Les cinq martyrs du lycée Buffon.

Les cinq martyrs du lycée Buffon sont des lycéens parisiens ayant participé à la Résistance française qui furent exécutés le 8 février 1943. Les lettres d’adieux, écrites le jour de leur mort à leurs parents, sont particulièrement émouvantes.

  • Jean-Marie Arthus (né à Lausanne, Suisse, le , de parents français). Son père, veuf en 1940, était médecin psychiatre.
  • Jacques Baudry (né le ). Fils unique d’un professeur d’économie, il habite au 247, rue de Vaugirard. Entré au lycée Buffon en 1932, il réussit son baccalauréat et prépare, en 1940, les concours d’entrée aux grandes écoles.
  • Pierre Benoît (né à Nantua le ). Son père est officier de police et sa mère directrice d’école maternelle. Il habite au 6, square Desnouettes.
  • Pierre Grelot (né le ). Fils d’un ingénieur-dessinateur au ministère des PTT, il habite 11 bis, rue de Pondichéry. Il est au lycée Buffon depuis la 3e ; il entre en 1940 en 1re B et se destine à l’enseignement de l’espagnol.
  • Lucien Legros (né le ). Fils d’un chef de bureau du ministère des Finances, frère cadet de l’artiste peintre Jean Legros, il habite 26, rue des Plantes dans le 14e. Élève au lycée Buffon depuis la 6e, il est passionné par la poésie, la peinture. Il est aussi un excellent pianiste.

Il y a en fait dans le groupe un sixième membre, âgé de 13 ans lors du premier acte de résistance commis par ce groupe : Michel Agnellet, sauvé grâce au silence de ses camarades sous la torture. Il vécut jusqu’en octobre 2012.

Après la défaite dans la bataille de France et la signature de l’armistice le 22 juin 1940, des groupes de résistance naissent ; des actes de résistance, individuels ou collectifs, se font de plus en plus nombreux. Dans les facultés et les lycées parisiens, la rentrée scolaire s’effectue dans une atmosphère lourde. Des tracts commencent à circuler, des slogans anti-allemands apparaissent sur les murs. Au lycée Buffon, entre autres, un mouvement de résistance se forme chez les enseignants comme chez les élèves. Le 11 novembre 1940, des lycéens sont présents dans le cortège des étudiants venus fleurir la tombe du Soldat inconnu lors de la manifestation patriotique organisée à l’arc de Triomphe.

Jean-Marie Arthus (15 ans en 1940), Jacques Baudry (18 ans), Pierre Benoît (15 ans), Pierre Grelot (17 ans) et Lucien Legros (16 ans), s’efforcent de faire comprendre aux autres lycéens que la guerre n’est pas finie ; qu’il faut lutter contre l’armée d’occupation. Ils installent une petite imprimerie chez l’un d’entre eux et distribuent des tracts, collent des papillons. Le groupe s’organise, ils prennent des pseudonymes : « Marchand », « André », « Francis », « Paul », « Jeannot », et cachent également leurs premières armes. Les services de renseignements généraux s’inquiètent des activités de ces jeunes gens dont ils ne connaissent pas encore l’identité.

En 1941, les groupes et les réseaux de résistance se développent ; les attentats et les sabotages se multiplient contre l’occupant dont les mesures de répression s’intensifient. Les cinq lycéens décident de s’engager dans la résistance armée en adhérant aux Francs-tireurs et partisans (FTP).

En avril 1942, un professeur de lettres du lycée Buffon, Raymond Burgard, fondateur du mouvement de résistance Valmy, est arrêté à son domicile par l’Abwehr. La réaction de ses élèves est immédiate. Ils décident de protester publiquement. Durant les vacances de Pâques, ils organisent une manifestation qui se déroule le jeudi 16 avril 1942, jour de la rentrée. À la récréation du matin, une cinquantaine d’élèves d’autres établissements, conduits par Lucien Legros, force l’entrée du lycée Buffon et rejoint le groupe de Buffon, mené par les quatre autres. La manifestation d’une centaine de lycéens se dirige vers « la cour des grands » en criant : « Libérez Burgard » et en chantant La Marseillaise. Dix minutes après, les élèves commencent à se disperser mais un agent du lycée a fait fermer les issues et prévenir la police. Les cinq réussissent à s’enfuir, mais Legros et Benoît sont reconnus et dénoncés aux autorités. Ils sont désormais fichés comme « jeunes gens très dangereux » par les services de police, et obligés de vivre dans la clandestinité.

Loin de cesser, l’activité des cinq amis s’intensifie. Certains de ces élèves avaient comme professeur de philosophie Pierre Thillet (lui-même résistant, préparant l’agrégation de philosophie à la Sorbonne où il suivit notamment les cours de Jean Cavaillès, et affecté à l’époque au lycée Buffon). Le groupe passe à la lutte armée. En moins de trois mois, ils participent à deux attentats (rue de l’Armorique et quai Malaquais) sans faire de victimes. Ils lancent des grenades (quai de Tokyo) contre un amiral allemand et ses invités au cours d’une réception, occasionnant des dégâts minimes. Les 3 et 4 juin 1942, Legros, Arthus, Baudry et Grelot sont arrêtés sur dénonciation par la brigade spéciale no 2 des Renseignements généraux. Seul Benoît parvient à s’échapper.

Le 17 juin 1942, ils comparaissent devant le tribunal spécial de Paris pour avoir participé à la manifestation de la rue de Buci sous les accusations de « pillage, tentative d’homicide volontaire et association de malfaiteurs ». La sanction est sans appel : travaux forcés à perpétuité. Toutefois étant compromis dans des attentats contre les troupes d’occupation, ils sont remis aux autorités militaires allemandes.

Les cinq martyrs du Lycée Buffon, carte maximum, Paris 25/04/1959.

Pierre Benoît rejoint un groupe FTP à Moret-sur-Loing, près de Fontainebleau (au camp de Calvaire) où il poursuit la lutte. Il participe à des sabotages de voies ferrées, à la désorganisation des convois allemands, à la récupération des tickets de ravitaillement dans les mairies, à des attentats contre des collaborateurs. Signalé par les renseignements généraux et les services de police comme « chef terroriste très dangereux, toujours armé et se sachant recherché », il est activement recherché dans toute la France. Il tombe entre les mains de la police française, le 28 août 1942, près de la gare Saint-Lazare. Après avoir été longuement interrogé et torturé, il est livré à la Geheime Feld Polizei. Il retrouvera ses quatre compagnons à la prison de la Santé.

Le 15 octobre 1942, après un nouveau procès, les cinq jeunes sont condamnés à mort par le tribunal de la Luftwaffe et transférés à la prison de Fresnes. Baudry et Legros tentent à deux reprises de s’évader mais sont repris et mis aux fers. Le 8 février 1943, vers 11 heures du matin, les cinq lycéens sont fusillés au stand de tir de Balard (Paris 15e) et leurs corps jetés dans une fosse commune du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine.

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Sources : Wikipédia, YouTube.