Le thylacine.

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Le thylacine, appelé également loup marsupial ou loup de Tasmanie, est un mammifère marsupial carnivore de la taille d’un loup (loup marsupial), au pelage tigré. Il n’appartient pas à l’ordre des Carnivora (ce n’est donc pas un Canidae), mais à l’ordre des Dasyuromorphia. Depuis 1936, l’espèce est considérée comme éteinte ; cependant les amateurs de cryptozoologie ont espéré prouver la présence de thylacines en Tasmanie en 2013, puis plus récemment en 2017 et en 2018.

Son nom scientifique est Thylacinus cynocephalus. Il appartient à la famille des thylacinidés. C’était la dernière espèce survivante de son genre, mais on a trouvé de nombreux fossiles d’espèces voisines dont les plus anciens remontent au début du Miocène. L’animal apparenté le plus proche encore en vie est le diable de Tasmanie.

Il était largement répandu en Australie et en Nouvelle-Guinée il y a plusieurs milliers d’années. Des bouleversements, notamment  l’introduction du chien (dingo) vers le IIIe millénaire av. J.-C. et la chasse intensive, réduisirent son habitat à la Tasmanie, au sud-est de l’Australie. On attribue sa disparition de Tasmanie à sa chasse intensive encouragée par des primes d’abattage, mais elle est due aussi à l’introduction des chiens et à l’enracinement des colons dans son milieu naturel.

Chassant généralement seul, le thylacine était plutôt nocturne ou semi-nocturne et se nourrissait de toutes sortes d’animaux, notamment de kangourous, de wallabies et d’oiseaux nichant à terre.


Les scientifiques font remonter l’apparition du tigre de Tasmanie à environ 4 millions d’années. Les autres espèces de la famille des Thylacinidae remontent au début du Miocène, il y a 23 millions d’années. Depuis le début des années 1990, au moins sept espèces fossiles ont été découvertes dans le site fossilifère de Riversleigh qui appartient au Parc national Boodjamulla dans le nord-ouest du Queensland. Le Thylacine de Dickson (Nimbacinus dicksoni) est la plus ancienne des sept espèces fossiles découvertes, datant de 23 millions d’années. Ce thylacinidé était beaucoup plus petit que ses plus récents cousins. La plus grande espèce, le Thylacine puissant (Thylacinus potens) qui avait la taille d’un loup, était la seule espèce à survivre à la fin du Miocène. À la fin du Pléistocène et au début de l’Holocène, le Thylacine contemporain vivait (mais jamais en grand nombre) dans toute l’Australie et la Nouvelle-Guinée.

Exemple remarquable de convergence évolutive, le thylacine montrait de nombreuses similitudes avec les membres de la famille des canidés vivant dans l’hémisphère Nord : dents, mâchoires puissantes, talons décollés fortement du sol et même forme générale du corps. Puisque le thylacine occupait la même niche écologique en Australie que le loup sur d’autres continents, il a développé un grand nombre de caractéristiques communes avec ce dernier. Malgré cela, le thylacine n’est pas apparenté aux prédateurs de l’hémisphère Nord, son plus proche parent vivant étant le diable de Tasmanie (Sarcophilus harrisii). Des études phylogénétiques pratiquées sur l’ADN mitochondrial de spécimens de Thylacine ont démontré en 1989 sa parenté avec les marsupiaux carnivores australiens.

Les Aborigènes australiens connaissaient le thylacine. De nombreuses gravures et peintures rupestres de l’animal ont été découvertes dont certaines remontant au moins à mille ans avant notre ère. On peut voir des pétroglyphes de tigres de Tasmanie sur la presqu’île de Burrup dans le nord de l’Australie-Occidentale. Lors de l’arrivée des premiers explorateurs européens, l’animal était déjà rare en Tasmanie. Les Européens l’ont peut-être rencontré dès 1642 lorsqu’Abel Tasman est arrivé en Tasmanie. Lorsqu’il mit pied à terre, il signala avoir vu sur le rivage les traces de « bêtes sauvages ayant des griffes comme un Tigre ». Marc Joseph Marion du Fresne, en arrivant en Tasmanie à bord du Mascarin en 1772, signala avoir vu un « chat-tigre » mais on ne peut garantir qu’il s’agisse d’un thylacine car il y parle aussi du Chat marsupial à queue tachetée (Dasyurus maculatus). La première rencontre avérée d’un tigre de Tasmanie a été faite par des explorateurs français, le 13 mai 1792, comme l’a noté le naturaliste Jacques Labillardière dans son journal de l’expédition dirigée par Antoine Bruny d’Entrecasteaux. Cependant, ce n’est qu’en 1805 que William Paterson, le vice-gouverneur de Tasmanie, envoya une description détaillée pour publication dans la Sydney Gazette et le New South Wales Advertiser.

La première description scientifique détaillée du thylacine a été rédigée par l’adjoint du géomètre en chef de la Tasmanie, George Harris en 1808, cinq ans après l’implantation de la première colonie sur l’île. Harris avait classé le thylacine dans le genre Didelphis créé par Linné pour les opossums américains, le décrivant comme Didelphis cynocephala, l’« opossum à tête de chien ». La reconnaissance du fait que les marsupiaux australiens étaient fondamentalement différents des genres de mammifères connus a conduit à la création du système de classification moderne. En 1796, Geoffroy Saint-Hilaire a créé le genre Dasyurus dans lequel il a placé ce thylacine en 1810, sous le nom de Dasyurus cynocephalus. Pour résoudre le problème de mélange de grec et de latin dans le nom de l’espèce, ce dernier a été modifié en « cynocephalus ». En 1824, il a été classé dans son propre genre dédié, Thylacinus, par Temminck21. Le nom vernaculaire découle directement du nom de genre, lui-même d’origine grecque θύλακος (thylakos), signifiant sac ou valise diplomatique.

Les descriptions du loup de Tasmanie sont assez variables, fondées uniquement sur les spécimens conservés, les témoignages écrits, les peaux et les squelettes restants, les photographies et les films noir et blanc de l’animal en captivité et les histoires locales.

L’étude du squelette du thylacine suggère que l’animal comptait plus sur son endurance que sur sa pointe de vitesse pour la chasse. Le loup de Tasmanie ressemblait à un grand chien, au poil court avec une longue queue raide, serpentiforme et soyeuse tendue dans le prolongement du corps comme celle des kangourous. De nombreux colons européens l’ont comparé à la hyène, en raison de sa posture inhabituelle et de son attitude générale. Son pelage jaune-brun portait 15 bandes sombres bien distinctes sur le dos, la croupe et la base de la queue, qui ont valu à l’animal son surnom de « tigre de Tasmanie ». Les rayures étaient plus marquées chez les jeunes spécimens, pâlissant au fur et à mesure que l’animal vieillissait. L’une des bandes s’étendait jusqu’à la face externe de la cuisse. Son pelage était serré et doux, d’environ 15 mm de long, les jeunes avaient une touffe de poils à l’extrémité de la queue. Les oreilles, arrondies et dressées, mesuraient environ 8 cm de long et étaient couvertes d’une courte fourrure. Le pelage avait une coloration variant du beige clair au marron foncé, le ventre étant de couleur crème.

Les thylacines adultes mesuraient entre 100 et 180 cm de longueur, y compris la queue d’environ 50 à 65 cm. Le plus grand spécimen jamais mesuré faisait 290 cm du nez à l’extrémité de la queue. Ils mesuraient environ 60 cm au garrot et pesaient de 20 à 30 kg. Il existait un faible dimorphisme sexuel, les mâles étant en moyenne plus gros que les femelles.

La femelle avait une poche marsupiale avec quatre mamelles, mais contrairement à de nombreux autres marsupiaux, la poche s’ouvrait vers l’arrière de son corps. Les mâles possédaient une poche scrotale, fait unique en son genre chez les marsupiaux australiens dans laquelle ils pouvaient rentrer leur scrotum.

Le loup de Tasmanie était en mesure d’ouvrir ses mâchoires jusqu’à 120 degrés, valeur inhabituelle chez les autres carnivores. On peut l’observer sur une courte séquence de film réalisé par David Fleay en 1933 sur un thylacine en captivité. Les mâchoires, puissantes, avaient une forte musculature et possédaient 46 dents. Sa denture est particulière, parmi celle des marsupiaux car elle ne possède que 7 prémolaires-molaires par côté au lieu de 8, à comparer à celles des canidés qui possèdent respectivement 6 et 7 prémolaires-molaires supérieurs et inférieurs.

Ses empreintes étaient facilement reconnaissables, différentes de celles des autres animaux autochtones (diables de Tasmanie, wombats) ou introduits (renards, chats, chiens). Les thylacines avaient un très grand coussinet plantaire avec quatre doigts (aux pattes postérieures (hindfoot), cinq aux pattes antérieures (forefoot)) placés presque en ligne droite. Les griffes étaient non rétractables.

Les premières études scientifiques sur l’animal donnaient à penser qu’il possédait un odorat puissant, ce qui lui aurait permis de suivre facilement ses proies mais l’analyse de la structure de son cerveau a révélé que ses bulbes olfactifs n’étaient pas bien développés. Toutefois, il disposait d’une bonne vue et d’une ouïe excellente pour s’adonner à la chasse. Certains observateurs l’ont décrit comme ayant une forte odeur distinctive, d’autres une odeur animale légère, agréable, et certains pas d’odeur du tout. Il est possible que le loup de Tasmanie, à l’instar de son cousin, le diable de Tasmanie, ne dégageait une odeur que lorsqu’il se sentait menacé.

Sa démarche paraissait un peu raide et maladroite, ce qui le rendait incapable de courir à grande vitesse. Il pouvait également effectuer des bonds, de la même façon qu’un kangourou – ce qui a été vu à plusieurs reprises chez des spécimens en captivité. Guiler pense que ce type de déplacement rapide n’était utilisé par l’animal que lorsqu’il se sentait en danger, pour fuir, sur les premiers mètres, afin d’avoir une petite avance sur ses poursuivants. L’animal était également en mesure de se tenir en équilibre sur ses pattes postérieures, à la manière d’un kangourou ou d’un lapin en alerte, afin d’observer et écouter son environnement, pendant de courtes périodes, généralement quelques secondes. Cela a aussi été vu notamment en captivité. Un spécimen naturalisé au Muséum-Aquarium de Nancy, enregistré en 1886, est justement représenté dans cette position. Cependant, cette représentation, probablement faite par un taxidermiste local n’ayant aucune connaissance de l’espèce, peut aujourd’hui induire en erreur le public sur le fait que l’animal se déplaçait constamment à la manière d’un kangourou. Le Muséum ne pouvant pas intervenir sur le positionnement du spécimen -tant d’un point de vue patrimonial, qu’historique ou même éthique- a décidé de le conserver en réserve. C’est un exemple de naturalisation, portant dans sa représentation-même, une histoire de la connaissance de l’espèce dans un lieu et à un temps donné.

Bien qu’il n’y ait pas d’enregistrement des cris du thylacine, des observateurs de l’animal dans la nature et en captivité ont noté qu’il émettait des grognements et des sifflements lorsqu’il se sentait agressé, souvent accompagnés par un écartement menaçant des mâchoires. Au cours de la chasse, il émettait une série de petits sons gutturaux rapides et répétés, des sortes d’aboiements, qui devaient probablement servir pour la communication entre les membres de la famille Il avait aussi un long cri gémissant probablement utilisé pour l’identification à distance et un faible bruit de reniflement utilisé pour la communication rapprochée entre les membres de la famille.

On sait peu de choses sur le comportement ou l’habitat du thylacine. Quelques observations ont été réalisées sur l’animal en captivité, mais elles sont limitées, difficilement extrapolables à son comportement dans la nature. La plupart des observations ont été faites durant la journée alors que le thylacine était un animal nocturne. Elles datent du début du XXe siècle et sont certainement biaisées car l’espèce était très stressée par les conditions de vie qui lui étaient imposées et qui allaient bientôt conduire à son extinction. Certaines caractéristiques comportementales ont été déduites à partir du comportement de son proche parent, le diable de Tasmanie.

Sur le continent australien, le thylacine préférait probablement vivre dans les forêts sèches d’eucalyptus, les zones humides et les prairies. Les peintures rupestres aborigènes montrent que le thylacine a vécu dans toute l’Australie et en Nouvelle-Guinée. Une preuve de l’existence de l’animal en Australie vient d’une carcasse desséchée découverte dans une grotte dans la plaine de Nullarbor en Australie occidentale en 1990. La datation au carbone 14 a révélé qu’elle avait environ 3 300 ans.

En Tasmanie, il préférait les zones boisées clairsemées, sur les côtes ou à l’intérieur du pays, c’est-à-dire les endroits les plus recherchés par les colons britanniques à la recherche de zones de pâturage pour leur bétail. L’animal avait un territoire de chasse allant de 40 à 80 km² mais on a observé sur un même territoire des groupes trop nombreux pour être tous de la même famille.

Le thylacine chassait la nuit ou au crépuscule, se reposant le jour dans une petite grotte ou le creux d’un tronc d’arbre, sur un nid de brindilles, d’écorces ou de fougères. Il avait tendance à se replier dans les collines et les forêts pour se reposer dans la journée et à chasser la nuit dans des prairies. Les premiers observateurs ont noté que l’animal était généralement timide et secret, effrayé par la présence de l’homme et évitant son contact, même si, parfois, il a montré quelques traits de curiosité à son égard.

On a des preuves qu’il se reproduisait tout au long de l’année (découverte de petits dans la poche marsupiale toute l’année), bien que le pic de la saison de reproduction se soit situé en hiver et au printemps. Il y avait jusqu’à quatre jeunes par portée (généralement deux ou trois), que la mère transportait dans sa poche marsupiale pendant trois mois au maximum, puis protégeait jusqu’à ce qu’ils aient au moins la moitié de leur taille d’adulte. Au départ, les jeunes étaient sans poils et aveugles, mais ils avaient les yeux ouverts et étaient couverts de poils au moment où ils quittaient la poche. Après leur sortie de la poche marsupiale et jusqu’à ce qu’ils soient aptes à aider leurs parents à la chasse, les jeunes restaient dans leur tanière pendant que la mère chassait. En captivité, on n’a pu élever et faire reproduire qu’une seule fois avec succès le thylacine, au zoo de Melbourne en 1899.

L’examen des articulations du coude des os conservés de cet animal laisse penser que son comportement de chasse était de type affût en solitaire plutôt qu’en meute.

On estime que son espérance de vie dans la nature était de 5 à 7 ans, bien que des spécimens aient survécu en captivité jusqu’à 9 ans.

Des loups marsupiaux auraient notamment été observés associés à des diables de Tasmanie, bien qu’il ait été également rapporté que les diables s’attaquaient aux petits du loup marsupial lorsqu’ils n’étaient pas surveillés.

Le thylacine était exclusivement carnivore. Son estomac musclé avait la capacité de se distendre pour permettre à l’animal de manger de grandes quantités de nourriture quand il en avait la possibilité, probablement une adaptation pour compenser les longues périodes au cours desquelles la chasse était infructueuse et la nourriture rare. L’analyse de sa trame osseuse et son observation en captivité donnent à penser qu’il repérait d’abord sa future proie et la poursuivait jusqu’à épuisement. Certaines études concluent que l’animal pouvait chasser en petits groupes familiaux, avec un groupe principal rabattant les proies vers un individu qui attendait en embuscade. Des trappeurs ont rapporté qu’il chassait en embuscade.

Parmi ses proies, on trouvait des kangourous, des wallabies, des wombats, des oiseaux et des petits animaux comme des potoroos et des opossums. Une de ses proies favorites semble avoir été l’émeu de Tasmanie autrefois très courant dans la région. L’émeu était un grand oiseau qui partageait son habitat avec le thylacine et a été chassé par les Européens jusqu’à son extinction vers 1850, ce qui coïncide peut-être avec le déclin du nombre de tigres de Tasmanie. On a d’ailleurs signalé que dingos et renards pouvaient aller à la chasse à l’émeu sur le continent.

Il était également connu pour s’attaquer au bétail, en particulier aux moutons, raison pour laquelle il a été largement persécuté chassé par les hommes.

Tout au long du XXe siècle, on a souvent décrit le thylacine comme un animal assoiffé de sang, mais peu de documents sérieux rapportent de tels faits ; l’origine de cette légende semble en réalité se trouver dans un récit de seconde main. Les premiers colons européens croyaient que l’animal se nourrissait de moutons et de volaille. En captivité, ils étaient nourris avec une grande variété de viandes, comme des lapins et des wallabies morts ainsi que du bœuf, du mouton, de la volaille et, occasionnellement, du cheval.

Le dernier thylacine sauvage fut abattu en Tasmanie par un fermier en 1930. Une des causes de la disparition de cette espèce fut la chasse dont il a fait l’objet de la part des éleveurs de moutons, et les primes offertes depuis les années 1830 pour chaque tête, entre 1888 et 1909, près de 2 200 thylacines ont été tués ainsi. La déforestation, la concurrence avec les chiens errants introduits et la raréfaction de ses proies ont pu contribuer à sa disparition.

Source : Wikipédia.

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