).

La Parapsychological Association qui regroupe des chercheurs issus de divers continents donne des informations sur ce phénomène.

Claude Lecouteux distingue les « vrais » revenants, défunts qui décident délibérément de revenir pour diverses raisons, par opposition aux « faux » revenants, constitués par des morts dont la présence semble perdurer quelque temps après leur décès, comme s’ils n’arrivaient pas à disparaître définitivement, ou bien tirés de l’au-delà pour défendre leur sépulture ou répondre à un appel de nécromancie.

Pour Xavier Yvanoff, « le revenant est un mort qui apparaît revêtu de son enveloppe corporelle. Il est rarement anonyme. C’est un mort que l’on a connu au village et qui « revient » en chair et en os pour se présenter devant les vivants, le plus souvent à l’endroit où il a vécu. Physiquement, il possède le même corps qu’un vivant. C’est parfois à s’y méprendre et sa pâleur supposée est une idée fausse. » On peut a priori classer dans cette catégorie les Auto-stoppeuses fantômes, si toutefois elles ne sont pas seulement légendaires, qui paraissent suffisamment réelles pour être prises en stop par des automobilistes abusés.

Selon plusieurs récits légendaires du Moyen Âge, il arrive que des morts récents se manifestent et semblent refuser de se laisser mener au tombeau. Selon une tradition largement partagée, les morts « habitent » leurs tombeaux et il est malvenu de les y déranger. Il arrive que le défunt manifeste lui-même son mécontentement et menace l’intrus de l’amener à le rejoindre.

Une autre catégorie concerne les défunts qui sont contraints de revenir parmi les vivants à cause d’opérations de nécromancie. Dans son roman Métamorphoses écrit au IIe siècle, Apulée fait le récit d’un prophète égyptien qui fait revenir un cadavre à la vie : « il y a ici un Égyptien nommé Zatchlas, prophète du premier ordre. Dès longtemps il s’est engagé avec moi, au prix d’une somme considérable, à évoquer temporairement une âme du fond des enfers, et à lui faire animer de nouveau le corps qu’elle aurait quitté. » « un léger soulèvement se manifeste vers la poitrine du mort, son pouls recommence à battre, ses poumons à jouer ; le cadavre se met sur son séant; la voix du jeune homme se fait entendre : J’avais déjà bu l’eau du Léthé, dit-il, et presque franchi les marais du Styx. Pourquoi me rengager dans les tristes devoirs de cette vie éphémère? Cessez, cessez, de grâce, et me rendez à mon repos. Ainsi parla le cadavre. »

Selon une ancienne légende polonaise du XVIe siècle, un sorcier du nom de Pan Twardowski qui, tel Faust, aurait vendu son âme au diable en échange de pouvoirs surnaturels, réalisa l’apparition de la défunte reine de Pologne Barbara Radziwiłł à la demande de son époux, le roi Sigismond II.

Le spiritisme est considéré comme la forme contemporaine d’invocation de l’esprit des morts et, à ce titre, l’héritier d’une tradition de nécromancie qui remonte à l’antiquité. Les communications se font par l’intermédiaire d’un médium en état de transe, à l’aide de divers supports tels que les tables tournantes, le Ouija, l’écriture automatique, etc.

La forme la plus aboutie est la matérialisation d’une substance, de nature indéterminée appelée ectoplasme (ou périsprit pour Allan Kardec), qui peut prendre des formes variées, censées représenter la manifestation d’un défunt. Bien que relatée par de nombreux témoins dignes de foi, l’existence des ectoplasmes n’a jamais été scientifiquement démontrée. À l’évidence, les apparitions des supposés revenants ectoplasmiques sont souvent constituées de morceaux de gaze ou de tissus légers entourant des photographies ou des dessins. Beaucoup de médiums ont été surpris en pleine fraude manifeste. Le médium Florence Cook réussissait l’exploit de provoquer, par trucage, la manifestation d’un ectoplasme extrêmement réaliste (on pouvait le toucher et même lui prendre le pouls !) appelé « Katie King », qui n’était autre que Florence Cook elle-même déguisée.

Les ectoplasmes se distinguent fondamentalement des fantômes dans la mesure où, exclusivement émis par le corps du médium, ils n’ont aucune autonomie, et disparaissent dès sa sortie de transe.

Les fantômes sont des apparitions, d’une forme généralement humaine (très rarement animale), entière ou partielle, ou des phénomènes lumineux telles des lueurs colorées, masses noires…

La majorité des ouvrages portant sur les cas d’apparitions relatent que la majorité des témoignages ne font pas mention de formes floues ou diffuses : les descriptions sont pour la plupart précises et détaillées comme le mentionne entre autres Camille Flammarion dans Fantômes et sciences d’observation et la plupart des parapsychologues : observations assez détaillées pour reconnaître un homme, une femme, les vêtements qu’ils portent, corpulence…

La perception des fantômes est souvent influencée par la culture et la Pop Culture.

Par exemple le cliché du fantôme vu exclusivement pendant la nuit est un mythe. Depuis 1880, les observations d’apparitions sont relatées à n’importe quels moments de la journée comme le rappel le  parapsychologue Loyd Auerbach.

Il en est de même pour les clichés relatifs aux cimetières et aux châteaux. Les fantômes qui hantent les vieilles demeures sont également un mythe : ces phénomènes se produisent n’importent où. Néanmoins ce mythe est véhiculé par de nombreuses émission de type “chasseur de fantômes”.

En parapsychologie, les cas d’apparitions valables sont ceux vus par plusieurs témoins, se répétant au fil du temps et qui s’accompagnent d’effets physiques.

Ces phénomènes sont parfois vus par plusieurs personnes simultanément mais, dans quelques cas, avec des différences dans les détails observés.

Il arrive que ces manifestations se répètent aux mêmes endroits, sans que l’on puisse déterminer, faute de preuve définitive avec certitude le personnage dont il pourrait s’agir, ni du motif de sa localisation dans un lieu précis. Les parapsychologues utilisent alors le terme « d’apparition récurrente localisée ».

Dans de nombreux cas, les témoins disent ne pas avoir été effrayés par l’apparition elle-même, mais s’inquiètent du sens qu’elle pourrait éventuellement avoir, pour eux ou leurs proches, tel l’annonce d’un décès. C’est le rôle qui est traditionnellement tenu par certaines dames blanches. Pour Érasme : « Un des faits les plus connus demeure l’apparition de la dame blanche aux familles princières. »

Si des photographes, tel l’anglais Simon Marsden, se sont spécialisés dans la photographie de lieux sinistres et/ou réputés hantés, les photographies des fantômes eux-mêmes sont très rares et controversées.

Le plus célèbre cliché de revenant a été pris le 19 septembre 1936, dans le grand escalier du château de Raynham Hall dans le Norfolk, par deux photographes du magazine Country Life, Captain Provand et Indre Shira62. La silhouette, surnommée The Brown Lady (La Demoiselle brune), pourrait être celle de Lady Dorothy Townshend, épouse de Charles Townshend, propriétaire de Raynham Hall au début du XVIIe siècle.

Depuis ce jour, même si plusieurs photographies sont troublantes, telle celle réalisée en 2010 par Kevin Horkin dans les ruines du château de Gwrych au Pays-de-Galles, aucune n’est considérée comme authentique, les risques de trucage ou d’anomalie involontaire explicable étant considérables.

Célébrité n’est pas synonyme d’authenticité. Dans les années 1990, l’abbaye de Mortemer fut au cœur de l’actualité paranormale lorsqu’une journaliste du nom de Muriel Motte prétendit avoir photographié, à plusieurs reprises, la silhouette d’un spectre hantant les ruines la nuit. En fait, il s’agissait de la photographie floutée des restes du clocher de l’abbatiale éclairés par un projecteur.

Orbes au-dessus d’un « rond de sorcières », en fait des flocons de neige.
Dans la plupart des cas, lorsqu’il s’agit d’anciennes prises de vues, la cause la plus probable est une double exposition. Sinon il peut s’agir d’un reflet ou d’un objet parasite proche de l’objectif de l’appareil. Dans le cas où la photographie est prise dans l’obscurité – totale ou relative – l’appareil mélange une image nette, prise pendant le bref éclair du flash, avec une image floue et diffuse enregistrée pendant la période de pause d’une ou deux secondes qui suit l’éclair. Il peut en résulter un sujet qui semble entouré par une forme diffuse. Depuis la généralisation des appareils photographiques numériques et la large diffusion de logiciels de retouche d’image, le trucage photographique est à la portée de tous et facilite la productions de fausses images de fantômes.

On appelle « chasseurs de fantômes » les personnes qui se sont spécialisées dans l’étude des phénomènes de hantise. Le thème a été popularisé de façon comique dans le célèbre film américain SOS Fantômes sorti en 1984. Dans la réalité, la plupart des chasseurs de fantômes ne cherchent pas à combattre ces phénomènes, mais plutôt à les analyser en collectant un maximum de renseignements.

L’Anglais Harry Price (1881-1948), fondateur en 1925 du National Laboratory of Psychical Research à Londres, fut probablement le plus célèbre chercheur dans ce domaine au XXe siècle. Il publia une douzaine d’ouvrages, dont deux furent consacrés au presbytère de Borley présenté comme « le lieu le plus hanté d’Angleterre ».

De nos jours, de nombreuses personnes, ou associations d’amateurs, se proclament chasseurs de fantômes, sans pour autant avoir une attitude réellement scientifique. Malgré l’emploi fréquent de divers détecteurs et appareils sophistiqués, censés fournir des preuves des phénomènes observés, leurs recherches n’apportent rien de concret aux études sur le sujet.

Source : Wikipédia.

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