Le traité d’Aix-la-Chapelle (1668).

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La guerre de Dévolution s’est déroulée en 1667 et 1668. Il s’agit de la première guerre du jeune Louis XIV. Elle prend fin le 2 mai 1668 par la signature du traité d’Aix-la-Chapelle par les différents belligérants.

Philippe IV, roi d’Espagne, meurt le 17 septembre 1665. Il laisse le trône à son seul fils, Charles II, un enfant de quatre ans si chétif que les cours européennes ne doutent pas de sa mort prochaine. Dans cette hypothèse, la succession d’Espagne aurait été ouverte. Anticipant l’événement, l’empereur Léopold Ier et Louis XIV, tous deux gendres du défunt Philippe IV, signèrent un traité secret de partage en janvier 1668 à Vienne.

Sans attendre, Louis XIV, époux depuis 1660 de l’infante Marie-Thérèse, fille aînée de Philippe IV, forma des prétentions, au nom de sa femme, sur plusieurs provinces de la monarchie espagnole. Cependant, la reine de France avait renoncé à ses droits, renoncement exprimé par le contrat de mariage et confirmé par le traité des Pyrénées. Mais la clause du traité des Pyrénées qui l’y contraignait liait cette renonciation au versement d’une dot de 500 000 écus d’or qui n’a jamais été réglée.

Peu après la mort du roi Philippe IV d’Espagne en septembre 1665, la France constitue sous le nom de Traité des droits de la Reine Très Chrétienne, un dossier qui ouvre la succession d’Espagne. Ce traité s’appuie essentiellement sur le droit de dévolution, une vieille coutume du Brabant, d’après laquelle les enfants d’un premier mariage — en l’occurrence, Marie-Thérèse, épouse de Louis XIV — sont les seuls héritiers de leurs parents au détriment des enfants nés d’un second mariage — en l’occurrence, Charles II.

Traité d’Aix-la-Chapelle, carte maximum, Paris 25/06/1968.

Le Grand-pensionnaire Johan de Witt essaie de prévenir la guerre, en engageant Louis XIV à consentir à une transaction par laquelle il aurait le duché de Luxembourg, Cambrai, Douai, Aire, Saint-Omer, Bergues et Furnes, à condition qu’il renonce à toutes les prétentions que la reine pourrait former un jour sur la monarchie espagnole. Louis XIV n’ayant jamais voulu souscrire à cette condition, la guerre éclate en 1667.

Les mois de mars et avril 1667 marquent le début des préparatifs militaires de Louis XIV. Le marquis de Castel-Rodrigo, gouverneur de la province flamande, alerte en vain Madrid.

Considérablement réduit à la suite du traité des Pyrénées, le contingent français ne compte que 50 000 hommes en 1665. Au printemps 1667, Louis XIV fait passer ce nombre à 82 000.

Sans attendre la fin de la guerre anglo-hollandaise, le « Grand-Roi » adresse le Traité des droits de la Reine Très-Chrétienne à Madrid le 8 mai 1667, dans lequel il réclame la cession du duché de Brabant, de la seigneurie de Malines, d’Anvers, de la Gueldre supérieure, de Namur, du Limbourg, avec les places d’outre-Meuse, du Hainault, de l’Artois, de Cambrai, du duché de Luxembourg, d’une partie de la Flandre et de toute la Franche-Comté6. Louis XIV ne songeait pas à en recueillir pour lui la totalité. Aussi, dès 1665, à la mort de Philippe IV, fit-il proposer à l’empereur Léopold Ier, gendre comme lui du défunt, un traité de partage, qui fut signé en secret à Vienne dans la nuit du 19 au 20 janvier 1668.

Alors que le dossier évoquant le droit de dévolution à la reine parcourt son chemin jusqu’à Madrid, la Flandre voit arriver les troupes françaises et son roi, parti non pas en campagne mais en « voyage ».

Pierre II, roi du Portugal, décide de mettre fin à la guerre avec l’Espagne, libérant ainsi des troupes susceptibles d’être employées contre la France. Charles IV, duc de Lorraine et de Bar, promet 8 000 hommes aux adversaires de la France.

Devant ces menaces, estimant qu’il a en main de nombreux atouts, et que son traité avec l’empereur lui laisserait tôt ou tard la totalité des Pays-Bas espagnols, Louis XIV accepte de négocier avec la Triple-Alliance.

Les négociations s’ouvrent à Aix-la-Chapelle entre d’Estrades pour la France, Dohna pour la Suède, Temple pour l’Angleterre et De Witt pour les Provinces-Unies, sous l’arbitrage du légat du pape Clément IX qui donna son nom à cette paix.

Traité d’Aix-la-Chapelle, épreuve d’artiste.

En ce qui concerne la France et l’Espagne, Colbert de Croissy, frère du contrôleur-général, s’y était rendu de la part du roi, en qualité de son ambassadeur et plénipotentiaire, et le marquis de Castel Rodrigo y avait envoyé le baron de Bergheik comme son subdélégué. Après la signature du traité de Saint-Germain[Quoi ?], par Louis XIV, la négociation de la paix ne fut plus difficile. Le traité fut signé à Aix-la-Chapelle le 2 mai 1668, sous la médiation du pape. Colbert de Croissy le signa pour le roi de France, et le baron de Bergheik pour le roi d’Espagne.

Louis XIV écrivit plus tard dans ses mémoires à propos de la décision de paix :

« Dans les grands accroissements que ma fortune pouvait recevoir, rien ne me semblait plus nécessaire que de m’établir, chez mes plus petits voisins, dans une estime de modération et de probité qui pût adoucir en eux ces mouvements de frayeur que chacun conçoit naturellement à l’aspect d’une trop grande puissance. […] La Franche-Comté, que je rendais, se pouvait réduire en tel état que j’en serais le maître à toute heure, et que mes nouvelles conquêtes bien affermies m’ouvriraient une entrée plus sûre dans le reste des Pays-Bas : que la paix me donnerait le loisir de me fortifier chaque jour de finances, de vaisseaux, d’intelligences, et de tout ce que peuvent ménager les soins d’un prince appliqué dans un État puissant et riche; et qu’enfin dans toute l’Europe je serais plus considéré, et plus en pouvoir d’obtenir de chaque État particulier ce qui pourrait aller à mes fins, tandis que l’on me verrait sans adversaire, que quand il y aurait un parti formé contre moi. »

« En conséquence de la paix, le roi très chrétien demeurera saisi et jouira effectivement de toutes les places, forts et postes, que ses armes ont occupés ou fortifiés pendant la campagne de l’année passée : à savoir, de la forteresse de Charleroi, des villes de Binche et d’Ath, des places de Douai, le fort de Scarpe compris, Tournai, Oudenarde, Lille, Armentières, Courtrai, Bergues et Furnes, et de toute l’étendue de leurs bailliages, châtellenies, territoires, gouvernements, prévôtés, appartenances, dépendances et annexes. »
Vauban est envoyé dès la fin du mois de mai 1668 à la frontière nord afin de fortifier les places gagnées.

Par l’article 5, la France restitue la Franche-Comté au roi d’Espagne. Par l’article 7, les deux rois consentent que toutes les puissances qui le voudront garantissent ce traité.

La paix d’Aix-la-Chapelle de 1668 a ceci de particulier, que, ni dans le préambule ni dans un article, il n’est question des prétentions de la reine de France sur les Pays-Bas, qui avaient été le motif de la guerre, ni de la renonciation de cette princesse à la monarchie espagnole. L’Espagne est beaucoup blâmée d’avoir abandonné à la France les places importantes — comme Maubeuge, Valenciennes, Cambrai, Saint-Omer et Aire-sur-la-Lys — qu’elle lui céda par les articles 4 et 8, et qui sont les clefs des Pays-Bas, plutôt que d’avoir renoncé à la Franche-Comté, avec Cambrai, Aire et Saint-Omer, ainsi que cela dépendait d’elle.

La paix d’Aix-la-Chapelle est signée avant que la Triple-Alliance, qui l’avait amenée, eût été consommée par l’accession de la couronne de Suède. Cette accession n’a lieu que le 15 mai 1668, par un acte signé à Westminster, suivant la promesse de paiement espagnol des subsides à raison du nombre de troupes suédoises engagées.

Plus tard, la Grande-Bretagne propose aux Hollandais de rendre la Triple-Alliance permanente, et d’y faire entrer l’Espagne mais Jean de Witt décline cette proposition.

La paix n’est qu’une trêve et, déjà, le roi de France songe à châtier ce qu’il appelle l’orgueil des Hollandais, rivaux du commerce et de la marine de France, et à les « anéantir ». C’est l’aube d’une guerre nouvelle qui opposera la France et la Quadruple-Alliance, la guerre de Hollande.

Source : Wikipédia.