La belladone.

La belladone (Atropa belladonna) est une plante herbacée vivace de la famille des Solanacées. Elle est parfois désignée par divers noms vernaculaires : « belle cerise », « belle-dame », « bouton noir », « cerise de juif », « cerise du diable », « cerise empoisonnée », « guigne de côte », « herbe empoisonnée », « mandragore baccifère », « morelle furieuse », « morelle marine », « morelle perverse » ou encore « permenton ».

Cette plante peut se révéler très toxique, ses baies noires contenant de l’atropine, substance active sur le système nerveux du fait de ses propriétés anticholinergiques. Les ophtalmologues l’utilisent pour dilater la pupille lors d’un fond d’œil.


Très rare en Grèce, la belladone était ignorée ou très peu connue dans l’Antiquité. Il est difficile de reconnaître cette plante dans les textes classiques. Toutefois, elle est probablement décrite par Théophraste sous le nom de Mandragore à fruit noir, de saveur vineuse. Il est donc possible que Atropa belladonna soit considérée comme une plante capable de provoquer à une certaine dose les effets d’une plante magique, hallucinations et transes, associées à la magie noire, mais pouvant provoquer la mort.

En grec ancien, le terme de στρύχνον strychnon renvoie à diverses plantes toxiques, parfois soporifiques, entre lesquelles il est difficile ou impossible de choisir, d’autant plus que Pline et Dioscoride ont mêlé souvent dans leurs notices les caractères morphologiques, que Pline contamine Sextus Niger (sa source commune avec Dioscoride) et Théophraste.

Au xiiie siècle, sainte Hildegarde indique : « La belladone est dangereuse à manger et à boire pour l’homme car elle agresse son esprit et le rend comme mort ». Elle recommande de l’utiliser en onguent pour soigner les rages de dent, la belladone étant nommée sous le terme « dolo », de l’allemand « toll » (« Tollwut » signifiant « rage » aujourd’hui).

La belladone est nommée et clairement figurée à partir du XVIe siècle. Elle perd son caractère de plante magique ou de sorcellerie pour devenir plante médicinale, cultivée dans les jardins d’apothicaires.

C’est une grande plante vivace à rhizome, robuste et ramifiée. Les tiges sont légèrement velues, de couleur rougeâtre. La plante peut atteindre jusqu’à 1,5 à 2 m de hauteur. Son port est dense et très touffu.

Elle est inégalement répartie en France, de préférence calcicole (sols riches en calcium), elle se trouve dans les clairières de bois humides  mésohydriques, eutrophiles, et neutrophiles. On la trouve surtout dans les régions médioeuropéennes et alpines, mais aussi en Asie occidentale et en Afrique du Nord. En Suisse, on la rencontre principalement sur le Plateau et dans le Jura.

Ses feuilles sont entières, ovales pointues (15 sur 8 cm environ), pétiolées, d’odeur un peu fétide.

La floraison débute en juin, mais fleurs et fruits peuvent coexister sur un même pied, d’août à octobre en Europe.

Ses fleurs sont hermaphrodites, en cloche ou en doigt de gant, solitaires, pendantes, brunes à l’aisselle des feuilles, violacées ou parfois jaunes chez les variétés cultivées. L’inflorescence est en cyme multipare. La  pollinisation est entomogame.

Les fruits sont des baies noires luisantes de la taille d’une petite cerise (sphérique, de 15 à 17 mm de diamètre), de couleur noir violet à maturité, luisante. La baie se reconnait facilement par son calice persistant, de forme étoilée (5 dents courtes). La pulpe est juteuse violacée. Les graines sont nombreuses, du gris au noir selon le degré de maturité, d’un diamètre inférieur au millimètre, avec une surface finement chagrinée.

Toutes les parties de la plante sont très toxiques pour l’humain, mais c’est la baie qui provoque le plus grand nombre d’accidents, surtout chez l’enfant par confusion, par exemple la belladone peut se trouver au voisinage de framboisiers sauvages très recherchés.

La partie utilisée est la feuille qui contient 7 % d’eau environ et jusqu’à 15 % de matières minérales, et moins de 1 % d’alcaloïdes qui sont les principes actifs. Il s’agit de 90 à 95 % d’alcaloïdes atropiniques : hyoscyamine (dont le racémique est l’atropine) et 5 à 10 % de scopolamine (hyoscine). On trouve aussi des traces de scopolétol (une coumarine), ce qui permet son identification sous ultra-violets.

Les effets de la belladone peuvent différer selon les espèces animales. Chez les mammifères, les lapins, lièvres et rongeurs sont moins sensibles car ils possèdent une atropinase hépatique, une enzyme qui dégrade l’atropine.

Les fruits (baies) sont le plus souvent responsables d’intoxications, surtout chez l’enfant (le goût du fruit de la belladone est doux). Ils peuvent aisément confondre les myrtilles et les baies de belladone. Les effets sont extrêmement violents chez l’humain. Chez l’adulte, 10 à 15 baies ingérées peuvent provoquer la mort, 2 à 3 peuvent entrainer une intoxication grave chez l’enfant.

Cette intoxication se manifeste par des troubles digestifs immédiats : nausées, vomissements, avec rejet de débris de baies rouge noirâtre.

Suivent rapidement des troubles neuro-végétatifs : tachycardie, sécheresse de la peau et des muqueuses, gêne respiratoire et pour avaler, douleurs vulvaires chez la fillette, mydriase avec troubles de la vision voire cécité complète transitoire. En même temps des troubles neurologiques apparaissent : anxiété, vertiges, délire gai ou furieux, hallucinations étranges et terrifiantes, crises convulsives.

Par ailleurs on peut noter une hyperthermie, avec rougeur du cou et de la face, une constipation avec rétention urinaire.

L’intoxication évolue vers une prostration, une perte de conscience, un coma calme avec perte des réflexes. La mort peut survenir par paralysie cardio-respiratoire.

Une intoxication humaine peut aussi se produire par consommation d’oiseaux ou d’escargots se nourrissant eux-mêmes de feuilles ou fruits de belladone, à laquelle ils sont insensibles.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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