Avec sa tête disproportionnée, sa mâchoire pleine de dents acérées et sa petite luciole, le poisson-lanterne est un animal marin bien singulier. Il vit dans les profondeurs de nos mers et de nos océans et se fait le plus discret possible sauf pour attirer ses proies avec sa lanterne. Le point sur les secrets de ce poisson si intrigant.

En réalité, ce que nous appelons “poisson-lanterne” rassemble un groupe très varié d’espèces qui forment l’ordre des lophiiformes. Ces animaux des abysses partagent plusieurs caractéristiques communes assez étonnantes.

Les mâles et les femelles sont assez différents, à commencer par leur taille. La femelle est bien plus grande que le mâle, ce qui leur permet de vivre accrochés l’un à l’autre. Le mâle se fixe sur le corps de sa partenaire comme un parasite. Chacun des deux poissons bénéficie des apports de l’autre pour vivre et se reproduire. Par ailleurs, leur corps très souple leur permet  d’avaler des proies jusqu’à deux fois leur propre taille.

Seules les femelles possèdent cette fameuse “lanterne” sur la tête, juste sous les yeux et plus ou moins proche de la bouche en fonction des espèces. Il s’agit d’une transformation du premier rayon de la première nageoire dorsale qui se termine par un organe bioluminescent qui sert d’appât.

Comme il vit dans les fonds marins sablonneux ou les eaux sombres très profondes, le poisson-lanterne se sert de sa lanterne pour attirer ses proies. Grâce à ses dents incurvées vers l’intérieur de la cavité buccale, elles  peuvent entrer dans sa bouche, mais pas en sortir. Sa mâchoire interne peut aussi s’étendre pour créer une pression négative qui aspire ses proies. Il se nourrit principalement de crevettes et autres crustacés, escargots et petits poissons. Il peut occasionnellement manger des calamars et des pieuvres, voire de plus gros poissons.

Tous les poissons-lanternes ne vivent pas au même endroit en fonction des espèces. Mais on peut en trouver soit dans les eaux du plateau continental (plus de 200 mètres de profondeur) — on les appelle benthiques —, soit dans la haute mer où il y a peu, voire pas de lumière — baptisés poissons pélagiques. Certaines espèces peuvent vivre à plus de 4 000 mètres de fonds ! C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on parle de “poisson abyssal”.

Ces deux types d’habitats ont des conséquences sur la morphologie des poissons. Ceux qui vivent dans les plaines sableuses subissent une  compression dorsoventrale, ce qui leur donne un aspect plat, idéal pour se camoufler et mieux attirer leurs proies. De leur côté, les poissons des abysses vivent dans la colonne d’eau (la partie qui se situe entre la surface et le fond des océans). Leur corps est parfois comprimé, mais plutôt latéralement. Il est donc plus volumineux que celui de leurs cousins.

Le poisson-lanterne produit de la lumière avec sa nageoire dorsale grâce à la symbiose qu’il vit avec des bactéries. Ce sont elles qui produisent cette lumière par une réaction chimique. Ces micro-organismes présents sur la “lanterne” sont issus de l’environnement, c’est-à-dire que ce n’est pas le poisson qui les produit. Ils se nourrissent des nutriments produits par le poisson-lanterne, et en échange, celui-ci obtient cette réaction  bioluminescente qui lui permet à la fois d’attirer ses proies et de  communiquer avec les autres membres de son espèce.

Source : Géo