Le parlement de Bretagne à Rennes (Ille-et-Vilaine).

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Le palais du Parlement de Bretagne, souvent appelé simplement le Parlement de Bretagne, est un bâtiment d’architecture classique construit au XVIIe siècle, situé à Rennes, en Ille-et-Vilaine, et qui fut le siège du Parlement de Bretagne de sa construction jusqu’à sa dissolution par la Révolution française en février 1790, en dehors de son « exil » à Vannes de 1675 à 1689.

L’édifice devient la cour d’appel de Rennes en 1804. Ce monument a été entièrement restauré après l’incendie du 5 février 1994, conséquence d’un incident lié aux violentes manifestations de marins-pêcheurs. Dans des locaux adaptés aux exigences du XXIe siècle, la cour d’appel de Rennes a pu reprendre l’activité qu’elle y déployait depuis près de deux siècles. L’ensemble des autres juridictions a rejoint la cité judiciaire1 à l’architecture très contemporaine, inaugurée en 1983 dans le quartier de la Tour-d’Auvergne, ou d’autres bâtiments encore.

La construction du bâtiment (1618) est postérieure à l’implantation du Parlement de Bretagne à Rennes (1585). Rennes est à cette époque toujours entouré de ses murs, laissant peu de possibilités pour construire un bâtiment important. Leur démantèlement progressif à partir de 1609 va accélérer les projets urbains, et le chantier du parlement sera alors le moteur de développement de la ville, dans et hors les murs. De nombreux hôtels particuliers seront construits par les parlementaires, amenant à Rennes l’art de la cour de France.

Parlement de Bretagne, carte maximum, Rennes 9/06/1962.

La construction du palais se fait sur le placis saint-François, contre les remparts nord de la ville près de la petite porte Saint-François, entre la porte aux Foulons et la tour Le Bât. Le palais se démarque des autres constructions de la ville, car isolé : dès sa construction, il est possible d’en faire le tour.

Situé à l’emplacement du cimetière de l’hôpital Saint-Jacques, le placis saint-François était de forme irrégulière et occupait le tiers nord de la place actuelle jusqu’à l’incendie municipal de 1720. Cet événement permet à Jacques Gabriel de proposer en 1726 la construction d’une place royale sur un format rectangulaire. Elle est qualifiée de « monumentale » du fait de l’espace dégagé par rapport au reste de la ville.

Parlement de Bretagne, essais de couleurs.

Hormis les noms de rue, l’implantation du palais et de sa place ne changeront pas. La place est renommée successivement place Louis-le-Grand, place de l’Égalité, place Impériale, place du Palais puis finalement place du Parlement.

À l’ouest et au nord, derrière le parlement, la rue de Paris est devenue la rue de Bordeaux en 1726 puis la rue Salomon de Brosse entre les deux-guerres. La rue Saint-François est devenue la rue Hoche après son percement en 1885.

En 1720, après le grand incendie de Rennes, le cœur de la ville est reconstruit et le parlement, un des seuls bâtiments à ne pas avoir été détruit par l’incendie, notamment grâce à la mise en place de coupe-feux, se voit attribuer une place royale où trône une statue équestre de Louis XIV, œuvre d’Antoine Coysevox. Le grand escalier qui menait aux étages nobles (le rez-de-chaussée était réservé aux communs et servait entre autres de prison) fut détruit à cette époque car, selon Jacques V Gabriel, l’architecte chargé de la reconstruction de la ville, « le palais doit s’incliner devant la statue de Louis XIV comme les parlementaires devant le roi ». La statue équestre fut détruite durant la Révolution.

Parlement de Bretagne, carte maximum, Rennes 25/03/2000.

Le monument, dans la ville du XVIIIe siècle, offrait certainement un aspect bien différent de ce que l’on voit aujourd’hui. Voici ce qu’écrivait un témoin au début du règne de Louis XVI :

« Le palais de Juſtice, que les Rennois placent au rang des curioſités de leur ville, eſt d’une ordonnance froide & qui n’a aucun caractère ; il eſt mal couronné. Le (ſoi-diſant) grand Eſcalier eſt petit & mal placénote 3. La Cour de l’intérieur eſt d’un ſombre & d’une mal-propreté dégoûtante : elle eſt occupée par des Tonneliers & des Marchands de vin, qui y vendent en détail : rien n’eſt moins noble aſſurément.
Quelques-unes des Salles ſont d’une belle proportion, boiſées & décorées avec goût : De ce nombre eſt le Parquet civil, & la première Chambre des Enquêtes. Les Plafonds de ces Salles ſont traités en Peinture : celui de la Chambre Criminelle a beaucoup de mérite. On remarquera dans les Salles que nous venons de noter, des Cheminées de marbre enrichies de Bas-reliefs, d’une touche fort eſtimable. »

Le 4 février 1994, une manifestation des marins-pêcheurs dégénère en émeute dans le centre-ville de Rennes. Une fusée éclairante traverse en fin d’après-midi les ardoises du toit et se niche dans la charpente en bois du palais.

Le feu couve et, dans la nuit du 4 au 5 février, entre 0h29 et 2h12, le feu détruit partiellement le palais, mobilisant l’intégralité des effectifs de sapeurs-pompiers du district de Rennes, ainsi que des renforts venus de Nantes et Angers. L’incendie est perçu à dix kilomètres à la ronde.

Parlement de Bretagne, prêt-à-poster.

Durant l’incendie, la toiture en feu s’effondre sur le premier étage, plusieurs salles sont très gravement endommagées et des milliers de documents sont détruits. Grâce à l’intervention des pompiers et des architectes des monuments historiques, la plupart des œuvres et tapisseries seront sauvées.

En novembre 1994, la décision est prise de reconstruire le bâtiment à l’identique et les travaux débutent deux ans plus tard. La restauration du palais dura trois ans et coûta 35 millions d’euros. Selon une autre source, le montant des travaux se monte au total à 54,88 millions d’euros, découpé de la façon suivante :

  • Restauration et reconstruction du bâtiment : 19,82 millions d’euros.
  • Restauration à l’identique des salles : 19,82 millions d’euros.
  • Réaménagement de la cour d’appel : 15,24 millions d’euros.

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Sources : Wikipédia, YouTube.